Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 25 : L'heure du pardon

[Je vous présente un dessin d'Éléonore, très différent des premiers que j'ai pu réaliser et qui étaient bourrés de défauts. Celui-ci n'est pas parfait, ça ne fait aucun doute, mais c'est déjà moins catastrophique :)]

Le lendemain, l'école était emplie de chuchotements indiscrets et d'hypothèses folles. Les oreilles traînaient, les élèves de Diolyde glanaient des informations là où ils le pouvaient. Certains avaient refusé de retourner en cours face au silence de leurs enseignants. Ces derniers avaient dû faire face aux rébellions et à l'inattention conséquente de la majorité des étudiants. Finalement, lorsque sonna midi, l'ordre fut donné de laisser aux adolescents une liberté totale jusqu'au lendemain. L'idée n'était peut-être pas la plus adéquate, l'inaction ravivant les pensées, nourrissant l'imaginaire, mais elle fut adoptée par Kourrage.

L'homme, encore avait pris du repos pour la première fois depuis de longs mois, le fidèle et dévoué directeur avait été secoué par les événements de la nuit dernière. Les paroles de Kristal avaient été un coup de poignard, un choc frontal et une manipulation forcée pour le placer face à une bien pénible réalité.

Plusieurs élèves, sans qu'aucune rébellion ne soit de mise, ne s'étaient pas présentés aux cours du jour. Déméter en faisait parti et personne ne s'enquit de son absence, son visage pâle demeurant dans tous les esprits. Comment diable s'était-il trouvé dehors à une heure aussi tardive ? Les rumeurs allaient bon train, mais aucune ne s'approchait de l'impensable vérité.

Déméter se reposait encore, bel et bien vivant, un miracle qui siégeait à l'infirmerie sous la surveillance très étroite de Sylvie. Cette dernière avait d'ailleurs fait part à Eran son courroux d'avoir assisté à une conversation aussi houleuse dans un lieu destiné au repos. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, veillant sur ceux qu'elle s'était jurée de protéger. Un serment qu'elle honorait, coûte que coûte.

Delkateï avait regagné sa chambre sans même jeter un œil à sa montre. Il ignorait à quelle heure il avait enfin sombré dans les bras de Morphée, mais il avait dormi une bonne partie de la matinée, exténuée. Avant de céder aux besoins de son corps, il avait promis d'aller voir sa mère le lendemain, quoi qu'il advienne. Le discours de Kourrage comme celui de Kristal avait éveillé une réalité dont il n'avait pas conscience et la présence de sa génitrice accentuait cette peur de mourir abruptement.

Jyn qui demeurait, lui aussi, sous étroite surveillance à l'infirmerie. Son corps avait été durement ébranlé par la possession de Davaran et nul ne pouvait encore prédire quels souvenirs il conserverait de cette expérience.

Enfin, Eole avait lui aussi regagné sa chambre, guidé par la conscience de Kristal. Celui-ci avait ressenti, pour la première fois, le cri du corps qu'il occupait. Il aurait volontiers veillé tout le reste de la nuit, attendant des réponses, une action concrète, ou simplement la preuve qu'il pouvait remplir un rôle d'importance. Qui savait ce qu'il se cachait derrière cette figure moqueuse, provocatrice et cruelle ?

Joy venait de quitter les appartements qu'elle occupait. Situés dans la partie réservée aux professeurs, elle se sentait de trop. Son arrivée remontait à quelques jours et son inutilité la pesait déjà. Elle avait haï être éloigné de son fils, s'imaginant le serrer dans ses bras et passant les vacances à ses côtés et, à présent qu'elle se trouvait au cœur de ce lieu mythique, elle ne supportait plus cette impuissance. Les récits que Delkateï avaient fait de Diolyde et des risques qu'il encourait avaient minimalisé l'ampleur des événements.

