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Prologue

Le désir s'était réveillé tel la flamme d'une bougie mal éteinte qui se ravive après avoir été soufflée. Grisant était le vent sur la route, idéal pour alimenter le brasier. Un souffle brutal, chaud et sec. Elle avait arrêté sa voiture à une petite centaine de mètres d'un vieux bâtiment en ruine, une ancienne chapelle. Les vieux murs de pierre avaient presque disparus sous le lierre dont les rameaux épais dévoilaient parfois des grappes de petites billes noires et luisantes. Des feuilles mortes jonchaient déjà l'herbe desséchée par le soleil en ce début du septième mois. Une clairière s'était formée autour de cet étrange endroit, comme si les arbres n'avaient pas osés pousser à l'intérieur de l'édifice.

Elle effleura de sa main les feuillages vert sombre, se promena dans ces ruines comme tant d'autres, morts ou vivants, l'avaient fait avant elle. De nombreux habitants des environs aimaient à y marcher et pique-niquer ; elle même, gamine, avait souvent suivi le sentier de terre qui se prolongeait dans la forêt. La pensée qu'elle serait peut être la dernière à le parcourir lui traversa l'esprit ; elle secoua la tête, puis leva les yeux au ciel, soupirant de sa bêtise, les pierres ne brûlent pas, murmura-t-elle pour elle même.

Ses souvenirs retentissaient comme autant de voix à ses oreilles, notes d'enfants qui piaillent et rient et chantent, sandwichs de confiture et jus d'orange. Un goût fruité lui emplit la bouche un instant puis disparut, laissant s'installer une vague nausée, accompagnée d'appels plus adultes, d'éclats de voix en colère, descend de là, descend de là-haut, là-haut, haut, la, Lo, La, Lola. Ses parents lui criaient sans cesse de ne pas monter sur les murs, et elle le faisait quand même, riait de les voir hurler et souriait de se faire gronder. Son père montait la récupérer, et c'était son tour de hurler quand la lourde main s'écrasait sur son visage.

Elle escalada encore une de ces parois de pierre, ses mains se hissant tandis que ses pieds cherchaient des prises. Elle inspira profondément, faisant disparaître les voix et la nausée. Assise à près de trois mètres de hauteur, elle se laissa aller à un sourire victorieux, viens me gifler maintenant, pensa-t-elle.

Les hauts chênes et pins qui entouraient les ruines se tordaient vers le ciel et lui tirèrent une grimace moqueuse. En somme, ils étaient tous pareils, les humains et les plantes. Tous se tournaient vers un entité supérieure, un dieu-soleil capable de les nourrir de son impalpable présence. Et tous finissaient par se faire engloutir par la société ou la forêt qui les plongeaient peu à peu dans l'obscurité. Elle méprisait ces gens qui plaçaient des chimères au dessus de leur propre vie, ces religions qui faisaient vivre pour l'autre tout en retirant de chaque action toute volonté propre. Une hypocrisie destinée à donner bonne conscience et satisfaction aux imbéciles terrifiés par la mort. Elle descendit du mur et reprit sa marche.

Elle sentait au fond d'elle trembler ce désir qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps, ou plutôt qu'elle avait si longtemps refoulé qu'elle ne se rappelait plus sa saveur. Une saveur qui la pénétrait maintenant, dissolvait les moindres doutes. Elle en avait envie. Dieu qu'elle en avait envie. Oh, quelle idiote elle avait été pour croire qu'elle pourrait transfigurer sa nature. Tout en elle appelait à la destruction. Tout en elle appelait aux flammes. Son être était tourné vers un seul objectif qui palissait encore plus sa peau et écarquillait de passion ses yeux d'un vert reflet de lac. Sa volonté lui semblait absolue. Elle Voulait. Alors elle Faisait.

Une main dans sa poche, elle ouvrait et fermait une petite boite d'allumette, la faisant tourner dans ses doigts. Dans son autre main, une bouteille en plastique, remplie jusqu'au goulot d'un liquide ambré. Elle dévissa le bouchon avant de le balancer dans l'herbe, et se demanda si le lierre brûlait bien. Elle hésita, puis choisit un tas de feuille morte. Elle n'avait pas beaucoup d'essence, il fallait que le feu prenne du premier coup. Elle déversa sur le sol le liquide en faisant des cercles, puis lâcha la bouteille, et de forts remugles de pétrole emplirent l'air. Elle inspira, qu'elle adorait cette odeur lourde et minérale. Elle gratta une allumette. La regarda et la passa de main en main pour la faire se consumer entièrement. Au moment ou le bois tomba en poussière elle le balança loin. Deuxième allumette. Plus impatiente, elle la souffla. La troisième allumette fut éteinte plus vite encore.

