
Chapitre 6 : L'âme dans l'armure
Paul se réveille une nouvelle fois dans son lit, pour un nouveau jour sur terre. Ses pensés vont de suite au projet, qui avance trop vite pour lui. Il n'a même pas eu le temps de réfléchir à un moyen de détruire ce cerveau, ou le projet tout entier, sans se compromettre. Le professeur Éric s'est assagie malheureusement, et laisse Paul prendre quelques initiatives qui se retrouve bienvenue. Peut-être avait-il eu une mise au point de Henry, rien n'est sûr. En attendant, il doit trier le courrier, et les publicités de plus en plus nombreuses pour rencontrer sa moitié. Et ses sociétés de rencontres amoureuses savent bien que leurs futur clients n'ont pas le choix, et ne se gêne pas de mettre une phrase comme "De toute façon, vous n'avez pas le choix". Il attendra le jour où il n'aura vraiment plus le choix. Paul sait qu'il joue avec le feu, mais il n'a pas envie de choisir, en tout cas dans ce sexe-là. Il soupir en jetant à la poubelle les choses inutiles, et il se prépare un petit déjeuné sans sel. Domo n'arrête pas de lui rabâcher qu'il en a trop, et pour une fois, il suit ces conseils. Il s'informe sur les dernières actualités, les soldats qui se heurtent à une résistance imprévue sur Phi3, la nouvelle planète colonisable, riche en resources, semblable à la terre. Mais l'article fini par rassurer ses lecteurs que cette poche de résistance n'est que temporaire. Paul pose la tablette sur la table de la cuisine, qui s'éclaire à son contact, et réfléchit un instant. Arkiron sera sans doute déployé sur cette planète, le processus de connexion à l'armure est pour bientôt, aujourd'hui si tout ce passe bien. Rien qu'en pensant à cela, il s'en mordille la lèvre. Il sent que le projet est déjà terminé et qu'il est trop tard pour le saborder. Une chose est sûr, au moins, il aura retrouvé un semblant de liberté après tout cela, même s'il doute que Henry ne fera plus de chantage.
Arrivé à l'accueil, il croise Henry en pleine discutions avec un homme au cheveux blanc/gris. Il n'appuie pas son regard sur ce couple, d'autant plus que Henry lui a jeté un regard féroce en le voyant passer, avec un sourire qu'il était tout autant. Paul préfère se diriger vers les ascenseurs et monter à son étage, retrouver l'équipe qu'il côtoie depuis un mois maintenant. L'armure d'un bleu de métal était déjà prête dans un grand bassin avec le cerveau, la connexion ne devait pas se faire à l'air libre, le cerveau doit être continuellement baigné dans son jus, tel est le prix à payer pour revivre. L'équipe attendait impatiemment Paul, qui était devenu au fil des jours l'interlocuteur préféré du cerveau. Des alternances se faisaient pour créer l'illusion de plusieurs médecins à son chevet, ce mensonge tenait encore, et Éric craint maintenant le passage vers la vérité.
« Bonjour Paul, lance du font de la pièce le professeur, toujours accompagné de Mathias, son acolyte.
- Bonjour professeur, il s'oblige à dire en le rejoignant. »
Paul salut au passage Frank, au poste de contrôle, et May, sur un schéma électrique de l'armure. Il s'arrête devant le bassin, et attend le professeur qui le rejoint.
« Alors, c'est bientôt la fin, s'excite-t'il.
- Oui, si tout ce passe bien on pourra connecter le cerveau aujourd'hui.
- J'ai juste peur de...
- Je sais, le coupe Paul. Heureusement, il ne se souvient pas encore de son passé et de son identité, il sera sans doute plus facile de lui faire admettre la vérité.
- Sans doute, conclu le professeur sans grande conviction. Notre projet ne tient qu'a un fil désormais. »
Il s'éclipse, rejoignant son assistant, et laissant Paul devant un cerveau flottant toujours entre deux eaux. Il regarde son coeur battre, aidé par ces électrodes. Paul n'espérait qu'une chose désormais : qu'Arkiron se rebelle. Sinon, il aura aidé à créer une abomination.
