Centaurea cyranus (Bleuet) :  plante herbacée de la famille des Astéracées (anciennement Composées) provenant majoritairement d'Asie 

La citation du jour est : « Si franc qu'on le suppose, le rire cache une arrière pensée d'entente, je dirai presque de complicité, avec d'autres rieurs, réels ou imaginaires »
- Henry Bergson -

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Alors que le soleil était parti se coucher depuis au moins une heure, Priya était en train d'expérimenter ce qu'elle avait pris l'habitude d'appeler "le blues du dimanche soir" - c'est très probable que vous l'ayez déjà expérimenté. Comme son nom l'indique, c'est lorsque le dimanche soir nous sommes assaillis par des pensées sombres, et ce même si tout va bien dans notre vie : on fait la gueule, on est triste, on veut que personne nous parle et on s'enferme dans un coin avec une bonne musique dépressive dans les oreilles. Généralement on ressent ça comme une espèce de boule dans notre gorge qui apparaît dans les alentours de dix-huit ou dix-neuf heures, ou plus communément à l'heure où le soleil se couche.

Il était presque vingt-et-une heures et Priya était allongée sur son lit, l'album Carrie and Lowell de Sufjan Stevens dans les oreilles. Elle ne pensait à rien, ne disait rien, ne ressentait rien. Elle détestait cet état semi-végétatif dans lequel elle était, mais ne parvenait pas à trouver la motivation nécessaire pour se bouger le cul. Alors elle restait là. Quand soudain elle entendit un grand bruit dans l'appartement voisin suivit d'une rafale de jurons dans un mélange de français et d'espagnol. Un sourire pris place sur ses lèvres et elle repoussa sa couette pour se lever. Elle avait trouvé une motivation : elle allait faire chier son cher voisin.

Elle prit un plaid qu'elle jeta sur ses épaules et sortit sur le palier en pyjama pour aller toquer à la porte d'Iván. Il lui ouvrit et un regard surpris se peignit sur son visage lorsqu'il la reconnu.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

- Bonjour d'abord, non ? »

Elle ricana et se glissa à côté de lui pour allait s'asseoir sur le canapé.

« Surtout fait comme chez-toi hein ? Tu veux un thé ? Des chouquettes ?

- Tu serais un amour, dit-elle, un grand sourire aux lèvres. »

Iván soupira. Il ne comprenait pas. La dernière fois qu'ils s'étaient parlé remontait à presque deux semaines. Il ne l'avait pas vu sur le balcon, il ne l'avait pas croisé dans l'immeuble, il ne l'avait pas croisé dehors. Alors il ne comprenait pas pourquoi elle revenait subitement maintenant.

« Arrête de froncer les sourcils, tu vas te faire des rides, dit Priya en se saisissant de la télécommande pour chercher un film sur Netflix. »

Il aurait pu essayer de lui tirer les vers du nez, il aurait pu la chasser de chez-lui, il aurait pu appeler les gars, il aurait pu faire tout ça, mais il se contenta de hausser les épaules et d'aller se chercher une bière avant de se laisser tomber à côté d'elle.

« Et moi j'en ai pas ?

- Tu mérites pas, déclara-t-il simplement un prenant une gorgée. »

Elle rigola et se cala un peu plus entre les coussins, râlant que "ton canapé il est pas confortable Iván". Suite à quoi elle se prit un coussin dans la tête. Ça aurait pu dégénérer, mais elle était trop fatiguée pour ça, elle se contenta donc de grogner avant de se concentrer sur le film, pourri, qui passait sur l'écran.

Elle qui avait prévu de passer sa soirée à le faire chier était tellement fatiguée qu'elle finit par s'endormir sous le regard exaspéré d'Iván qui la transporta dans son lit en roulant des yeux. Priya était une emmerdeuse de première, se dit-il alors, mais une emmerdeuse marrante et c'était pas trop mal.

Le lendemain, Priya se réveilla donc dans un lit qu'elle ne connaissait pas et eut peur un instant d'avoir fait de la merde, mais le déroulement de la soirée lui revient et elle grogna en se rendant compte qu'elle n'avait finalement pas fait ce qu'elle comptait faire. Elle se leva et se rendit en catimini vers l'entrée dans le but de partir ni vue ni connue. Le problème était que pour ça, elle devait passer par la cuisine où se trouvait Iván en train de lire quelque chose sur son téléphone, une tasse de café devant lui.

« Salut, dit-il en relevant la tête.

- Euh, salut.

- Tu comptais te barrer sans dire au revoir, lui demanda-t-il, un sourire narquois aux lèvres.

- Pas du tout, je suis quelqu'un de polis, marmonna Priya.

- De toute manière, étant donné qu'il est neuf heures, tu ferais bien de te bouger le cul, très mignon d'ailleurs. »

Le visage de Priya vira au cramoisi et ses yeux lancèrent des éclairs, quand elle réalisa ce qu'il venait de dire. Son visage perdit donc toutes ses couleurs.

« Attends, il est neuf heures ? »

Sa voix tremblait et Iván éclata de rire.

« Je déconne putain ! Il est sept heures, olala t'aurais vu ta tête, s'esclafa-t-il.

- Connard de merde, file moi un café, ronchonna Priya en s'asseyant en face de lui.

- À vos ordres princesse, ria-t-il en glissant une tasse remplit devant elle. »