#13: Les angoisses d'un soir... les angoisses d'une vie 2
Le cœur de Shana se brise en voyant son visage décomposé et ses yeux rougis par les larmes. Arjun s'avance vers lui et lui passe un bas derrière les épaules pour le réconforter.
- « Euh... Shandini... tu devrais peut être voir ce qui se passe avec ta copine, je ne suis pas sur qu'elle se sente bien. »
- Priya !?
C'est vrai qu'elle l'avait presque oublié sur son banc, elle revient prêt d'elle et remarque que son visage est livide et son front ruisselait de sueur
- Priya ? qu'est ce qui t'arrive ? t'es malade ?
- Non... ne... ne... t'inquiète pas, je vais ... bien !
Aman sort de sa torpeur devant cette agitation et va s'accroupir devant elle, il prend dans ses mains les siennes qu'elle serrait si fort à se griffer avec ses ongles. Elles étaient moites et glacées...
- Priya ?... Priya, regarde-moi...
- Je... vais bien... ne vous inquiétez pas... je vais ...
- Hey... regarde-moi, je te dis !
Il lui prend le menton et l'oblige à relever la tête. Il remarque qu'elle tremblait.
- Dis-moi ce qui se passe ?
- Rien ! je vais...
il pointe devant son doigt pour l'arrêter, ce même doigt qu'il l'avait arrêté lors de leur premières rencontre.
- Si tu dis encore une que tu vas bien, je fais venir un médecin !... alors, tu vas respirer profondément... voilà... fermer les yeux... respire encore une fois.... Bien... maintenant, que ce passe-t-il ?
- Je... suis désolée... je suis idiote, vous vous inquiétez tous pour votre mère et je joue à fille pourrie gâtée ! elle éclate en sanglot.
- Chuuut... (il remonte sa mèche sur le front pour pouvoir lui essuyer la sueur avant d'essuyer ses joue)... tu n'es pas idiote, tu es phobique.
- Comment l'avez-vous su ?
Arjun roule ses yeux en faisant un grand signe des mains en geste d'exaspération... tout ça pour une phobie !
- « Ah ces gosses de riche ! vraiment ! »
- Arjun ! l'arrête sa sœur.
Shana avait presque honte du comportement de son frère, même si elle devait l'admettre aussi, Priya était beaucoup trop fragile.
- Tu as juste la phobie des hôpitaux, t'es sûre ? tu n'es pas malade ?
Le regard insistant d'Aman l'oblige à baisser les yeux, elle passe ses mains dans ses cheveux pour les mettre derrière ses oreilles avant d'en essuyer la paume dans ses vêtements.
- Non... juste que je n'aime pas les hôpitaux... je suis vraiment désolée, mais...
- Chut !... Arjun, ramène là chez elle s'il te plait, elle ne peut pas conduire dans ces conditions.
- Mais... la plainte venait autant de Priya que de Arjun
- Pas de mais... allez y...
La voix d'Aman ne laisse jamais place à l'argumentation. Arjun se contraint donc à suivre Priya vers sa voiture, prend ses clefs et s'installe dans le véhicule qui parait soudain trop petit pour lui.
Au bout de quelques minutes de silence, Priya sort une barre chocolatée de sa boite à gant et croque de dans. Le sourire moqueur de Arjun l'exaspère, mais elle préfère terminer son encas d'abord.
- « Qu'est ce qui vous fait sourire ? »
- « Ah bah... elle comprend le hindi ! »
- « Si quelqu'un comme vous peut parler français, même une gosse de riche comme moi saurait parler hindi ! »
- « Un point pour vous ! » répond-il en souriant.
- « Quand même, vous conviendrez que quand on est phobique des hôpitaux, on n'y va pas de notre propre chef ! »
- « Un point pour vous... mais... »
Elle sort une deuxième barre chocolatée et croque de dans, faisant penser à Arjun que cette fille ne reflétait pas du tout son régime alimentaire !
- « ... mais... (essayant de déglutir)... j'y étais parce que je m'inquiétais pour la mère de Am... de monsieur Khan... »
- « et vous êtes partie parce que vous mourriez de faim !? »
Voyant qu'elle semblait le prendre au sérieux, il s'excusa et dit :
- « désolée, je suis qu'un ouvrier qui ne cultive pas l'art de la parole comme le brahmane que tu as pour professeur... »
- « je ne suis pas fâchée, rassurez vous... »
- « je pensais juste que votre phobie poserait problème si un jour vous devrez vous soigner à l'hôpital... on y est... devant la résidence annexe à l'ambassade »
- « je vais demander à un chauffeur... »
- « oh non !!! ne vous donnez pas cette peine, je vais déjà aller acheter quelque chose à manger pour Aman et Shandini à l'hôpital ... donc... »
- « ok, merci pour la course »
Il lui donne ses clefs et descend, avant qu'il parte, elle lui lance...
