Chapitre 2
Amelia - Janvier 2012
— Elle est tellement ridicule cette fille, je te jure que s'il n'y avait pas son frère je ne la calculerai même pas.
— C'est clair, puis tu as vu son style et sa coupe ?
— S'il te plait m'en parle pas je vais vomir.
Depuis ma cabine, j'arrive à les entendre distinctement se moquer de moi. Les larmes ruissellent sur mon visage, mais je reste silencieuse. Ce genre de chose c'était monnaie courante pour moi. Stéphanie et sa bande, trouvait toujours du plaisir à me dénigrer, m'insulter, car je ne rentrais pas dans la catégorie des filles dont elles faisaient parties. Je suis une nana banale et elles sont simplement au dessus apparement.
Je suis assise sur la cuvette des toilettes, les genoux remontés contre ma poitrine priant pour qu'elle ne s'aperçoivent jamais de ma présence. Mes cheveux châtain ondulés, retombe et s'éparpillent un peu partout. J'avais toujours trouvé un certain charme à cette touffe de cheveux indomptable et bouclé, mais de toute évidence à les entendre, même ça ce n'était pas à la hauteur.
— Amaury est sorti de cours ça y est ! Hurla une des copine de Stéphanie
—Ok, on y va, je suis comment ? Demande Stéphanie
—Parfaite, il va t'adorer.
Elles rigolent entres elles et je les entends enfin sortir. Je lâche un long soupir, pouvant enfin reprendre une respiration normale. Je laisse échappé quelques sanglots et mes jambes ramollis se posent de nouveau au sol. J'essuie rapidement mes larmes du dos de mes deux mains et hésite à sortir, sachant que je ne peux pas rester enfermé ici.
Je fini par sortir à pas de loup, observant minutieusement la pièce, pour confirmer que je suis en sécurité. J'ai de nouveau un soupir de soulagement avant de me planter devant le miroir. Les traces de mes larmes venaient de ruiner le maquillage que j'avais tenté de faire ce matin. Déjà que j'avais dû batailler avec maman pour m'acheter ce fond de teint, c'était du gachi. Je pensais que le fait d'être un peu comme elles, me permettraient de .... c'était ridicule d'imaginer que Stéphanie m'accepterait avec un seul fond de teint. J'attrape une serviette en papier et tente de remettre de l'ordre dans mes idées. La porte s'ouvre sur les toilettes des filles et je me crispe immédiatement.
— Amélia ! Je t'ai cherché partout.
Je suis soulagée et observe Laura, ma meilleure amie depuis le primaire. Elle débarque avec ses lunettes ronde, ses nattes de chaque côté de son visage et son sourire d'enfer, orné d'un appareil dentaire.
—Tu as encore pleuré, il s'est passé quoi ? Me demande t-elle paniqué.
—Rien, Steph et les filles étaient ici...
— Elles t'ont touché ? Je vais les voir, je te jure que ça va pas se passer comme ça!
—Non Lau, j'étais caché, mais elles ont encore bavé.. bref, on va en en français ?
Elle m'a observé pas convaincu par ce changement de conversation, mais n'a pas bronché. Une nouvelle journée allait s'achever et rien de bien nouveau dans mon calvaire quotidien. La fin de l'année scolaire arrivait à grands pas et mon seul espoir était que l'an prochain, je puisse être dans la même classe que mon frère jumeau. Depuis la primaire, l'éducation nationale avait décidé de nous séparer dès qu'il le pouvait afin de garder une bonne cohésion avec les autres. Seulement voilà, Amaury avait toujours été le soleil et moi la lune. Deux opposés, que tout réunis, l'un ne vivant pas sans l'autre, mais n'étant pas admiré et apprécié de la même manière aux yeux du monde.
Il attirait toujours toute l'attention sur lui, il était beau, grand et très populaire auprès des filles comme des gars. Pour mon cas, j'avais du mal à aligner deux mots, par peur de paraître ridicule. Les seuls avec qui je me sentais à l'aise était ma famille et Laura. Si seulement, j'avais pu rester transparente. Au lieu de cela, depuis quelques mois les filles de ma classe se servait de mon mutisme constant, pour se moquer de moi, sans risquer que je ne les contredisent. J'étais devenue leur souffre douleur sans raisons. Je n'avais absolument rien fait, hors être la sœur d'Amaury.
