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Décision

Contexte : septembre 844

Après neuf mois au Bataillon d'Exploration, Levi a décidé de partir.
Mais ce qui semblait être la bonne décision il y a trois mois quand il a déposé sa demande de démission, apparaît aujourd'hui beaucoup moins évident.
Et il y a une chose qu'il ne comprend pas, c'est pourquoi Smith ne cherche pas à le retenir.

***

Hello !

J'espère que vous allez bien ^^

Premier POV Levi de ce recueil ! Enfin !

J'aime beaucoup me mettre dans sa tête, surtout à cette période où il a du mal à savoir sur quel pied danser avec Erwin.

Bonne lecture !

*******

Now tell me: how did all my dreams turn to nightmares?
How did I lose it when I was right there?
Now I'm so far that it feels like it's all gone to pieces
Tell me why the world never fights fair?
I'm trying to find

Home
A place where I can go
To take this off my shoulders
Someone take me home

Home – Machine Gun Kelly, X Ambassadors & Bebe Rexha

Septembre 844

Après neuf mois à porter l'uniforme du Bataillon d'Exploration, c'est la première fois que Levi revêt ses vêtements d'avant. Ceux-là mêmes qu'il portait le jour où il a été arrêté par Smith. Même durant ses jours de repos, il préférait garder les pantalons et chemises blanches réglementaires, les sangles de l'équipement en moins. Il n'a jamais pris le temps d'aller en acheter d'autres, bien qu'il en aurait eu les moyens avec sa paye de soldat. Pas le temps, pas l'énergie. Et s'il devait être honnête avec lui-même, il avait surtout peur de ne pas savoir comment les choisir, interagir avec les vendeurs, savoir lesquels étaient à la mode ou non, quelle était sa taille.

Cette chemise, ce pantalon et ce veston sont l'œuvre de Furlan, à partir de chutes de tissus achetées beaucoup trop chères et d'un vieux drap. Ils sont rapiécés de tous les côtés, raison pour laquelle il a évité de les porter ici. Il n'aurait jamais cru que cela arriverait un jour, mais oui, il a honte d'où il vient. Bien sûr, tous les soldats du Bataillon ne sont pas issus de la haute société, loin de là, mais eux ont toujours vécu à la surface. Il se passe rarement une journée sans que quelqu'un fasse un commentaire sur ses origines ou son passé de voleur. Enfin, à bien y réfléchir, ce n'est pas arrivé depuis un moment. À croire que les soldats ont fini par se lasser. Oui, c'est forcément ça. Levi n'imagine pas une seconde qu'il ait pu gagner leur respect, quand bien même a-t-il sauvé le cul d'un bon nombre d'entre eux lors de la dernière grande expédition.

L'homme passe ses mains sur le veston marron, lissant les quelques plis. Il va devoir prendre sur lui et aller en acheter des nouveaux. Si seulement Furlan était encore là, il aurait pu l'accompagner. Ou mieux, s'en occuper à sa place. Mais Furlan n'est plus là. Et Isabel non plus. Il est seul.

Dans le fond, il l'a toujours été. Seul. Mais ces dernières années, il s'était autorisé à imaginer qu'il formait une famille avec Furlan et Isabel. Une famille de cœur. Sauf qu'apparemment, il n'a même pas droit à ça. À croire que tous ceux qui s'approchent de lui finissent soit par mourir, soit par partir. Le visage de Kenny s'impose à lui. « Tu ne peux compter que sur toi-même, gamin. N'oublie jamais ça » qu'il disait. Aujourd'hui, Levi comprend qu'il avait raison. Et il se promet de ne plus jamais refaire cette erreur.

Il n'a pas grand-chose à emporter avec lui. Les écussons de Furlan et d'Isabel, deux tasses et une théière – seuls objets qu'il a osé s'offrir avec ses gages –, quelques sous-vêtements, ses papiers d'identité qu'il est incapable de lire. Cette boîte de thé sans doute beaucoup trop chère que Smith lui a offert sans raison et qu'il n'a pas réussi à refuser. Ses couteaux. Son argent, plus qu'il en a rarement eu.

Pratiquement huit mois de salaire. Au Bataillon, la nourriture, le logement et les uniformes étant pris en charge, ses dépenses ont été minimes. Pas d'alcool, de cigarettes, de femmes. Pas de famille à soutenir. Son petit pécule est quasiment intact. Avec ça, il a de quoi commencer une nouvelle vie.

