Abdication
Contexte
846.
Lors d'une dispute au sujet de l'opération reconquête du mur Maria, Erwin a avoué à Levi qu'il l'aimait. Et juste après, il l'a congédié. Parce qu'il ne peut pas se permettre d'être avec Levi.
Le soir-même, Erwin se retrouve seul dans sa chambre et se demande comment il va pouvoir arranger les choses.
***
Hello !
Nouvel OS, la suite directe du n°3 o/
Du fluff dégoulinant dont j'ai un peu honte.
*****
I don't want to be afraid
The deeper that I go
It takes my breath away
Soft hearts electric souls
Heart to heart and eyes to eyes
Is this taboo?
Baby we built this house
On memories
Take my picture now
Shake it til you see it
And when your fantasies
Become your legacy
Promise me a place
In your house of memories
House Of Memories – Panic! At The Disco
Janvier 846
Impossible de trouver le sommeil. Il est bientôt une heure du matin s'il en croit le son de la cloche qu'il a entendu il n'y a pas si longtemps, et Erwin ne cesse de se tourner et de se retourner dans son lit.
Il pense à l'opération du lendemain. Aux 250 000 personnes qui franchiront la porte du mur Rose. Parmi eux, cinquante soldats du Bataillon d'Exploration. Cinquante de ses soldats. Il pense à Claudia, Ulrich, Kai, Ryan, Marina et tous les autres. Aucun ne reviendra. C'est quasiment une certitude. Ils vont tous mourir. Tout ça parce que le gouvernement ne s'est jamais préparé à l'éventuelle chute du mur Maria. Pourtant Erwin les avait averti, avec Keith. « Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu d'attaque depuis presque cent ans qu'il n'y en aura jamais. Nous devons nous préparer à cette possibilité. » Mais personne ne les avait écouté à l'époque. Et Erwin n'avait pas véritablement insisté. Parce qu'il espérait qu'ils aient raison.
Pense à autre chose, s'ordonne intérieurement Erwin en retournant son oreiller. A n'importe quoi. Les expériences d'Hange peut-être ? Hier, iel a essayé de lui présenter son nouveau projet. Ça a duré presque trois heures, tout l'après-midi. Oui, voilà quelque chose susceptible de l'endormir. « Quand on coupe le bras d'un titan, avant que le membre s'évapore, on peut constater qu'il est bien trop léger par rapport à sa taille, comme s'il était constitué d'air ».
Après le départ d'Hange, Levi l'a rejoint dans son bureau. Levi.
La conversation – ou plutôt la dispute – qu'ils ont eue ce matin s'impose à lui. La colère de Levi, sa peine, ses yeux gris. Son aveu à lui. Parce que je t'aime. Le baiser. Il se souvient encore de la douceur de ses lèvres. Le parfum d'amande de ses cheveux. Ça doit être son shampoing. Levi sent tellement bon... Il donnerait n'importe quoi pour nicher son nez dans le creux de son cou et respirer son odeur.
Quelle merde... Que vont-ils faire maintenant ? Plus rien ne sera jamais plus comme avant. C'est d'ailleurs déjà le cas. Ce soir, Levi ne l'a pas rejoint dans son bureau comme il en avait l'habitude. Il ne s'est pas installé dans le canapé avec un livre. Il ne lui a pas servi sa tisane. C'est la première fois qu'il n'est pas venu depuis... depuis leurs leçons de lecture et d'écriture. Ça a commencé par les leçons, et puis Levi a commencé à lire pendant que lui travaillait. Officiellement, pour pouvoir lui demander de l'aide s'il rencontrait un mot trop difficile. Et même si Erwin savait pertinemment que Levi n'avait plus besoin de lui, il n'a rien dit. Il l'a laissé s'installer durablement à ses côtés.
