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Chapitre corrigé et ré-écrit.
*
Iria était remontée dans sa chambre en silence, où elle s'y était enfermée, mais à peine le clic de la poignée résonna-t-il qu'elle avait senti quelque chose de différent dans sa chambre. Elle hésita, un doigt posé sur l'interrupteur. Et si... Quelqu'un était tapis, là, dans un coin de sa chambre ? Et s'il était prêt à lui sauter dessus ? Iria enfonça son doigt, tendue.
La lumière grésilla, éclaira la pièce, chacun de ses recoins plus vides que jamais. Le corps d'Iria se détendit légèrement, mais elle resta sur ses gardes. Quelque chose n'allait pas, et elle ne savait pas dire ce que c'était. Avec hésitation, Iria s'assit au bord de son lit, et posa ses doigts sur sa baguette, sa main roulant dessus. Elle cessa de jouer avec et l'empoigna avec force. Ça lui faisait du bien. Elle se sentait... Comme rassurée.
Et, timidement, elle ne pouvait s'empêcher de penser que Sirius avait tenu entre ses mains une des choses les plus intimes d'un sorcier.
Iria jeta un coup d'œil à son réveil.
1h20.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Elle commença à écarter les bandages de sa main pour observer sa plaie. Sa main avait légèrement dégonflée, mais ses tissus restaient inflammés et profondément brûlés. Le moment fatal de nettoyer la plaie semblait s'imposer.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum.
Iria se leva pour aller chercher la trousse des premiers secours et revint s'installer sur son lit. Elle ôta la gaze de sa main et commença à la tapoter avec de l'eau oxygénée, un peu crispée. Une fois sa main nettoyée, elle appliqua de la vaseline, puis remit de la gaze. Elle s'allongea au travers du matelas, et songea qu'elle devrait peut-être éteindre la lumière. Elle entendait son propre cœur. Il battait, battait jusqu'à ses oreilles, jusqu'aux bouts de ses orteils.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum. Boum.
La lumière ne la dérangeait pas. Elle préférait avoir la vision claire. Iria entendit des portes s'ouvrirent et grincer. Ils étaient tous rentrés dans leur chambre.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum. Boum. Boum.
Elle n'avait pas envie de dormir. Et s'ils revenaient ? Se faire tuer dans son sommeil était une mort douce, mais ce n'était pas ce qu'elle voulait. Ni ce qu'elle voulait pour James, Sirius, ou Remus, même si ça n'en serait que trop beau. Lui qui n'avait plus la paix, jamais.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum. Boum. Boum.
Iria avait mal aux tripes. Son ventre se contractait, une boule de plomb logée dans ses intestins. Elle avait un mauvais pressentiment. Et s'ils revenaient, que ferait-elle ?
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum.Boum.Boum.
Iria se releva doucement, l'oreille tendue. Ses longs cheveux glissaient derrière elle et caressèrent ses épaules.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boumboumboum.
Sa douleur à l'estomac s'intensifiait. Sa poitrine se soulevant avec force, Iria tenta de contrôler ses émotions. Elle glissa un regard à son épaule, là où une de ses mèches s'égaraient. Curieuse, quoiqu'un peu fascinée, elle la prit entre ses doigts et la plaça devant ses yeux, la tête baissée. Alarmée de son constat, elle rejeta sa chevelure sur une épaule et l'examina. Sa blondeur qui devenait chaque année plus foncée, était presque redevenue platine.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boumboumboum.
Iria relâcha ses cheveux, se rappelant de ceux de son père. Ils étaient blancs, bien avant son incarcération. Avant, il avait été blond, comme elle.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum...Boum...
Iria fronça les sourcils en comprenant.
C'était la magie.
Tic. Tac. Tic. Tac.
...Boum.
La magie noire.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum. Boum. Boum.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Iria se releva. L'aiguille de son réveille tournait bien trop vite, l'heure s'affolait.
Ses dernières pensées revinrent en échos.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Boum.
1h22.
C'était la magie noire.
Iria bondit sur ses pieds. Ce n'était pas son cœur qui battait. Non. Ce n'était pas normal. Iria n'arrivait pas à croire qu'elle ne l'ait pas remarqué avant. Elle dégaina sa baguette, et se précipita dans la chambre la plus proche, celle de Remus. Il dormait paisiblement, la bouche entrouverte. Elle secoua l'épaule du garçon pour le réveiller, tout en passant de l'autre côté du lit. Comment avait-elle pu ne pas le remarquer à temps ? Il papillonna des paupières, agressé par la lumière de l'ampoule, mais Iria ne lui laissa pas le temps de se ressaisir.