Alors qu'il s'apprête à quitter le dortoir, son sac sur l'épaule, il est interrompu par l'arrivée soudaine de plusieurs soldats. Des soldats de son escouade. Enfin non, pas de son escouade : de la 3e escouade. À partir d'aujourd'hui, il n'en fait plus partie. En quelques secondes, une douzaine d'hommes et de femmes ont investi le dortoir.

— T'es sérieux Levi ? Tu vas vraiment nous laisser tomber ? demande Moses, les bras croisés.

— J'ai posé ma démission il y a trois mois, je ne l'ai jamais caché, répond-il simplement.

— On sait. Mais après l'expédition du mois dernier, on pensait que... commence Kyle.

— Tu allais changer d'avis, complète Julian, son chef d'équipe.

Non, son ancien chef d'équipe.

— Leviiiii... S'il te plaît, reste avec nouuuus, gémit Hange en s'approchant dangereusement.

Avant qu'il n'ait pu réfléchir à comment esquiver la jeune femme, Levi est pris au piège de ses bras. Il pourrait la repousser facilement, mais il n'a pas envie de lui faire mal. Et c'est qu'elle le serre fort en plus !

— Lâche-moi, marmonne-t-il en se débattant.

— Tu vas trop me manqueeeeer !

Hange a passé ses bras autour de son cou de façon à le maintenir contre elle. Alors qu'il se retrouve la tête dans ses seins, il sent ses joues le brûler.

— Hange ! Arrête ça !

Cette fois, il la repousse avec un peu plus de vigueur. Suffisamment pour l'obliger à le lâcher, mais pas assez pour la blesser. Il a toujours beaucoup de mal à mesurer sa force.

— Tu es sûr que tu ne veux pas rester encore un peu ? demande Ulrich.

Tous les regards sont tournés vers lui, Levi a rarement été aussi mal à l'aise. Il ne sait même pas quoi répondre à son camarade. Est-ce qu'il est sûr ? Pas vraiment. Mais il sait qu'il n'a jamais réellement voulu intégrer le Bataillon. Aussi quand Smith lui a révélé qu'il pouvait partir quand il le voulait, Levi n'a pas hésité longtemps.

Quelques jours après, il a profité d'un de ses jours de repos pour se rendre dans une de ces boutiques qui vendent des livres, à Shiganshina. En échange de quelques pièces, il a réussi à convaincre une vendeuse de rédiger sa lettre de démission. Il n'avait aucune idée de ce qu'il fallait mettre dedans et a laissé cette inconnue improviser, et cette dernière s'est visiblement bien débrouillée puisque Shadis n'a fait aucun commentaire sur la forme.

Par contre sur le contenu, le commandant avait des choses à dire. Il n'était pas ravi que leur nouvelle arme anti-titans se fasse la malle. Levi a même cru qu'il ne le laisserait pas partir. Et ça aurait sans doute fini comme ça si Smith n'était pas intervenu. Levi ignore ce qu'il a bien pu raconter à Shadis, mais le fait est qu'aujourd'hui, il est sur le départ. Et c'est sans doute grâce à Smith. À croire que l'homme se sent encore coupable de la mort de ses amis. Au point de le laisser partir ?

Levi a bien du mal à comprendre cet homme. Il s'est démené pour le recruter, a été jusqu'à déclarer qu'il voyait Levi comme le nouvel espoir de l'Humanité et pourtant il le laisse s'en aller ? Levi n'est vraisemblablement pas aussi important à ses yeux qu'il le pensait. Peut-être a-t-il été déçu de ses performances, peut-être a-t-il estimé que ça ne valait pas la peine de le convaincre de rester ? Levi ne l'avouera jamais, mais il aurait au moins aimé voir Smith essayer.

Bien sûr, il a eu droit à quelques discours. Et à cette attitude faussement amicale qui a le don de lui hérisser le poil. Il déteste l'hypocrisie. Or Smith est maître en la matière. Il y a quelque chose dans son regard et dans sa manière de s'adresser à lui... Quelque chose de faux. Levi ne saurait pas exactement expliquer quoi, mais il est persuadé que Smith n'a jamais été totalement honnête avec lui. Ou plutôt, qu'il est toujours dans le contrôle. Comme s'il avait quelque chose à cacher.

