Pourquoi les orages survenaient-ils toujours dans les moments pareils? Comme si la nature voulait que ce fusses un jour encore plus déprimant. Honnêtement, j'aurais préféré que le soleil nous apparaisse sous son plus beau jour, pour que les gens se souviennent d'elle comme une boule d'énergie, de vivacité. Mais là, je craignais qu'en son souvenir ils ne gardent que ses mauvais moments et de cette maladie qui l'a grugé jusqu'à son dernier souffle.

- J'ai froid me suis-je plainte. Quand rentrerons-nous?

- Quand ce sera le temps de rentrer, me répliqua-t-il simplement.

- Mais Alex, je suis tout trempé et j'ai vraiment froid.

- Eh bien tu vas apprendre à endurer petite sœur, car c'est ce que notre mère a fait jusqu'à son décès, me répondit-il sèchement.

Je me suis contenté de grimacer. Cette façon dont il se rappelait d'elle me donnait envie de vomir.

- Et moi à ta place, je ferais au moins semblant d'être triste, puisqu'il n'y a pas une once de larmes ou de tristesse qui occupe ton visage. Tu ne voudrais pas que les gens ici présent pensent de toi que tu es une sans cur, je me trompe?, rajouta-t-il.

Je lui ai jeté un regard noir. "C'est toi, le sans cœur", ai-je pensé.

Peu à peu, les gens commençaient à se disperser pour quitter le cimetière. Mon frère profita du champ libre pour s'avancer près de la pierre tombale. Alors que je le suivais de près, j'ai senti une main se poser sur mon épaule. Quand je me suis retourné, un jeune adulte se tenait devant moi. Sa tignasse rousse me fit aussitôt penser à Ronald Weasley dans Harry Potter.

- Euh... c'est vous la fille à Mme Laure McMillan?, me demanda-t-il avec un accent épouvantable.

- Ouais, c'est moi, sifflais-je.

Le jeune homme m'observa alors avec un regard intensément triste.

- Écoutez Lou-Ann, j'étais un ami à vot' mère. Maintenant qu'est morte, je voulais vous dire que même si vous ne la portiez pas toujours dans vot' cur, qu'elle a toujours été là pour vous.

J'ai brusquement ôté mon épaule de sous la main de Ronald, puis j'ai craché par terre.

- Vous connaissez mon nom, vous avez peut-être connu Laure, mais vous ne savez rien de la relation que j'ai entretenue avec elle!, m'écriai-je.

C'était la goute d'eau qui fit reverser le vase.

Mon frère s'est retourné et quand il a vu que je m'en allais en courant à toute jambes, il s'excusa rapidement au roux et me poursuivit. J'étais tout trempe, j'avais froid, ma mère venait de mourir et mon frère ne cherchait même pas à me comprendre. J'accélérai.

- Lou-Ann!

Je sentais les larmes monter peu à peu.

- Lou-Ann, arrêtes-toi!, criait Alex.

Je traversai la route, manquant me faire écrabouiller comme un vulnérable insecte par une automobile.

- Lou...Lou-Ann!! Attention!!!

Je me retournai. La voie de mon frère était désespéré, et il semblait à bout de souffle. Je m'arrêtai alors. Je refoulai mes larmes et tomba à genoux sur l'asphalte mouillé. Alex me rejoignit et me serra dans ses bras.

- Lou... je suis désolé. Je sais que ça n'a pas été facile pour toi non plus, sanglota mon frère.

Je me contentai de rester silencieuse.

-C'est juste que... aucune expression ne transparaît sur ton visage, rajouta-t-il maladroitement.

Je n'avais pas envie de discuter, alors je restai de marbre.

- Viens Lou. On s'en va chez nous, dit-il finalement, quand il vit que je ne parlerais pas plus.

Je me suis levée en ignorant la main qu'il m'avait tendue et nous sommes marché en silence jusque chez nous. Une fois arrivés à destination, je décidai de monter directement dans ma chambre. Je suis resté enfermé dans celle-ci, à songer aux derniers évènements toute la soirée. Plus tard, mon frère est venu me souhaiter bonne nuit, ferma la porte et la lumière et alla se coucher.

