Amélia - Juin 2012

— Attends, ralentis, tu vas trop vite! Tu veux que je demande quoi à Kylian là ? Me demanda Elliot interloqué

Je soufflais de désespoir, tentant d'expliquer à Elliot que j'avais besoin que son pote vienne me sauver la vie, lundi prochain. Si Kylian n'apparaissait pas comme convenu, je passerais pour la mito, que j'étais, sois dite en passant.

— Dis lui juste de venir devant le collège, genre juste il vient te chercher par exemple. Mais au moins je viens avec vous et ...

— Mais explique moi pourquoi il viendrait me chercher comme s'il était ma putin de nounou ? Me coupa Elliot de plus en plus perdu.

— C'est une question de vie ou de mort Elliot, soit tu fais ça pour moi, soit je suis plus ta sœur !

J'étais dans les extrêmes, je le savais pertinemment, mais j'étais au pied du mur. Je n'avais pas envie de donner l'avantage à cette garce de Stéphanie.

— Très bien ça me fera des vacances alors ! Plus de sœur, le rêve de ma vie tiens !

Il ne me calculait plus et recommençait à jouer sur sa PS3, que j'avais juste envie de réduire en bouillie.

— Elliot, s'il te plait, je t'ai déjà demandé un service ? Dis-je un peu plus suppliante.

— Oui, y a deux jours, tu m'as demandé 5 euros.

Je lève les yeux au ciel, impatiente en tapotant du pied.

— Je te parle d'un vrai service.

— Ah parce que 5 euros pour toi c'est donné genre ? Ben rends les moi alors.

— Elliot !

— Amélia ! Dit-il en m'imitant plein de lassitude. Non sérieux, c'est quoi le délire ?

— Je .... laisse tomber pas grave.

Il déposait sa manette après avoir mit pause, m'observait et me lançait :

— Vas y je vais lui dire de venir, mais ça a intérêt à valoir le coup genre. T'es vraiment en danger de mort ? Demanda t-il curieux.

Je souriais jusqu'aux oreilles et il leva les yeux au ciel. Je suis tellement heureuse qu'il ait dit oui que j'ai envie de danser. Va te faire voir Stéphanie de mes coui***. J'étais libre et j'allais prouver que j'étais une nana qui valait le coup.

— Tu peux arrêter de sourire comme ça, on dirait une sorcière sérieux.

J'ai repris mes esprits et Elliot est reparti vaquer à ses occupations. Le week-end est passé aussi lentement que ma semaine au collège. Mais c'était sans doute car pour une fois, j'étais trop pressé d'y retourner pour voir la gueule de l'autre conne, lorsque Kylian serait devant le bahut. S'il pouvait me taper la bise en plus, ça serait excellent. Puis dimanche soir, j'ai tout de même réalisé que j'allais me trouver fasse au mec que je kiffais le plus au monde. J'avais un don pour me foutre dans la merde par moment, c'était affolant.

En allant au bahut, lundi à 8h avec Amaury, j'étais moins confiante à mesure des mètres qu'on allongeaient.

— Il parait que Kylian va venir chercher Elliot tout à l'heure. Me demanda t'il innocemment.

— Possible oui...

— Il parait même que c'est toi qui a demandé ?

Je l'observe et il me sourit comme un idiot.

— Quoi ?

— Ben je sais pas Lia, t'es amoureuse de lui depuis que t'es née et genre tu t'organises des dates comme ça. Tu bégayes dès qu'on parle de lui, pourquoi tu veux qu'il vienne te voir? Dit Amaury qui semblait préoccupé.

Je sens le rouge me monter aux joues, tellement cette situation est gênante. Le soucis avec Amaury, c'est que je ne pouvais rien lui cacher, du moins presque.

— Peut être que je ne bégaye plus tant que ça.

— Dis tu, alors que t'es aussi rouge que le feu pour les voitures là. Dit-il en montrant un feu du menton.

— Va te faire foutre !

— Je rigole... ou pas. Mais en vrai, y a une raison pour que tu aies demandé ça à Elliot? Plus bizarre encore, y a t-il une raison pour que ce soit Elliot qui m'en informe, en mode tu m'as caché le truc ?

Cette fois je sens bien que ça le gêne lui, ou même que ça l'agace un peu.