— On aurait vraiment aimé que tu restes, Levi, admet Julian avec un soupir.

— On ? s'étonne Levi.

— Eh bien, à peu près tout le monde dans le Bataillon.

Encore des mensonges. Levi détourne le regard, contenant tant bien que mal sa colère. Vraiment ? « À peu près tout le monde » aurait voulu qu'il reste ? N'importe quoi. « À peu près tout le monde » doit surtout être content de le voir partir. « À peu près tout le monde » lui a bien fait comprendre qu'il n'était pas à sa place ici et qu'il aurait dû rester dans les Bas-Fonds.

Un silence gênant s'est installé et Levi ignore comment se sortir de là. Il aurait aimé pouvoir s'en aller sans dire au revoir à personne. Parce que maintenant que ces hommes et ces femmes sont là, devant lui, à essayer de le retenir... il a presque envie de rester. Pire, il a l'impression qu'ils le considèrent comme l'un des leurs. Peut-être même un ami. Or il sait que c'est faux.

— Bon bah... on voulait juste te dire au revoir, finit par déclarer Kyle.

— Et te remercier, ajoute Dora. Pour tout ce qui a fait pour le Bataillon.

— Sans toi, je pense qu'on serait nombreux à ne plus être là, admet Ulrich.

Merde. Pourquoi a-t-il l'impression d'être le pire des connards en s'en allant ? Qu'est-ce qu'ils vont devenir sans lui pour leur sauver les miches ? Pourquoi n'arrive-t-il pas à s'en foutre ? Pourquoi il se surprend à avoir peur pour eux ? Ils ne sont pas amis. N'est-ce pas ?

Il se retrouve à serrer des mains, à échanger des étreintes qui ne lui donnent même pas la nausée. Il se laisse porter par l'instant, en essayant de ne pas réfléchir à ce que ces adieux signifient. Et en faisant abstraction du nœud dans sa gorge.

— Le capitaine t'attend dans son bureau, l'informe Julian. Pour terminer la paperasse.

Le capitaine. Smith. Parce que Blondie a eu une promotion cet été. Capitaine, rien que ça. Levi est persuadé qu'un jour, ce type finira commandant. Et ça ne sera pas un mal, parce que Shadis est une vraie mauviette. Alors que Smith, au contraire, est solide comme un roc. Dans tout le Bataillon, il est le seul à avoir réellement les épaules pour mener l'Humanité à la victoire. Putain, voilà qu'il commence à penser comme lui... N'importe quoi. Que l'Humanité aille se faire foutre.

— Merci.

C'est tout ce que Levi parvient à dire. Et il est sincère. Il a l'impression que les regards sont humides, et il ne comprend pas pourquoi. Alors plutôt que de faire face, il préfère fuir. Son sac sur l'épaule, il quitte le dortoir sans se retourner.

***

Levi entre dans le bureau de Smith sans frapper. Il découvre l'homme assis à son bureau, penché sur ses cartes.

— Levi ?

— On m'a dit de venir te voir.

Il n'aura finalement jamais réussi à le vouvoyer, même en public. Et ne parlons pas de faire ce salut ridicule. Il s'est d'ailleurs fait reprendre plusieurs fois par Shadis et Julian. Pourtant, il a réussi à se forcer avec la plupart des officiers. Mais avec Smith, c'est différent. Peut-être parce que c'est lui qui l'a tiré des Bas-Fonds. Ou peut-être simplement parce que Smith ne l'a jamais demandé. Et une tentative de meurtre, ça rapproche.

Smith le dévisage de la tête aux pieds, avec ses grands yeux beaucoup trop bleus. Il a de l'encre sur le bout du nez, c'est ridicule. Mais ça le rend un peu plus humain que d'habitude, alors Levi ne dit rien.

— Tu es donc décidé ?

— Comme tu vois.

Levi s'est approché du bureau, décidé à en finir le plus vite possible. À vrai dire, il voudrait que cette conversation soit déjà terminée. Et être déjà loin de la belle gueule de Blondie, de ses cheveux parfaits et de ses grandes mains. Mains qui ouvrent un tiroir, saisissent un dossier et une enveloppe bombée. Smith a des mains immenses. Masculines. Puissantes. Levi s'est souvent demandé à quel point elles étaient plus grandes que les siennes. Il a parfois eu envie de coller sa paume contre celle de Smith, pour comparer. Il s'est aussi demandé si elles étaient douces ou calleuses. Chaudes ou froides.