Le lendemain, j'étais déprimé. Aujourd'hui, l'école recommençait après une longue semaine de relâche de congé. Je me rendis compte que je m'étais endormie habillée et tout mouillée. Ma veste noire de N.W.A étais toute crotté, sans doute à cause de la boue qui avait revolé sur elle quand j'ai couru. Mes leggings étaient encore humide, et je puais. Je décidai d'aller m'observer dans la glace. C'était juste   a-f-f-r-e-u-x. Je ressemblais à un épouvantail moisi. Mes cheveux brun en batail semblaient avoir été lavés il y a des décennies et mes yeux bleu étaient aussi cernés que ceux d'une grand-mère. De plus, j'avais l'impression d'avoir autant de formes qu'une planche à repasser. Bref, j'étais comparable à une femme des cavernes. Un peu déconcerté, je me déshabillai et enroula une serviette autour de mon corps. Je sorti de ma chambre et me rendis jusqu'à la salle e bain. Heureusement, mon frère dormait encore alors c'était libre.

Tout mon être maintenant parfumé, je rentrai la tête haute dans ma chambre. Mes cheveux étaient propre, je ne sentais plus le chien mouillé. J'allai me regarder dans mon miroir de nouveau. Cette fois ci, mon teint avait l'air de celui d'une fille de 14 ans et avec l'aide du peu de mascara que je venais d'appliquer, mes yeux semblaient reprendre vie. En guise vêtement, j'enfilai des jeans pâles, avec mon chandail d'Eminem. Pour ce qui était de mes cheveux, ils n'étaient pas égale mais ils étaient propre, et le style rebelle qu'ils me donnaient ne me déplaisait pas. Je quittai ma chambre et entendis mon frère se lever. Il était temps! Je dévalai les marches de l'escalier qui menait à la salle à manger. Je me préparai des céréales avant qu'Alex ne l'est mange tous sans m'en laisser. J'entendis mon frère descendre lentement mais sûrement les marches de l'escalier.
- Bon matin!, me dit-il.
- Salut, répondis-je en le toisant d'un air faussement méprisant. Tu ne vas pas prendre ta douche?
- Non.
- Tu devrais! Tu sens aussi bon que les vieux pètes d'un grand-père raqué!

Il ria. C'était la première fois depuis des lustres.

- Et toi tu...

Il s'arrêta. Je savais que je sentais bon, alors je lui ai jeté un regard fière.

- Tu es magnifique, dit-il en me dévisageant.
- On ne peut pas en dire autant de toi, répliquai-je.
- Où t'en vas-tu comme ça? À une date?
- Non, à l'école.

Alex sembla un peu surpris par ma réponse. Il s'assit à table et pris un air aussi sérieux que celui d'hier. Il respira un bon coup.

- Lou, je suis contre.
- Wow tu ne passes pas par quatre chemins différents toi!
- Je ne plaisante pas, Lou. Tu devrais prendre une petite pause.

Je soupirai, et je m'assis devant lui.

- Alex, je ne veux pas que tu crois que les derniers événements ne m'ont pas ébranlée. Mais il faut que tu comprennes que je veux aller à l'école pour me changer les idées. Pour revoir mes amis et les rassurer. Pour montrer que je sais surmonté les plus dur épreuves, tu comprends? Je ne veux pas rester enfermé ici à penser au fait qu'on va probablement déménager dans un foyer d'accueil, qu'elle n'est plus là...

Alex sembla se détendre puis pris ma main sous la table.

- Si c'est comme ça que tu le vois... se résigna-t-il.

J'ai doucement ôté ma main de dans la sienne et je me suis levé.

- Je t'ai préparé des céréales, mentis-je. Elle sont là.

Je les pointai du doigt et observa mon frère. Dans son regard j'ai pu comprendre qu'il savait que c'était ma façon de le remercier. Je m'en allai vers l'entrée et j'enfilai mes convers. Je mis mon sac à dos et mes écouteurs, puis j'ouvrai la porte.

- Tu ne manges pas?, me questionna mon frère.
- Non. Ciao!
- Bye bonne journée à l'école Lou.

Et je fermai la porte.

🌺 Merci à Héloïse DLS 🌺