C'est à ce moment-là qu'il aurait dû prendre ses distances. À cette époque, il n'était pas encore totalement perdu, il aurait pu éviter que leur relation s'engage sur un terrain glissant. Ou peut-être que non. Peut-être qu'il était déjà trop tard. La preuve, il a été incapable de mettre fin à ces visites nocturnes.
Erwin pense à toutes les fois où Levi s'est endormi dans son bureau. Il avait pris l'habitude de le recouvrir de son manteau, pour s'assurer qu'il ne prenne pas froid. Manteau qui était devenu avec les mois une couverture qu'il avait récupérée dans la réserve et qu'il conservait dans une armoire. Pour Levi.
Même quand il était en déplacement, notamment à la capitale, Erwin sait que Levi venait dans son bureau. Il le sait parce qu'à son retour, il retrouvait souvent ses affaires rangées, les vitres de sa fenêtre nettoyées ou ses papiers triés. Parfois, Levi oubliait son livre sur le guéridon à côté du canapé. Ou plutôt, il le laissait en évidence, comme pour lui signaler son passage. Une fois, après un voyage de nuit en calèche, Erwin était rentré dans son bureau et avait découvert un Levi endormi.
Il aurait dû réagir. Il aurait dû lui faire comprendre bien avant qu'il ne pourrait jamais rien se passer. Mais il s'est lui-même laissé tenter. Pire, il a succombé. Résultat aujourd'hui, Erwin ignore comment arranger les choses. Réparer le lien. Rétablir la confiance. Redevenir amis.
Le problème est qu'il n'a aucune envie d'être ami avec Levi. Il veut tellement plus. Il veut l'aimer, le chérir, le soutenir. Il veut être son épaule, son confident, son amant. Il veut pouvoir le serrer dans ses bras, l'embrasser encore et encore, se réveiller le matin à ses côtés. Lui répéter tous les jours à quel point il l'aime, combien il est beau, fort et courageux. Le protéger du reste du monde. L'avoir pour lui tout seul. Le faire sien et être sien en retour.
Qu'est-ce qui l'empêche d'avoir tout ça ? La morale ? Le devoir ? S'ils étaient ensemble, ils devraient déclarer leur relation à Zackley. Et considérant qu'Erwin est commandant du Bataillon et Levi sous son commandement direct... Il y a peu de chance pour qu'elle soit approuvée. Normalement dans les cas comme celui-là, l'un des partenaires est muté de façon à éviter que l'un soit sous les ordres de l'autre. Sauf que dans leur cas, cela impliquerait soit qu'Erwin laisse le commandement à quelqu'un d'autre, soit que Levi quitte le Bataillon pour intégrer la Garnison ou les Brigades Spéciaux.
Et même si Zackley approuvait leur relation, considérant que Levi est en bonne position pour récupérer le poste de capitaine, puisque que Claudia... On pourrait l'accuser de faire du favoritisme. Levi souffre déjà de sa réputation d'ancien délinquant des Bas-Fonds, a-t-il le droit d'ajouter à cela la rumeur d'une promotion-canapé ? Et sur le terrain, son objectivité pourrait être compromise. Serait-il capable de diriger correctement Levi s'il devenait son amant ? Ou n'est-ce pas déjà trop tard ? N'a-t-il pas déjà perdu toute objectivité ? Est-il encore capable de lui ordonner d'offrir son cœur ?
Erwin est tiré de ses questionnements par le son de deux coups sur sa porte. Pendant un instant, il croit avoir rêvé, mais les coups se répètent. Qu'est-ce qu'il se passe ? Immédiatement, Erwin pense à l'opération du lendemain. Une révolte a éclaté, les gens ont compris que c'était sans espoir et les volontaires refusent maintenant de franchir le mur.
