Chapitre 25
PDV Amélia – Juin 2022
Ma respiration était si agitée, que je cru que l'on m'avait comprimé la poitrine. Il me laissait encore une fois seule, devant un fait qui n'était toujours pas réellement le mien.
Am resta quelques instants avec moi, sentant certainement que sans sa présence, je me serais certainement laissé tomber au sol. Plus je cogitais, plus je me disais que je n'avais pas tort. Il y a 4 ans, je n'avais pas eu la possibilité de lui expliquer, pas la possibilité de lui donner ma version de cette histoire.
Sa colère était légitime et à sa place je serais si déçue et triste. Mais je lui aurais laissé le bénéfice du doute. Je lui aurais accordé du temps, parce qu'il était mon monde. Il avait fait voler ce monde en éclat et une partie de moi est morte après son départ ce soir-là. Une autre partie mourra quelques semaines plus tard...
Je soufflais un bon coup et observa Amaury empreint à l'inquiétude, comme à son habitude. Je lui souriait difficilement, mais j'essayais.
- Je t'ai déjà dit que tu étais mon jumeaux préféré ? Dis-je avec un sourire en coin.
Il se détendit, tout en restant sur ses gardes avant de me rendre ce sourire.
- Comme d'habitude oui, mais comme je suis le seul.
Je hochais la tête en regardant l'horizon. Nous avions une chance inestimable d'être ici, de profiter de cette vue et surtout d'être en vie.
- Je ne vais pas m'écrouler Am, pas cette fois. Je l'aime et ça me tue, mais pas une seconde fois.
Il me regarda et opinait avant de me sourire de toutes ses dents. Pour la première fois depuis longtemps, je cru lire de l'admiration à mon égard.
- On devraient rentrer, les autres vont pas capter.
- Yep !
On étaient rentré et la musique était coupée, les uns discutant avec les autres. Tous les regards se tournèrent vers moi et je dis la seule chose qui me sembla logique.
- Bon anniversaire ?
Kahis se mit à rire et les autres le suivirent. Un bref coup d'œil autour de moi, me permis de voir que Kylian, Achraf et Tchaga étaient sans doutes parti.
J'eu de nouveau envie de vomir, mais j'allais maitriser ces émotions, j'en étais certaine. Puis j'entendis du bruit dans l'entrée et j'y allais pour voir ce qu'il se passait et Tchaga discutait avec Laura. Ils arrêtèrent net leur discussion, au moment où ils me virent tous les deux.
- Désolé, je ne voulais pas vous interrompre, ai-je dis en voulant faire demi-tour.
- Non attend, dis Tchaga et je m'approchais.
Il souffla comme lui aussi totalement dépassé par cette situation.
- Le laisse pas faire, me dit-il.
Je fronçais les sourcils ne comprenant pas exactement ce qu'il attendait que je fasse.
- Il me tuera de te dire ça mais, il a tellement regretté après ton départ, il y a 4 ans... Il...
Il s'arrêta et regarda Lau, comme s'il puisait sa force en elle ou qu'il attendait son approbation pour terminer. Elle lui caressa l'avant-bras et il hocha la tête avant de reporter son attention sur moi.
- Il a regretté c'est tout ce que je peux te dire. Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé entre vous deux cette nuit-là, mais ça l'a détruit Lia. Le laisse pas faire cette fois. Le laisse pas partir et penser qu'il a raison, car il le regrettera encore. Il sait aussi bien que toi, que vous êtes fait l'un pour l'autre. Il faut juste que vous arriviez à régler ce putin de problème.
Je hochais la tête en essayant de mettre de l'ordre dans mes idées. Je soupirais un bon coût avant de lui adresser un sourire qui se voulait rassurant.
- Merci Brice, tu es vraiment un mec bien.
- Ca m'arrive, ajoute-t-il avec un sourire timide.
Laura n'avait des yeux que pour lui et je les aient raccompagné, car ils étaient prêt à partir.
- Merci d'être venue, dis-je en les regardant, ils arrivaient à me redonner foi en l'amour.
- C'est normal, dit Laura en me serrant dans ses bras. Tu es bien plus forte que ce que tu penses, ajouta-t-elle doucement à mon oreille.
Elle s'écarta, sans pour autant me lâcher et tenta de me transmettre toutes ses bonnes ondes.
