Je ne savais pas où était passé Antoine. Il m'avait bien dit qu'il m'attenderait en bas, non ? Surtout que je n'étais absolument pas en retard ! Je jouais nerveusement avec ma bague. Me savoir dans les mêmes parages que ce... gars me plaisait que moyennement. Soudain le bijou glissa malencontreusement de ma main et roula au sol. Ma bague préférée venait de s'enfuir ! Ne la voyant plus je me mis à quatre pattes et finis par l'apercevoir sous la table. Grognant de tout mon coeur je me déplaçais jusqu'à sa position. Je n'eus plus qu'à tendre le bras pour l'attraper.

- Tu joues à la serpillère ?

Je ne pus pas me retenir de murmurer tout un poème de jurons. Pourquoi avait-il fallut qu'il apparaisse juste à ce moment là ?

- Oui... j'aime particulièrement me frotter au sol. C'est un sport très répandu chez les gens de haute naissance.

- C'est drôle je ne connaissais pas… Pourtant...

- Ne cherche pas trop loin, c'est peut être à partir de ''haute naissance'' que ça bloque.

- Tu es en forme ! Ça fait plaisir à voir, ironisa Antoine.

À ce moment je réussis à me relever, et me retrouvais face à lui. Il arborait un petit sourire fier qui exaspéra mes nerfs. Il portait une chemise blanche légère qui, remarquais-je soudainement, s'accordait avec la robe blanche que j'avais enfilé ce matin.

- Je vais me changer, grognais-je.

- Hors de question ! Tu as déjà mit assez de temps comme ça ! s'exclama le jeune homme.

- Mais qu'est ce que ça peut te faire ? grommelais-je.

Je le vis lever les yeux au ciel avant de m'empoigner le bras. Il me tira jusqu'à la porte d'entrée et me força à monter dans la voiture qui attendait devant le péron.

- Et ne râle surtout pas parce qu'il y fait trop chaud ! Il fallait être plus rapide ! m'avertit-il.

Résignée je tournais la tête vers la fenêtre pour éviter de voir son visage. Il conduisait rapidement, et j'avoue que je stressais un peu. Mais ma fierté m'empêchait de le montrer. Ça aurait été trop simple sinon... les gens compliqués sont beaucoup plus amusants ! Rappelez-moi pourquoi ai-je accepté ce poste déjà ? Ah oui, parce que ma mère ne m'en a pas laissé le choix...

Mais ce n'est pas comme si j'en avais besoin ! Et je n'avais certainement pas envie de passer MES vacances avec ce type !

Ce dernier se gara abruptement et vint m'ouvrir ma portière.

- Va prendre les affaires qu'il y a dans le coffre, elles sont pour toi.

- Quoi ? Tu peux répéter ? Je crois que tu as oublié le ''s'il vous plait-merci'', articulais-je.

- Non je crois que c'est toi qui ne l'a jamais apprit.

Je restais bouche bée devant sa réponse avant de me lever et de faire ce qu'il avait dit. Je fus surprise de découvrir des affaires d'équitation. Cherchant des réponses je courus derrière Antoine.

- Eh ! Toi là ! l'interpellais-je.

Mais il ne se retourna pas... en même temps...

- Truc ! Tu peux m'expliquer ce qu'on va faire ? Parce que je...

Je m'interrompis immédiatement quand j'aperçus les premiers chevaux qui broutaient tranquillement dans les prés.

- C'est... commençais-je.

- En fait, tu vas enfiler ta tenue, tu vas monter sur une de ces bêtes, et tu vas partir au triple galop, tu feras une chute importante et tu te briseras le cou sans aucun espoir de survie. Moi je rentrerais normalement à la maison et je dirais que tu t'es enfuies parce que tu en avais assez... C'est plausible, non ? expliqua Antoine.

Alors là, je ne savais vraiment plus quoi dire ! Il était...