Elle avait découvert l'école qui n'existait pas, une légende dans laquelle son fils étudiait. Elle avait retrouvé un mari qu'elle avait dû perdre il y avait de cela seize années. Elle avait dû supporter les risques extraordinaires que prenait Delkateï par sa faute. Une fois encore, elle avait maudit sa bêtise sans toutefois parvenir à la regretter tellement. Son idylle paraissait lointaine et elle avait mené à autant de catastrophes que de miracles. La figure maternelle se pressait le cœur sur le poignard qui l'avait meurtri, goûtant au bonheur de revoir son fils, la joie craintive qu'elle ressentait lorsque son regard croisait celui d'Eran. Elle revenait bien des années en arrière, lorsqu'elle n'était guère plus qu'une enfant attirée par le danger et par une émotion qui la dépassait largement.

— Où est-ce que tu vas ?

La voix familière tira Joy de sa réflexion, marquant le reflet de sa pensée, comme si le destin s'amusait d'elle. Eran la regardait avec une sorte de timidité toute nouvelle. Une timidité d'adolescent qui ne seyait pas à un homme mûr et qui lui arracha un minuscule sourire.

— Tu me suis ?

— Je passais simplement par là.

— Tu es encore moins crédible que lorsque nous avions vingt ans.

— Dix-sept, tu en avais dix-sept.

— Et toi, dix-neuf.

Ils sourirent de concert. Le passé avait été enterré si longtemps que le ressasser maintenant leur faisait un effet étrange. Leurs insinuations demeuraient pudiques, empreintes d'une sorte d'attention délicate. Ils craignaient de franchir un cap, d'outrager quelque chose, de brusquer une relation qui avait si brutalement pris fin. Joy le savait, elle fuyait les contactes délibérées et les ébauches de conversation. Eran avait agi de même jusque là, jugeant préférable de limiter leurs discussions au risque de voir surgir l'inévitable. Car ils le craignaient tous deux et la distance qui les séparait, vieille de plusieurs années, avait grandi et ne cessait de croître. Ils agissaient en étrangers, se témoignant à peine plus de sympathie que des inconnus.

— Je ne sais pas si ça m'a paru interminable ou si je n'ai pas vu le temps passer, murmura Joy, sans oser affronter les orbes qui la décontenançaient tant.

— Ces années ont été pour moi interminables.

— Je suis désolée que tu aies à jouer le rôle du coupable auprès de Delkateï.

— Il en faut bien un.

— Il finira par l'accepter, ce n'est qu'une question de temps. C'est un garçon fier, mais bon. Il souffre de ce qu'il se passe.

— Tout comme moi.

Il n'y avait pas de reproches dans la voix d'Eran, seulement une profonde lassitude. Se séparer de son fils et de sa femme avait été une déchirure à ses yeux. Ni lui ni Joy n'avaient alors la maturité pour prendre une telle décision, mais il avait fini par se sacrifier, refusant de retirer l'enfant à sa mère. Ce choix l'avait forgé, il s'était alors investi dans la cause du Bien, recueilli par Diolyde pour y travailler jusqu'à en oublier ce qu'il avait dû faire pour préserver le jeune Delkateï de son destin inévitable. Une métamorphose dans les premières années de sa vie aurait probablement tué le garçon, mais Eran ne pouvait s'empêcher de ressentir la piqûre pénible, intense, mordante, de la culpabilité. Il s'en voudrait jusqu'à la fin de ses jours.

Joy lut tout cela dans le regard las de l'homme. Un homme qu'elle ne pouvait décemment pas considérer comme un étranger. Son cœur se serra dans sa poitrine. Les couloirs de cette partie de l'établissement étaient vides et ils jouissaient d'une intimité factice et quasi indécente. Elle s'approcha d'un pas, jouant avec la limite qu'elle s'était elle-même imposée. Pourquoi devaient-ils se mutiler, s'amener à la souffrance, se rendre malheureux en pleine connaissance de cause ? Le sort les réunissait peut-être, mais même en ces conditions, ils ne parvenaient pas à goûter au bonheur. Ces êtres damnés et maudits dont l'histoire oubliée soufflait encore ses pénibles séquelles sur leurs corps déchirés.