L'une des mains s'est avancée vers lui et Levi se retrouve à la fixer pendant plusieurs secondes avant de réaliser que Smith est en réalité en train de lui tendre l'enveloppe. Il s'en empare, évitant soigneusement tout contact physique, avant d'en examiner le contenu.

Des billets. Beaucoup de billets. Plus qu'il devrait y en avoir.

— Eh, y a plus que ma solde du mois là-dedans, déclare-t-il en tendant l'enveloppe au capitaine.

Mais ce dernier ne fait pas un geste pour la récupérer.

— Je sais. Il y a aussi celles d'Isabel et Furlan, pour les cinq mois qu'ils ont passés dans le Bataillon, explique-t-il distraitement en sortant plusieurs feuilles du dossier.

— Hein ?

— Tu es ce qui se rapproche le plus d'un membre de la famille. Mais ça a pris un peu de temps, parce que l'administration voulait enquêter de leur côté pour savoir s'ils ne trouvaient pas d'autres héritiers.

— Il suffisait de me demander, je leur aurais dit qu'il y avait personne.

— Je m'en doute bien, mais c'est la procédure standard.

Sur ces mots, Smith aligne trois documents sur son bureau, face à Levi. Ce dernier s'était préparé à une telle situation, aussi fait-il semblant de se pencher pour les lire. Il est capable de reconnaître les lettres et en se concentrant, de déchiffrer quelques mots, mais ce n'est pas suffisant pour comprendre ces dizaines de lignes. Personne n'est au courant. Il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre qu'ici, tous les soldats avaient été à l'école et savaient lire. Et que si quelqu'un s'apercevait qu'il en était incapable, on allait encore se foutre de sa gueule.

Heureusement, il est rare qu'on lui demande de remplir des documents ou de lire quoi que ce soit. Les chefs d'équipe et chefs d'escouade sont justement là pour expliquer les plans. À partir de là, il lui suffisait de retenir ce qui était dit lors des briefs. Il a toujours eu une très bonne mémoire.

— Je signe les trois ?

— Oui. Il y en a un pour toi, un pour Shadis et un qu'on enverra à la capitale.

C'est donc trois exemplaires du même document. Bon à savoir. Levi imagine facilement qu'il est écrit quelque chose du style « je décide de partir, on m'a donné l'argent qu'on me devait, ciao les losers ». En plus raffiné peut-être.

Smith lui tend une plume. Ça aussi, il s'y est préparé, il a toujours vu les officiers en utiliser. Il en a volé une à Julian, avec un pot d'encre, pour s'entraîner. Il n'avait aucune envie de se ridiculiser en foutant de l'encre partout ou en trouant le papier avec cette merde. C'est Furlan qui lui a appris à écrire son nom. C'est toujours utile et il s'évite l'humiliation de signer avec une croix.

En prenant la plume, Levi ne peut éviter de frôler les doigts de Smith. Chauds et doux. Et à voir sa main si proche de celle de l'autre homme, il ne peut que constater leur immense différence de taille. Putain... Au moins, il part en ayant la réponse à cette question.

Smith s'est rassis dans son fauteuil. Et il a toujours cette putain de tache d'encre sur le nez. Levi a presque envie de lécher son pouce et de se pencher en avant pour l'effacer. Sa salive sur le visage de Smith. C'est dégueulasse et cette idée devrait lui donner la gerbe. Mais non, il a encore plus envie de le faire.

Coupant court à ces réflexions plus qu'irritantes, Levi se concentre sur les documents. Il y a une zone vierge en bas de la feuille, c'est sûrement l'endroit où il doit écrire son nom.

Face à lui, Smith reste silencieux. Et ce silence énerve Levi au plus haut point. Pourquoi ce type si bavard en temps normal a-t-il décidé de se la fermer ? Il ne va pas lui sortir un dernier grand discours ? Il n'essaye même pas de le convaincre de rester une dernière fois ? C'est quoi son problème exactement ? Où est le piège ? Si ça se trouve, ce ne sont pas des papiers pour quitter le Bataillon qu'il s'apprête à signer ? Peut-être qu'ils se sont rendu compte qu'il ne savait pas lire et qu'ils ont décidé d'en profiter ?

