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Révélation

Contexte :

846. Le mur Maria est tombé et l'humanité s'est réfugié derrière le mur Rose. Mais la population est trop nombreuse par rapport aux ressources disponibles. Le gouvernement organise alors une grande opération reconquête du mur Maria. Un bien joli nom pour une opération destinée ni plus ni moins à réduire la population.

Dans ce contexte, Levi a décidé de se porter volontaire pour escorter l'expédition. Mais Erwin n'est absolument pas de cet avis.

Note : je n'utilise pas le grade caporal-chef de la VF mais capitaine comme en anglais tout simplement par habitude. Et du coup du plus gradé au moins gradé ça donne la hiérarchie commandant > capitaine > lieutenant

*****

Hello ! Me revoilà avec un nouvel OS !

On fait un saut dans le temps de 2 ans par rapport à l'OS précédent ! Vous allez commencer à comprendre un peu le principe du recueil où je n'écris pas chronologiquement mais en fonction de l'inspiration.

Erwin a beaucoup évolué depuis les 2 premiers OS, tout comme sa relation avec Levi.

Rassurez-vous, je compte écrire sur ce qu'il se passe entre un jour ;)

Bonne lecture

*****

Achilles, Achilles
Achilles come down won't you
Get up off
Get up off the root?

The self is not so weightless
Nor whole and unbroken
Remember the pact of our youth

Where you go
I'm going
So jump and I'm jumping
Since there is no me without you

Achilles Come Down – Gang of Youths

Janvier 846

— C'est hors de question.

— Je ne te demande pas ton autorisation. Je t'informe, grince le lieutenant.

Les yeux dans les yeux, les deux hommes se toisent depuis maintenant plusieurs minutes, Erwin assis à son bureau et Levi debout au milieu de la pièce.

— C'est non, Levi. Je ne te mettrai pas sur cette liste, répète pour la troisième fois Erwin d'un ton implacable.

— Que je sois ou non sur ta putain de liste, je partirai demain avec les autres.

— Je suis le commandant de ce Bataillon, tu feras ce que je te dis ! Et je t'ordonne de rester ici !

— Essaye de m'en empêcher, qu'on se marre.

Levi commence à perdre patience. Erwin le voit dans ses gestes et ses sourcils froncés. Mais il ne compte absolument pas céder. Jamais. Lui vivant, Levi ne participera pas à « l'opération reconquête du mur Maria ». Un bien joli nom pour une mission suicide destinée uniquement à réduire la population pour éviter la famine.
250 000 personnes. Le gouvernement a décidé de sacrifier 250 000 personnes. Rien que d'y penser, Erwin a la nausée. Mais il n'a pas son mot à dire, même en tant que nouveau commandant du Bataillon d'Exploration. Personne n'écoute jamais le Bataillon. Il n'a aucun poids face à la noblesse. Et même Pixis, commandant de la Garnison, n'a pas été écouté. Lui aussi s'est fermement opposé cette décision. Mais c'était sans espoir.

Ils n'ont pas le choix. Du moins, Erwin essaye de s'en persuader. Sinon il n'arrivera jamais à accepter cette décision. C'est un sacrifice nécessaire. Vital. Pour la survie de l'humanité. Sinon, ils sont tous condamnés, n'est-ce pas ?

— Ne m'oblige pas à t'enfermer dans une cellule.

Si c'est le seul moyen pour obliger Levi à rester, Erwin en est parfaitement capable. Il n'a qu'un ordre à donner.

— Parce que tu crois que qui que ce soit ici est capable de m'arrêter ?

— Mike et moi avons bien...

— Parce que j'avais décidé de me laisser capturer, le coupe Levi avec arrogance.

Erwin veut bien lui accorder ce point. Mais il a d'autres moyens que la force à sa disposition. Il pourrait facilement mettre la main sur des tranquillisants. Quelques gouttes discrètes dans un verre, ou mêlées à son repas du soir, et le tour est joué. Erwin est prêt à tout. Levi ne partira pas. Levi n'ira pas offrir son cœur pour... pour rien. Cette opération est vouée à l'échec. Elle est inutile. On pourrait aussi bien aligner 250 000 personnes et leur tirer une balle dans la tête, les uns après les autres. Mais les munitions sont trop précieuses pour être gaspillées ainsi.