Sans prendre la peine d'enfiler une chemise, Erwin se précipite sur la porte. Il découvre Levi de l'autre côté. L'homme tient à la main un porte-bougie qui éclaire faiblement le couloir désert. À la lueur de son regard, Erwin devine qu'il n'y a ni attaque, ni révolte. Levi est là pour lui parler. Levi est là parce qu'il y a quelques heures, Erwin lui a avoué qu'il l'aimait. Et qu'après ça, il l'a simplement congédié sans un regard.
— Tu le pensais vraiment ? demande Levi sans s'embarrasser une seule seconde de la politesse qui aurait voulu qu'il s'excuse de le déranger en pleine nuit.
Surpris par un tel aplomb, Erwin ouvre la bouche, sans trouver les mots. Son regard détaille l'homme face à lui de haut en bas. Ses cheveux sont plus ébouriffés que jamais, comme s'il venait de sortir du lit, ce qui est sûrement le cas. Pieds nus, il a enfilé son pantalon d'uniforme blanc sans prendre la peine de le fermer, laissant apparaître son sous-vêtement gris, et sa chemise blanche ne tient qu'avec deux boutons. Erwin a déjà vu ce torse nu en de maintes occasions, à l'entraînement, dans les bains, dans les vestiaires, mais à la lumière de la bougie, au beau milieu de la nuit, ce n'est pas la même chose. Ces pectoraux développés, ces abdominaux dessinés, cette toison noire autour de son nombril... Il sent ses joues chauffer alors que son cœur se met à faire des loopings dans sa cage thoracique.
Mais le lieutenant ne semble pas perturbé le moins du monde par l'homme à demi-nu face à lui. Ce dernier ne sait pas s'il doit être vexé ou non par une telle indifférence à sa musculature qu'il sait fort appréciable. Levi est peut-être simplement habitué. Et il n'est sans doute pas aussi... obsédé que lui.
— J'ai besoin de savoir, insiste Levi face au silence d'Erwin.
— Ecoute, je ne crois pas que ce soit...
— Je m'en branle de si c'est pas approprié ou correct ou je-sais-pas-quoi ! Tu peux pas me balancer un truc pareil et t'attendre à ce que je fasse comme si de rien n'était ! Alors réponds franchement ! Tu le pensais ou pas ?
La voix de Levi résonne dans le couloir. S'il continue, il va finir par réveiller quelqu'un. Sachant pertinemment qu'il ne devrait pas faire ça, Erwin attrape l'avant-bras de Levi pour le tirer dans sa chambre et refermer la porte derrière eux. Puisqu'ils doivent de toute évidence avoir cette conversation, autant l'avoir en privé.
Le regard de Levi parcourt la pièce, s'attardant sur la pile de papiers en vrac sur le bureau, le linge sale au pied du lit et l'armoire ouverte révélant des vêtements fourrés en boule dans les étagères. Plissant le nez, Levi fronce les sourcils et relève le menton de façon à regarder Erwin dans les yeux. Erwin qui voudrait se faire tout petit en cet instant.
— C'est quoi cette porcherie ?!
Voilà, c'était prévisible. Erwin se contente d'un sourire forcé. Ce n'est même pas la peine de tenter d'expliquer à Levi qu'il a été un peu trop occupé ces derniers temps pour s'occuper de faire le ménage dans sa chambre. Et qu'il ne s'attendait pas à recevoir de la visite.
— Levi, qu'est-ce que tu veux ?
Il préfère encore revenir au sujet principal, à savoir le « je t'aime », plutôt que de subir les réprimandes de Levi quant à la propreté de sa chambre. D'une main, il récupère la bougie tenue par Levi pour allumer le chandelier posé sur le bureau. Dans le regard du lieutenant, il pourrait presque voir deux envies s'affronter : celle de commencer à ranger, et celle de reprendre la conversation. Pendant un instant, Erwin pense réellement que Levi va céder à la première et se mettre à ramasser les vêtements sales en râlant. Mais non. Il se force à détourner les yeux et à le regarder lui.
— Ce que t'as dit tout à l'heure, reprend Levi, un léger tremblement dans la voix.