— Non Am, c'est juste que tu passes ton temps à te moquer de moi à son sujet. Je voulais faire un truc sans que t'aies à me décourager.

— Mais je te décourage pas, au contraire ! Juste je pense, que t'aurais dû attendre avant de date Kylian. T'es pas prête à avoir un mec pour le moment et pas "le mec".

— Pourquoi tu penses toujours mieux savoir que moi ? Dis-je en colère

— Calme toi ! Je sais des choses pour toi, tout comme tu sais des choses pour moi, c'est tout. J'ai pas envie que tu grilles tes chances avec lui, alors que tu m'en parles depuis qu'on sait parlé tous les deux.

Je souffle d'agacement. C'est vrai que j'aime Kylian depuis des lustres mais faut pas en faire une affaire d'état. Enfin je crois, peut être que c'est lui qui a raison et qu'au delà de vouloir me venger de Steph, je vais me foutre dans le caca.

— Ouais désolé, t'as raison. Tu peux rester avec nous ? Dis-je adoucis

— Lia tu finis à 16h, je fini à 17h30.

— C'est vrai, c'est un putin de merdier cette séparation des classes.

— Ouais grave ça me saoul. Je viens de capter qu'on a toujours pas récup nos téléphones, car on est puni encore. Va falloir que je patiente jusque ce soir pour le débrief.

On avaient eu la bonne idée de ne rentrer qu'à 10 heures du soir, il y a deux semaines. Evidemment, comme il n'y en avait jamais un pour rattraper l'autre, nous n'avions pas prévenu nos parents. Ils voulaient nous fumer depuis et nous ont confisqué nos téléphones et privé de sortie pendants un mois.

— Les darons abusent grave ! Mais je te garderais les détails croustillant s'il y en a. Bon on se sépare ici du coup ? Dis-je devant le collège.

Amaury sourit et m'observe avant de me tendre la main. On fais notre tchek et il garde ma main dans la sienne à la fin.

— Je suis content que tu arrives à dépasser tes peurs, ça me fait plaisir. Je sais que t'as confiance en personne et donc du mal à te faire des potes. C'est lourd que t'essaies de vaincre tes peurs, mais ça sera toujours moi ton meilleur ami, promis ? Me dit-il en me scrutant.

Je souris de toutes mes dents à cet imbécile et le prend dans mes bras, avant qu'il ne me repousse

— Eh, on est au collège, j'ai une réputation de mauvais garçon ici !

Je lève les yeux au ciel et marche en direction de ma prochaine salle de cours. Tout du long de cette journée, Steph n'a cessé de faire des remarques sur le fait qu'elle avait hâte d'être à la fin de sa journée. Des remarques suivi d'un regard appuyé vers ma direction, qui n'en finissait pas de me mettre le stress. A midi, alors que je mangeais avec Laura et que la totalité des regards étaient braqués sur nous, j'ai cru que la vie allait quitter mon corps.

— Mais je capte pas, pourquoi tu as dit à cette idiote que Kylian était ton meilleur ami ? Me dit Laura excédé devant son plat de pâte.

— Laura, on peut ne pas revenir là dessus.

— C'est dans 3h, je pense qu'on peut y revenir oui, que tu t'y prépares.

Je me suis d'autant plus affalé sur ma chaise et elle a tenté de me faire un sourire compatissant.

— Je me fou dans le caca, tu peux le dire, que ça finisse de m'achever.

— Je ne dirais pas ça. Je dirais juste que tu as certaines capacités aigus pour les problèmes.

Je l'observais et j'arrivais à rire tant la situation était comique. Elliot est apparu d'un coup devant nous.

— Amélia rejoins moi en bas.

— Je mange ! Ai-je répondu saoulé.

— C'est pas une question, en bas maintenant !

Il semblait en colère et même Laura était restée totalement interdite. J'ai laissé mon plateau à ses côtés, me disant que je remonterais après cet entretien urgent avec Elliot. Arrivé en bas dans la cour, il faisait les 100 pas.

— Lia, juste dis moi que c'est une blague s'il te plait.

— De quoi ? J'étais au maximum du stress.

— Tu as dis à tout le monde que tu étais la meilleure amie de Kylian ? Tu te fou de ma gueule ? Ou alors les gens mentent ? Je préfère la seconde version !

Honteuse je regardais mes chaussures, comme si elles allaient apportés les réponses aux différentes sottises que j'inventais.