— Tu ne sembles pas comprendre la situation. Je ne laisserai pas mon meilleur soldat se joindre à une mission suicide.

— Donc tu l'admets. On va vraiment envoyer 250 000 civils à la mort !

— Parce que tu en doutais encore ?!

Erwin ne pense pas que Levi ait cru une seconde que cette opération avait ne serait-ce qu'une minuscule chance de succès. Personne ne le dit à voix haute, mais tout le monde le sait. Y compris les volontaires. Sont-ils réellement des volontaires d'ailleurs ? Des parents, des grands-parents, des grands frères et grandes sœurs prêts à se sacrifier pour que les enfants aient droit à un peu de pain cet hiver. Ont-ils réellement le choix ? S'il n'y avait pas eu de volontaires, le gouvernement aurait tiré au sort des noms. Sans distinction.

— Non, mais je croyais que tu avais dévoué ta vie à l'humanité, crache Levi en plissant les yeux.

— C'est le cas. Mais je n'ai ni le pouvoir d'arrêter cette opération, ni les moyens de reconquérir le mur Maria aujourd'hui, ni de solution pour nourrir toute la population.

— Ça va être un massacre.

Douleur dans les yeux gris. Erwin s'imagine se lever, contourner son bureau et le prendre dans ses bras. Pour lui murmurer à l'oreille que tout ira bien. Il lui dirait qu'il a le droit de pleurer. Il le supplierait de ne pas l'abandonner. Et de rester. Pour lui.

— Ils seront escortés par des soldats, rappelle Erwin avec une indifférence feinte. Peut-être que... il y aura peut-être des survivants.

— Et je ferais partie de cette escorte, déclare Levi. Tu l'as dit toi-même, je suis le meilleur. Je protégerai ceux que je peux. Et je rentrerai.

— Tu sais très bien que c'est faux.

Si par chance, il y a des survivants, ça sera parce que certaines personnes auront eu le bon sens de se cacher. De fuir pendant que les titans seront occupés à dévorer d'autres personnes. Erwin connaît trop bien Levi. Il est incapable de laisser qui que ce soit derrière. Plusieurs fois en expédition, il a manqué de se faire tuer parce qu'il refusait d'abandonner des soldats déjà condamnés. Erwin est le seul à parvenir à le raisonner dans ces moments-là, et heureusement. Sans Erwin à ses côtés pour l'arrêter, Levi se battra jusqu'à ne plus avoir de gaz, plus de lames.

Et même à ce moment-là, il ne fuira pas. Il sortira un couteau, n'importe quoi. Il se battra jusqu'à être réduit en charpie.

— Alors pourquoi on envoie tous ces soldats ? Si ça sert à rien, si de toute manière il n'y aura qu'une poignée de survivants !

— Pour le moral, répond Erwin avec une honnêteté brute.

Ce n'est plus la peine de prendre des pincettes. Levi veut la vérité ? Il l'aura.

— Pour éviter la révolte. Pour donner l'illusion que cette opération a une chance de réussir.

Mille hommes de la Garnison, deux cent des Brigades Spéciales et cinquante du Bataillon d'Exploration. Pour ce dernier, cela représente presque la moitié de son effectif, la dernière expédition et l'opération d'évacuation du mur Maria ayant déjà coûté la vie à quatre-vingt-douze soldats du Bataillon. Après ça, ils ne seront plus qu'une cinquantaine.

— Si nous voulons un jour reprendre les territoires perdus et récupérer le mur Maria, nous avons besoin de conserver nos meilleurs éléments, explique calmement Erwin. Tu en fais partie. Tu es le meilleur soldat de l'humanité, Levi. J'aurais besoin de toi à ce moment-là.

— Donc c'est pour ça ? Tu veux garder ta meilleure arme en réserve... crache le lieutenant.

— Oui.

