Amélia - Mars 2022

Toute la famille est au complet ce soir pour fêter notre retour. Même si j'ai très peu récupéré, j'ai la sensation de péter la forme. Pour faire un état des lieux : Calvin le premier de la fratrie, il a 30 ans et est avec sa femme Vanessa. Le second Daniel, qu'on surnomme Danny a 26 ans, qui est venu seul car il aime un peu trop les femmes. Ensuite il y a Elliot qui va sur ses 24 cette année, qui est venu avec un de ses meilleurs potes Thibault. Il aurait pu venir avec Kylian et croyez moi, ça aurait été une autre ambiance.

Au départ ma mère devait s'arrêter à Elliot, car elle avait 3 garçons et trop peur de ne jamais avoir de fille. Puis elle est tombé enceinte et ne l'a su qu'à son 4 ème mois de grossesse et quelle surprise quand on leur a dit que c'était des jumeaux. Mais Dieu étant clément avec elle, il y avait une fille dans le lot, moi :)

— Les jum's je vous jure que vous voir ça fait du bien. Je vais enfin avoir des petits à envoyer en mission là ! Dit Danny en rigolant.

Je grimace à la dernière réflexion de Danny, tandis que les autres rigolent tous. Dans notre famille ça part toujours un peu dans tous les sens. Nous sommes à moitiés français par notre père et de l'autre côté congolais par la madré. Une famille hautes en couleur et en caractère bien trempé.

— Si non Lia, t'es à combien d'abonnés maintenant 480K? Me demandait Calvin un brin admiratif.

Calvin a toujours été le plus soucieux de notre bien être. Certainement lié au fait qu'il soit l'aîné, il a ce rôle de troisième parent. Il est tellement bienveillant, c'est mon supporter numéro un, depuis que je suis devenue influenceuse, il y a 3 ans.

—450k je crois et 600k sur tiktok, dis-je toute contente de voir cette lueur de fierté dans les yeux des membres de ma famille.

— La petite star de la famille ! Et dire que tu étais si timide encore, avant que vous ne partiez! Dit mon père fier.

Je lui souris car il a toujours été mon petit confident après Amaury, car Amaury passe toujours avant, c'est inexplicable. Les gens nous détestent ou nous aiment pour ce lien. J'en joue beaucoup sur mes réseaux, on a même créé un compte instagram indépendant pour les vidéos que l'on fait ensemble avec Amaury. Le compte commence vraiment à prendre, on est à 150k et le double sur tiktok.

— Une congolaise ne peut pas être timide trop longtemps non ? Dis-je en regardant Danny.

— Ah ben ça, ma belle non ! Surenchérit ce dernier.

Danny c'est celui qui aime le plus le Congo. Il y va chaque année, quand il le peut. Depuis que je suis petite, il a toujours tenté de me faire prendre confiance en moi, surtout il y a 10 ans, quand j'ai eu cette période très difficile au collège. Il me répétait sans cesse qu'une congolaise ne pouvait pas être timide. C'était ridicule au possible, mais ça avait le don de me faire sourire. Il a fallut du temps pour que je gagne en estime personnelle et il y avait contribué c'était certain.

— Ma famille réuni au complet ... maman serait tellement fière de vous voir tous en bonne santé et si heureux.

Ma mère avait les larmes aux yeux, tandis que personne ne parlait plus. Ma grand-mère s'en était allé durant le covid. Ce qui avait été le plus difficile, c'est que comme nous étions bloqué à L.A, impossible de revenir pour la voir. J'en avais pleuré pendant des semaines avec Amaury. Après ça, on a essayé de reprendre le dessus, mais lui comme moi, on savaient qu'on finiraient par revenir, par peur de ne pas profiter de ceux à qui l'on tenait plus que tout.

— Je suis sûr qu'elle serait très fière de nous tous et surtout toi maman. Lance Amaury

Ma mère tente de retenir ses larmes, mais sans succès. Dans un élan un peu unanime, on se prend tous dans les bras. Le retour en France était la meilleure chose qui pouvaient nous arriver.

Ellipse

— Les plus vieux et chiants sont partis ou quoi ? Lance Elliot.

Amaury et moi on se tourne vers Elliot qui vient de débarquer dans la cuisine.

— Ben je crois bien que les darons sont rentrés à domicile. La fête est fini passé 25 ! Lance Amaury

— T'es con ! Lui lance Elliot. Puré les Jum's wesh vous êtes là! On va faire trop de bail ensemble là. Enfin, les visio c'est fini, parce que frère des visio toutes les semaines j'en pouvais plus.

— T'en pouvais plus de quoi ? Lui-ai-je lancé.

