Chapitre 7
Quelques minutes plus tard (Encore en Octobre)
~ Sur le canapé de Ken - Paris ~
Le silence qui régnait dans la pièce était pesant. Rien à voir avec ceux qui entouraient d'habitude Ken et Héloïse. Non, celui était aussi épais que l'air un jour de brouillard. Héloïse savait qu'elle avait merdé. Elle savait qu'elles allaient devoir se revoir un jour ou l'autre. Mais elle ne pensait pas que ce serait si tôt ni que Ken se chargerait de faire l'intermédiaire.
« Tu comptes m'expliquer un jour ? »
Elle n'avait pas changé. Toujours droit au but. Pourquoi aller doucement quand on peut aller vite, avait-elle tendance à dire avant. Avant... Avant qu'Héloïse ne parte et cesse de donner des nouvelles.
Cette dernière enfoui son visage dans ses longs doigts. Bon moyen pour cacher sa honte, mais également rester dans son déni de la situation encore un peu plus longtemps.
« Héloïse ? »
La voix de Ken avait été d'une douceur déconcertante face à l'hostilité manifeste que dégageait la fille, ou plutôt femme maintenant, assise en face d'Héloïse.
« On aimerait tous comprendre, continua-t-il.
- Elle nous dira rien, soupira la blonde.
- Ce n'est pas, commençât Héloïse en cherchant ses mots. C'est pas aussi compliqué que j'aime à me le faire croire. »
Elle n'avait pas vraiment envie de parler des raisons de son départ pour trois raisons. Premièrement parce que ça remuait de mauvais souvenirs qu'elle aurait préféré laisser enfermés à double tour dans son placard. Deuxièmement parce que maintenant, elle trouvait ces raisons quelque peu futiles. Et enfin, troisièmement parce qu'elle avait honte d'avoir préféré la fuite, d'avoir laissé tout le monde en plan et surtout d'être restée aussi longtemps là-bas.
Elle fut donc tentée de jouer la carte de la petite fille encore fragile par ce ce qu'il s'était passé comme elle l'avait fait avec Ken. Mais quand elle releva la tête pour croiser leurs regards, elle se dit que finalement, si elle devait en parler à quelqu'un, se serait à ces deux-là. Et peut-être Hakim.
Alors elle parla. Elle parla pendant près d'une heure, exposant les problèmes un par un. Toujours en restant clair et concise, sans jamais s'égarer, sans jamais laisser ses sentiments parler pour elle. Elle avait appris avec le temps qu'il n'était jamais très prudent de se laisser aller durant des explications. Au fur et à mesure de son récit, elle avait vu Ken se tendre de plus en plus et la ride sur son front s'accentuer progressivement. Elle se doutait bien qu'il allait finir par craquer. Mais elle espérait qu'il s'était calmé depuis dix ans, car sinon elle ne saurait pas si elle arriverait à le calmer. De son côté, son ancienne meilleure amie s'était, elle, détendue petit à petit. Pas qu'elle était contente de ce qui était arrivé à Héloïse, non. Elle était contente que ce n'ait pas été de sa faute.
« Je vais le fumer, dit Ken quand elle eut fini.
- N'importe quoi. C'est clairement pas ce qu'Hélo à besoin. Donc si vraiment t'es pas bien, tu vas prendre une douche ou cogner dans un coussin, je sais pas, mais tu te calmes. »
Il la fusilla du regard mais resta assis, se contentant de faire tourner les chevalières à ses doigts de façon frénétique. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour faire redescendre la pression et se calmer. Héloïse ferma les yeux un instant en se massant les tempes. C'était pas gagné.
« Héloïse ? »
Elle releva la tête vers la blonde assise en face d'elle et tenta un léger sourire qui devait plus ressembler à une grimace.
« Pourquoi tu m'as jamais appelé ?
- Je sais pas en fait, je voulais juste couper les ponts définitivement avec toute cette histoire.
- Pourtant, tu as donné des nouvelles à Clément. Et tu le voyais quand il allait au Japon. »
Son cœur se compressa douloureusement dans sa poitrine et elle referma les yeux. Une image de son frère souriant apparut dans son esprit et elle secoua la tête comme pour chasser cette image loin d'elle.
« Oh merde, je suis désolée. »
Son ex-meilleure amie se leva précipitamment pour s'asseoir à côté d'Héloïse et l'attira doucement dans ses bras.
C'est fou, elle n'a pas changé d'odeur, pensa la brune. Toujours ce mélange de vanille et d'amandes, toujours cette douceur, toujours ce sentiment de rentrer à la maison.
« Je suis désolée Priya, j'aurai dû appeler.
- Chut, on s'en fout, c'est finis maintenant. T'es rentrée. »
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