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Ma vue est brouillée, mes joues sont baignées de larmes. Je suis là à vos côtés sans être vraiment là, avec vous. J'observe autour de moi, mon environnement comme une étrangère, je suis absente, mais je suis là. Je suis là pour vous, mais pas pour moi.
Pour vous. Tout me passe au-dessus, je ne ressens rien. Malgré tout, je compatis à vos histoires, j'écoute sans jamais me prononcer. Vous déversez depuis un certain temps déjà l'océan complexe de vos émotions sur moi, et désormais, je déborde. Je me fissure, je me brise, mais mon masque, lui, reste en place. Je vous répare tandis que je m'abîme.
Mais vous n'êtes pas les seuls facteurs de ma peine, de mon délabrement. Les uns m'interpellent pour me parler d'une rumeur, extasiés devant mon sérieux et mon investissement, les autres, habitués depuis peu à un comportement plus que satisfaisant, me demandent une certaine stabilité et m'oppressent.
Répondre aux attentes est fatiguant. Le jugement, lui, est terrifiant. Vous me submergez avec vos émotions, votre énergie incessante et vos bavardages de commère persistants. VOUS êtes égoïstes. Tous présents, mais pas pour moi. Sous mes airs bienveillants et comblés, je subis, sans cesse, commentaires et reproches, encouragements sans aucune valeur, acharnement et conseils que vous pouvez vous garder.
Mais en y réfléchissant, c'est toujours pour les autres tout ça, jamais pour moi ; vos commentaires rabaissants ne sont là que pour vous faire monter sur un piédestal, alors que votre petit doigt n'a pas bougé; vos histoires sont les vôtres, même si je fais mine d'être concernée, je ne suis que témoin ou perroquet, colporteuse de rumeurs ou bien messagère; quant à lui, le travail est rarement fait pour soi, il y a toujours un but, ou quelqu'un à rendre fier. Personne ne remarque les petites victoires, mais au moindre échec tous rigolent. Et pour vos excuses, prononcés sans arrière-pensée, sans aucune pensée pour dire vrai, je sais qu'elles ne valent pas un clou. Pour vous, le schéma est le suivant : "Excusé, oublié !". Raté, ça ne fonctionne pas ainsi. Je n'oublie pas, moi, la balafrée. Non, je n'oublie pas, je cicatrise. Et j'ai mal. Et quand je souffre trop, je m'isole. Je m'isole car je pense à vous, je pense du mal de vous. Tout cela car j'ai peur, j'ai peur de la vague de haine qui sans doute, déferlera sur moi si je ne m'en vais pas. Si mon masque tombe devant vous.
Alors au lieu d'attendre, je prends les choses en main, pour vous et pour moi. J'ai mal alors je retire mon masque et le détruis. Je me défoule sur quiconque m'approche, puis, une fois vidée, le vase qu'est mon cœur est disposé à se remplir de nouveau. Alors je relève la tête, et je récupère les fragments de mon masque, je les recolle puis repart au front, en bataille contre moi-même, un triste sourire aux lèvres pour mieux affronter la réalité. Me voici malgré tout, parfois je me fissure et m'absente un court instant, l'esprit divaguant au loin, une larme dévalant ma joue, mais je n'en suis pas moins ici. Je suis simplement plus faible qu'avant, encore plus marquée et rongée par les évènements. Régulièrement, il arrive que trop de poids pèse sur mes frêles épaules et alors, je vacille. Il suffit parfois d' une simple contrariété pour m'ébranler, et tout ressort, malgré moi, le masque tombe.
C'est dans ces cas-là que j'aimerais avoir des mains pour me soutenir, mais je sais au fond de moi, que si je trébuche, il n'y aura personne pour me rattraper, vous ne serez pas là, moi non plus.
Mais ne vous en faites pas pour moi, je suis là à vos côtés, je vous attends, le masque bien calé sur mon visage baigné de larmes.
~ It's all in my head ~
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