— Un problème ? s'inquiète faussement Blondie.

— À quoi tu joues, Smith ?

— Je te demande pardon ?

Ce qu'il peut l'énerver avec ses grands yeux bleus et sa gueule d'ange. Ah ça, Levi est sûr que le capitaine sait s'y prendre pour parvenir à ses fins. Il serait prêt à parier que Smith est passé maître dans l'art de séduire les comtesses et les baronnes à la con pour les forcer à renflouer les caisses du Bataillon. Peut-être même qu'il en saute une ou deux. Peut-être même qu'il fait pareil avec leurs porcs de maris. Mais lui, il ne se laisse pas berner par ses beaux yeux. Plutôt crever.

— C'est quoi la douille ? Pourquoi tu me laisses partir ?

— Je... je croyais que c'était ce que tu voulais, répond simplement l'homme avec une légère hésitation.

— Et depuis quand ce que je veux a de l'importance ?

— Levi, si tu as envie de rester, tu peux encore changer d'avis.

Encore une fois, ses paroles sonnent faux. Un truc cloche. Ça ne colle pas.

— Tu t'es fait chier à venir me chercher jusque dans la Ville Souterraine alors que tu savais que je voulais te buter, soit-disant pour sauver l'Humanité ou je ne sais quelle connerie, mais tu me laisses me casser sans moufter ? Elle est où l'arnaque ? Même Julian a essayé de me convaincre de rester ! Hange était à moitié en train de chialer tout à l'heure ! Et toi tu dis rien ?! Ça fait trois mois que tu fermes ta gueule ! C'est une stratégie, c'est ça ? Une stratégie pour me rendre dingue ?

Il a donné un grand coup de poing sur le bureau qui se met à trembler, renversant le pot à crayons du capitaine. Oh et il a cassé sa plume de merde au passage. Il la jette rageusement au visage de Smith qui fait toujours semblant de ne pas comprendre.

— Levi, même si je pense sincèrement que...

— Arrête avec tes belles phrases de merde ! le coupe immédiatement Levi. Dis ce que tu penses une fois dans ta vie !

— Levi, je te prie de te...

Ce qu'il peut l'énerver à répéter son prénom sans arrêt. Levi, Levi, Levi. Smith n'a que ça à la bouche ! On dirait qu'il fait exprès de le répéter 25 fois par jour !

— Tu me fais chier, Smith ! Jusqu'au bout t'as décidé de me faire chier !

— Qu'est-ce que tu veux exactement ? Tu veux que je te supplie de ne pas partir ?!

Ça y est. Blondie craque. Il s'emporte, il se met à crier. Et Levi ne pensait pas que ça le rendrait aussi heureux.

— Je veux la vérité ! C'est trop demander ?!

— Et moi je ne veux pas que tu partes !

Bah voilà. On y est. Levi ne retient pas un sourire moqueur. Face à lui, Smith essaye de retrouver son calme. Il inspire et expire profondément, passe ses mains sur son visage. Pendant un instant, Levi croit qu'il va réussir à essuyer la tache d'encre sur son nez, mais raté. Il va finir par être obligé de le faire lui-même.

— Alors pourquoi tu fais tout pour que je me barre ? C'est à cause de toi que Shadis a accepté ma démission, rappelle Levi.

Le calme est revenu dans la pièce. Levi reste debout, Erwin assis à son bureau. Ainsi, Levi le surplombe, ce qui est assez rare pour être noté. Et Levi apprécie beaucoup trop cette situation.

— Je veux que tu restes, mais je veux que tu aies envie de rester.

— Et si j'en ai pas envie ? Tu vas laisser ta machine à buter les titans se tirer comme ça ? Sans même te battre ?

— Est-ce que tu me demandes de me battre pour toi, Levi ? l'interroge Smith en haussant les sourcils.

Levi rougit furieusement. Il ne sait pas ce qui le gêne le plus : le fait d'avoir laissé l'opportunité à Smith de faire une remarque tendancieuse, ou la chaleur qu'il ressent soudainement en imaginant Blondie torse nu au milieu d'un ring.

Face à sa gêne plus que visible, le capitaine laisse échapper un petit rire. Rire qui fane bien vite pour laisser place à une expression plus sérieuse. Dure.