— Oui.
— Si tu ne le pensais pas... dis-le moi.
Finalement, peut-être qu'il préfère que Levi range sa chambre. Mieux, l'aider à ranger et à faire le ménage. Lessiver le sol à une heure du matin.
— T'inquiète pas, j'irai pas demain même si tu me dis que c'est pas vrai. De toute manière c'était une connerie, je sais pas ce qui m'a pris. J'aurais pas dû insister et te gueuler dessus comme ça... Je suis désolé. Mais j'ai besoin de savoir si... si tu le pensais ou si c'était juste une putain de tactique pour m'obliger à rester.
Au ton sec de la dernière phrase, Erwin prend la pleine mesure de l'étendue de son problème. Répondre non semble tentant au premier abord. Cela permettrait d'évacuer la possibilité d'une relation entre eux. Mais à la manière dont Levi le fixe avec sévérité, Erwin devine que s'il répond non, s'il prétend avoir fait exprès de dire qu'il l'aimait dans le but de le manipuler... Levi ne lui pardonnera jamais. À raison. Il ne lui pardonnera pas d'avoir joué avec ses sentiments et de les avoir utilisé contre lui. Pour lui faire du chantage.
— Erwin. Réponds. Pas besoin de réfléchir mille ans. Tu le penses ou tu le penses pas, c'est facile. Oui ou non. Y a pas plus simple comme question.
Et merde. Foutu pour foutu.
— Oui.
— Oui quoi ? Oui tu le pensais pas ? s'inquiète Levi.
— Oui, je le pensais.
Erwin s'attendait à voir l'expression de l'homme s'adoucir. Peut-être à... un baiser ? Une réaction positive en tout cas. Pourtant, Levi reste de marbre. Il le dévisage longuement, laissant le silence s'installer. Pendant ce temps, le cœur d'Erwin bat des records de vitesse. Il a la bouche sèche et l'impression de transpirer à outrance.
— Je te crois pas, finit par lâcher Levi en baissant les yeux.
— Quoi ?
— Je te crois pas, c'est tout.
S'il y a bien une réaction qu'il n'attendait pas, c'est bien celle-là. Erwin est désemparé. C'est une blague ? Que peut-il répondre à ça ? Il ne va quand même pas se mettre à supplier Levi de le croire. Ça ne fait pas du tout partie du plan. À la base, il ne voulait même pas le lui dire. Ça lui a échappé sous le coup de la colère. Et maintenant, Levi ose dire qu'il ne le croit pas ?
— Redis-le.
Levi a relevé le menton. Lorsqu'ils sont face à face ainsi, à quelques centimètres l'un de l'autre, leur différence de taille est particulièrement frappante. Le haut du crâne de l'homme lui arrive à peine au niveau de l'épaule.
— Levi, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Peu importe la teneur de mes sentiments, une relation serait...
Inappropriée, voudrait-il compléter. Mais Levi le coupe avant qu'il en ait l'occasion.
— Tu l'as déjà dit, donc c'est trop tard. Mais j'ai besoin de savoir si tu t'es foutu de ma gueule ou pas.
— Levi...
— Donc tu le pensais pas, conclut l'homme en haussant le ton. Si tu veux pas le redire, c'est parce que c'était des conneries !
Sentant l'explosion imminente, Erwin attrape avec fermeté Levi par les épaules. Et les yeux dans les yeux, il s'entend déclarer :
— Je t'aime.
Tu n'aurais pas dû dire ça. Et en même temps, il l'a déjà dit. Donc est-ce que ça compte vraiment ? Il ne fait que répéter ce qu'il a déjà dit. Pour que Levi le croit. Pour que Levi comprenne qu'il ne l'a pas manipulé. Pour préserver leur amitié. N'importe quoi. Mais c'est bien, trouve-toi des excuses.