Cette réponse est sans doute la plus appropriée. La plus rationnelle. La seule qu'Erwin puisse donner à Levi sans franchir la ligne sur laquelle ils ont malheureusement déjà marchée. Face à lui, Levi serre les dents, il le voit à la contraction de sa mâchoire. Il est blessé. Erwin sait à quel point Levi déteste être considéré comme un pion sur un échiquier qu'Erwin peut bouger à sa guise. Et justement. Levi n'est pas un pion. Il est la reine. La pièce maîtresse pour laquelle on sacrifie sans hésitation des pions. Mike le cavalier, Hange le fou et lui la tour. Le roi étant bien sûr l'humanité. Et pour protéger le roi, il faut sacrifier les pièces une par une si nécessaire. Mais au bon moment.

Levi reste silencieux un moment. Erwin remarque ses poings serrés, il doit avoir ses ongles enfoncés dans ses paumes. L'homme finit par détourner les yeux et s'approcher de la fenêtre derrière le bureau du commandant. Erwin se force à continuer à regarder droit devant lui alors qu'il imagine sans peine Levi poser le front contre la vitre. Dans la cour de la caserne est organisée en ce moment-même une distribution de nourriture, à destination des réfugiés du mur Maria.

— Et si... Et si je prenais leur place ? murmure Levi dans son dos, sans doute toujours le regard rivé sur la file des réfugiés. Garde les cinquante de la liste pour la vraie reconquête du mur Maria et envoie-moi à leur place. Je suis « le plus puissant soldat de l'humanité », ma présence suffira à remonter le moral de tout le monde.

— Tu vaux plus que cinquante soldats, Levi. Et même si je faisais cet échange, cela voudrait dire qu'il faudrait que 49 civils supplémentaires se joignent à l'opération.

En réalité, Erwin n'en sait rien, mais il espère que cet argument aidera Levi à accepter de rester de son plein gré.

— Putain...

À entendre le tremblement dans la voix de Levi, Erwin sent son cœur se serrer. Tourne-toi. Prends-le dans tes bras, lui souffle une petite voix dans sa tête. Donne-lui une bonne raison de rester.

Mais à la place, Erwin baisse les yeux sur la fameuse liste. Il a écrit lui-même les cinquante noms. Cinquante hommes. Cinquante camarades. Cinquante vies humaines qui seront sacrifiées demain. Il connait personnellement chacun de ces hommes et de ces femmes. Ils se sont tous portés volontaire. Et Erwin les a félicité pour leur courage. Il n'a refusé aucun volontaire. Pas même Claudia. Cheffe d'escouade et capitaine. Elle était dans sa brigade d'entraînement. Elle est d'ailleurs la seule camarade de cette époque qu'il lui reste dans le Bataillon. Restait.

Dans son dos, il entend Levi bouger. Faire quelques pas. Il sent sa présence à sa droite, voit sa silhouette à la périphérie de son regard toujours rivé sur le parchemin.

— Et si je te promets de revenir ?

— ARRÊTE !

Il a hurlé sans le vouloir. Erwin passe une main sur son visage, essayant de retrouver son calme.

— Tu n'iras pas. Tu es trop important. Et même si tu étais un soldat ordinaire, je ne te laisserai pas y aller.

Tu n'aurais pas dû dire ça.

Le rire de Levi s'élève dans la pièce. Levi ne rit pas souvent. Pratiquement jamais, à vrai dire. C'est un rire moqueur, bref, avec une pointe de mépris. Un rire qui touche Erwin en plein cœur. Levi ne le croit pas. Alors que Rose, s'il savait...

Changement de tactique. Puisque Levi ne veut pas entendre raison, il l'obligera à rester d'une autre manière. Et tant pis si pour cela, il doit exploiter sa plus grande faiblesse.

— Tu sais quoi ? D'accord. Tu iras. Tu prendras la place de... Ryan.

Ryan est le soldat le plus jeune de la liste. Seulement dix-sept ans. Et pourtant prêt à offrir son cœur pour l'humanité.