- Lève-toi rapidement, et en silence, ordonna-t-elle, sa baguette pointée vers la fenêtre.
C'était la maison, qui avait un nouveau cœur. Remus s'exécuta et ils s'approchèrent de la porte, la baguette pointée sur la fenêtre. Il lui lançait des regards inquiets alors qu'elle tournait la poignée. Avec un soupir de soulagement, Iria referma la porte derrière elle.
- Pourquoi la fenêtre, déjà ? l'interrogea Remus en se frottant les yeux.
- Tu n'entends pas ?
Boum. Boum. Boum.
- On doit se réunir avec les autres, on a aucune chance séparément, enchaina-t-elle sans attendre de réponse.
Iria se tourna brusquement vers les escaliers. Elle était presque certaine d'avoir entendu un bruit. Elle ne pouvait pas appeler les autres, ce serait trop bruyant. Les mangemorts ne devaient pas savoir qu'ils avaient compris. Ils ne devaient pas. Elle s'apprêtait à lancer un sortilège lorsqu'une baguette s'alluma, dessinant avec contraste la forte mâchoire de James et son arcade. Ses lunettes étaient un peu de travers, ses cheveux plus en bataille qu'à l'habituelle, mais un soulagement intense passa sur son visage. Iria empoigna le bras de Remus et se précipita vers James.
- Où sont les autres ? chuchota-t-elle.
- Dans la cuisine. Tu as entendu, Iria ? Tu as entendu ? lui répondit-il, fébrile.
La panique. Le stress. L'angoisse.
Boum, boum.
Tic et tac et tic et tac.
- Oui, dit-elle simplement en descendant les escaliers sur la pointe des pieds.
Elle pria, pria pour qu'ils ne grincèrent pas. Derrière elle, les garçons la suivaient. Iria entra avec soulagement dans la cuisine, malgré sa baguette brandie devant elle. Il y avait la lumière, et la lumière dévoilait ce que l'obscurité cachait. Margareth se rongeait nerveusement les doigts, assise en tailleur contre un placard. Lily était affaissée sur une chaise, les traits tirés. Sirius, lui, ne s'était pas gêné. Il était sur le plan de travail qui fermait la cuisine en U, tranquillement allongé de tout son long, les bras derrière la tête. Cette position étirait sa silhouette, l'affirmait et sculptait ses muscles. Iria déglutit difficilement. C'était injuste, qu'il soit si beau.
- Tu les as trouvés ! s'écria presque Lily, ses mains accablées quittant ses cheveux décoiffés.
James esquissa un sourire en coin, l'air de dire « Bien sûr que oui, tu me prends pour qui ». Il trouvait le moyen de crâner dans ce genre de situation et Iria trouvait ça assez exceptionnel. Mais elle savait qu'au fond de lui, il rayonnait, était subjugué d'avoir rendu service à la belle et douce Lily Evans.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Les aurors ne sont toujours pas là.
- On attend, répliqua Iria.
Margareth releva ses yeux bouffis sur eux et cessa de se ronger les ongles. Sirius tourna la tête, mais il l'évitait soigneusement du regard.
- C'est tout ? On attend ?! Mais ils sont juste dehors on ne peut pas..., déraya Lily.
La peur.
Boum, boum et boum et tic et tac.
- Si. À moins que tu ne préfères leur dire un petit bonjour ? la coupa avec condescendance Iria.
Il n'y avait rien d'autre à faire. Ils étaient coincés. Ils s'étaient coincés tout seul, à vrai dire.
- Mais..., glapit Margareth, les joues rouges, les yeux écarquillés.
- Tais-toi, souffla Iria, comme ennuyée. Tu as juste peur, ça passera.
Remus se détourna de la scène. Elle parlait avec tant de nonchalance, à hausser les épaules, que c'en était énervant. Ils étaient mortifiés, et elle, elle semblait n'en avoir rien à faire. La vérité, c'était qu'Iria n'avait pas la patience de s'occuper d'une adolescente en crise. Sa vie était en danger. Celle de James était en danger. Celles de Sirius, et de Remus.
- Pas tant qu'ils ne seront pas partis ! protesta Margareth.
- Donc... On... attend, dit Iria, l'air étrangement ailleurs.