- En fait il faut mieux revenir au moment où tu te brise le cou sans aucun espoir de survivre. Moi je fais tout pour te sauver. Je t'emmène même à l'hôpital malheureusement on ne peut plus rien faire pour toi et tu meurs dans mes bras, continua-t-il. Ah non... pas dans mes bras. Seule dans ton lit.

Je n'avais pas beaucoup le choix et la seule réaction qui me vint fut d'éclater de rire. Un rire peut être un peu nerveux...

- Ou alors je étouffe avec de la purée d'artichauts... ou de pruneaux. Là tu as le choix.

Je le regardais avec d'immenses yeux ce qui le fit sourire quand il se tourna vers moi.

- Bon allez, viens, tu vas choisir ton cheval, finit-il par dire.

- Non ! Non ! m'écriais-je. J'exige de pouvoir faire mon testament avant ! Je ne veux pas que te reviennes la moindre de mes affaires !

- Quel dommage... J'aurais pu les mettre avec ma poupée vaudou à ton effigie. Ça m'aurait fait plaisir de te hanter même en enfer.

- Viens ! On va choisir les chevaux ! dis-je soudainement.

- C'est moi qui commande, pas toi ! s'écria-t-il.

- D'accord, d'accord ! Je vais faire comme avec les petits garçons capricieux, je vais leur céder, soupirais-je.

- Entre enfants capricieux on se comprend, ironisa-t-il.

Je levais les yeux au ciel, mais n'ajoutais rien.

- Comment vont Kate et Alex ? demanda-t-il alors qu'on descendait la pente qui menait au centre équestre.

- Bien, vraiment bien. Je réfléchis même à la robe que je porterais à leur mariage, blaguais-je.

- Oh vraiment ? À ce point là ? Essaye jogging et pull à capuche, c'est assez tendance.

- J'ai réservé cette tenue pour ton mariage ! C'est fou une telle coïncidence ! m'exclamais-je en faisant comme si j'etais surprise.

- Aha... mais il y a un problème dont je voulais te parler... c'est que tu ne seras pas invité à mon mariage... avoua Antoine.

- Ça me va aussi ! J'aime les arrivées à l'improviste !

-Je m'en souviendrais pour ton mariage !

- Je crois que je ne me marierais pas...

- Effectivement je te vois bien rentrer dans les ordres. Au calme d'un couvent. Ça t'irait tellement bien ! affirma-t-il en hochant la tête d'un air entendu.

Afin de couper court à la conversation je me precipitais comme une enfant vers le premier cheval venu.

- Il est joli celui là ! Je crois qu'une promenade avec lui serait fort sympathique !

- Tu comptes réellement monter un Shetland ? s'inquiéta Antoine. En général les gens de notre âge et taille ne montent pas des poneys...

- Je me doute... mais les traditions et moi... continuais-je.

- Oh d'accord... Très bien je vais te faire seller celui là pendant que tu te changes.

- Non mais... euh... tentais-je.

- Si, si, allez va te changer, dit-il en me poussant vers les vestiaires.

Je me retrouvais donc seule à maugréer contre ma stupidité. Ce n'étais quand même pas possible d'être aussi têtue !

En sortant je poussais un soupir d'admiration devant le magnifique pur sang qui patientait devant l'enclos. Dire que j'allais monter sur un truc de la taille d'un chien...

- Alors tu grimpe ou tu continue de t'essouffler ? fit Antoine en arrivant sur un cheval blanc aussi beau que celui que je regardais.

Interloquée je restais sans bouger.

- Mais...

- Tu crois vraiment que j'aurais oser me promener avec une gamine et un shetland ? J'ai déjà la gamine, pas envie d'avoir le Shetland en plus.

Je montais rapidement sur le dos de ma monture avant de lui tirer la langue et de partir au galop. Je l'entendis dire en riant

- Mon plan se déroule comme prévu, tu es déjà au galop !