Chapitre 9 : Forcer la main
Les jours passent, et Paul sent l'étau se resserrer contre lui. Il ne trouve pas l'occasion, ni le courage, de parler à Henry, qui reste cloitré dans son bureau. Sa "réunion" pour trouver sa compagne n'a rien donné, par manque d'envie, et il n'avait plus d'ami maintenant. May ne veut plus lui parler, et reste avec le reste du groupe Arkiron, et Frank lui non plus ne lui parle pas, une certaine gène s'était installée entre eux. Il préfère se reposer sur la durée de l'amitié, plus longue avec May qu'avec Paul. Même dans son labo, les autres collègues le regardent du coins de l'œil, si ce n'est pas ricaner dans son dos, ou échafauder de fausses rumeurs à son encontre. Paul rentre maintenant chez lui de plus en plus fatigué, mentalement surtout, et le sommeil médicamenteux n'y fait plus rien maintenant. Il se réveille maintenant de plus en plus fatigué, de plus en plus stressé, de plus en plus angoissé. Son travail commence à le tuer à petit feu, si ce n'est pas le gouvernement qui le somme de trouver une compagne.
Une semaine ainsi passe dans cette atmosphère, Paul travaille silencieusement dans son coin, et subit encore des ricanements à peine étouffés de ses collègues. Le rire de trop. Paul saisit un bécher remplis de solution neutre, et le balance de l'autre côté du labo. Ce dernier se brise en mille morceau à côté des ricaneurs, qui surprit s'écartent violemment. Toute la salle s'arrête de travailler de surprise aussi, et de curiosité après. L'un des deux se ressaisit et lança :
« Eh mais t'es malade Paul ? Tu voulais faire quoi avec ce bécher ?
- Ta gueule ! »
Paul vient à la rencontre du laborantin, tandis que l'autre s'écarte de peur, voyant les yeux de colère de Paul. Son comparse ne tremble pas d'un poil.
« Si tu parles encore dans mon dos... »
Paul ne fini pas sa phrase lourde de sens. Le laborantin voit Paul s'arrêter a quelque centimètre de lui, mais il n'en démord pas :
« Je rie si je veux, et je parle dans ton dos comme je veux, solitaire ! »
Le silence se fait de plus en plus pesante dans le laboratoire, accentué par cette insulte. Seul les animaux grattent leurs cages, effrayés par ce chahut inhabituel.
« Tu crois que tu vas vivre encore longtemps, solitaire, appuie le laborantin. Laisses-moi tranquille et tout se passera bien, sinon, les cameras parleront mieux que moi... »
Il montre du regards les cameras de surveillances braquées sur le couple. Mais ce denier ne peut conclure tout de suite, car une annonce est envoyée des hauts-parleurs :
« Paul 0863029918 est demandé dans le bureau de monsieur Henry immédiatement ! »
Paul recule d'un pas, et laisse le champs libre pour son adversaire :
« C'est fini Paul, tu es fini !
- Ça suffit, intervient son collègue, je crois qu'on a fait assez de mal comme ça. »
Le laborantin se calme, mais ne peut éviter sur ces lèvres un sourire de satisfaction. Paul est dévasté, il vient sans doute de tout perdre en un instant, son boulot, sa maison, sa vie, tout. Il n'a même pas envie d'aller voir son bourreau, il y va dans une lenteur anormale, lourde, pesante. Son corps doit faire des tonnes, et refuses par moment d'avancer. Il monte à l'étage, et attend dans la salle d'attente son tour. Il pense, il pense à ce qu'il doit faire, peut-être tout dire à Jo, maintenant qu'il est condamné, un dernier cadeau de Paul pour Henry. Ou s'enfuir dans la forêt, devenir un paria, vivre une vie comme tel, jusqu'à ce qu'on le retrouve et qu'on le tue, ou qu'on l'utilise comme expérience... il n'a pas le temps de trop réfléchir, il est attendu par Henry. Il avance tête basse, et rentre dans ce bureau, dépité et fatigué.
Henry lui sourit, du même sourire de satisfaction que le laborantin un instant plus tôt.