Une fois, Stéphanie m'avait demandé de parler d'elle à mon frère et j'avais simplement réussi à lui dire que mon frère n'avait pas besoin de mon avis pour se faire une opinion sur les gens. Je ne sais pas ce qui a pêché mais depuis, c'était mon procès.
Les cours du mercredi se terminaient à midi et comme chaque mercredi, je sortais en vitesse pour ne croiser personne en attendant Amaury devant la grille du collège. Je pourrais le détester, mais cela m'était impossible, surtout quand je le voyais me sourire comme il ne souriait à personne d'autre qu'à moi.
—Ma petite Lia, on va au Mcdo ou quoi ? Me dit Am grand sourire
—On est privés de sorti, t'as oublié ?
Il se gratte la tête et acquiesce mais n'est pas réellement enclin à en rester là.
—Mais en vrai qui saura qu'on est allé au mcdo après tout ?
—Je ne sais pas, tes parents peut être, quand on ne rentrera pas dans 15 minutes ? Ai-je répondu avec humour.
—Ce sont les tiens aussi, et je crois qu'ils sont tous les deux au travail aujourd'hui. J'ai des meufs de ta classe qui veulent m'inviter et j'ai dis oui. Une certaine Stéphanie, tu vois?
Je déglutis, tentant de rester calme et ne jamais rien laisser transparaître.
—Le mcdo ça me dit rien ... mais vas-y toi! On se retrouve à la maison. Ai-je dit tournant les talons aussitôt pour éviter de craquer devant lui.
Amaury me retenait par le bras et me devançait pour m'observer, un peu perplexe. Je lui cachais la situation depuis si longtemps, je ne voulais pas qu'il s'en fasse pour moi. Habituellement on partageait tout, c'était la première fois que j'arrivais à lui cacher un truc pareil. J'avais un noeud dans l'estomac d'avoir ce secret, mais je souhaitais le gérer seule.
—Tu es sûre que ça va ? Je te trouve pas comme d'hab.
—Oui, t'inquiètes, tu peux me ramener un sunday caramel si tu veux.
J'ai tenté ce sourire, qui me serrait tellement le coeur que j'aurais pu m'évanouir. Il a continué à m'observer avant de sourire à son tour, comme le gamin heureux qu'il a toujours été. Il m'a tendu la main et on a fait notre habituel tchek des jumeaux.L'enchainement était simple : On se tapait la main d'avant en arrière, on faisait un tchek du point, on se tapotait à nouveau la main et on finissait par faire glissser comme si on allait se séparer et c'est le moment où nous avions mit notre élément secret. L'index et le majeur restait collé avant d'imité une arme à feu et que l'on crit tous les deux "bang, bang". Bon, avec le temps, plus aucuns de nous deux ne le criait, sauf quand on étaient hyper heureux.
https://youtu.be/cMaGiCLkEsE
Je l'ai suivi du regard tandis qu'il rejoignais sa bande de pote accompagné de Stéphanie et ses copines. Nos regards se sont croisés un instant et mon estomac s'est littéralement retourné avant que je ne tourne définitivement les talons.
Le reste de la semaine est passé à une lenteur insupportable. J'ai fais tout ce que j'ai pu pour éviter Stéphanie et jusqu'à présent, je me débrouillais bien pour ne jamais être seule avec elle. On étaient en cours de technologie, le seul cours où on ne foutaient absolument rien. Je n'étais pas une nerd, mais un petit peu. J'aimais souvent rester dans ma bulle et potasser, mais dans ce monde avoir des bonnes notes, ne nous faisait pas avoir des amis. Alors que tout le monde vaquait à ses occupations, j'en ai profité pour me connecter à mon facebook. Je scrollais et tombais sur une publication que mon grand frère Elliot venait de liker. Mon doigt était resté en suspension au dessus de la souris, tandis que malgré moi un sourire s'est élargi sur mon visage.
C'était « l'effet Kylian ».C'est comme ça qu'Amaury avait surnommé mon attitude à chaque fois qu'on évoquait Kylian, l'un des meilleurs potes d'Elliot, mon grand frère. C'était tellement ridicule mais plus fort que moi. J'étais amoureuse de Kylian depuis mes 6 ans. Lui ne m'avait jamais remarqué, j'étais la petite sœur reloue d'Elliot et en plus on avaient 2 ans d'écart, pas de quoi intéressé un mec comme lui. Le post faisait état d'un des matchs à l'extérieur qu'il avait gagné avec l'AS de Bondy. Il avait ce sourire qui me faisait fondre et ce regard, que dire, il était parfait. J'étudiais le post dans toutes ces dimensions, comme pour le graver, ça en devenait ridicule. J'étais là devant mon PC en totale béatitude.