Elle ne fixait plus Margareth de son regard froid et dur. Non, c'était la fenêtre qu'elle dévisageait ainsi, l'air curieux.
Boum. Boum. Boum.
- On devrait faire du café, ça va nous aider à tenir, proposa Lily, qui s'était résignée.
Elle s'approcha du placard qui contenait les tasses mais Iria l'arrêta d'un bras au milieu de son torse. Elle s'était déplacée si rapidement que Peter eut un sursaut nerveux, mais elle n'avait de yeux que pour la fenêtre. Les volets étaient d'un marron terne, à la lumière aveuglante de la cuisine. Mais il semblait y avoir une tâche sombre qui pointait lentement le bout de son nez. Sa respiration s'intensifia quand celle-ci devint plus claire. Oui, il y avait une tache sombre, et elle s'étendait, s'infiltrant dans chaque écharde du bois. Généralement, quand Iria voyait une tache sombre, elle pensait à du sang. L'appréhension naquit en elle, moqueuse.
Alors, Iria, tu as peur ?
Boum. Boum. Boum.
Iria tendit le bras. Ses doigts effleurèrent le froid de la vitre sans timidité et caressèrent la clenche. Elle n'avait qu'à ouvrir les fenêtres, et toucher le volet. James ouvrit la bouche pour parler, mais se ravisa. C'était Iria, après tout. Elle savait ce qu'elle faisait. Elle savait toujours ce qu'elle faisait, et à chaque fois, ils passaient pour de véritables idiots. C'était ce qu'il était, à côté d'elle, idiot.
Le temps se figea : la fenêtre était ouverte, ses doigts touchaient le volet. Une main invisible allait-elle jaillir, décidée à s'emparer de celle d'Iria d'une poigne ferme, allait-elle la faire basculer, l'emmener loin d'eux, l'éloigner, rapprochant un peu plus la peur de leur cœur ? Disparaîtrait-elle dans la forêt dans un hurlement sinistre ? James secoua la tête. Ses pensées tournaient au ridicule. Il n'avait jamais entendu Iria hurler.
Iria retira ses doigts en sentant une substance humide. Une odeur métallique titillait ses narines. Elle les porta à son nez et les contempla. Ils s'étaient teintés d'un léger rouge. C'était l'odeur du sang. Margareth porta deux mains à sa bouche, tournant de l'œil, Lily rentra la tête dans ses épaules. James avait pointé sa baguette sur la fenêtre, Sirius s'était redressé dans l'intrigue, Peter s'était recroquevillé. Remus, lui, ne bougeait pas. Et pourtant, quelque chose venait de taper contre le volet, l'ébranlant. En voyant Iria porter sa main au loquet, Peter ne put s'empêcher de crier :
- Non, n'ouvre pas !
Iria ne lui accorda pas un regard, mais elle prit un malin plaisir à soulever le loquet le plus lentement possible. Ça faisait déjà 5 ans qu'elle se demandait ce qu'il foutait à Gryffondor. Peut-être y'avait-il un mangemort, juste derrière la fenêtre. Peut-être qu'elle mourrait la première, mais elle mourrait la plus brave. Iria poussa les volets avec détermination. Il y avait une masse derrière, qui fit résistance. Elle rebondit, et, dans la nuit, Iria ne la vit pas tout de suite. Puis, la chose se dirigea droit vers elle.
Iria reçut une giclée de gouttelettes rouges sur le visage, mais demeura impassible. Plusieurs cris aigus résonnèrent en concert. Remus était sur le point de vomir. Il avait toujours été fragile, son Lunard, mais il était fort, très fort. Sirius avait failli tomber du plan de travail, ébranlé. Le regard de James brillait et s'était fait grave. Envahi par le dégoût et l'incrédulité, il la regardait, cette chose encore sanguinolente. Iria comprenait ce qu'il ressentait. Ç'aurait pu être son père. Ç'aurait pu être son père, à sa place.
Ç'aurait pu être la tête de Fleamont à la place de celle qui pendouillait lamentablement devant eux, attachée par un fil. Les yeux ronds comme des billes, la bouche ouverte sur le cri silencieux de la mort, ils avaient devant eux le vestige d'un décapité, qui, à l'horreur qui hantait son regard vitreux, n'avait pas eu la mort douce.
- Les aurors sont venus, Lily, déclara Iria avec son habituel nonchalance froide, en fixant la tête. Simplement, ils n'ont pas survécu.
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