— Amélia ! A t-il hurlé.

— Oui, oui c'est vrai, c'est ce que j'ai dis.

— Putin, mais... bordel Lia ! C'est mon pote, tu te rends compte que je le fais se déplacer pour que quoi ? Tu puisses te vanter de le connaitre ? Mais depuis quand tu es dans ça ?

— C'est compliqué, je te jure crois moi, ça tiendrais qu'à moi je ne ferais pas ça.

— Ça tiens à qui du coup ? Tout le monde sera là à l'observer comme une putin de bête de foire. Il va croire je l'ai mis dans une sauce. Il commence tout juste à être connu, je veux pas qu'il pense que je me sers de lui à cause de son blaze. Tu fais chier !

— Je suis vraiment désolé, mais ça va être rapide et je ...

— Tu quoi ?

— Je vais ...

— Non !

— Mais laisse moi finir de parler ! Dis je excédé qu'il me coupe sans cesse.

— Non, t'en as assez fait carrément. A la base j'avais demandé un frère!

Je souffle sans trop faire de vague. Il me dit ça à chaque fois que je l'exaspère. Il avait l'air hors de lui, je n'aimais pas mettre mon frère dans cette situation, mais je ne pouvais pas revenir en arrière.

— Je fais la vaisselle à ta place pendant 1 mois !

— 1 mois ? 3 ouais !

— Ok bye.

— Bye à Kylian aussi alors, je lui fais un petit texto.

— Ok, ok va pour 3.

— Mais Lia, juste explique moi pourquoi s'il te plait.

L'espace d'un instant, je me suis dis que confier mon calvaire à quelqu'un m'enlèverait enfin le poids que j'avais. Puis c'était mon grand frère, je pouvais avoir toute confiance en lui. Je m'apprêtais à tout lui raconter, lorsque Stéphanie est passé près de nous. Son regard de vipère, m'a ôter les mots de la bouche. Elle ne m'avait pas adressé un mot et avait pourtant continué sa route, mais le mal dans ma tête c'était déjà propagé. Je m'en voulais d'être aussi faible et en incapacité de gérer cette situation autrement. Mais j'avais tellement honte de l'avoir laissé prendre le contrôle de mon esprit de la sorte. Je me sentais prise au piège de son harcèlement constant. Une larme avait roulé sur ma joue, alors que j'étais figée le regard dans le vide.

— Lia, a prononcé doucement Elliot en s'approchant de moi. Il se passe un truc ? Je dois casser la gueule à quelqu'un?

Mon regard s'est de nouveau attaché au sien, pour lui sourire et le rassurer, mais une nouvelle larme a coulé. J'ai tenté de l'essuyer rapidement, mais je sentais qu'il était en panique.

— On t'as obligé à me demander, de faire venir Kylian ?

— Non c'est pas ça mais ....

Je repris mon souffle en essayant de contrôler ses fichues glandes lacrymales.

— Ah ben vous êtes là ! Lia, c'est quoi cette histoire de best friend forever and ever ?

Amaury venait de débarquer totalement essoufflé. Il posa ses mains sur ses deux genoux et laissa sa tête retomber pour reprendre son souffle.

Il avait les cheveux aussi châtains que les miens avec quelques mèches blondes. Habituellement, il coupait ses cheveux courts, mais il voulait ressembler à un cain-ri, comme il est si fan des US. Puis il m'avait balancé que ça me permettrait de se ressembler encore plus. C'est comme ça qu'il y a deux semaines, on est allé se faire quelques mèches blondes tous les deux.

Il s'est redressé et m'a scruté que quelques secondes avant de me demander pourquoi je pleurais.

— Je vais bien, faut que j'y aille. Dis-je en voyant Laura qui venait me sauver comme un ange.

Je pris Laura par la main et marchait plus vite que je ne le voulais pour m'échapper de ces deux là. Amaury ne rappelait, mais j'étais déterminé à faire en sorte que cette journée puisse enfin s'achever.