— Kylian Mbappé, ça va tu ne te refuses rien toi à ce que je vois.
Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir que Stéphanie n'avait pas manqué une miette de ce q'il y avait sur cet écran et peut être aussi de ma récation. Je m'en voulais de m'être laissé aller au point de regarder ça ici. Comme à mon habitude, je n'ai rien répondu et ait simplement fermé la page internet.
—Tu m'entends la teubé ? Elle est vraiment conne en plus! Dit-elle en souriant à ses deux copines.
Les yeux baissés au sol, espérant me matérialiser partout sauf ici, j'essayais de faire abstraction de ce qu'il y avait autour de moi.
—Qu'est ce qui se passe, on est pas assez cool pour que tu nous parles ? Estime toi heureuse qu'on le fasse espèce de pauvre débile et puis regarde moi !
D'un geste brusque je sentais sa main relever mon visage et mes yeux tombaient sur les siens, méprisant et satisfait de m'humilier une fois de plus. Je tentais de me détourner et voir où était passé le professeur, mais ce dernier avait encore dû déserter. Laura n'était pas là aujourd'hui, ça allait clairement être ma fête.
—Arrêtes de baver devant des mecs comme Kylian, il ne connait pas ton existence et ne la connaîtra jamais. T'es encore plus pathétique que je le croyais.
Autour d'elle, les quelques élèves qui regardaient sans bouger, ricanaient ou faisaient comme si cette scène n'avait pas lieu. J'étais seule comme toujours, sans personne pour m'aider. Sa main tenait toujours mon visage, pour que je ne rate rien de ce qu'elle était en train de me balancer.
— Et ce n'est pas le maquillage du marché que tu mets, qui y changera quelque chose. Tu es moches, personne ne voudra être avec toi et encore moins Kylian Mbappé la star du foot à Bondy.
J'avais la gorge en feu, j'étais tellement mal que j'avais envie de vomir et de pleurer et tout un tas d'autres choses. Mais pour une fois, j'étais aussi tellement en colère. C'était la fois de trop.
—C'est parce que je suis moche j'imagine, que je suis sa meilleure amie donc.
Stéphanie m'observait interloqué, avant d'échangé un regard avec ses deux compères qui finissaient par se moquer de moi.
—Meilleure amie de Kylian ? Toi ? Il a 14 ans, t'en as pas marre de mentir ?
—Je mens pas, je ne suis pas comme toi !
Stupéfaite, elle me lâchait enfin et je reprenais doucement possession de mon visage. Rempli de sentiment contradictoire, je ne me démontais pas pour autant, car le plaisir de la voir se la fermer me faisait du bien.
—Tu mens sur toute ta vie, tu t'inventes un style, des potes et tout. Je préfère être moche et avoir de vrais amis comme lui qu'être comme toi et vide. Dis-je prise d'un sentiment d'assurance venu de je ne sais où.
Il n'y avait plus un seul bruit dans la salle. Je l'observais et c'était la première fois que je la voyais rougir. Elle m'en voulait c'était sûr, mais je ne m'étais jamais sentie aussi vivante depuis des mois.
—Ok, donc Kylian est ton meilleur ami, quelle chance. J'imagine que ça ne te dérange pas de lui demander de venir te chercher la semaine prochaine du coup ? Dit-elle crachant son venin une nouvelle fois.
—Il a cours et il est sur Rambouillet en ce moment et ... Dis-je en bégayant.
—J'ai une cousine dans sa classe, ils n'ont pas cours le lundi après-midi. Si lundi il n'est pas ici, alors tu as menti et on verra qui est la plus vide de nous deux.
Le prof de techno profitait de ce moment pour réapparaître et nous demander de reprendre nos places. Tous les yeux étaient braqués sur moi et j'entendais dans le chuchotement des uns et des autres qu'ils seraient là lundi pour voir Kylian. Je repris place face à l'écran de mon PC, sachant pertinemment que cette rumeur allait circuler et que bientôt tous le collège serait informé. J'étais fière d'avoir pu lui tenir tête, mais comme allais-je me dépêtrer ce bordel.
Merci de me lire, j'attend vos like, commentaire etc pour la suite. N'hésitez pas vos retours sont grave importants pour que je progresse ;)
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