L'après-midi, tout le monde s'affaire à régler les derniers points de détail de l'armure et du cerveau. L'état de ce dernier était excellent, et ne semblait pas vouloir se supprimer comme la dernière fois. L'armure, un bijou de technologie, se révèle bien hermétique à la mélasse brunâtre. Son coeur, pile à combustion nucléaire, sensé fournir à l'armure de l'énergie pendant une vie humaine de combat, se révèle extrêmement stable. L'armure en elle-même est composée de petits écailles bleus assemblées, qui crée l'herméticité de l'ensemble. Les yeux sont remplacés par une longue visière, comme des lunettes de sport rouges, et le reste du visage est composé d'un trait à la place de la bouche, et de deux trous pour les oreilles. Les bras sont fins, pour assurer l'aérodynamisme, mais ils fournissent une puissance supérieure à n'importe quel homme existant encore, une autre prouesse de ce siècle. Le corps de métal est suspendu entre deux eaux aussi par un support attaché dans le dos, qui fait office de connecteur pour les données qu'on lui envoie. Tout un programme repensée pour une armure repensée, et une I.A. adaptée. Si le test réussi, Paul aura crée avec son équipe le meilleur soldat du monde, et il en est conscient. C'est pour cela aussi qu'il espère qu'Arkiron se révolte et se libère de ses pères. Et Paul se prépare à cette éventualité, et aux conséquences dramatiques qu'il peut faire...
Enfin, le programme installé et testé avec succès, on procède à la connexion. Éric prend le micro pour prévenir le cerveau :
« Je suis le docteur Éric. Vous allez bientôt retrouver tous vos sens.
- Très bien... docteur, lui répond le terminal.
- Nous allons juste arrêter notre communication d'accord ? Mais sachez que toute une équipe est là.
- Je suis Paul, confirme ce dernier, vous n'avez rien à craindre, nous sommes là, nous vous abandonnons pas.
- Merci... à vous... »
Éric coupe le micro et commence le processus.
« L'heure est venu de concrétiser tout ce travail, ou de le voir anéantir à jamais. »
Et après ces mots magistraux, Éric appuie sur la confirmation du processus. La tête de l'armure se desolidarise du reste, et cette dernière se remplit de liquide brun. Lentement, le cerveau se voit déconnecter un par un ses fils et de ses connecteurs, pour se faire reconnecter par d'autres, venant de l'armure. Éric s'essuie le front quand ce fut le tour des tuyaux sanguins, qui laisse échapper un peu de liquide rouge à chaque déconnexion. Puis, le cerveau translate quand tous les fils et tuyaux sont alimentés par l'armure, et le cerveau se positionne au dessus de la tête, se retourne, avant de plonger à l'envers dans la tête. Éric est de plus en plus nerveux, et contamine son anxiété à tout le monde. Paul est aussi inquiet, mais pas pour les même raisons : Henry venait de rentrer dans la salle avec quelques actionnaires en pleine discussion, et le gars au cheveux gris, qui porte un attaché-case dans sa main droite. Paul croise à nouveau le regard de Henry. Il est anxieux, lui qui normalement ne laisse jamais rien paraître sur son visage, ne peut cacher sa crainte à Paul. Le plus serein se trouve être cette personne au cheveux gris. Il est plutôt âgé, regarde autour de lui, et discute en secret à Henry quand leurs regards croisent celui de Paul. Il laisse échapper un sourire impromptu, et l'association de tout cela mets vraiment mal à l'aise Paul, qui se demande si cette discussion et ce sourire le concerne. Le processus de termine enfin, la tête bascule sur l'armure, et enferme par de même fait le cerveau. De petites bulles s'échappent de la jonction, fermant hermétiquement le tout.
« Connectez nous vite, ordonne surexcité Eric. »
Mathias tape sur le clavier et l'écran, et une barre de chargement s'affiche, égrenant ces pourcentages de progressions lentement...
J'espère pouvoir me réveiller... je n'en peu plus de ce noir, de ce vide, mais tout cela sera bientôt fini... on me l'a promis... attend... je sens comme... des picotements... je sens que je peux commander mon corps à nouveau... je me sens tout engourdis... je suis lourd et pourtant... je suis dans l'eau... et je respire...je ne me noie pas... j'entends maintenant, j'entend un bruit... des bruits... lointain... je peux peut-être ouvrir les yeux maintenant... allons-y... mais... où suis-je ?... je ne comprend ce qui ce passe...
La barre de chargement affiche maintenant ces 100%. Le niveau du liquide qui maintenant l'armure et le cerveau se vide progressivement, et dévoile un peu mieux l'armure. Mathias rassure le professeur :
« Professeur, la connexion est établie, il a retrouvé tous ces sens. »
Éric s'approche du bassin, jusqu'à toucher la vitre, seul frêle barrière entre lui et sa création. Paul quand à lui, recule doucement. Normalement, tout était prévu pour "calmer" la créature en cas de rébellion, mais il ne veut pas risquer sa vie sur ce "peut-être". Éric, avec un mélange d'appréhension et d'excitation, commence à parler :
« Bonjour »
Aucune réponse. Éric se tourne vers Mathias, qui lui confirme du regard qu'Arkiron entend et peut parler. Éric ne se débine pas et lance de nouveau :
« Vous êtes réveillé ? Je suis le professeur Eric.