— Tu n'y es pour rien. Tu as plus de courage que je n'en aurais jamais à un âge où... nous n'étions que des enfants !

— Des enfants qui ont commis une faute.

— Delkateï est la plus belle faute que je n'ai jamais faite ! rétorqua Joy, comme si elle venait de se faire injurier, ses grands yeux bleus brillaient plus intensément que jamais.

Eran sourit tristement. Delkateï ne le considérait pas comme un père, mais comme un usurpateur. Cela entravait sa propre considération en plus de le blesser profondément. Il ne regrettait pourtant pas ce qu'il s'était produit, bien que leur faute ait eu des répercussions bien plus dramatiques que celles qu'ils voulaient bien considérer. Il se tenait alors bien droit, sans bouger, à quelques dizaines de centimètres seulement de la seule femme qu'il n'ait jamais aimée.

— Je ne regrette rien, Joy. Rien du tout.

Celle-ci ouvrit la bouche et la referma. Un rayon de tendresse inondait son corps et illuminait ses yeux. Elle irradiait et Eran ne put demeurer insensible à cette beauté juvénile presque identique à celle qu'il avait abandonné il y avait plus de quinze ans. Pourquoi n'avaient-ils jamais tenté de se revoir, pas même une fois ? Peut-être craignaient-ils de ne plus parvenir à s'éloigner à nouveau, à commettre le même acte inéluctable ? La question demeurera en suspend.

— J'aurais simplement aimé profiter de mon fils avant qu'il ne me considère comme un étranger. La seule chose que j'ai pu faire, c'est vendre toute mon énergie à cette cause.

— Tu as fait ce qu'il fallait, Eran. Tu as fait de ton mieux et ne crois pas que je t'en veux.

Elle avait prononcé ces paroles à mi-voix, comme un aveu honteux, personnel.

— Je suis heureux que tu sois là, articula l'homme, sur le même ton.

— Je craignais ce moment, mais je suis terriblement heureuse de te revoir. Même si...

— Je sais, les années ont passé.

— Rien ne sera jamais comme avant.

Ils opinèrent lentement. Joy le dévorait du regard, les mots piquaient sa langue et ses yeux. L'émotion la trahissait et les paroles ne suffisaient plus à l'exprimer. Il y avait en elle un désespoir profond, implanté dans son être depuis trop longtemps. Elle retenait ses larmes pour laisser le bonheur la submerger, effacer la peine qu'elle n'avait jamais osé exprimer. Eran s'approcha et, d'une main tremblante qui paraissait demander la permission d'achever son geste, parcourut du bout des doigts le velouté de la joue ronde et tendre. Il se mordit les lèvres, lui aussi luttant contre un sentiment traître et prêt à l'achever. Son cœur martelait sa cage thoracique si fort qu'il craignait qu'elle n'explose. Il souffla comme si un sanglot venait de l'ébranler, ses doigts retraçant des courbes qu'il pensait avoir oubliées.

— Tu m'as manqué, Joy.

Il ne lui laissa pas le loisir de compléter l'évidence, il conquit ses lèvres avec une délicatesse qui le surprit. Il l'embrassa, les yeux clos, une larme échouée au creux de ses cils. Ils échangèrent un baiser au goût de sel, de sang, de sacrifice et d'inespérées retrouvailles.


Des retrouvailles brûlantes que je tenais à écrire. Ces deux-là devaient forcément se retrouver un jour ou l'autre et la petite famille est enfin réunie (si c'est pas beau)... J'espère que ce passage vous aura plu, il a une certaine importance dans la progression de l'intrigue et j'y tenais. 

Passez de belles fêtes <3

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro