It felt like summer when I kissed you in the rain
Les mains enfoncées dans les poches de son sweat humide et les épaules relevées – futiles barrières contre le froid – Yoongi se frayait un chemin parmi les badauds alcoolisés et les parapluies aux extrémités acérés. La pluie, qui s'était mise à tomber en fines gouttelettes au début de la soirée, tombait drue à présent, les énormes gouttes venant s'éclater violemment au sol et s'infiltrer vicieusement dans les moindres recoins, gorgeant sans aucune pitié les fibres des vêtements et faisant frissonner les plus frileux des passants.
Le visage froncé, résultat du mauvais temps, mais également de son humeur altérée, le jeune homme n'avait qu'une idée en tête : attraper le premier taxi ou descendre la première bouche de métro sur sa route et rentrer chez lui. Il ne rêvait que de silence et de chaleur. Surtout de chaleur. Et d'un bon chocolat chaud. Mais, alors qu'il allait lever la main afin d'appeler un taxi, un appel le fit hésiter une fraction de seconde, permettant ainsi à un groupe de jeunes, hautement alcoolisés à en croire leur façon de se tenir ou de s'exprimer – crier, voire s'égosiller, serait le terme le plus juste d'après le jeune homme–, d'arrêter avant lui le véhicule et de s'y engouffrer tant bien que mal.
- Hyung ! Yoongi-hyung, attend !
Ses points serrés dans les poches déformées et détrempées de son haut, sa mâchoire crispée et ses yeux réduits en deux fentes assombries et brillantes, Yoongi se retourna lentement, avant d'ancrer sans détour son regard dans celui de l'appelant. Namjoon.
- Qu'est-ce que tu veux Namjoon ?
- Hyung, je–
- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, il pleut des cordes, je suis fatigué et je suis trempé. Je ne souhaite qu'une chose : rentrer et me mettre au chaud. Alors, tu m'excuseras, mais–
- Hyung, s'il-te-plaît, reste et écoute moi.
Tout en le priant de rester, Namjoon s'était rapidement approché. Ses yeux toujours plongés dans les orbes ténébreuses du plus âgé, il avait doucement encerclé du bout des doigts le coude de Yoongi, agissant lentement, comme pour ne pas effrayer une proie déjà terrifiée, un air sérieux plaqué sur le visage.
Également sans parapluie et uniquement vêtu d'un sweat en coton sombre légèrement trop grand pour lui, et à présent aussi trempé que celui de Yoongi, Namjoon ne semblait pas affecté par les gouttes qui ruisselaient le long de son visage, s'écrasant sur le sommet de son crâne avant de finir leur course à la pointe de son menton. Ses lèvres serrées en une mince ligne, ses yeux légèrement plissés, tout son visage exprimait la concentration, alors que ses yeux criaieint à qui voulaient bien l'entendre des excuses à n'en plus finir.
Ce fut d'ailleurs ces yeux qui décidèrent Yoongi à ne pas retirer son coude de la douce poigne de Namjoon et à rester là, debout en pleine nuit sous une pluie battante, trempé jusqu'aux os. Ces yeux-là, avec ces excuses à peine voilées, et une infinité d'autres choses.
- Hyung, repris Namjoon. Je suis désolé de ne pas l'avoir dis plus tôt. De ne pas leur avoir dis. J'avais peur, d'accord ? Je–... Je ne suis pas à l'aise avec tout ça, pas à l'oral en tout cas, tu sais comme je m'exprime mieux par écrit, mais... Mais hyung... C'est toi hyung, et c'est moi, et... Et... Et qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse ? Que je dise ?
Le visage de Namjoon avait perdu toute sa concentration, à présent déformé par une lassitude et une tristesse presque palpable. Le dos voûté et les épaules tombantes, le jeune homme avait en quelques secondes perdu de sa haute stature, s'aplatissant inconsciemment sous le regard sombre de son aîné, toujours silencieux et immobile face à lui. Pour autant, entre les centaines de sentiments qui flottaient à la lisière de ses pupilles illuminaient par les néons éclatants de la rue animée brillaient faiblement une lueur de courage et un soupçon d'espoir.