- Où sommes-nous professeur Eric ? »
Ces mots s'échappent du trait de sa bouche, qui d'illumine en rythme de ses paroles. En disant cela, Arkiron commence à bouger, et constate qu'il est entravé.. il poursuit :
« Que veut dire cela professeur ?
- Nous vous avons menti malheureusement, confesse sans remords ni émotion Eric. En faite, vous êtes mort, mais nous vous avons ressuscité. Vous n'avez plus de corps tout de même. »
Arkiron se fige, et se regarde alors, les bras, les jambes, pour constater qu'il n'était qu'un tas de ferraille maintenant.
« Pourquoi Professeur ? Pourquoi cette torture, pourquoi ce sinistre projet, je veux un Pourquoi..
- Parce que nous pouvions le faire, lui répond simplement Eric.
- Vous mentez, relique Arkiron en commençant a bouger pour se libérer de ses entraves, vous ne me dites pas tout.
- Coupez la terminaison nerveuse, coupe Henry, qui vient à son tour vers la vitre. »
Mathias hésite, mais le regard noir et froid de Henry à son égard l'oblige à obéir à ses ordres. Arkiron passe alors d'une phase de mouvement désordonné à un arrêt total en un instant. Henry pousse du bras Eric, et s'adresse à l'armure :
« Maintenant tu vas m'écouter tas de boulot. Tu as coûté une fortune, des gens t'ont sauvés ta misérable vie alors que tu n'étais qu'un bout de viande congelé, et tu viens faire des réclamations ? Je suis ton maître maintenant, et tu es ma chose. Un pet de travers et je te coupe tes fils, tu vas faire ce que je vais te dire sans rechigner. Ta vie ne tient qu'a moi, alors n'oublie pas de m'obéir. Je t'ai crée et je peux te tuer, mais tu préférerais retourner dans le monde du vide. Tu ne sais pas tout ce que je peux te faire pour que tu comprennes que tu n'es plus rien maintenant. »
Henry se retourne et va revoir ces actionnaires et le vieux. Eric ne dit plus rien, personne de dit rien après ce discours glaçant, Paul d'autant plus. Henry s'apprête à partir, mais il se ravise un instant, et se retourne :
« Félicitation à vous, l'histoire se souviendra de vous et de votre exploit. »
Il part ainsi, laissant des scientifiques et des techniciens sans voix. Arkiron, quand à lui, reste désormais un pantin pathétique, une marionnette fixée au dos auquel on aurait coupé les fils.
Dans le couloir, Henry appelle l'ascenseur, et sans échanger de mots avec qui se soit, attend que ce dernier arrive. Ces actionnaires sont plus bavards, et ravis, du début jusqu'à la fin, et surtout l'intervention de Henry. Le Ministre reste impassible aussi, et regarde sa montre avec insistance. Les portes des ascenseurs s'ouvrent, et Henry se mets devant en demandant :
« Messieurs les actionnaires, vous prendraient le prochain ! »
Henry s'engouffre avec le ministre dans la pièce de métal, laissant les actionnaires mécontents de cet ordre, mais le cachant bien à Henry. L'ascenseur monte :
« Le projet est mieux que je ne l'espérais, félicite le Ministre. L'état-Major des armées stellaires va être conquis.
- Le projet n'est pas encore stable, coupe Henry. Il ne faut pas aller trop vite, sinon cet arme si puissante se retournera contre nous.
- N'ayez aucune crainte, vous l'avez maté, et puis, c'est un cerveau vieux de 100 ans, ce genre de rejet ne me surprend guère. Le plus important est que le processus a fonctionné à la perfection, et que nous pouvons envisager de "recycler" certains de nos radiés, à commencé par votre petit terroriste.
- Je pense qu'il sera plus utile chez moi que sur une armure, annonce Henry. De toute façon, il sait que nous le tenons, je n'ai qu'a lui mettre des coups de pressions où il faut et quand il faut, et il pourra servir vos desseins mieux que vous pourriez l'espérer en tant que bout de cervelles.
- A lui aussi sa vie ne tient qu'a un fil, conclu le Ministre, avant que les portes des ascenseurs ne s'ouvrent sur l'étage du patron. »
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