— Tu veux la vérité ? Très bien. Je ne veux pas que tu partes. Je veux que tu restes dans le Bataillon et que tu deviennes l'un des nôtres. Pas parce que tu y es obligé, mais parce que c'est ta place. Je veux que tu comprennes que tu es fait pour ce job, que tu es né pour être un soldat, que tu es taillé pour la guerre contre les titans.

Les coudes sur le bureau, les doigts croisés au-dessus de sa carte, Erwin le regarde droit dans les yeux. Et pour une fois, Levi ne décerne pas la moindre hypocrisie dans sa voix.

— Mais je ne veux pas d'un pion qui m'obéisse bêtement parce qu'il n'a pas le choix, j'ai besoin d'un allié qui a confiance en moi et en qui je peux avoir une confiance absolue. Je veux faire de toi le meilleur soldat de l'Humanité, meilleur que celui que tu es déjà. Je veux que tu deviennes un symbole, une figure de proue, un modèle pour le Bataillon et pour l'Humanité toute entière.

C'est terrifiant. La façon dont Smith le dévore des yeux. La force de ses mots, proche de la violence. Et pourtant, Levi s'est rarement senti aussi valorisé. Aussi respecté. Smith ne veut pas d'un pion. Il veut un allié. Et il veut que cet allié soit Levi. À l'entendre, on dirait presque que le capitaine le voit comme un égal...

Et soudain, ça le frappe. Smith ne lui a jamais demandé de le vouvoyer, de le saluer et toutes ces conneries imposées par la hiérarchie. Il lui a toujours parlé en le regardant droit dans les yeux, malgré leur différence de taille. Il ne lui a jamais donné d'ordres. Il l'a même soutenu auprès de Shadis quand il a déclaré vouloir partir. Il lui a donné le choix.

Levi ne sait pas pourquoi il ne s'en était pas rendu compte jusqu'à présent. Sans doute le souvenir de sa tête dans la boue. Mais même ce jour-là, Smith s'était agenouillé. Il s'était agenouillé devant lui pour lui proposer son putain de marché.

Est-ce que Smith le respecte ? Est-ce que cet homme, fin stratège, bien éduqué, sans doute bien né considère réellement Levi comme un égal ? Lui, l'enfant d'un bordel, sans nom de famille, ancien voleur des Bas-Fonds, tout juste capable de signer son prénom ?

— Je crois en toi, Levi. Je crois en toi depuis le jour où je t'ai vu voler. Et oui, je pensais pouvoir faire de toi une arme à « buter les titans » comme tu le dis si bien, mais je me suis rendu compte que ça ne fonctionnerait pas sur le long terme. Parce qu'actuellement, tu n'es même pas à 50% de tes capacités et je ne pense pas pouvoir obtenir mieux de toi si tu ne le veux pas un minimum.

C'est la première fois que quelqu'un lui dit ça : « Je crois en toi ». Personne ne lui a jamais parlé comme ça. Et de la même manière, personne n'a jamais osé le mettre face à sa fainéantise. Parce que oui, Levi ne s'est jamais réellement donné à fond jusqu'à présent. Pas la motivation, pas réellement le besoin. Il ne pensait pas que quelqu'un l'avait remarqué. Surtout pas Smith qui le regardait avec des étoiles dans les yeux quand il a rejoint le Bataillon. En les voyant disparaître, Levi avait simplement pensé qu'il s'était lassé. Ou habitué.

— À vrai dire, je comptais sur ton retour. Et oui, t'aider à partir était une stratégie pour gagner ta confiance. J'imaginais qu'en revenant, tu me serais redevable de t'avoir laissé le choix.

Et revoilà le manipulateur... Levi savait qu'il devait se méfier. Il n'est pas surpris, c'est exactement ce qu'il craignait. Mais pourtant il n'est pas en colère. Il préfère que Smith admette la vérité.

Il ne peut s'empêcher de demander :

— Et pourquoi je serais revenu ?

— Tu n'as rien en dehors du Bataillon. Tu ne connais personne, tu ne sais pas comment la vie à la surface fonctionne. Tu n'as pas fait d'études à ma connaissance, tu n'as aucune expérience dans un métier normal. Qu'est-ce que tu aurais fait ? Garde du corps ? Tu n'aurais pas supporté d'être un chien de garde très longtemps, pas après avoir connu la vraie liberté en dehors des murs.