L'effet est immédiat. La colère a laissé place à une émotion plus douce dans le regard gris. De la joie peut-être ? Ou de la tendresse. Oui, Erwin n'a jamais vu Levi avec une expression aussi tendre. Ses sourcils et son front se sont détendus. Il sent sous ses doigts ses épaules se relâcher soudainement. Ses yeux brillent.
— Encore, souffle-t-il.
— Levi...
— Redis-le encore.
Tant de douceur dans cette voix. Les papillons dans le ventre. Erwin se sent parcouru d'un long frisson. Il veut réentendre cette voix. Cette voix qu'il ne connaissait pas. Comme une caresse. Et il veut embrasser cette bouche qui appelle des baisers. S'emparer de ces lèvres roses.
— Je t'aime...
L'homme a fait un pas en avant. Erwin pourrait presque sentir la chaleur de Levi irradier et se propager dans son propre corps. Il ne se contrôle plus. Il a oublié tout le reste. Il n'y a plus qu'une seule chose qui importe. Levi. Ses yeux gris orage. Sa peau brûlante sous ses doigts. Et ses murmures.
— Encore...
Et Erwin répète. Encore. Et encore. Et chacun de ses « je t'aime » est suivi de la même demande. Comme un écho. Et plus Levi se répète, plus cette requête prend une autre couleur. Erwin comprend. Ou plutôt il espère. Ce n'est pas « encore » que Levi chuchote inlassablement. C'est « moi aussi », n'est-ce pas ?
Erwin aurait pu continuer à se perdre dans les yeux et les soupirs de Levi pendant des heures, mais ce dernier finit par passer ses bras autour de son cou pour l'attirer à lui. Et cette fois, qu'Erwin soit damné s'il le répond pas à ce baiser.
C'est encore meilleur que dans ses souvenirs. Sans doute parce que cette fois, il n'est pas couvert de boue et de sang, l'esprit occupé par la chute du mur Maria et les milliers de morts. De toute manière, les murs, les titans, le Bataillon n'existent plus. Il n'y a plus que Levi. Levi. Levi.
La bouche de Levi et son goût légèrement mentholé. Ses cheveux au parfum d'amande, doux comme de la soie. Sa taille qu'il enserre d'un bras, pour le coller à lui le plus possible. Son torse brûlant. Ses bras qui entourent son cou, ses mains dans ses cheveux. C'est le baiser dont il rêve depuis des mois. Et alors que le baiser s'approfondit, Erwin comprend qu'il ne pourra plus jamais s'en passer.
Au diable le Bataillon, la hiérarchie, les rumeurs ! Ils se cacheront si c'est nécessaire. Ils s'embrasseront derrière les portes closes, feront l'amour dans le secret de leurs chambres, mimeront l'indifférence en public. De toute manière, c'est trop tard. Il l'aime déjà. Et s'il en croit le baiser passionné que lui offre Levi, cet amour est partagé. Il ne comprend même pas comment il a pu envisager de renoncer à lui. Ni pourquoi il a attendu tout ce temps pour céder.
C'est une évidence. Il est fait pour embrasser et tenir Levi dans ses bras. Cet homme au corps si petit et si fort à la fois. Cet homme qui l'embrase tout entier. Cet homme qui lui fait perdre le sens commun.
Ils n'ont pas besoin de se parler pour savoir qu'ils ne feront rien de plus ce soir. Erwin a remarqué la légère crispation du corps qu'il enlace alors qu'ils s'allongent sur le lit. Et Levi comprend à la douceur des caresses dans ses cheveux et dans son dos, qu'Erwin ne tentera rien. Alors ils s'embrassent. Encore et encore. Ivres de cet amour déjà si fort et brillant.
****
Profitez du fluff, ça sera pas toujours comme ça.
Je pense que la prochaine fois, on va faire un bond dans le passé et revenir à l'époque Birth of Livai ;) Mais on verra, ça sera en fonction de l'inspiration !
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