- Je suis fière que tu sois ma meilleure amie Lia. Encore bon anniversaire.
J'avais un sourire jusqu'aux oreilles et l'ai prise une nouvelle fois dans mes bras, avant de la laisser partir avec Tchaga.
Je suis revenue dans le salon, où les autres discutaient un peu de tout et surtout de rien. Je me suis assise près d'Elliot dans le canapé et ait posé ma tête sur son épaule.
- Je dois casser la tête à un de mes meilleurs potes ?
Je me suis mise à rire en me redressant et l'observant.
- Nope monsieur, mais si tu pouvais lui mettre deux, trois baffes de temps à autres, je suis pas contre.
Il se mit à rire tendrement et je reposais ma tête contre son épaule en observant Am, si gêné devant Loretta. Au moins sa détresse avait le mérite de me remonter le moral.
Plus je les observais, plus je me disais qu'Amaury lui plaisait également à elle. Il avait beau dire que c'était peine perdue, ce n'était absolument pas ce que son langage corporelle transmettait.
- Et si non Loretta, t'es mariée, fiancée ? Demandais-je et la tête de mon frère se tourna vers moi si brutalement.
Je me pinçais les lèvres pour ne pas rire.
- Euh...dit-elle soudain troublée par ma question. Je détestais être aussi intrusive, mais je sentais qu'il ne lui demanderait jamais lui-même.
- Non, elle est célibataire. T'as un bon parti ? Demanda Leila, qui avait certainement compris où je voulais en venir.
- Bon parti, je ne sais pas, mais j'ai deux trois bonnes personnes. Après, t'as le droit de vouloir rester seule ou autre. Dis-je en essayant de lui transmettre un regard bienveillant.
- C'est gentil, dit-elle en riant gêné. Je n'ai pas rencontré la bonne personne c'est tout.
Amaury buvait littéralement ses paroles et Elliot me fit un petit sourire, complice.
- Et tu penses quoi de mon frère Amaury ? Demanda ce dernier.
Amaury recracha la boisson qu'il venait tout juste d'ingurgité. C'est vrai qu'Elliot aurait pu être un peu plus subtile, mais c'était Elliot, toujours les deux pieds dans le plat. Je me levais précipitamment pour lui ramener du sopalin.
Loretta était tellement gênée et si elle n'avait pas été noire, je pense qu'elle serait rouge comme une tomate. Amaury s'essuya la bouche et le sol qu'il avait trempé.
- T'es fou ou quoi ? Demanda-t-il à Elliot, qui haussa les épaules faisant mine de ne pas comprendre où était le problème.
Plus je regardais Elliot, plus j'avais envie d'exploser de rire. La situation était cocasse, mais si hilarante. Je pinçais mes lèvres si fort pour ne pas rire, mais mes joues commençaient à me lâcher.
- Je le trouve mignon, ajouta doucement Loretta
Tous les regard se braquèrent vers elle et en particulier celui d'Am. Je n'avais plus du tout envie de rire, je priais pour qu'on assiste au début de quelque chose d'unique
- Me regardez pas tous comme ça, dit-elle gênée, tout le monde le trouve mignon je suis sûre.
- Non pas moi, ajouta Leila
- T'es quasi marié, assena Loretta, ton avis compte pas pour de vrai.
- Genre Am ça aurait pas été ton style, si t'étais pas avec moi ? Demanda Kahis perturbé par la réponse de sa fiancé.
- Ben non, dit-elle avec assurance et elle se tourna vers Amaury, sans vouloir te vexer, dit-elle en riant.
- Pas de problème, ajouta-t-il les yeux dans le reste de son verre.
- Non mais le mec il se prend des râteaux, même de meuf en couple, purée. Ajouta Elliot.
Cette fois je ne tenais plus, j'explosais de rire et Amaury me regarda en se mordant la joue pour ne pas rire aussi, mais il avait du mal à se contenir.
- Arrête, je lui ait pas mit un râteau ! J'ai juste contre carré l'argument selon lequel, le compliment de Loretta était anodin.
Elle se tourna vers sa copine et ajouta :
- Si tu le trouves mignon, ça ne concerne que toi.
- Ah t'es le genre à mettre dans la sauce ? Dit Loretta en souriant.
- Mais la vraie question étant, est-ce qu' il te plait juste physiquement ou t'aimerais plus le connaitre ? Demanda Elliot.