Là par contre, ça l'énerve. Ce n'est pas parce qu'il a vécu en voleur toute sa vie qu'il est incapable de trouver un vrai travail. Et il ne se fait pas prier pour le faire savoir :

— Je voulais travailler dans un salon de thé. Ou dans une boutique de thé.

Smith le dévisage longuement et laisse un blanc de plusieurs longues secondes... avant d'éclater de rire. Et il faut à Levi toute sa volonté pour ne pas purement et simplement coller son poing dans la figure du capitaine.

Ce dernier finit par souffler entre deux éclats de rire :

— Toi ? Sourire à des clients et être aimable toute la journée ? Servir gentiment le thé à des inconnus ?

Soudain, l'image du vendeur de sa boutique de thé préférée s'impose à lui. Toujours souriant, toujours disposé à répondre à ses questions, plein de petites attentions. Il l'a même déjà vu plaisanter avec des clients. Il a essayé avec lui une fois, mais Levi n'était, sans surprise, que peu réceptif.

Est-ce qu'il s'imagine à sa place ? À supporter les clients qui touchent à tout, les mômes qui pleurent, les questions stupides ? Servir des gens. Parler à des inconnus. Sourire. Faire la conversation. Commenter la météo.

Tout d'un coup, le rire de Smith n'apparaît plus moqueur, mais franc. Honnête. Et Levi, même s'il se sent plus stupide que jamais, ne peut que lui donner raison. Il serait absolument ri-di-cu-le en vendeur ou en serveur.

— Bon, OK. C'était peut-être un mauvais plan, admet-il en croisant les bras.

— C'est bien, tu le reconnais.

— Mais ça veut pas dire que je suis bon à rien !

Le rire de Smith s'éteint immédiatement. L'homme toussote pour s'éclaircir la voix.

— Je n'ai jamais dit ça. Tu pourrais bien sûr trouver un travail, ou même revenir à ton ancienne vie, si tu le voulais. Mais je crois, non je sais, que le Bataillon peut t'apporter tout ce dont tu as besoin : la liberté, l'opportunité d'exploiter tes capacités et ton talent au maximum, tout ça avec un objectif clair, un but. Vaincre les titans. Tu les as rencontrés, tu sais de quoi ils sont capables. Pourras-tu réellement reprendre une vie normale pendant que le Bataillon continue ses explorations sans toi ? En sachant très bien que tu aurais pu nous aider ? Que tu aurais pu sauver des vies ?

C'est séduisant, présenté comme ça. C'est sans doute avec des beaux discours comme celui-là que Smith arrive à recruter des hommes chaque année pour le Bataillon, en leur faisant oublier qu'ils ont une chance sur deux d'y rester dès la première expédition.

— Et que tu le veuilles ou non, tu es déjà des nôtres. Je t'ai vu évoluer au milieu de ton équipe, et au sein de ton escouade. Tu peux prétendre que tu ne leur accordes aucune importance, mais je sais que c'est faux. Sinon tu n'aurais pas risqué ta propre vie pour les sauver lors de la dernière expédition. J'ai lu les rapports, Levi. Tu t'es jeté dans la bataille sans hésiter une seule seconde. Tu as failli y rester en arrachant Dora de la bouche d'un titan.

— C'est pas parce que j'ai pas envie de laisser crever des gens que...

Smith ne le laisse pas terminer sa phrase :

— Nos camarades te respectent, Levi. Ils t'admirent. Je sais que certains n'ont pas été tendres avec toi à ton arrivée, mais aujourd'hui ils te considèrent comme l'un des leurs.

Levi a bien du mal à le croire. Et en même temps... il en a envie. Un tout petit peu. Est-ce que Smith oserait lui mentir sur ce genre de choses ? Peut-être. Difficile de savoir.

— Oui, j'aimerais te voir rester. Mais tu es un homme libre, Levi. Et c'est à toi de choisir d'offrir ton cœur ou non.

Et merde...

Levi ne peut s'en prendre qu'à lui-même. C'est lui qui a poussé le capitaine à dire ce qu'il pense. Et résultat... résultat il a envie de rester. De rester aux côtés de cet homme qui a réellement l'air de croire en lui. Devenir son allié. L'aider à vaincre les titans.

