Attendre, encore et toujours,

Laisser gambader celui qui n'a plus cours.

Permettre aux minutes, aux secondes,

De m'effacer progressivement de ce monde.

Mais comme tout un chacun, je suis pressé de vivre,

Urgemment poussé par un désir de temps libre.

Comment deux petites lignes si fines et si sombres,

Peuvent-elles réguler mon temps en lettres et en nombres ?

Me voici prisonnier d'une unité

Qui ne se définit que par des instants limités.

Je voudrais tant pouvoir choisir sa valeur,

Mais pas sa nature. Bonheur... malheur...

Le destin est tout autre chose,

Une entité face à laquelle, me dresser, je n'ose.

Alors quoi ? Suis-je condamné à sans cesse devoir compter

Les heures qui visiblement me sont contées ?

Eh bien non, je m'y refuse !

Je veux pleinement profiter de ce moment où mes idées fusent,

Et je décide que jamais il ne prendra fin,

Que désormais aujourd'hui, c'est demain.

Pourquoi après tout lui laisser la part belle,

Alors que mon âme, en son sein, se rebelle ?

Désormais, je serai seul maître à bord,

Agissant sans contrainte sur mon propre sort.

Mon esprit cherche à librement s'exprimer,

Refusant par un décompte de se laisser brimer.

L'inspiration est éternelle, paraît-il,

Alors oui, que le temps file...

Qu'il égrène ce qu'il pense être juste,

Car tapi dans mon coin, tranquillement, je déguste,

Non pas quelque chose de volé,

Non pas quelque chose de donné,

Juste quelque chose que j'attendais,

Depuis bien trop longtemps déjà,

Mais qui en réalité, n'a jamais existé,

Au temps pour moi...