- Wesh Elliot, tu vas sortir je te le dis ! Ajouta Amaury.
- Je ne sais pas si je veux le connaitre plus, je sais même pas si je lui plait, ajouta Loretta. Et je suis vieux jeu, c'est à l'homme de venir me chercher s'il me veut.
Plus personne ne parlait et Amaury baissa la tête.
- Ça vous dit une contre soirée dans ma cuisine ? Ai-je ajouté subitement. Sauf Am et Lo du coup.
- Ouais carrément ! Dit Elliot et les autres suivirent.
Mon frère avait rougit pour la troisième fois, en 22 ans, devant moi et on les laissa là tous les deux. Dans la cuisine, on essayait d'écouter au maximum ce qui se disaient, mais pas évident. Après même pas dix minutes, Amaury était venu nous chercher, toujours aussi gêné. On a essayé de leur tirer les vers du nez, mais aucuns d'eux n'a dit quoi que ce soit. J'étais frustrée, mais ce n'était qu'une question de temps avant que je force Amaury à m'en dire plus.
Un peu plus tard, les autres sont partis et on est allés se coucher avec Am, trop lessivés par tous les rebondissements.
Le lendemain, je me suis levé vers 10h et me suis vêtue d'un jogging et d'un débardeur, ainsi qu'un long gilet gris et mes new balance. Am n'était toujours pas levé et ce n'était pas plus mal. J'ai enchainé avec une bonne marche de 20 minutes, avant d'arriver devant l'appartement de Kylian. J'ai sonné et c'est un de ses gardes du corps qui m'a ouvert. Il savait pertinemment qui j'étais, mais il devait faire vérifier mon identité. J'ai soupiré d'exaspération et Jordan est apparu. Jordan était le garde du corps le plus ancien de Kylian. Il m'avait toujours foutu la trousse, à cause de sa carrure et son côté très nonchalant.
- Laisse là entrer ! Dit-il toujours si peu aimable, à son collègue.
- Il dort encore, ajouta-t-il à mon intention.
- Ok, je peux monter ? Demandais-je prête à faire demi-tour, par peur qu'il me tue juste en respirant trop fort.
Il hocha la tête et passa son chemin, comme si je n'étais déjà plus intéressante. Je montais les escaliers, la boule au ventre, mais bien décidé à ce que tout ce cinéma se termine ce jour. Il allait devoir m'écouter, qu'il le veuille ou non. Ensuite libre à lui de foutre en l'air tout ce que nous avions, mais j'aurais fait tout ce qui était en mon pouvoir.
Lorsque j'ai ouvert la porte de sa chambre, Kylian était levé et en train de s'apprêter. Son regard tomba sur le mien et ses traits se durcissaient presque immédiatement.
- Tu fais quoi ici ? Dit-il avec tellement d'agressivité, que j'aurais pu repartir en pleurant, mais je tenais bon.
Je ne lui répondis pas et me contenta de m'assoir au sol et de m'allonger. On faisaient souvent ça plus jeune, pour discuter. Il me regarda faire et soupira.
- Je ne vais pas faire ça Lia.
- Bien sûr que si ! Dis-je désespéré. T'as le choix de me parler, ou alors j'irais voir ta mère pour qu'elle te raisonne.
- Tu te fou de moi là ? Dit-il surpris.
- Allonge toi, dis-je paisiblement, alors que les battements de mon cœur étaient en pagaille.
- J'ai plein de trucs à gérer et ...
- Allonge toi ! Dis-je cette fois plus autoritaire.
Il soupirait une nouvelle fois et s'allongea le corps à l'envers du mien, nos deux visages collés, l'un à l'autre. Je me tournais pour le regarder, mais il resta le regard figé au plafond. Je fixais le plafond à mon tour, prenant une grande inspiration. J'allais lui expliquer ce qui c'était réellement passé pour Moussa et également tout ce que je ne lui avait jamais dit. Il avait le droit de savoir, il devait savoir...
PDV Amélia - Juillet 2018
- Tu es sûre que tu veux pas reporter ton voyage ? Rejoins moi plus tard.
- Non, dis-je en séchant mes larmes et me levant du lit. On part, c'était prévu comme ça depuis le départ. Je t'accompagnes pour t'installer et après je ...