Sous le regard médusé de Levi, Erwin attrape sa plume et raye le nom de Ryan, puis celui de Claudia. Et ajoute en bas de la liste, de sa plus belle écriture, en faisant en sorte que Levi puisse lire par-dessus son épaule.

Levi
Erwin Sm

Il n'a même pas le temps de tracer les dernières lettres que Levi a déjà attrapé son poignet.

— Qu'est-ce que tu fous ?!

— Je te mets sur la liste. Ce n'est pas ce que tu voulais ? s'étonne faussement Erwin en se tournant vers l'homme.

Pas de réponse. Dans le regard gris orage, la colère a laissé place à la peur. Et la douleur. Erwin en a la nausée. Il se déteste d'en arriver là, mais si c'est la seule solution... Si pour faire changer d'avis Levi, il doit briser leur fragile statu quo, il le fera.

— Je t'accompagnerai. Comme tu le dis si bien, notre participation remontera le moral des troupes. Et si je mène moi-même l'opération, il y a peu de chance pour qu'une révolte de dernière minute éclate demain matin au moment du départ.

— Tu... tu es le commandant de... du Bataillon, tu ne peux p... bégaye presque Levi.

Sa vulnérabilité soudaine est douloureuse, pourtant Erwin parvient à contenir son instinct qui lui hurle d'arrêter ce jeu cruel. Et de dire la vérité. Je ne veux pas que tu meures. Je ne le supporterai pas. Alors reste. Reste avec moi. J'ai besoin de toi.

— Mike me succédera. Je comptais former Hange, mais iel est encore un peu jeune. Mike fera l'affaire.

Levi a refermé la bouche. Ses lèvres pincées sont sans doute le signe qu'il se retient de parler. De dire quelque chose qu'il regretterait. Erwin soutient ce regard chargé d'incompréhension et de peur alors que son cœur s'emballe. Les doigts de Levi sont toujours crochetés sur son poignet.

C'est la première fois qu'ils se touchent depuis des mois. Depuis ce jour où Erwin est rentré avec un groupe de réfugiés, presque une semaine après la chute du mur Maria. Entre temps, il avait été déclaré porté disparu. Tout le monde pensait qu'il était mort.

Ce jour-là, lorsque Erwin est arrivé à la caserne, couvert de boue et de sang, épuisé, mais soulagé... Levi l'a embrassé. Et Erwin n'a pas eu d'autre choix que de le repousser. Même s'il ne demandait qu'à se perdre dans ce baiser. Il ne faut pas. Levi est son subordonné. Ce ne serait pas correct. Il ne peut pas se permettre d'être distrait, ni de constituer une distraction pour son meilleur soldat. L'humanité a besoin d'eux.

Ils ont beau s'être promis d'oublier cet incident, de ne plus jamais en parler et de faire comme si de rien n'était, il y a des jours où c'est plus difficile que d'autres. Surtout pour Erwin. Parce que maintenant il sait. Il sait que Levi l'aime, même s'il ne l'a jamais dit clairement. Il s'en doutait depuis quelques mois, mais avant ce baiser, il arrivait encore à se persuader qu'il surinterprétait les signes et que, peut-être, il se trompait. Maintenant, il n'y a plus aucun doute à avoir. Il n'aurait qu'un mot à dire, qu'un geste à faire, pour obtenir ce qu'il désire depuis beaucoup trop longtemps. Levi. Il a toutes les cartes en main. Mais il ne peut pas. Non, il ne doit pas.

— Tu bluffes, finit par cracher Levi en relâchant sa prise.

Il faut à Erwin toute sa volonté pour ne pas rattraper cette main qui l'a soudainement quitté.

— Pas le moins du monde.

— Tu sais très bien que tu es le seul à être réellement capable de reprendre le mur Maria. Et que Mike n'a pas les épaules pour te remplacer.

— Personne n'est irremplaçable, assure Erwin sans ciller.

— Je ne te laisserais pas te sacrifier pour rien !

— Alors tu comprendras que je ne peux pas te laisser y aller !

— T'as pas le droit de me faire du chantage comme ça ! se défend Levi.

Je sais. Ce n'est pas juste. Mais la vie n'est pas juste. Je sais que tu m'aimes et que pour m'empêcher de participer à cette opération, tu resteras.

