Chapitre 5
J'hésite longuement à choisir ma tenue. Pas à cause du manque de choix (surtout avec toutes les robes qu'Ivy a apportées), mais bien parce que je ne me trouve jolie dans aucune d'entre elles. J'ai toujours eu un look plutôt négligé et garçon manqué. Quand j'enfile une robe féminine, c'est comme habiller un ours : ce n'est pas féminin et c'est affreux à mourir. D'autant plus que je ne porte que des Converse ou des tongs, mais oh grand Dieu, jamais des talons ! Le jour de la beuverie est enfin arrivé, le soir va bientôt tomber et tout le lycée va se réunir dans la forêt pour fêter cette fin d'année. Et bien sûr, c'est Kelyne qui viendra nous chercher. Mais Ivy nous quittera bien assez tôt pour passer du temps avec son fameux Carl. Je suis contente qu'elle tente de passer à autre chose, car elle ne semblait pas prête à oublier mon frère. Parfois je me doute même qu'elle vienne dormir chez moi que pour être près de lui. Elle s'invite deux fois par semaine, alors je peux en déduire que 60 % de ce temps est consacré à espionner Adrian.
— Tu es parfaite !
Ivy remonte ma jupe au-dessus de mon nombril et place mon chandail en dessous.
— Non, ça ne va pas. C'est affreux ! râlé-je.
— Laisse-moi faire ! renchérit-elle. C'est vraiment sexy !
La jupe bleu marine est moulante et remonte jusqu'au-dessous de mes seins. Ivy m'a prêté un chemisier blanc où on voit légèrement ma brassière en dentelle au travers. J'ai insisté pour garder mes Converse, mais elle a accepté à condition que je porte les blanches pour que cela s'agence avec mon ensemble. Honnêtement, j'ai l'impression d'être un rouleau de printemps. Je ne me sens pas jolie du tout. Mais dire non à Ivy, c'est accepter de lui faire de la peine, et je ne suis pas prête à ça. Elle connaît mieux la mode que moi, et après tout, je suis entre bonnes mains. Si c'était moi qui m'étais préparée, je serais plutôt sortie avec mon imperméable pour être sûre de ne pas être trempée par la pluie qu'on annonce au courant de la nuit.
— Perfecto ! Ne touche plus à rien, déclare Ivy, en embrassant le bout de ses doigts comme le font si bien les Italiens. Bon ! Attaquons les cheveux !
Elle tire sur mon élastique et une tignasse débraillée tombe sur mes épaules. Mes cheveux sont ondulés et partent dans tous les sens. À mon grand étonnement, Ivy semble trouver ça beau.
— Ne touche à rien. Tout est parfait.
On pourrait croire qu'Ivy porte une nuisette, avec sa petite robe blanche de printemps. Elle ne porte pas de brassière et a opté pour des sandales plutôt sexy pour quelqu'un qui s'apprête à marcher dans le sable et la boue. Ses magnifiques cheveux fins, d'un blond doux, tombent dans son dos. Ils sont aussi lisses que la perfection le veut.
Cate cogne à la porte avant de l'ouvrir.
— Vous êtes jolies ! minaude-t-elle en nous regardant à tour de rôle.
Ma tante a l'allure d'une adolescente, et elle est bien trop jeune mentalement pour avoir du jour au lendemain à éduquer des adolescents, avouons-le. Son visage rondelet lui laisse des traits de jeunesse. Elle a une magnifique chevelure brune, et même si son corps est svelte, elle a, je dois dire, de très belles courbes pour une femme de trente-deux ans. Pas que je trouve que trente ans c'est vieux, mais dans mes souvenirs, comparés à Cate, mes parents à trente ans semblaient drôlement vieux et démodés. J'ai les mêmes minuscules taches de rousseur qu'elle sur le nez.
— On récapitule pour la soirée, les filles. Pas de drogue, aucune substance non identifiée ou illicite. Riley n'est pas là pour vous ramener à la maison, alors j'ai fait appel à Mr. Oliver qui viendra vous chercher à la sortie des bois. Il veut vous voir là à 3 heures du matin. Pas une minute de plus. Pour l'alcool, on limite cela à un verre.
— Oh Cate ! grommelé-je.
— Non, il n'y a pas de, Oh Cate ! C'est comme ça, un point c'est tout. Vous n'êtes pas majeures, estimez-vous heureuses que je vous l'accorde. Et je ne veux surtout pas oublier ce règlement : pas de tripotage ! J'ai déjà été dans ces beuveries dans ma jeunesse et les garçons ne vont là-bas que pour boire et coucher, rien d'autre. Ta mère me tuerait si...
— Oui, bon, ça va, j'ai compris ! En gros, on y va pour rien puisqu'on élimine tout ce qui se rapporte au plaisir.
Ivy s'esclaffe de rire devant Cate qui ne trouve pas ça drôle du tout.
— Hayley, j'ai parlé. Si tu veux, tu peux rester ici aussi.
— Je plaisantais. Pas de sexe, pas d'alcool, pas de drogue et on fait le pied de grue à 3 heures du matin en bordure du chemin à la sortie de la forêt. Dans tous ces éléments, je dirais que c'est le dernier qui est le plus dangereux, mais bon, puisque tu insistes.
— Hayley !
— Oui ! Je plaisante !
Ivy est morte de rire et croit que Cate et moi on plaisante alors que ma tante va d'une minute à l'autre devenir furax. Je ferais mieux de remballer mes pensées avant qu'elle décide qu'on n'y va plus. J'aime beaucoup provoquer son côté autoritaire. Je veux qu'elle sache s'exprimer et dire non. Cate me voit plus comme sa petite sœur, ce qui fait que j'ai du mal à la voir comme un modèle d'autorité.
— La voiture de Kelyne est dans l'entrée, n'oubliez pas votre portable, et ne le fermez sous aucun prétexte. Ivy, ta mère veut que tu l'appelles à 2 heures du matin pour donner signe de vie.
— Oui, d'accord.
— Bonne soirée les filles.
Toutes deux passent la porte de ma chambre et j'offre une bise à Cate sur la joue avant de dévaler les escaliers.
La Fiat rouge de Kelyne est dans l'entrée. Je referme derrière moi et saute à bord de la voiture.
— C'est parti ! s'extasie Kelyne derrière le volant.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro