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Chapitre 11. Les archives

Harold ou l'ours comme l'appelait ses amis, leva la tête de sa fourrure quand il vit entrer dans les Archives une petite silhouette. En fait, ce fut surtout le bruit de sa canne sur les dalles de la bibliothèque qui l'avait fait se redresser. Il éprouva d'emblée, passé la vague d'agacement, une pointe de curiosité pour ce personnage qu'il entendait mais ne voyait pas encore.

Toute menue dans sa robe rouge cramoisi qui contrastait avec son visage blanc, elle évoquait un peu ces poupées de porcelaine qu'il ne faut surtout pas toucher. Mais le regard qui brillait derrière son monocle n'avait rien de commun avec les yeux vides de ces poupées. Sans faire un bruit, il descendit un peu de l'échelle sur laquelle il était perché à la recherche de son précieux recueil de poésie morbide du XVIème siècle. Le bruit de canne et les couinements de son lémurien avaient finis par s'estomper et se perdre dans les couloirs de la bibliothèque. Qui était ce petit bout de femme qui s'était aventurée jusqu'ici ? Personne ne venait jamais. Et quel était donc son poste pour que le gardien la laisse passer ?

Cette intrusion dans son domaine venait de lui fournir une attraction la plus intrigante depuis longtemps, bien plus intéressante en tout cas que ces intrus à moitié perdus qui ne venaient ici que pour s'acoquiner dans cet endroit où ils pensaient être seuls. Le petit bout de femme savait où elle allait et elle s'y rendait sans aucune hésitation. L'envie de la rattraper pour lui poser des questions le tenailla, rentrant en rivalité avec sa misanthropie habituelle.

Il tendit à nouveau l'oreille. Des pas feutrés résonnaient. Inaudibles pour ceux qui ne savent pas entendre mais pour un habitué des bruits de la bibliothèque comme Harold, ce frottement était caractéristique d'un individu qui ne souhaitait pas se faire entendre. Il remonta sur son échelle pour dominer les rangées de livre. Un homme en noir et au masque blanc venait de se faufiler à la suite de la jeune femme qui ne l'avait pas remarqué. Harold fronça les sourcils. Il avait l'habitude des coups de poignards dans le dos à la Cour, mais un meurtre dans sa précieuse bibliothèque cela faisait désordre. Il glissa habilement le long de son échelle, drapa correctement sa peau d'ours sur une de ses épaules et s'engagea furtivement dans le chemin qu'avait pris l'Homme au masque.

Ce dernier et la jeune femme en rouge se faisaient face au détour d'une allée de livre. La jeune femme serrait dans sa main sa canne métallique, sa jambe droite légèrement tordue au niveau du genou tremblait tandis que l'autre souple sur ses deux jambes, s'apprêtait à bondir. Harold surgit et sans prévenir abattit son poing sur le crâne de l'homme. Ce dernier s'effondra comme une poupée de chiffon :

-S'en prendre à une infirme.

Maugréa-t-il en toisant la masse sombre de l'attaquant. Harold en tremblait. La blessure de la jeune femme l'avait décidé à intervenir. Feu son petit frère avait suffisamment souffert à cause de sa cécité pour qu'Harold laisse impunément se reproduire ce genre de situation. Il essaya de prendre une voix douce pour s'adresser à la jeune femme mais quand sa phrase s'échappa de sa gorge, les mots devinrent durs et agressifs. Il tonna plus qu'il ne parla mais la jeune femme ne parut s'en formaliser et le regardait avec une profonde gratitude. Cela faisait une éternité qu'on n'avait pas regardé Harold avec ces yeux-là. Cela le mit mal à l'aise. Il remit nerveusement en place quelques livres en espérant que la jeune femme allait s'en aller mais elle ne bougeait pas d'un pouce, même si son lémurien la tirait par un pan de sa jupe.

Si elle ne partait pas, alors Harold le ferait. Il se décida à bouger et attrapant l'homme par les jambes, il le tira pour l'amener au gardien qui se ferait un plaisir de l'envoyer aux oubliettes. Soudain, la jeune femme, immobile jusque-là s'approcha de lui, le rattrapa par un bout de sa fourrure.

-Une minute, Monsieur. Merci. J'aimerai questionner cependant cet individu si cela ne vous dérange pas.

Harold était profondément gêné qu'une femme l'aborde de cette manière, exceptés Athénaïs et le gardien qui venaient lui rendre visite, cela faisait des lustres qu'il n'avait pas croisé un autre être humain. Il poussa un grognement d'ours et fila à l'anglaise, bien décidé à ne plus réapparaître tant qu'elle serait ici.

