Chapitre 10
Quelques minutes plus tôt (Octobre)
~ Salon d'Héloïse - Paris~
Le cerveau d'Héloïse était particulièrement embrumé ce soir là. Elle avait fui la compagnie de Priya et Ken toute la semaine pour la remplacer par sa planche et ses cigarettes qu'elle fumait à une vitesse phénoménale. Elle savait qu'elle ne devrait pas, mais c'était plus fort qu'elle.
Elle était rentrée chez elle à peine une heure plus tôt de sa vadrouille journalière dans les rues de Paris. Assise sur son canapé, les coudes posés sur ses genoux, la tête dans les mains, elle avait déposé le paquet de Marlboro et son téléphone sur la table basse devant elle. Ils semblaient la narguer. Elle releva la tête et son regard navigua entre les deux. Elle avait une furieuse envie de s'en griller une, mais elle en avait déjà fumé plus d'une dizaine aujourd'hui. C'était bien trop. Beaucoup trop.
Elle aurait tellement aimé que son frère soit là. Il lui manquait chaque jour un peu plus. C'était une mauvaise idée d'être rentrée ici où tout lui faisait penser à Clément.
Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Heureusement qu'elle était rentrée, sinon elle n'aurait jamais revu Ken, Priya, Hakim et tous les autres.
Un coup sur la porte la fit sursauter violemment. Elle se leva et s'approcha de la porte, essuyant machinalement ses yeux qui s'étaient remplis de larmes. Lesdits yeux s'ouvrirent en grand quand elle trouva un Ken souriant devant sa porte.
« Qu'est-ce que tu fais là ? Bégaya-t-elle.
- Tu me laisses entrer ? »
Elle s'écarta sans un mot et le regarda enlever ses chaussures avant de se diriger vers le salon où il posa son sac à côté du paquet de cigarettes et du téléphone. Il en sortit un livre, un thermos et une boite rectangulaire qu'Héloïse ne tardât pas à reconnaître. Elle sentit les battements de son cœur s'accélérer et elle posa instinctivement sa main sur sa poitrine, comme pour l'empêcher de s'envoler.
« T'as amené des macarons ? Murmura-t-elle.
- Évidemment. »
Elle battit frénétiquement des paupières et recula d'un pas. Les macarons, c'était quelque chose de sacré pour eux. C'est ce qu'il lui avait amené la première fois qu'il avait fait une connerie, pour s'excuser, c'est ce qui leur avait servit de repas la fois où elle avait dormi sur un banc avec lui après s'être disputés avec ses parents, c'est ce qu'elle lui avait apporté le jour où elle lui avait annoncé son départ. Les macarons avaient une importance capitale dans leur relation. Et elle n'en avait pas mangé depuis dix ans.
« Hélo ? Ça va ?
- Pas trop, murmura-t-elle. »
Les larmes dévalèrent sur ses joues tandis que le regard du jeune homme se voilait. Il se précipita donc pour la prendre dans ses bras. Elle s'accrochait désespérément à lui, comme s'il allait la sauver.
« Je suis désolée, murmura-t-elle entre deux sanglots.
- Pourquoi ? »
Il s'était écarté un peu d'elle et avait plongé son regard chocolat dans le sien, y cherchant une réponse qu'il semblait peiner à trouver.
« Pour ça. »
Et elle fit la première chose qui lui vint à l'esprit. Elle l'embrassa.
Quand ses lèvres se posèrent sur celles du rappeur, une avalanche de souvenirs l'assaillit. Evidemment, elle avait eu quelques histoires à Osaka, mais aucune d'entres-elles ne parvenaient à égaler la symbiose qu'elle avait toujours ressentit avec Ken.
Il y a une légende qui raconte qu'avant, il y a très longtemps, les humains étaient en fait deux. Mais les Dieux, fâchés que les Hommes se rebellent sans arrêt, puisant leur force dans leurs deux âmes, leurs envoyèrent la foudre afin de les séparer en deux âmes distinctes. La légende raconte que depuis lors, les Humains sont condamnés à chercher leur moitié toute leur vie durant.
Si Héloïse avait toujours eu du mal à croire en des mythes et autres Dieux, elle avait était frappé par la justesse de cette histoire.
Ses lèvres se détachèrent de celles de Ken qui resta planté devant elle, les yeux fermés.
« Ken, murmura-t-elle. »
Il ouvrit les yeux doucement et Héloïse sentit son cœur se serrer quand elle ne lit que de l'incompréhension dans le regard du jeune homme.
« Tu, commença-il, tu m'as embrassé.
- Je t'ai embrassé, souffla-elle.
- Tu m'as embrassé, répéta-il.
- Je suis désolée, j'aurai pas du.
- Non, tais-toi. »
Il recula doucement pour s'asseoir sur le canapé et tendit la main vers elle sans la regarder. Elle la prit timidement et il l'attira vers lui pour la faire asseoir sur ses genoux avant d'enfouir son nez dans son cou.
« Comme quoi, finit-il par dire au bout d'un certain temps. Tu as finalement eu plus de couilles que moi. Je ne sais pas pourquoi ça m'étonne, tu as toujours été la plus forte de nous deux. »
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