Levi n'a jamais eu réellement de but dans la vie. Pendant vingt-sept ans, il s'est contenté de survivre. Son seul réel objectif était de s'offrir une place à la surface avec ses amis. Et maintenant que c'est fait, non seulement il se retrouve seul, mais en plus il se rend bien compte qu'il a besoin de plus. Un vrai but. Quelque chose de plus grand que lui. Il veut être utile, il a toujours voulu l'être. Et aujourd'hui, Smith lui offre une nouvelle raison de se battre et de vivre. Peut-être même une raison de mourir. Mais ça, Levi ne l'envisage pas réellement. Il préfère vivre pour l'Humanité plutôt que mourir pour elle. Il lui est bien plus utile vivant que mort, non ?

Vaincre les titans. Ça semble sans espoir. Et pourtant, quand Smith en parle, ça a l'air faisable. Ou du moins, envisageable.

— OK.

Levi est surpris par sa propre réponse. Et par la chaleur qu'il ressent dans son ventre en voyant un large sourire étirer les lèvres de Smith. Il a presque envie de sourire lui aussi.

— Tu prends la bonne décision, répond l'homme en se laissant aller contre le dossier de son fauteuil.

— On verra...

Le regard de Smith est plus intense que jamais. Et Levi ne comprend pas pourquoi il le regarde comme ça. Il est sans doute content d'avoir réussi à le convaincre. Quelque chose dans ce goût-là... Levi se retrouve à détourner les yeux, gêné.

— Et t'aurais fait comment si j'étais parti et jamais revenu ? demande-t-il en repensant au plan initial de l'homme.

— Ton engagement volontaire pour notre cause méritait que je prenne ce risque.

Tu méritais que je prenne ce risque, entend Levi. Il a l'impression que c'est ce qui est sous-entendu. Cela pourrait sonner comme une flatterie creuse, mais Smith a rarement paru aussi franc. Levi ignore pourquoi, mais il se sent soudainement intimidé face à cet homme qui semble voir en lui quelque chose... quelque chose d'important que les autres n'ont pas. Quelque chose de grand. Une promesse. Un espoir.

C'est trop. Trop intense, trop gênant, trop étrange. Il a besoin de se sortir de là. Et de mettre de la distance entre lui et Smith.

— Bon bah je... je vais aller... ranger tout ça.

Pourquoi il bégaye comme ça ? Levi se reprend, en évitant soigneusement le regard du capitaine.

— Tu m'en vois ravi, répond Smith d'un ton beaucoup trop... doux ?

Levi tourne les talons, balançant son sac par-dessus son épaule. Au dernier moment, il se retourne vers Smith qu'il découvre en train de déchirer les documents qu'il était supposé signer.

— Au fait, tu as une tache sur le... marmonne-t-il en désignant son propre nez.

— Oh. Merci.

Il ne prend pas la peine de l'observer essuyer son nez – ce nez droit parfaitement proportionné, ce nez beaucoup trop parfait – et sort du bureau dans la foulée. Une fois à l'extérieur, il se laisse aller contre la porte close.

Putain, il n'arrive pas à croire qu'il s'est encore laissé embobiner par Blondie. Mais en même temps, il l'a cherché. Et peut-être que c'était ce qu'il voulait depuis le début. Mais ça, il n'est pas encore prêt à l'admettre.

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Et voilà ! J'espère que ça vous a plu :)

Bon clairement, Levi a un début d'attirance pour Erwin, mais n'en a pas réellement conscience. J'imagine bien que dans sa tête, il a envie de le détester, mais n'y arrive pas vraiment. Et pour moi, il ne peut pas tomber amoureux du jour au lendemain, il faut d'abord qu'Erwin gagne sa confiance et surtout qu'il sente qu'Erwin le respecte. C'est pour ça qu'écrire ce genre de scène m'a semblé important, parce qu'il faut une bascule. Il faut que Levi se rende compte qu'Erwin le respecte, parce que justement il a rarement eu droit au respect dans sa vie. Et ça rejoint ce que dit Isayama sur ces deux-là, ils ont une relation d'égal à égal malgré la hiérarchie. Et du coup ça me donne envie d'essayer d'imaginer comment cette relation s'est construite, qu'est-ce qui s'est passé pour qu'un officier et son subordonné tissent un lien d'égalité alors que rien ne le préparait.

Bref voilà, j'arrête de blablater.

A une prochaine :)

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