Environ quatre mois plus tard ( Octobre )

~ Dans le nouvel appartement d'Héloïse - De retour à Paris ~

« Pourquoi tu es revenu ? Non, en fait, pourquoi maintenant ?

- Tu le sais.

- J'ai besoin de t'entendre le dire, je crois.

- Je ne peux pas, je suis désolée. »

Les larmes coulaient sur les joues d'Héloïse tandis qu'elle repensait aux trois heures qu'elle avait passé dans l'appartement de Ken hier. Elle avait été incapable de le dire. Tout simplement incapable. C'étaient simplement quelques mots pourtant. Pas plus de six. Mais non, elle n'y arrivait pas. Il avait eu l'air déçu. Mais il avait fini par abandonner et elle avait pu recommencer à respirer.

Depuis quelques mois, sa vie n'était plus que tristesse. Elle n'arrivait décidément pas à avancer. Elle pensait qu'en revenant à Paris tout se réglerai. Mais non. C'était juste un peu plus facile de ne pas penser à sa grand-mère, et un peu plus dure de ne pas penser à lui. Elle avait été stupide. Depuis le début. Elle n'avait pris que des mauvaises décisions. Mais maintenant, c'est trop tard. Il faut avancer. Son regard s'arrêta sur sa planche dans un coin du salon et un léger sourire apparu sur ses lèvres. Le premier véritable depuis qu'elle était revenue à Paris.

Elle retira son pyjama pour mettre un jean large et un gros sweat, se fit deux tresses et attrapa sa planche pour sortir. Arrivée dans la rue, elle déposa sa planche donna un coup de pied sur le sol pour rouler en direction de la place du Trocadéro. Les souvenirs revenaient par vague, la laissant chancelante, mais étrangement, heureuse. Tandis qu'elle et sa planche roulaient elle se demanda pourquoi elle n'avait pas fait ça plus tôt. Le skate avait toujours était sa solution pour à peu près tout.

Elle arriva à la place du Trocadéro et sourit en voyant un groupe de skateurs qui faisaient quelques tricks devant. Elle glissa vers eux et les salua. C'était probablement ce qu'elle préférait dans le skate, la convivialité entre les skateurs. Ils discutèrent quelques minutes et leur prêta son briquet en échange d'une cigarette.

Elle fumait, beaucoup. Peut-être trop. Mais c'était devenu une réelle habitude dont elle n'arrivait pas à se défaire.

Le groupe était composé de trois gars et deux filles et elle passa l'après-midi midi avec eux. Skater lui avait redonné le sourire.

Vers 18 heures l'un des garçons lui demanda si elle voulait les suivre en soirée, mais elle refusa. Pas qu'elle n'aimait pas les soirées, au contraire, et surtout celles des skateurs, mais elle était fatigué. Et elle avait envie de voir Ken.

Ils n'avaient pas pu beaucoup parler hier. À vrai dire, ils avaient passé plus de temps à se regarder ou à juste rester coller l'un contre l'autre plutôt que de parler. Pourtant en dix ans il s'en était passé des choses. Ils en avaient des choses à se dire. Presque comme s'ils devaient tout reprendre du début.

Elle salua donc ses amis du jour et repartit en direction de son appart. En glissant dans les rues elle réfléchissait. Devait-elle aller directement chez lui ? Le prévenir ? Lui proposer de passer chez elle ?

Finalement, elle n'eut rien besoin de faire puisqu'elle le trouva en bas de chez elle, appuyé contre le mur. Il avait rabattu la capuche de son sweat sur sa casquette et avait les yeux fixés sur ses pieds. Tout dans sa posture démontrait une certaine envie de passer inaperçue. Héloïse avait tendance a oublié sa célébrité.

« Salut, murmura-t-il.

- Salut. »

Elle passa à côté de lui sans rien ajouter et entra dans l'immeuble. Il la suivit sans rien dire. Ils prirent l'ascenseur jusqu'au dernier étage. Toujours sans prononcer un mot elle ouvrit la porte et pénétra dans son nouveau chez-elle. Ken émit un sifflement en entrant dans l'appartement. Oui, Héloïse n'était pas à plaindre. Le Japon avait plutôt très bien marché pour elle.

Après avoir sorti un jus de fruits de son frigo, ils prirent place dans son canapé. Pendant une dizaine de minutes ils ne dirent rien. Ou plutôt ils se parlaient silencieusement.

C'est fou tout ce qu'on peut faire passer comme message juste par le regard, pensa Héloïse.