Levi a toujours été comme ça. Prêt à se sacrifier pour les autres, mais incapable d'accepter l'inverse. C'est d'ailleurs pour ça qu'Erwin sait que Levi ne sera jamais commandant et qu'il envisage de plutôt former Hange, bien que Levi ait un meilleur leadership. Levi ne peut pas ordonner à quelqu'un d'offrir son cœur, même si c'est nécessaire. Il offrira toujours le sien d'abord. Cela fait partie des nombreuses raisons pour lesquelles Erwin l'aime. Parce qu'il est différent. Plus juste, plus héroïque, plus altruiste qu'il ne le sera jamais.

— J'ai tous les droits ! tonne Erwin en taisant ses véritables pensées.

— C'est ma vie ! J'en fais ce que je veux !

— Ta vie appartient au Bataillon d'Exploration ! Et c'est à moi de décider ce que tu en fais !

Les répliques s'enchaînent. Erwin ne réfléchit plus. Le ton monte. Il s'est levé de sa chaise pour toiser Levi de toute sa hauteur. L'homme est tellement plus petit que lui qu'il se retrouve obligé de se tordre le cou pour regarder Erwin dans les yeux.

— Alors je démissionne et je me porte volontaire en tant que civil !

— Je t'interdis de faire ça !

— Et moi je t'emmerde ! hurle Levi en agitant les bras.

— Surveille ton langage ! Je te rappelle que tu parles à ton commandant !

La voix d'Erwin est devenu un grondement. Il ne pensait pas qu'ils en arriveraient à se hurler dessus. À tous les coups, on les entend jusque dans le couloir, mais Erwin est trop en colère pour s'en soucier. Il ne comprend pas pourquoi Levi tient à ce point à participer à cette stupide expédition.

— Eh bah j'emmerde mon commandant !

— Pourquoi tu t'entêtes comme ça ?!

— Et pourquoi tu m'empêches de faire ce que je veux ?!

— Tu veux dire mourir pour rien ?!

Il avait remarqué que ces derniers temps, Levi n'était pas au mieux de sa forme. Il le trouvait plus sombre, plus distant, et encore plus silencieux que d'habitude. Mais il avait mis ça sur le compte de la gêne qui s'était formée entre eux, et sur la chute du mur Maria. Mais aurait-il des idées noires ? Au point de vouloir se jeter dans les bras de la mort à la première occasion ?

— Je ne PEUX PAS rester les bras croisés en attendant que 250 000 personnes se fassent bouffer ! C'est si difficile à comprendre ?!

— ET MOI JE NE PEUX PAS TE LAISSER Y ALLER !

— POURQUOI ?!

— PARCE QUE JE T'AIME !

Le silence tombe. Levi reste immobile, les yeux écarquillés. Erwin met plusieurs secondes à réaliser ce qu'il vient de laisser échapper. Tu n'aurais pas dû dire ça, se répète-t-il pour la deuxième fois depuis le début de cette conversation.

Détournant les yeux, le commandant se rassoit dans son fauteuil. Ses gestes sont lents, ses mains tremblent à cause de l'adrénaline. Il n'arrive plus à réfléchir correctement. Tout ce à quoi il pense, c'est à cette confession qu'il vient de faire. Et il en veut à Levi. C'est sa faute. C'est lui qui l'a poussé à bout.

— Quoi... ?

— Je suis désolé, je n'aurais jamais dû dire ça, répond Erwin sans parvenir à regarder l'homme dans les yeux.

— Mais tu... je croyais que... enfin quand j'ai...

Levi cherche ses mots et ne parvient même plus à faire une phrase complète. Erwin imagine sans peine ses yeux en amande se plisser, ses sourcils se froncer et sa bouche entrouverte.

— J'ai dit..., commence Erwin.

Il marque une pause, prenant le temps de construire sa réponse dans son esprit. Ce n'est pas le moment de parler sans réfléchir. Il doit choisir ses mots avec soin.

— J'ai dit que je ne pouvais pas être avec toi, parce que je suis ton supérieur. Mais ça ne signifie pas que...