Quatrième allumette. Un léger sourire se forma sur son visage et elle recula de quelque pas. Elle avait pris soin de former une sorte de fine rivière d'essence sur le sol, à quelques mètres du tas de feuilles, et se baissa pour en allumer le bout. Elle eut l'impression d'entendre un grand souffle quand le feu jaillit et se déplaça sur l'essence.

Les feuilles se tordirent de douleur, puis ce fut le tour d'un arbre qui le premier vit le feu lécher ses racines. Les murets de pierre furent mis à nu lentement, et le brasier toujours grandissait, alimenté sans cesse par le vent du sud, sec et chaud. Elle perdit rapidement la notion du temps, fascinée par les flammes, incapable de s'en détacher. L'espace d'un temps, elle se sentit entière, pleine de vie et de chaleur. Un intense sentiment de joie bulla dans son estomac et éclata sur son visage. Sa main qui tenait encore le paquet d'allumettes se trouvait assombrie d'un rouge qui n'était pas dû qu'aux miroitements des flammes. Elle le reconnut ; c'était un carmin liquide, chaud et lourd, dont l'odeur l'enivrait presque autant que celle de la fumée grisâtre qui se propageait en longues colonnes droit devant elle, comme pour lui indiquer un chemin vers les cieux. Elle tituba d'un pas en avant, mais recula, sentant la chaleur bien trop forte pour sa peau. Une chaleur qui rendait ses yeux brillants, sa respiration hachée, ses cheveux flamboyants poisseux de sueur. Elle se voyait tomber en cendre, et reculait pas à pas, repoussée par les flammes que son désir avait engendré. Tout fut perdu dans un océan qui ressemblait à un désert de lave, et dont les vagues d'enfer la frappaient violemment. Elle se sentait presque mourir, mais elle n'avait pas peur. Elle ne pouvait pas quitter des yeux la foret s'embrasant du même feu que son être.

L'incendie faisait trembler ses yeux et enfiévrait son corps entier. Des bouffées de chaleurs intenses lui montaient à la tête et par dessus la sensation d'étouffement dominait l'ardent plaisir que lui procurait la vue de ces minces lames rouges qui dissolvaient le paysage en suie. Tout brûlait. Son âme et la forêt. Les flammes montaient plus haut qu'elle ne l'avait imaginé et reflétaient son être. Oh, elle mourrait d'envie de rester là toujours, se délecter du spectacle de la vie hurlant de douleur sous la morsure de son feu. Elle recula prudemment de plusieurs mètres encore. La fournaise indomptable dévorait tout, et nul ne pouvait la contrôler, elle l'avait un jour appris à ses dépens.

Reculant toujours, son dos toucha un mur encore frais par rapport à la chaleur qui l'habitait. Le contact la fit frissonner et ce fut comme si elle se réveillait en sursaut. Elle courut jusqu'à sa voiture. Elle entendait, déjà trop proches, des sirènes qui lui vrillèrent les oreilles. Tremblante, elle ouvrit la portière, démarra. On ne devait pas la trouver ici. Elle respirait par à coup, prise dans les tourbillons d'une jouissive exaltation, mais elle n'avait pas peur. Elle appuya à fond sur l'accélérateur tout en saisissant le volant, écrasant toujours dans sa main moite les allumettes. La voiture fit un bond en avant et partit à toute vitesse, virant habilement sur la route de campagne.

Lorsqu'elle fut sûre d'être assez loin, elle s'arrêta pour souffler. Son sourire n'avait pas quitté son visage et il s'élargit un peu plus lorsqu'elle aperçut, en se retournant sur son siège, de hauts nuages de fumée grisâtres masquer le soleil dans le lointain. De part et d'autre le ciel avait pris une teinte orangée dont elle ne pouvait discerner si la couleur était due au crépuscule ou à l'incendie. Le firmament lisse tendu au dessus d'elle se dégradait jusqu'à en paraître d'un bleu presque blanc. Avant de repartir, elle regarda la boite en carton écrasée dans sa main. Sa peau avait perdu ses reflets rouges et l'étui était déchirée de tout les cotés. Elle arracha le papier déclencheur et jeta le reste de la boite par la fenêtre. Puis elle rangea les allumettes dans sa poche. Elle aurait l'occasion de s'en servir plus tard.

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