Après je ne savais plus. Kylian m'avait bloqué, sur à peu près tous les fronts possibles et avait clairement dit à ses proches de ne pas me donner de ses nouvelles. J'étais comme dans un rêve éveillé ou plutôt un cauchemar sans fin. J'avais tellement pleuré, qu'il y aurait eu assez d'eau pour créer un oasis. Ma vie avait pris un coup fatale et maintenant je devais reconstruire mes projets d'avenir.
- Après tu pourrais rester avec moi. Dit Amaury, dont l'idée semblait le réjouir malgré ma tristesse.
- Dis pas n'importe quoi... j'ai pas d'école et ...
- Je m'étais renseigné pour si jamais tu changeais d'avis, y a une école en communication qui est prête à prendre ton dossier jusque mi-aout. C'est payant, mais je vais bosser assez vite pour que tu puisses t'en sortir. Là tu dois te dire que je délire, mais c'est totalement faisable et ...
- Doucement, dis-je en le coupant et je souriais pour la première fois depuis la veille. Ton appart sera jamais assez grand Am. Ça voudrait dire que je dois faire une valise monstre là pour le vol de ce soir. C'est totalement loufoque !
- Et alors ? Je t'aides, je t'aiderais toujours.
Je l'observais, et une larme roula sur ma joue.
- Je sais, dis-je si triste qu'il doive m'aider pour ce que je n'avais absolument pas prévu.
- Dis oui s'il te plait. Je ne dis pas ça simplement, parce que je n'ai pas envie que tu restes ici seule... enfin y a un peu de ça, mais j'aimerais tellement t'avoir avec moi. Si ça ne te plait pas, tu rentres au pire !
- Tout à l'air si simple, sortant de ta bouche.
- Parce que ça l'est ! Choisi de venir avec moi, je ne te décevrais pas.
Je l'observais, le regard brillant, puis je regardais ma chambre d'adolescente et pensais à mon futur, qui ressemblait juste à un énorme trou béant et je su ce que je lui dirais à cet instant précis.
Ellipse - septembre 2018
- Alors les cours ? Demanda-t-il, alors que je rentrais de ma première journée.
- Ben l'anglais, c'est clairement pas celui de la maison, ça je te le dis ! Dis-je en riant.
Il se marra et acquiesça, tout en me scrutant, déterminant si j'allais de nouveau m'effondrer.
Depuis qu'on étaient arrivé ici, ça n'avait pas dû être évident à gérer pour lui. Je pleurais sans cesse et me réveillait quasiment toutes les nuits en sueur. Toutes les nuits, j'espérais que cette séparation ne soit qu'un cauchemar et non. J'étais bien à Los Angeles, avec mon frère, loin de l'avenir que j'avais imaginé. Il y avait pire comme situation, je le concevais. Mais voir ce que j'aimais le plus m'échapper, était comme faire le deuil d'un être cher. Ca me faisait souffrir et il fallait du temps pour l'accepter. Etrangement, j'aurais préféré la mort. Il y avait un aspect définitif à la chose, qui m'apaisait. Me dire que morte je n'aurais pas y penser, ni à réfléchir était une idée aussi séduisante que suicidaire.
Dans mon cas, peu importe où je tournais la tête, je voyais Kylian. Il vivait sa vie, du moins la vie qu'on s'étaient promis, je ne faisais juste plus partie du projet.
Alors à certains moment, j'aspirais à la mort. Juste pour ne plus rien ressentir, rien éprouver et ne plus me sentir si vide avec pourtant ce cœur qui continuait de battre si fort, beaucoup trop fort. J'aurais préféré être morte et ne plus avoir à penser, ne plus sentir ce mal s'insinuer dans chacune de mes respirations, jour après jour.
Chaque journée était une épreuve de plus, un pas de plus vers un monde sans Kylian et Amélia. Et j'avais beau essayé de me changer les idées, j'y revenais à chaque fois. Par exemple, je passais mon permis ici et Kylian avait juré le passer si je m'y mettais. Je ne le faisais pas exprès, mais tout me ramenait indéniablement à lui.
- Tu te sens comment aujourd'hui ? Tenta Am.
- Comme hier, dis-je pensive et m'asseyant à côté de lui, sur le canapé. Mais un peu mieux chaque jour grâce à ton sourire.
