Thomas

-"Au final, vous voulez une décoration du style industriel. Un mobilier robuste avec des matières brutes, qui pétillent sans agresser le regard," conclut Mélaine, en le notant dans un carnet.

-"C'est exacte," affirmai-je.

-"Des motifs dans des tons gris ardoise ou vert d'eau," poursuivit-elle.

-"Oui, je veux des motifs géométriques et non à fleurs ni de couleurs vives. Je veux du bois brut et du cuivre étincelant," dis-je.

Cela faisait plus d'une heure que nous étions dans mon manoir. Je lui avais fait visiter chaque pièce, y compris ma chambre, et nous avions pu discuter de la décoration de chaque pièce. Mon but était d'éradiquer toutes les choses qui me rappelaient mon ex.

Et la première chose était de changer la décoration de mon manoir. À cette époque, c'était elle qui s'en était occupée. Chaque meuble, qu'elle avait choisi, chaque tableau qu'elle avait fait installé, tout ne faisait que ressortir le passé où je m'étais bercé d'illusions, d'avoir envisagé un futur avec elle, cette satanée sangsue qui aspirait qu'à avoir mon argent.

Cependant, je ne ressentis aucune tristesse quand j'avais fait visiter les lieux à Mélaine. Au contraire, sa simple présence arrivait à m'apaiser. Sa douceur, sa timidité et son parfum, une odeur de jasmin, s'était imprégné dans chaque chambre et dans mon esprit.

J'essayais en vain de trouver un mot pour définir ce qui m'attirait chez elle. Depuis le premier jour, elle m'avait captivé. Ses courbes sensuelles réveillaient en moi des fantasmes, des désirs interdits. Il fallait impérativement que ça cessait.

-"Hé ho, la terre appelle Thomas!" fit Mélaine en agitant sa main devant mon visage, me ramenant à la réalité.

-"Désolé, j'étais ailleurs," parvenais-je à dire.

Remarquant mon trouble, Mélaine m'offrit un sourire compatissant.

-"Il vaut mieux que je retourne chez moi," déclara cette dernière.

-"Pourquoi?" répliquai-je.

-"On a déjà fait le tour de la propriété, Thomas, et je dois me changer pour aller au bureau. Ne t'inquiète pas, je prendrai un taxi."

-"Hors de question! Je te raccompagne," répondis-je d'un ton sans appel.

Je m'installais du côté conducteur et démarra ma voiture. Le trajet se fit dans un silence de mort. Voulant briser la glace, je mis de la musique pour détendre l'atmosphère. Je commençais à fredonner Uptown funk de Bruno Mars tandis que Mélaine chantait à tue-tête.

-"Say my name, you know who i'm am, i'm too hot, hot damn," nous chantions en chœur avant d'éclater de rire.

-"Merci de m'avoir raccompagnée," me remercia-t-elle quand nous arrivâmes devant la porte de son appartement.

-"C'était un plaisir," dis-je.

-"Les travaux pourront commencer dès lundi. J'en discuterai avec Chérylle, tout à l'heure."

Un silence agréable s'installa. Ni elle ni moi, voulait partir.

-"Tu veux boire quelque chose," me proposa-t-elle enfin.

Néanmoins, je déclinais son offre sachant pertinemment que mes dernières forces m'abandonnaient. Mélaine entra ensuite dans son appartement tandis que je rentrais dans l'ascenseur, puis appuyais pour descendre.

-"Putain, Thomas! Ressaisis-toi," me sermonnais-je tout en faisant les cents pas. -"Et merde!" m'écriai-je

Je stoppais l'ascenseur puis appuyais pour monter, direction son appartement. Je toquais plusieurs fois avant qu'elle m'ouvrit la porte, vêtue d'une simple nuisette.

-"Thomas, que fais-tu ici?" me demanda Mélaine en fronçant les sourcils. Cependant, ses mots moururent aussitôt dès que mes lèvres se pressèrent contre les siennes.