- Hyung, chuchota Namjoon, la tête alors baissée vers le bas. Dis quelque chose, je t'en prie. Je–
- Namjoon, arrête.
La voix rocailleuse et forte de Yoongi résonna entre eux comme un coup de fouet. Le corps tremblant, autant de froid que de crainte, Namjoon relâcha lentement le coude de son aîné, n'osant relever la tête, attendant comme un condamné à mort le couperet de la guillotine, agenouillé sur le sol dur et poussiéreux de l'estrade en bois, à la merci de tous. À la merci de Yoongi.
Mais, alors qu'il allait de nouveau s'excuser, la gorge douloureusement serrée, tout espoir amèrement envolé, comme un faible feu facilement éteint par une bourrasque de vent, un mouvement soudain vînt le couper dans son élan. La main de Yoongi, à présent libre de toute entrave tissuesque, se posa doucement sur sa joue, le bout de ses doigts glacés délicatement appuyé contre sa pommette faiblement rougie par la brise mordante du froid extérieur.
- Regarde-moi.
Quand leurs yeux se croisèrent de nouveau, la main fraîche de Yoongi toujours posées contre la peau chaude de Namjoon, ce fut comme si tout le reste avait disparu. Il n'y avait plus que Yoongi et Namjoon, l'un en face de l'autre.
- Namjoon, continua Yoongi, sa voix plus douce que précédemment et légèrement chevrotante. Je sais. Je savais, je l'ai toujours su qu'on en arriverait là, et moi aussi j'avais peur... J'ai préféré partir parce... Parce que... Parce que bordel, quand je suis en colère, des fois je suis lâche, et je tourne les talons sans un regard en arrière, et je le regrette, forcément, et–
- Hyung ? Qu'est-ce que tu essaies de me dire ? Tu le savais ? Mais...
- Bordel Namjoon, souffla Yoongi, ses joues elles aussi rougies par le froid, mais aussi par la gêne. Oui je le savais, mais une part de moi me disait que j'avais tort, que ça ne pouvait pas être vrai, pas toi, pas toi pour moi, pas toi et moi, et j'avais espéré que ça serait plus facile pour toi de leur dire, de dire à tes amis ce que l'on est... Que tu assumerais que tu m'aimes.
Quand les lèvres de Namjoon frôlèrent brusquement celles de Yoongi, ce fut comme si ce dernier avait enfoncé volontairement et profondément les dents d'une fourchette en acier dans une prise reliée au courant : une vague d'électricité parcourra en un millième de seconde tout son corps, du bout de ses orteils au petit cheveu perché au sommet de son crâne. Et quand le plus jeune appuya plus franchement, que leurs lèvres s'écrasèrent les unes contre les autres, le cerveau de Yoongi disjoncta simplement.
- Namjoon, Namjoon, Namjoon, psalmodia Yoongi, les yeux fermés et le front appuyé contre celui de l'autre, sa respiration hachée et son cœur emballé. Tu es là. Tu es là, et tu m'aimes, et je t'aime, et–
- Je suis là hyung, je suis là et je t'aime. Je t'aime tellement. Hyung, si tu savais comme je t'aime. Je vais arrêter d'être un lâche hyung, je te le promet. Pour toi... Pour toi hyung, je ferais tout. Je t'aime. Je t'aime...
Presser contre le corps de l'autre, les deux jeunes hommes occultèrent tout ce qui n'était pas eux. Tout autour, tout avait disparu. Il n'y avait plus de passants alcoolisés et hagards, plus de voitures aux klaxons bruyants et plus de désagréable pluie froide. Seul Namjoon comptait pour Yoongi et seul Yoongi comptait pour Namjoon, et c'était parfait comme cela.
I want you
To look right in my eyes
To tell me you love me
To be by my side
I want you
At the end of my life
Wanna see your face when I fall with grace
At the moment I die
Is that alright ?
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