- « les phobies n'arrêtent pas la maladie, j'ai déjà été hospitalisée plus d'un mois »
Elle le laissa sur place et tourna les talons, bientôt un portier revenait avec les clefs pour garer la voiture.
*-*-*
Aussitôt entrée dans le hall du manoir qui servait de maison à la famille de l'ambassadeur indien, Priya s'agrippe à une grande table ronde garnie d'un bouquet de roses rouges et blanche... elle n'arrive pourtant pas à retenir son équilibre et finit par tomber à genoux emportant dans sa chute la nappe et cassant ainsi le vase de cristal dont l'éclat attire l'attention de plus d'un dans la maison. Elle voit la dame de service qui lui avait ouvert la porte accourir en demandant quelques chose, elle n'arrive pas vraiment à comprendre les sons qui tambourinaient dans sa tête, deux serviteurs arrivent aussi, elle les voit s'approcher ... puis plus rien...
La voix de son père la ramène à elle. Elle est néanmoins surprise de se trouver dans son lit, sa mère assise sur une chaise devant elle répondait à son père dont elle entend encore une fois la voix, mais n'arrive pas à le voir... se sentant la tête lourde et les oreilles sifflants, elle a du mal à tourner la tête pour enfin voir son père debout près de la fenêtre lui tournant le dos.
-Ma !!!?... Dad... AIEEE...
Elle se rend compte en se redressant qu'elle avait une perfusion qui lui transperçait le bras... décidément, c'était son jour !
-N'essaie pas de te lever, betti... le médecin a dit que tu avais besoin de repos
-Un médecin !!!
Sa mère se releva pour lui déposer un baiser rassurant sur le front avec un sourire forcé. Son père s'approche d'elle, il avait sa tête des mauvais jours se dit elle...
-Qu'avais tu donc dans la tête pour te laisser sans médicaments et nourriture la longueur de journée, tu sais jusqu'à combien ton taux de glycémie était descendu ?... tu aurais fait quoi si n'étais pas encore rentrée... et si tu avais eu ton malaise en conduisant !... un accident...
-Yash !
C'est plus un cri qu'un appel qui sort de la gorge de sa femme. Il est rare que ce genre d'altercation survienne entre ses parents, ou quand c'est le cas, c'est souvent son père qui élève la voix.. il faut dire que cette journée n'est pas comme les autres.
-Ecoutez... je me suis fait conduire jusqu'ici et puis... rien n'aurait pu m'arriver. Quand aux médicaments, j'avoue avoir complètement oublié... je veux dire... que je n'ai pas vraiment senti le temps passer il a fait gris toute la journée et je n'ai pas pensé à regarder l'heure.
-Betta... ton père a raison, c'est de l'inconscience que de te laisser atteindre ces limites là... tu as demandé à ne plus avoir de sécurité, ne plus être dérangée en journée par des appels répétitifs, il faut en assumer la responsabilité ! je ne peux imaginer qu'il t'arrive...
-Ma... je t'en prie, il ne m'arrivera rien. Et puis je promets de ne plus vous donner de raisons de vous inquiéter... allez, je n'aime pas te voir pleurer
Kamalkali lui sourit avant de se lever pour aller lui chercher de quoi se restaurer. Elle sait que malgré la perfusion glucosée, Priya avait grand besoin de bien se nourrir pour récupérer.
Son père s'installe sur le bord de son lit en soupirant, il lui remonte une mèche sur son front et y dépose sa main pour voir si elle n'avait pas de fièvre. Rassuré, il lui tourne le dos pour se lever.
-Dad ?
Sa main sur l'épaule robuste de son père l'arrête, elle tire un peu dessus pour l'obliger à la regarder. Malgré son visage fermé, ses yeux étaient mouillés de larmes
-Je suis désolée... vraiment... je ne voulais pas vous faire du mal, je sais cette journée...
-Non... ne compare pas, on s'inquièterait pour toi quelque soit les circonstances...
-Je sais, mais vraiment je ne sais pas comment ça a pu se produire. En fait, quelqu'un à la fac a eu une mauvaise nouvelle à propos de sa mère qui a été transportée d'urgence à l'hôpital... je me suis proposée pour l'y déposer. Finalement, j'ai fini par rester avec lui ...
-LUI !
-Oh... on n'était pas seuls, il y avait Shana... tu sais...