Les livres eux au moins, ne le mettent pas mal à l'aise.


Iphigénie essaya de calmer les battements de son cœur. L'apparition de l'homme au masque et de cet espèce d'ours mal léché la laissait pantelante. Lorsqu'elle avait vu l'homme, le plus grand qu'elle ait jamais croisé, brandir son énorme poing, elle s'était dit qu'elle était définitivement morte. Sa surprise atteignit son paroxysme lorsqu'elle vit son attaquant s'effondrer. Elle s'imposa de respirer plus posément et retrouva son sang-froid. Elle songea avec une pointe de dépit que ce laps de temps était encore trop long et se jura d'y remédier afin de ne plus se laisser perturber si aisément. L'ours commençait déjà à emporter sa victime et la jeune femme entrevit immédiatement le danger : si elle voulait avoir une chance de découvrir le commanditaire de son meurtre, bien qu'elle ait depuis la première tentative d'assassinat de très sérieux doutes, elle devait fouiller sa mémoire et donc empêcher l'autre de partir avec sa proie. Il avait poussé un grognement sourd, puis relâché brutalement l'assassin pour s'en aller à pas lourd sans poser de questions. Il disparut définitivement dans les méandres de la bibliothèque d'où il avait jaillit.

Iphigénie décida de mettre de côté sa peur d'un homme capable d'assommer un homme à main nue, sa reconnaissance car elle n'était pas ingrate, pour se concentrer sur son problème le plus actuel.

Elle déchira la veste de l'homme au masque et en profita pour lui attacher les mains à la bibliothèque et lui lié les pieds. Il n'aurait plus manqué qu'il se réveille alors qu'elle lui fouillait la mémoire ! Elle vérifia que personne ne l'observait et pénétra l'esprit de son attaquant.

Elle le vit faire le chemin à l'envers de la bibliothèque jusqu'au cœur de l'Ambassade, comme une cassette que l'on rembobinerait. Elle suivit sa discussion avec le régisseur et pleinement satisfaite, elle sourit : elle avait bien raison !

Un coup porté à la tête la fit basculer soudainement en arrière. Alors qu'à l'ordinaire, ses victimes tombaient dans une inconscience inerte à chaque contact, l'assassin n'avait pas réagi comme les autres. L'intrusion lui avait provoqué de violents spasmes, ce qui l'avait conduit à donner un violent coup de tête à Iphigénie. Le temps qu'elle retrouve ses esprits, l'homme s'était réveillé plus vite que prévu et bataillait comme un fou entre ses liens. Elle approcha sa main de son front et allait de nouveau fouiller sa mémoire lorsque cette dernière disparut tout simplement et tous les souvenirs se réduisirent à un naphte noir. Iphigénie fut éjectée de son esprit avec une violence qu'elle n'avait jamais connue. Stupéfaite, elle contempla sa victime immobile. Un filet de mousse gouttait sous son masque. Dégoûtée de perdre son seul témoin, Iphigénie détacha son masque, prit son pouls mais dû bien se rendre à l'évidence : l'homme était mort, les fragments de la capsule de céramique, contenant le poison glissèrent le long de son menton.

Elle se releva, réprimant une grimace de dégoût. C'était inutile d'essayer de déplacer le corps. Elle n'arriverait jamais à le cacher et par ailleurs, puisque personne ne se rendait ici, excepté visiblement cet ours, nul doute que ce dernier s'occuperait très bien du corps à sa place. Son empressement tout à l'heure à écarter cet homme de sa bibliothèque l'en avait convaincu.

Iphigénie aimerait bien dire qu'elle était touchée mais elle se sentait apathique pour l'instant. Le contrecoup de sa peur quelques secondes avant, sans doute. Elle jeta quand même un dernier coup d'œil à l'homme au masque. Pris d'un soudain remord, elle revint sur ses pas et lui ferma les yeux. Il avait presque l'air apaisé maintenant.

Elle fit signe au lémurien de la suivre. Ce dernier ne se fit pas prier : il se jeta sur elle et ses bras crochetés autour de son cou, se blottit contre elle.

-Tu es lourd, toi... Je te préviens, je ne porte pas comme ça tout du long, l'affreux...
Marmonna Iphigénie en essayant de reprendre son équilibre malgré sa canne.

-Irk !