« Asseyez-vous ! »
Sous cette invective, Paul désobéit et reste debout. Henry en perd vite son sourire, et va droit au but. Il sort une tablette avec sa signature et la remet à Paul en lançant :
« Voici votre lettre de renvois pour faute grave. »
Paul ne dit pas un mot, de tout façon il s'attendait à cela, mais pas a ce qui allait suivre :
« Mais je vous pris de regarder l'autre page, qui est plus intéressante... »
Paul s'exécute et la lit, son visage se fige, il ne comprend rien, et lance un regard tout aussi interrogateur vers Henry, qui continu sur sa lancée :
« Vous avez bien lu, je vous donne l'opportunité de vous engager pleinement dans le projet Arkiron, avec le même salaire, et je peux même envisager de vous monter dans la hiérarchie si vous êtes utiles et obéissant, même si vous ne le serez jamais. »
Paul commence à trembler, ses mains se crispent sur la tablette, il a tellement envie de se jeter sur Henry pour qu'il la ferme, mais au contraire, il continu en se levant de sa chaise et en marchant sans destination dans la pièce :
« Vous voulez me tuer pour ce que je viens de faire, comme je vous comprends ! Je vous force à travailler dans un projet que vous détestez, je vous fais chanter, je vous humilie en publique, je vous cause nombreux problèmes, mais c'est parce que vous êtes l'un des plus brillant chercheur de notre laboratoire, mais aussi le plus indiscipliné, et je veux mettre toutes les cartes de mon côté pour que ce projet réussisse. »
Puis il se dirige vers Paul pour conclure :
« Mais si vous ne me laissez pas le choix, je vous ferez disparaître. Alors abandonner l'idée de partager votre "savoir" à une journaliste aussi charmante soit-elle, et rentrez dans le rang. Je vous laisse même l'opportunité de mettre votre recherche de compagne de côté, au vue des suites du projet... »
Paul se refuse de faire cela, s'il est libre de son bourreau, pourquoi continuer ? Mais il sait au fond qu'il ne pourra jamais retrouver une vie normale, et jamais il ne pourra retrouver du travail. Le sourire carnassier de Henry lui donne déjà des nausées parce que ce denier sait qu'il a encore gagné. Il ferme les yeux de dépit, et signe le document de la tablette, que lui reprend immédiatement Henry.
« Prenez vos affaires, vous déménagez au département Arkiron. Pas besoins de vous l'indiquer, vous connaissez... »
Il se retourne, laissant Paul fulminer de cette dernière pique. Ce dernier se retourne aussi, et sort de la pièce, comme un chien retournant à sa niche. Henry attend d'être seul pour prendre son téléphone, et envoyer un message :
" Il a accepté, lancement dans un mois "
Paul revient dans son labo, il retrouve tout le monde, qui le fixe, pensant qu'il venait ici partir. Il ne dit pas un mot, il prend ses affaires, va vers ses souris et ses animaux de compagnie professionnels pour leurs dire au revoir, et il prend l'ascenseur pour aller à l'étage, maintenant maudit pour lui, l'étage consacré à Arkiron.
Il y a beaucoup moins de personne maintenant, May n'est plus là et Frank ne lui adresse pas de regard, mais il retrouve néanmoins le professeur Eric et son assistant, ainsi que quelques autres têtes. Il est toujours là, le monstre, cette armure de métal bleuté, attendant d'être rallumé, suspendu en l'air. Éric mets les pieds dans le plat :
« Merci de revenir Paul, on avait bien besoin de vous. »
Paul lui lance un regard de pitié, pitié pour Éric, mais aussi pour lui-même. Il s'installe dans un coin, et range ces affaires lentement. Il n'a pas envie de continuer ce projet, il aimerait tout arracher et éclater ce cerveau pour qu'il repose enfin en paix... en y repensant, il ne pense pas qu'il a été rallumé depuis sa confrontation avec Henry. Il fini de ranger, et se dirige vers l'ordinateur de bord pour voir les constances du cerveau. Elles sont mauvaise, logique, cela doit faire une semaine qu'on l'a pas rallumer. Il demande à Eric :
« Vous ne l'avez pas rallumer ?
- Si, confesse Eric, mais il ne parle plus, ou juste pour dire "Je veux mourrir". A force, nous l'avons déconnecter.