— Pas de ta petite tête minimoys ! Dit-il en s'amusant à mettre en pagaille, ma chevelure toujours aussi indomptable.

Le fait que je sois la seule fille de cette tribu, m'accordait un peu un statut de petite princesse auprès de mes frères. Cela faisait toujours sensation quand un mec me draguait et que j'annonçais avoir 4 grands frères. Disons que ça calmait net, autant que c'était chiant pour moi.

— Bon c'est comment les lovés là ? Amaury, t'es un cas désespéré je sais déjà, mais toi minimoys, tu es toujours avec ton gars là, Lick ou Lock ?

Je lève les yeux au ciel, excédé par ce mépris des rares petits copains que j'ai pu avoir dans ma vie.

— Aleck, je ne vois pas ce qu'il y a de difficile à retenir.

— Oui lui, ça dit quoi là avec le retour ? Dit-il en souriant.

J'aimerais lui en vouloir mais sa joie de vivre et sa bêtise sont très contagieuses.

— C'est terminé, il me saoulait pour que je reste alors bon ... Dis-je pensive

— Hum, c'est arrangeant pour toi j'imagine. Ajouta Elliot

— Comment ça ? Ai-je demandé surprise.

— Ben tu rentres, célibataire comme jamais, prête à en découdre avec Kylian ?

J'ai les yeux qui ont failli sortir de leur orbite, tellement c'était inattendu. Derrière moi je sens qu'Amaury s'agite et je me tourne juste à temps pour le voir faire de grand signe en cachette à Elliot, pour lui dire de la fermer. Je lui fais les gros yeux et me tourne à nouveau vers Elliot, qui me fait un sourire contrit.

— Je ne veux plus rien avoir à faire avec vous savez qui. C'est terminé depuis 4 ans. Faut avancer les gars !

— Vous savez qui carrément ? T'es dans l'excès un  peu non ? Dit Elliot avec un grand sourire

Am pouffe de rire et je me retourne à nouveau pour le fusiller du regard il s'arrête net.

— Non je ne vois pas pourquoi, quand on décide de tirer un trait c'est définitif. Il n'a plus ni nom, ni visage, ni rien. Dis-je sûre de moi.

— Ouais, l'excès quoi. En tout cas pour lui t'as bien un visage et il a hâte de te revoir. Ajouta Elliot pour piquer ma curiosité.

J'aurais aimé dire que ces mots ne m'avaient pas touché d'une quelconque manière mais, c'était impossible. Il avait pensé à moi, lui, il pensait à moi. Un peu plus et mes pieds décollaient du sol et je me mettais à voler dans toute la pièce. Heureusement, j'étais douée pour tout dissimuler "ne jamais rien laisser transparaître".

— Plaisir non partagé, je vois pas pourquoi on se verraient déjà ! Dis-je faisant mine de gérer les battements en pagaille de mon cœur.

— Tu comptes pas venir à mon anniversaire la semaine prochaine donc ? Demandait Elliot.

Je déglutis et me trouve sotte de ne pas avoir un minimum réfléchis aux aspects techniques de cette situation. Je laisse échapper un long soupir d'agacement, ce qui a le don de faire sourire ces deux idiots.

— Pourquoi tu résistes tant à l'évidence ? On vous demande pas de finir ensemble, mais de vous reparler ? Vous aviez une amitié de dingue, pire que celle que j'ai avec lui, tu ne peux pas le nier. Ajouta t-il.

— Je nie rien, je dis juste que j'ai rayé cette personne de ma mémoire, je ne peux donc pas appuyé tes propos.

— Oh l'avocate à deux francs tu te calme. Hurle Am.

— Annalise Keating sors de ce corps ! Poursuis Elliot.

- Sors de ce corps, sors de ce corps, sors de ce corps ! Ils se sont mit à chanter tous les deux autour de moi, tout en tapant des mains, pour inventer une instru de toutes pièces.

J'éclate de rire et je me met à danser avec eux, parce qu'après tout, ils sont drôles.

Le lendemain, on eu du mal à se lever avec Am, mais c'était une journée cruciale à la quête de notre futur logement. On a galérer avec les transports en commun de Versailles à Paris. Quitte à vivre en Ile de France, on s'est dit qu'être à Paris, proche des transports, seraient plus simple. Je dois reconnaître qu'on avaient la chance de bien gagné notre vie par les réseaux, si non jamais on aurait pu se permettre un tel luxe. Alors qu'on étaient dans un train et qu'Amaury s'était endormi, j'avais empoigné mon téléphone pour le filmer et balancer sur la toile qu'il n'assumait pas le retour. Quelques hastags qui feront effets, ainsi qu'une musique sympa et c'était dans ma story.

