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Chapitre 1. La Mémoire

Dix ans plus tard

Avec un craquement de fin du monde, la foudre s'abattit sur le saule du parc. Il s'alluma comme une torche, jetant dans le boudoir une soudaine luminosité, puis des lueurs rougeâtres fantomatiques. Le majordome ne daigna pas lever les yeux de son registre. Comparé aux hurlements qui s'échappaient de la chambre voisine, le bruit de l'orage et le roulement de tonnerre qui succéda à l'éclair, ne lui semblaient pas très dérangeant.

Il haussa cependant les sourcils et lança avec condescendance :

- Que croyez-vous que vous trouveriez ici ?

Une silhouette se glissa hors de la pièce. A la lueur des éclairs, les pentacles sur le dos de ses mains brillèrent d'un étrange éclat. Elle renfila ses gants avec des gestes alanguis et pinça les lèvres comme si rien ne l'agaçait plus que de devoir interagir avec un autre être humain.

- J'ai eu beau fouiller sa mémoire, l'aide de l'intendant ne savait rien. Il faut monter plus haut, je te l'ai déjà répété. Les sous-fifres ne m'intéressent pas.

La voix sépulcrale qui s'était élevée, brisa le silence installé depuis l'intervention du majordome. Ce dernier leva les yeux au plafond, poussa un soupir de lassitude et tourna enfin son regard vers la silhouette. C'était un tout petit bout de femme insignifiant, aux yeux de fouine derrière une paire de lunettes et d'épais cheveux bruns. La seule chose digne d'intérêt chez elle était l'or qu'elle lui avait promis. Ce fut pour cela qu'il ne manqua pas de le lui rappeler d'ailleurs :

- Le jour va se lever, l'antichambre va bientôt grouiller de quémandeurs. Je ne peux pas vous faire accéder à quelqu'un de plus haut placé de toute façon. J'ai fait ce que vous m'aviez demandé, je veux mon salaire.

Avec un soupir de résignation, la jeune femme enleva à nouveau ses gants. Le majordome n'eut pas le temps de se douter de quelque chose et continuait de réclamer son argent.

- Tout est en ordre. Alors mon...

Les mots s'éteignirent dans un souffle comme s'ils n'avaient jamais été prononcés. L'inconnue venait de lui caresser la joue.

Le doigt glissa du haut de la tempe à la courbure de la mâchoire et enfin,
appuya son index contre un point imaginaire entre les deux yeux. Le geste lui fit l'effet d'une balle et tous ses souvenirs concernant la jeune femme furent effacés en une fraction de seconde.

Le choc provoqué par l'intrusion dans sa mémoire fut si intolérable pour son petit esprit borné que le majordome commença à perdre conscience. Il tituba comme un ivrogne et s'affaissa, s'agrippant au passage au rideau pour tenter de ralentir sa chute dans un éclair de lucidité.

Son agresseur vérifia qu'il était bien inanimé et avec difficultés, le traîna jusqu'à la porte du bureau. Il serait aisé de croire avec ses cernes noirs et son visage chiffonné qu'il s'était endormi suite à un manque de sommeil.

La jeune femme se redressa et projeta son immense ombre noire contre la bibliothèque. Elle poussa la porte du bureau, puis, sans un regard pour le majordome adossé au mur, quitta la pièce.

Iphigénie se sentit abattue en quittant le bureau de l'aide de l'intendant. Elle emprisonna son visage entre ses doigts pour tenter de retenir des larmes de découragement.

La fouille intensive du jeune homme et l'effacement successif de ses souvenirs, ainsi que ceux du majordome, l'avait éreintée. Pourtant elle maîtrisait son Don de famille à la perfection: manipuler les mémoires était un jeu d'enfant pour elle. Enfin quelque chose de positif que sa gens, les Argyres, lui avait transmis. Son assurance de façade avait heureusement trompé le majordome qui ne voyait pas plus loin que les cent marks d'or qu'elle lui avait promis.

Quand elle fut sûre qu'elle ne tremblait plus et qu'elle était suffisamment remise pour refaire le trajet inverse sans se faire repérer, elle décréta qu'il était temps qu'elle rentre chez la Grande Cantatrice.

Elle fit un pas dans le couloir avant de se plaquer brutalement contre une statue pour échapper au regard d'une Sentinelle. Celle-ci venait de surgir au tournant d'un couloir. Elle poursuivit son chemin sans la voir.

Iphigénie se promit en son for intérieur que la prochaine fois, elle trouverait un moyen plus sûr pour récolter des informations. Pénétrer par effraction dans les appartements de sa cible se révélait actuellement être une idée d'une remarquable stupidité. Elle s'aplatit par terre avec la grâce d'un béluga échoué pour ne pas se faire repérer par une nouvelle Sentinelle.

Elle ne devait cependant pas être si mauvaise à ce petit jeu ridicule. En effet, elle parvint enfin sans encombre au manoir de la Grande Cantatrice au bout d'une heure à crapahuter dans les rues sombres du Crépuscule. Elle se glissa discrètement par la porte de service, dont elle avait la clé en tant qu'intendante et secrétaire. Ne pas allumer les petits becs à gaz des luminaires s'avéra également être une mauvaise idée lorsqu'elle se fut prise quatre fois les orteils dans le coin des meubles de l'entrée. Depuis un an qu'elle travaillait dans ce manoir, la jeune femme était toujours incapable de se repérer correctement.

Son enquête piétinait. Elle devait trouver les responsables de la Déchéance de sa gens et les faire tomber à leur tour. A cause d'eux sa famille avait été disgraciée, bannie et interdite sous peine de mort de remettre les pieds dans la Cité.

Un craquement.

Iphigénie tendit l'oreille et s'arrêta au milieu du petit escalier à colimaçon. Dans un va-et-vient frénétique, ses yeux fouillèrent les ténèbres. Les marches s'enfonçaient dans les ombres, mais nul n'en émergea. Ce ne devait être que le vent sur les ardoises du toit ou une bonne insomniaque. La jeune femme reprit son ascension, plus tendue que jamais. Elle cessa cependant de jeter des coups d'œil anxieux derrière lorsqu'elle atteignit la porte de sa chambre, une petite mansarde sous les combles. La clé ferma le verrou à double tour et elle plaça sa commode devant le battant.

Elle était bien seule maintenant. Sa robe tomba en défroque à ses pieds.

Trouver une place de choix dans Crépuscule, l'un des trois quartiers de la Cité, l'étape deux de son plan, avait été une partie de plaisir comparée à ce qui l'attendait maintenant.

Pénétrer dans le palais allait requérir des trésors d'habilité que ce soir, toute courbaturée et abrutie par la fatigue, elle ne se sentait pas d'imaginer.

Iphigénie partait avec aucun indice. Seulement des bribes de phrases jetées par ses parents, emmurés dans le silence à la suite de leur Déchéance, et de vagues souvenirs de son enfance. Sa vengeance prenait une allure de baroud d'honneur pathétique.

Sèche tes larmes et relève-toi toute seule, marmonna-t-elle pour elle-même en se glissant dans les draps.

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