Iphigénie soupira et se lança à la recherche de tout ce qui pouvait avoir trait à la Déchéance dix ans plus tôt. Deux heures plus tard, elle faisait toujours chou blanc. Non seulement, elle avait mis une heure avant de trouver la section des Archives qui l'intéressait, mais elle n'arrivait pas à mettre la main sur ce qui l'intéressait. Des journaux à scandales, ce n'était pas ce qui manquait, il y avait même des anciens numéros de l'Omnibulés, le journal de l'autre insupportable.

La tête dans les vieux papiers poussiéreux depuis une heure, elle commençait à avoir la migraine. Le lémurien qui avait trouvé dans sa pochette attachée à sa ceinture sa réserve personnelle de cookies, s'activait actuellement à la vider. Il avait l'air de beaucoup rire en la voyant galérer mais cela devait juste être une invention d'Iphigénie tant elle était fatiguée. Elle soupira et regarda sa montre. Il allait bientôt falloir qu'elle remonte dans son bureau avant qu'on ne le croit morte à nouveau.

Ce serait un comble.

D'autant plus qu'une tâche ingrate l'attendait : la rédaction de la liste des dames invitées à la prochaine Tea Party. Toutes les courtisanes qui s'étaient présentées dans son bureau après le départ de son comptable n'avaient évidemment demandé que cela. Seulement, elle ne tenait à inviter que les personnes les plus en vue et éviter de commettre un impair en en oubliant une. Elle se devait de poser la question à Vladimir et la nécessité de retrouver une bonne relation avec ces deux-là s'imposa d'elle-même en espérant qu'ils aient retenus la leçon. Elle voulait bien qu'ils la trahissent mais cela ne devait pas mettre en péril les Tea Party.

Elle fit une dernière tentative et tira un nouvel exemplaire de journaux dans le dossier. Cette fois-ci la chance lui sourit : le journal traitait enfin du changement d'Intendant. En revanche, elle marqua un temps de surprise en découvrant le gros titre : « La mort de l'Intendant ! Un indésirable de moins ! ». Un peu curieuse il faut bien l'avouer, elle poursuivit l'article :

« Après nos chers Argyres, c'est au tour de notre intendant de disparaître. Une nouvelle place se libère ! Qui sera assez rapide pour la reprendre ? A moins que le Khan en personne ne nomme un nouvel intendant lui-même... Mais qui serait prêt à prendre une charge aussi lourde ? Une lourde pression, très lourde en effet... Feu notre Intendant ne l'a pas supporté et a mis fin à ses jours, pendu à une poutre du plafond, dans une mise en scène de très mauvais goût. Que voulez-vous chers lecteurs, le savoir-mourir se perd de nos jours ! Mais cela n'est pas en tout cas ce qui se murmure dans les couloirs de SombreRefuge... Est-ce donc bien un simple suicide ou notre Intendant n'a pas su se placer assez haut dans la chaîne alimentaire de la Cour ? ».

Iphigénie reposa le journal, écœurée par cet humour macabre de mauvais goût. Elle feuilleta fébrilement le reste du numéro, avide de nouvelles informations mais en vain. Enfin, elle dut se résoudre à quitter la bibliothèque.

Harold observa les années consultées par la jeune femme sans parvenir à deviner quel article et quel numéro elle avait consulté tant elle les avait remis soigneusement en place. Le sang se retira de ses joues en reconnaissant parmi l'une d'elles, l'année de la Déchéance des Argyres. La simple évocation de la date le plongea dans un état d'inquiétude irrépressible. Après toutes ces années, il avait complètement oublié cette affaire et la voilà maintenant qui refaisait surface dans sa mémoire ! Il souffla agacé lorsqu'il eut repris des couleurs. Rien ne lui disait qu'elle s'intéressait particulièrement à la Déchéance. Peut-être était-ce une inquiétude superflue ? Exagérait-il un peu la probabilité de voir à nouveau émerger cette sordide affaire ? Il ne pouvait laisser planer de doutes et il regretta dans ce genre de moment de ne pas l'aisance d'Edmond pour mener un enquête. Pourtant, c'était bien ce qu'il allait entreprendre : il se renseignerait sur cette femme et éventuellement découvrirait-il ce qui la poussait à descendre aux archives pour se renseigner sur ces années-là. Il n'alerterait les autres qu'au dernier moment. Les Quatre tenaient les rênes de la Cité et maintenaient en laisse le Khan. Harold y avait gagné la tranquillité et tous les fonds nécessaires à ses activités.

Il ne laisserait personne y toucher quoique ce soit. Il rangea le journal et se mit en quête de réponses à ses questions.

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