-Oui, la sœur de Malhotra, un petit chef d'entreprise respectable
-Voilà... (elle tiqua un peu sur la définition d'Arjun, mais bon)
-Tu me disais donc, que tu y es restée... à l'HOPITAL ! tu as la phobie des hôpitaux !!!
-Oui mais... comprends moi, la situation était... compliquée !
A court d'arguments, elle ne savait plus quoi dire, elle-même ne savait pas pourquoi elle s'était risquée dans cette histoire sachant très bien ce que l'approche des hôpitaux pouvait lui procurer.
-Ce que je comprends, c'est que malgré tout ce que tu me racontes, il n'en reste pas moins que tu sois vraiment irresponsable
Cette fois, son père n'était plus en colère, elle lisait même dans ses yeux une profonde tristesse.
-Ce n'est pas ma faute si je suis la fille de celui qui adopté plus d'un village dans le pays, donnant le sourire ainsi à des milliers de personnes !
Il sourit à sa tentative de le corrompre avec des compliments et se lève au moment où sa femme rentrait un grand plateau dans les mains.
-Ma ! qu'est ce que c'est que tout ça !
-Chut ! tu vas manger et ne pas discuter, sinon je laisse ton père te recoller l'idiot de garde du corps que tu avais au lycée !
A cette menace, Priya entame son plat sans un mot, finalement, son estomac avait faim et elle mange avec grand appétit.
-Yash ? le pilote a appelé, il voudrait une date pour le voyage à Newyork...
-Bah demain ! la coupe Priya un morceau de pain dans la bouche.
-On a décalé, tu ne ... son père lui répond alors qu'il s'apprête à quitter la chambre.
-COMMENT !... non, vous n'avez pas le droit de faire ça, ça fait des mois que cette date est fixée ! Sameer m'attend avec impatience et je... vous ne pouvez pas faire ça !... je joue à la bonne fille qui vit dans la famille joyeuse... nous savons que je ne suis pas la bonne fille et qu'on est loin d'être une famille heureuse...
Dans sa crise d'hystérie, elle renverse le plateau devant elle à terre et commence à enlever la perfusion dans son bras, sa mère reste paralysée devant elle, les yeux remplis de larmes. C'est son père qui revient vers elle et la serre malgré elle très fort contre lui...
-J'ai tout perdu... tout... ne m'enlevez pas ça aussi !...
-Chuut... personne ne t'enlèvera quoi que ce soit... chuut... calme toi betti... tu ne veux pas que Sameer te revois après tous ces mois avec une mauvaise mine... hein ?
-Je... je...
Elle sanglotait toujours dans ses bras, il lui caresse doucement le dos et les cheveux pour la rassurer.
-Allez, l'avion décolle tôt demain matin... tu ne veux pas manger un peu avant de t'endormir pour te reposer ? tu dis être responsable, montre le nous...
-Tu veux dire que... ?
-Tu m'as déjà vu te mentir ?
Très tard dans la nuit, Kamalkali remet en place sur la coiffeuse de sa fille, une photo d'elle avec un beau jeune homme au sourire éclatant. Elle jete un dernier regard à sa fille qui dormait d'un sommeil agité avant de s'en aller et refermer la porte de sa chambre doucement évitant de la réveiller. Elle essuie ses larmes d'une main et descend les escaliers pour reporter le plateau en cuisine, elle avait beau avoir une dizaine de serviteurs dans la maison, en ce qui concernait sa fille et son mari, c'est elle qui s'en occupait.
Elle est surprise de voir son mari assis sur marche plongé dans une profonde méditation.
-Yash ?
Elle s'assit une marche derrière lui, pose son plateau à terre et adosse son dos endoloris à la balustrade derrière elle. Elle le prend par les épaule et se rapproche de lui:
-Elle ne sera jamais heureuse, n'est ce pas !?
Sa voix forte lui paraît brisée par le chagrin. Habillés de blancs, ils leur étaient difficile d'oublier cette journée de deuil perpétuel depuis des années.
-Tu crois qu'elle l'a fait exprès ?... oublier ses médicaments... dit sa mère d'une voix étouffée
-Le sait elle elle-même réellement ?... j'en doute !
-Que faire pour lui faire oublier ? on a changé de lieu, de vie...
-Oublier quoi au juste Kamal... sa maladie ? sa phobie? son diabète ? son accident ? Sameer ?... sommes nous arrivé à oublié Rohan, notre fils ?... comment veux tu qu'elle, elle y arrive ?
Il restent un long moment silencieux avant que Yash ne se décide à se lever enfin, il aide sa femme à faire de même et lui prend le plateau des mains.
-Allez, va te reposer... demain la journée va être longue.
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