Cette phrase est trop dure à terminer. Comment la terminer ? Ça ne signifie pas que je n'ai pas de sentiments pour toi ? Ça ne signifie pas que je ne t'aime pas ? Ça ne signifie pas que je ne suis pas fou amoureux de toi ? Toutes ces possibilités sont à la fois trop et pas assez. Trop passionnées et trop déplacées. Mais pas assez fortes pour exprimer l'intensité de ses sentiments. De cet amour qui le déchire depuis des mois. De cette attirance qu'il a toujours ressentie, depuis le premier jour, depuis que Levi a croisé son chemin dans la ville souterraine. Attirance qui est devenue tellement plus, sans qu'il s'en rende réellement compte. Et le jour où il en a pris conscience, il était déjà trop tard. Il ne peut pas lutter contre cet amour.

— Erwin...

Cette manière qu'il a de murmurer son prénom. Si douce et si tendre. Entre le mot d'amour et la supplication. Erwin est parcouru d'un long frisson. Et encore une fois, il garde les yeux rivés sur son bureau.

— Vous pouvez disposer, déclare-t-il en tentant de contrôler les tremblements de sa voix.

Mettre de la distance. Repasser au vouvoiement. Se reposer sur la hiérarchie.

— Erwin...

— C'est un ordre, lieutenant.

Nouveau silence. Il s'étire à l'infini.

Ne le regarde pas. Ne le regarde pas ou tu vas craquer.

Il a envie de tourner la tête. De se plonger dans ses yeux gris. De se lever. De le prendre dans ses bras. De l'embrasser à en perdre haleine. L'embrasser comme il aurait voulu le faire la dernière fois. Goûter ses lèvres, sa langue, sentir son odeur, toucher ses cheveux. Le serrer contre lui. Le déshabiller, le renverser sur le bureau, lui écarter les cuisses...

S'il répète encore une fois son prénom de cette manière, il n'est pas sûr de pouvoir résister. L'attraper et le faire sien. Comme il l'a toujours voulu. Parce que l'avoir pour allié et ami ne suffit pas. Il a essayé de se persuader que oui, mais il n'y parvient plus. Il veut plus. Tellement plus.

— À vos ordres, mon commandant.

Erwin ferme les yeux. C'est bien. Levi s'est repris. C'est une bonne chose, n'est-ce pas ? C'est ce qu'il voulait. Dresser une barrière entre eux. Le commandant et son lieutenant. Rien de plus.

— Et vous n'irez pas demain, ajoute-t-il avec fermeté.

— Oui, mon commandant.

C'est douloureux. Entendre la voix indifférente de Levi, libérée de toute émotion. Mais c'est mieux ainsi. Ils doivent tous les deux se souvenir de leur position, de leur rôle et de leur objectif. La lutte contre les titans. La survie de l'humanité. C'est tout ce qui compte. C'est ce qui doit primer sur tout le reste.

Les yeux toujours clos, Erwin entend Levi tourner les talons. Le bruit de son pantalon qui frotte au niveau des cuisses, le léger tintement des parties métalliques de l'équipement tridimentionnel, le grincement du parquet sous ses bottes. Il ouvre la porte, s'arrête un instant, peut-être pour le regarder. Mais Erwin ne rouvre pas les yeux. Il penche la tête de façon à appuyer son front sur ses mains jointes au-dessus du bureau. Et il attend. Longtemps. Jusqu'à ce que Levi se décide à quitter définitivement les lieux, en refermant doucement la porte derrière lui.

Erwin reste plusieurs minutes immobile. Et lorsqu'il se redresse enfin, il remarque que ses larmes ont formé de traces sur la liste des volontaires. Liste où le nom de Levi et le sien sont toujours inscrits en bas.

Alors il prend un nouveau parchemin, trempe sa plume dans l'encrier et commence à recopier les noms les uns après les autres. Y compris celui de Ryan et de Claudia.

*****

C'est tout pour aujourd'hui !

J'espère que vous avez apprécié votre lecture :)

A la prochaine !

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