- Arrête de me draguer, pas d'inceste chez nous.
Je le pinçais et me relevait en lui faisant sourire sincère. Am était le seul à réussir à me faire sourire aussi souvent. Ma famille y arrivait aussi, en me téléphonant à distance presque tous les jours. Ils ne s'attendaient pas à ce que je ne reviennes pas, les pauvres. Mais ma mère avait compris, sans que je n'ai à dire quoi que ce soit.
Perdre les deux jumeaux d'un coup, avait été un déchirement, mais comme une évidence. Ils ne nous voyaient pas l'un sans l'autre.
- Je vais me doucher, je pue la bouffe grasse de la cafet !
- T'aimes pas les burgers genre ? Dit-il en me taquinant.
- J'aimais les burgers ! Finito.
Il me fit à rire et je le suivi, avant de ne rentrer dans la salle de bain. Un rapide coup d'œil à mon visage, me fit de nouveau revenir à la réalité. Dire que j'avais perdue du poids serait un euphémisme, j'étais maigre. Mes joues se creusaient et les yeux me tombaient littéralement du visage. Cette vue me dégoutait autant qu'elle me brisait. J'en étais là, à cause lui, à cause de nous, à cause de notre amour. Je soupirais une nouvelle fois en me dévêtant, me promettant de ne pas regarder mon corps, car c'était pire.
J'entrais dans la cabine et me mit à pleurer en essayant d'étouffer mes sanglots. Tout mon corps étaient pris de tremblement, comme ce qui se passait la nuit. C'était inarrêtable, et tellement insupportable. Amaury disait que je faisais des crises de panique. Je respirais lentement, comme il me l'avait appris et au bout d'un certain temps, les tremblements se calmèrent.
Après la douche, Am me proposa de manger, mais comme d'habitude je déclinais.
- Amélia ! Me dit-il lassé
- Je te jure que je n'ai pas faim, y en aura plus pour toi ! Dis-je en essayant de sourire au maximum.
- Arrête ton cirque, il faut que tu manges où il ne te resteras que la peau sur les os...
Je baissais la tête, avec une envie de pleurer à nouveau, que je retenus car il ne méritait pas ça.
- Lia, je voulais pas te rendre triste mais ... il faut que tu manges !
J'avais toujours la tête baissé, lorsqu'une énorme tache rouge apparaissait, semblable à un raz de marée sur le canapé.
- Merde !
- Lia, je t'ai dit que j'étais désolé...
- Non, Am, dis-je en le coupant. Je saigne, je saigne et ...
J'étais abasourdie par tant de sang d'un coup et mon ventre se mit à me faire terriblement mal. Je gémissais de douleur et il s'approcha de moi totalement paniqué.
- T'as tes trucs de meufs ou ?
- Non Am, c'est pas normal, je ...
Je continuais de hurler et il courra prendre son téléphone, me laissant sur le canapé, à gémir et me tordre de douleur. Il était avec les urgences et parlait un anglais approximatif, à cause de la panique. Je respirais si vite, que je pensais vraiment mourir, à Los Angeles dans le mini appartement que je partageais avec mon frère. Ma vie était d'une ironie sans fin.
Les secours sont arrivés assez rapidement et Am est resté avec moi tout du long. Une fois arrivé à l'hôpital, j'ai été pris en charge, mais je n'y comprenais rien. Déjà que je maitrisais passablement l'anglais, le langage médical paraissait être de l'hébreu. Mon frère a refusé de quitter la pièce dans laquelle on devaient m'ausculter. Il voulait être là, du début à la fin et j'opinais, quand le médecin semblait me demander si j'étais ok.
J'étais dans les vapes, après qu'il m'ait administré un anti-douleur.
- C'est horrible, dit Amaury en faisant les 100 pas. Je t'emmène ici et tu, et tu ...
- Amaury ... dis-je essayant de le faire revenir sur terre.
Le pauvre était tellement sonné, qu'il parlait seul et était totalement dans sa bulle d'angoisse.
- Qu'est-ce que je vais dire aux parents ? Que leur fille est morte avec moi, ? Leur seule fille, bordel, qu'est-ce que je vais ...
- Amaury ! Dis-je plus sévèrement et il semblait de nouveau réaliser que j'étais là.
- Oui, dit-il paniqué et se mettant à côté de moi.