- Quel belle solution, ironise Paul. Je vais le rallumer, et cette fois ne le déconnectez, sous aucun prétexte. Le déconnecter ne va pas arranger les choses.
- Le reconnecter non plus, peste Eric. Faites ce que bon vous semble, vous verrez... »
Paul ne se gêne pas, pianote sur le clavier virtuel, et valide la reconnexion.
Je veux mourir... je veux mourir... s'il vous plait.... quelqu'un... je vous en prie.... je veux mourir... pourquoi suis-je... dans cette enfer... sans nom ? ... Qu'ai-je fais... pour mériter cela... AHHHHHHHH MA TÊTE ME FAIT MAL... JE RETROUVE MES SENS... On m'a... réveillé... enfin... JE VEUX MOURIR !
« Je veux mourir, lance la voix métallique du robot.
- Et voila, lance fier Eric. Essayez de le raisonner pour voir.
- Je suis le professeur Paul, se présente ce dernier.
- Je ne vous crois plus Professeur, vous n'êtes pas professeur, laissez-moi mourir maintenant, vous vous êtes assez amuser comme cela.
- Sortez... tous, annonce Paul.
- Hein, mais pourquoi, cela ne change rien que nous soyons là ou pas, lui rétorque Eric.
- S'il vous plait, répète Paul, sortez, je veux parler avec Arkiron, seul.
- Mais...
- S'il vous plait, faites-moi confiance... »
Éric hésite, mais ravale sa fierté, et laisse une chance à Paul. Il invite tout le monde à sortir, et en une minute, il se retrouve comme il le voulait, seul, avec l'armure.
« Restez entre nous ne changera rien, lance Arkiron. Laissez-moi mourir, je le dirais jusqu'à ce mes paroles soient suivi par vos actes.
- Vous savez ce que c'est de mourir ? Ce qu'il y a au bout, ce qu'il vous attend.
- Cela sera beaucoup mieux que ce que vous me faite subir !
- Je conçois, et vous dire que je m'assurerez que vous resteriez éveillé ne servira à rien, vous n'avez plus confiance en moi maintenant. Mais je suis comme vous en quelque sorte, je suis bloqué dans une situation qui me tue à petit feu.
- Comment cela ?
- Si cela tenait qu'a moi, vous seriez mort depuis longtemps, et tout cela serait de l'histoire ancienne. C'est moi qui vous est réveillé en voulant vous tuer, et maintenant je ne peux plus faire machine arrière. Et si ce n'est pas moi qui s'occupe de vous, cela sera quelqu'un d'autre, qui n'aura aucune sympathie pour votre état d'âme. Je suis forcé maintenant à vous faire fonctionner et à vous faire vivre, alors que je préférais vous voir mort, et vous êtes obligé de vivre alors que vous préféreriez mourir. Nous avons un but commun que nous ne pourrons jamais atteindre, et un objectif commun que nous sommes obligé de suivre. Tout ce que je peux faire à mon niveau est de vous redonnez l'envie de vivre et de vous battre.
- Je veux bien, mais d'abord je veux savoir, sans mensonge, qui vous êtes, où nous sommes, ce qu'on attend de moi, quel est ma destiné.
- D'accord. »
Et pendant un quart-d'heure, Paul lui explique tout, sa profession, l'entreprise, le projet, le monde actuellement, tout ce que Arkiron lui demande. Au bout de ce moment, il réouvre les portes, retrouvant le professeur Eric qui se déstresse par sa cigarette électronique.
« Alors, lui demande Eric en se précipitant sur Paul.
- Je ne sais pas trop, confie Paul.
- C'est tout, s'offusque le professeur.
- Disons que nous sommes passé d'un suicidaire à un dépressif, il lui faut juste le temps pour digérer ce que je lui ai dis, et du temps encore pour nous faire confiance.
- C'est tout, répète Eric, j'aurais pu faire mieux...
- Quand vous le verrez comme un homme dans une armure au lieu d'un simple robot, vous pourrez comprendre que Arkiron est loin d'être fini. »
Paul se retourne, et retrouve son bureau, laissant ces nouveau collègues songeurs sur cette conclusion, et Éric pantois.
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