La suite des cours s'etaitdéroulé sans encombre, enfin sans compter la petite boule qui était dans mon estomac, qui ne cessait de grossir. J'avais la nausée à l'idée que tout le monde m'attendait au tournant. Mais pas encore assez courageuse, pour juste reconnaître que j'avais menti. J'avais un plan dans ma tête de toute façon. Si ça se passait mal, je changeais de pays. Radical mais efficace, il ne restait plus qu'à convaincre mes parents :)

Lorsque la dernière heure de cours a retenti, je pense avoir senti un petit gout de bile dans ma bouche, j'allais vraiment gerber.Les élèves chuchotaient en notre direction avec Laura. Stéphanie m'a fait un sourire méprisant.

— On se retrouve en bas avec ton BFF Amélia ! Dit-elle sur le ton du sarcasme.

Elle était condescendante et moi je n'arrivais plus à prononcer un seul mot. Je devais être blanche, tout semblait tourner autour de moi.

— Ok Lia on se reprend ! Tu vas à la sortie, dès que tu le vois tu lui dis salut et y aura Elliot, vous vous barrez direct ! Ça va bien se passer crois moi. Me dit Laura inquiète.

— Tu as raison. Ai-je pu prononcé après avoir dégluti.

Arrivé à l'extérieur, il était là avec un sweat à capuche noir, un bas de jogging de sport bleu marine et son sac eastpak noir. J'aimais tellement sa petite tête qui regardait partout et disait bonjour à ceux qu'il connaissait. Depuis un an, il avait changé de collègue pour se rapprocher de son centre de formation de foot. Il souriait et on aurait dit un ange, tellement il était beau. Je reprenais mes esprits et tentais de voir où se trouvais Elliot, mais nul part.

— Ton frère devrait pas déjà être là ? Me demanda Laura inquiète.

J'opinais de la tête, espérant qu'il débarquerait d'un moment à l'autre. Quelques secondes qui me parurent une éternité défilèrent lorsque Stéphanie se rapprocha de nous.

— Ok, ton meilleur pote est là, bien vu. Mais tu attends quoi pour lui dire bonjour du coup ? Je te sens pas très à l'aise étrangement. Il a pas trop l'air de t'attendre non plus sois dite en passant. Dit-elle en regardant dans sa direction.

Autour de nous, quelques élèves observent en silence, attendant la suite avec impatience je présume.

— J'attend mon frère...

— Ok et tu ne peux pas lui dire bonjour sans lui ? Peut être parce que tu as menti n'est ce pas ? Dit-elle en élargissant son sourire victorieux.

Je sentais déjà le sol se dérober sous mes pieds, mais prise de la même émotion qui m'avait poussé à inventer cette supercherie, je passais devant elle en la bousculant. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais, mais j'y allais. Kylian était posé sur l'une des barrières de ville, la tête baissé à répondre à ces milliers de message, je suppose. Arrivé à sa hauteur, il leva les yeux et les posa sur moi et lorsqu'il me reconnu me fit ce petit sourire en coin, qui me rendait dingue.

— Amélia, ça fait longtemps ça va ?

Je ne lui ait pas laissé le temps de se rendre compte de ce qui se passait, que je le serrais dans mes bras. J'ai senti ses muscles se contracter sous la surprise de ce geste soudain et clairement inexplicable. Il eu au moins la délicatesse de ne pas me rejeter, comme mon crétin de frère ce matin. Lorsque je me redressais et que ma tête devait être aussi rouge que ce fucking feu, j'observais sa réaction et il avait les sourcils froncés.

— Par pitié ne crie pas, est ce qu'on peut juste faire semblant que tout est normal et marcher en direction de chez moi ?

— Je ... euh ...

— T'inquiètes envoie un message à Elliot, il nous retrouvera.

— Ben du coup... je

— Ok on y va ! Lui ai-je balancé sans qu'il n'ait le temps de réaliser.

Je jetais un rapide coup d'œil derrière moi et Laura était tout sourire, et me fit un petit pouce en l'air. J'étais ravie même si c'est la réaction de Stéphanie qui m'intéressais le plus. Elle me scrutait avec mépris et dans mon cœur le calme pouvait enfin reprendre ses droits. J'étais tout sourire en marchant, jusqu'à ce quelques pas faits, je me rende compte que Kylian m'observait interloqué. Je marchais à côté du plus gros béguin de ma vie, comme si de rien était, dans le plus grand des calmes. Le vrai calvaire commençait maintenant.

J'espère que cette histoire vous plait autant qu'il me plait de l'écrire. N'hésitez pas à commenter, j'aimes les commentaires et à liker évidemment pour la force. Bisou :)