- Je vais bien, je sais pas ce que j'ai mais je vais bien. Je ne vais pas mourir, ok ?
- Ok ... Tu ne vas pas ...
- Non, dis-je en chuchotant presque, totalement épuisée.
Un médecin entra dans la chambre, suivi de ses élèves, et il commença à débiter et mon frère lui dit que c'était trop rapide pour que je comprenne. Je déglutissais, m'imaginant déjà le pire : Cancer, maladie incurable ou autre chose dans le genre.
- Oh, dit le médecin, How long were you pregnant ? (Depuis combien de temps étiez-vous enceinte ? )
- Pregnant ? (Enceinte?) Qu'est ce qu'il raconte Am, dit lui que je ne suis pas enceinte, dis-je en regardant mon frère.
Amaury était stupéfait. Il ne disait plus rien, comme en état de choc. J'intensifiais mon regard, mais il était tétanisé.
- Amaury ! Dis-je plus fort.
- Euh je ... She is not pregnant.(Elle n'est pas enceinte)
Le médecin me scruta et soupira comme désolé.
- Oh ... ok I'm so sorry madam, but you were pregnant and you just lost the baby. (Je suis désolée madame, mais vous étiez enceinte et vous venez de perdre le bébé).
Tous les autres autours baissaient la tête et je ne saisissait pas de suite l'ampleur de ce qui se passait. Je tournais mon visage à la recherche de celui de mon jumeau et ce dernier s'était assis sur la chaise à côté de moi.
- Je ... je pouvais pas être enceinte, je ... dois y avoir une erreur ! Dis-je sentant les larmes me monter et observant le médecin.
- I am really so sorry ... (Je suis terriblement désolé)
- Je ... je ...
Ma respiration s'accélérait, et je mis la main sur ma poitrine et une personne se précipita à mon chevet demandant une bassine. J'avais le cœur au bord de la gorge et une sensation de mort imminente qui s'immisçait partout en moi. Une fois la bassine là, je ne pensais en avoir besoin et pourtant je vidais mes tripes.
Je me redressais, et regarda Am qui ne savait pas quoi dire et semblait tellement triste.
- J'ai .. dis-je dans un pleur étouffé, j'ai perdu mon bébé Amaury.
Mes pleurs le brisèrent et il se mit à pleurer aussi, avant me prendre dans ses bras. Je pleurais si fort que j'en avais mal dans tous le corps. Je pensais qu'il n'était pas possible de souffrir plus et pourtant, la vie m'avait prouvé que l'impossible était possible.
PDV Kylian juin 2018
Lorsqu'elle eut fini son récit, j'étais sur le cul. Amélia ne me laissa pas poser de question et se leva subitement et je me levais pour l'arrêter.
- Attend je ...
Je ne savais pas exactement quoi lui dire et l'émotion était telle que j'avais une soudaine envie chialer. Je voulais hurler et pleurer de ce qui nous arriveraient. De ce qui lui était arrivé, sans que je n'ai jamais été informé. J'en voulais à la terre entière, mais surtout je m'en voulais à moi.
- T'inquiètes, dit-elle en essuyant rapidement une larme. Je suis juste désolée, j'aurais dû te le dire. Tu as perdu cet enfant autant que moi et ...
Elle soupira comme pour essayer de ne pas craquer.
- C'est juste que, tout est arrivé en même temps. J'ai pas géré, j'ai pas réussi à me relever de ça de suite et tu m'avais bloqué de partout et ...
- T'aurais dû forcer Lia ... dis-je et ça sonnait comme un reproche, alors que c'était la dernière chose que je voulais, lui faire des reproches.
Elle se mit à sourire de façon amer.
- Tu penses qu'au début j'ai pas essayé ? T'avais tout fait pour m'effacer, faire comme si je n'avais pas exister. Tu avais quasi réussi... jusqu'à ce que tu me parles en 2019.
- Je ...
Je me souvenais très bien de tout ça. Dans ma version, j'avais terriblement souffert de cette rupture et quand je regardais les snap d'Amaury, ils avaient l'air de vivre le paradis à L.A. J'étais tellement en colère et peiné, que j'ai fais ce que je savais faire de mieux, effacer de ma mémoire. Pourtant, plus le temps passait, plus elle me manquait. Et lorsqu'en juin 2019, Nike a proposé que j'aille faire un séjour à L.A pour la promotion de la marque, j'ai sauté sur l'occasion. Je voyais ça comme un signe du destin, celui qui voulait qu'on se retrouve. Je l'avais recontacté, on s'étaient donné rendez-vous, mais elle n'est jamais venue...