J'aimais plus que tout le fait d'être influenceuse. Alors oui, ça avait ses côtés, voyeurisme et parfois compliqué avec les haters, mais le reste c'était du kiff. J'avais débuté en 2019, étant seule aux US je partageais le quotidien d'une banlieusarde loin de chez elle. Très vite les gens me soutenait par des messages, partage de bons plans et autres. Puis après, je partageais vraiment toute ma vie, les soirées, ce que je regardais, lisais, mangeais. Puis le covid ça a été mon ascension, je faisais des lives où je faisais monter des gens pour discuter se présenter etc. On a commencé à me contacter pour des partenariats etc. Maintenant que je suis de retour en France, j'ai d'ailleurs, des shoots photo, des pubs et pleins d'autres projets qui arrivent. Ma vie avait pris un 360 degrés, que je n'aurais jamais pu prédire 10 ans en arrière où j'étais bien loin de tout ça.

Après avoir vu le plus gros du jour, on a eu deux coup de cœur avec Amaury, un dans le 13ème près de la bibliothèque François Mittérand et un autre dans le 16ème avec une vue sur une certaine dame de fer.

— Je veux celui du 16 Lia, il est dingue !

— On est dans le 16 quand même Am, ça fait très ...

— Très quoi ?

— Ben je ne sais pas bobo, on passe de Bondy à là! Dis je excédé.

— On passe de Bondy puis à Los Angeles et à là, mets les choses dans le bon ordre aussi.

Je souris et soupire à la fois, car je suis mitigée.

— T'as peur qu'on croise ton voisin Kylian.

— Je ... attend quoi ?

— Genre tu n'es pas informé qu'il a un sacré appart dans le coin ?

— Ben non, pourquoi je saurais un truc pareil. Je m'intéresses pas à la vie de ...

— Si tu redis "Tu sais qui", je t'étrangle. Dit Amaury en me coupant

Je pouffe de rire et il secoue la tête l'air dépité.

— Ok, bref je ne savais pas, mais ça ne m'arrêtera pas. Il faut juste qu'on pèse le pour et le contre.

— L'appart peut être à nous dès lundi prochain selon l'agent. On achète les meubles et on est bien juste avant l'anniversaire d'Elliot vendredi.

— Dis comme ça, ça à l'air top...

— Ca l'ait, Amelia crois moi cette fois c'est la bonne. On va être heureux toi autant que moi. Fini les galères, on posent nos putin de petites fesses et on s'amuse, ok ?

Il tend la main et comme d'habitude, je suis faible face à ce sourire et on fait notre habituel tchek, qui valide toutes nos décisions depuis qu'on est mômes.

— Bien, une bonne décision de prise ! Paris nous voilà ! Hurle t-il en pleine rue.

— Calme toi ! Lui ai-je dis tandis que des passants nous regardaient bizarrement .

Il ricane puis sort son téléphone et semble presque figé devant.

— Mauvaise nouvelle ? Lui ai-je demandé.

— Non rien. Dit-il en rangeant trop vite son cellulaire.

— Vas y accouche, y a une rumeur sur moi c'est ça ?

— Même pas t'inquiètes, bref.

— Am ....

— On m'a juste envoyé un article.

— C'était quoi ?

— Amélia ... dit-il agacé.

— C'est toi là, tu fais des mystères pour faire quoi au juste ?

—Ok on m'a envoyé que Kylian sortirait avec une meuf en ce moment!

Je suis restée interdite. Pas parce que ça me choquait, on était séparé depuis tellement longtemps, j'avais refais ma vie autant que lui rien de grave. Je ne comprenais juste pas pourquoi ma famille s'obstinait à nous voir ensemble.

— Oui, et ? Faut bien qu'il fasse sa vie un jour non ? Qu'il se marie, qu'il ait des enfants.

— Oui c'est sûr...

—Quoi, va au bout de ta bêtise.

— C'est juste que ça fonctionnera pas avec elle. J'ai juste l'impression qu'il essaie de te faire réagir maintenant que t'es revenu.

— Mais Am, tu regardes trop de film, c'est une coïncidence !

— Justement, je ne crois pas ...

— Pourquoi ça ? Dis-je le cœur battant à tout rompre.

— Je peux pas tout te dire mais, il ne t'as jamais oublié Amélia et tu peux dire ce que tu veux je sais que c'est pareil pour toi ...

J'avais ses mots qui tournait en boucle dans ma tête. "Il ne t'as jamais oublié Amélia". Etais-ce possible qu'un peu de nous soit resté en suspens durant ses quatre dernières années.

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