- Je suis venue ... me dit-elle comme si elle lisait dans mes pensées. Je t'ai vu avec Tchaga dans ce restaurant, mais j'étais pas prête. Je pensais que je l'étais, mais en te voyant, la douleur était trop forte et j'ai pas réussi ...
Elle essuya rapidement une larme en baissant la tête vers le sol et je la relevais du bout de mes doigts.
- C'est pas grave je ... Je suis tellement désolé Amélia, je ... je me sens si con...
- Tu pouvais pas savoir et ...
- J'aurais dû essayé de comprendre, de ... je suis désolé. Dis-je, sachant qu'aucuns de mes mots n'enlèverait ce qui s'est passé.
Elle hocha la tête et souffla, comme si elle était enfin libérer d'un poids.
- Voilà, c'est tout ce que j'étais venu te dire. Moussa a été con et il a agit comme un égoïste. Je n'ai jamais eu l'intention de te blesser ou te mentir, j'ai juste été maladroite.
- Je ... oui évidemment.
- Même si c'est sans moi, je te souhaite le meilleur parce que tu es la personne que j'ai le plus aimé dans ma vie Kylian. Tu es et tu resteras mon être humain préféré.
Je souriais timidement, me sentant stupide qu'elle puisse encore m'accorder ce titre. Je ne le méritais clairement pas.
- Tu ...
Je soufflais, comme si aucunes de mes idées n'étaient claires.
- Prends ton temps, dit-elle, je suis tellement désolée de te l'avoir caché.
- Je ...
Je ne savais même pas quoi dire à ce sujet. Je commençais simplement à réaliser, que j'aurais pu être père il y a 4 ans. Est-ce que ça aurait été une fille, un garçon ? Est-ce qu'il aurait ressemblé à Lia ou plus à moi ? J'aurais pu être papa, d'un enfant.
Elle sentait bien tous les questionnements qui devaient naitre dans mon cerveau et elle ajouta :
- Si t'as des questions, dis le moi je ...
- Tu es tombé enceinte, cette nuit-là ? Dis-je spontanément.
- On en sait rien, mais c'est à peu près ça.
- Et il, enfin le bébé est ...
Je pris une grande inspiration avant de poursuivre :
- Ils t'ont dit pourquoi ? Dis-je, les yeux plus embués que je ne l'aurais souhaité.
- Ils ... certainement lié à mon état émotionnel trop fragile...
- C'est notre rupture qui l'a ...
Je ne pu me résoudre à prononcer les mots jusqu'au bout. J'avais tué notre enfant, dans un certain sens et cette idée était en train de prendre toute sa place en moi.
- Ne fais pas ça, dit-elle en ne me quittant pas des yeux.
- Pas faire quoi ? Dis-je perdu
- Ne t'en veux pas... j'ai mis du temps à ne plus m'en vouloir et il m'arrive encore d'imaginer ce que serait ma vie, si nous avions eu cet enfant. Par moment, ceux où j'étais le plus triste, je me disais que si au moins je l'avais eu alors peut être que tu m'aurais aimé à nouveau ...
- Amélia je ...
- Mais j'ai compris que c'est comme ça que ça devait se passer. L'histoire est ce qu'elle est... on refera pas le passé, j'aimerais cette fois qu'on tire un trait définitif sur tout ça.
- Ok ...
- Je vais te laisser, tu dois surement avoir envie d'être seul et ...
- Non... je veux que tu restes avec moi...
- Et rien d'autre ? Dit-elle dans un demi-sourire.
- Et rien d'autre, dis-je en l'attirant à moi et la prenant dans mes bras.
Je la serrais si fort, que j'avais peur de l'étouffer, mais j'avais besoin de la sentir près de moi. Besoin qu'elle me porte, car je n'étais plus sûr de pouvoir y arriver tout seul ...
C'est sans doute l'un des chapitres les plus triste que j'ai eu à écrire, toutes histoires confondues. J'espère que vous l'aurez apprécié, autant que j'ai aimé l'écrire :)
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