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Chapitre 7

Il était nuit encore ce soir là, elle ne dormait pas, elle attendait. Postée derrière la vitre comme une ombre, à peine un reflet, intangible, impalpable, imprésente, elle était là sans vraiment y être, un souffle, un voile d'obscurité seulement, jusqu'à ce qu'elle ouvre la fenêtre. Celle-ci sembla prendre comme une grande inspiration, la pièce se remplissant de la pureté de l'air du dehors, moins lourd, moins chargé, et comme si les poussières de l'atmosphère lui redonnait un corps, soudain, Lola devint moins floue, plus vraie, on aurait presque dit qu'elle existait. Les souillures des humains la remplissaient, et jamais elle ne s'était sentie aussi réelle. Elle écarta les battants, se pencha au dessus de la rue, admira la ville comme on admire un tableau, apprécia les couleurs, les formes, comme une étrangère, comme si le cadre de sa fenêtre était celui d'une toile sur lequel un peintre avait barbouillé de l'aquarelle grise parsemée de taches, couleurs, infimes espaces de vie parmi les rues qui s'assoupissaient si doucement. Une oeuvre d'art délicate qui lui agressait les sens.

Brûlante et explosive est la cité la nuit. Allumée de partout, elle pétille, elle bouillonne, comme ces vieilles lampes à lave dont on ne se lasse jamais de regarder les tourbillons, embrouillée et enfumée par dessus un bokeh de lampadaires couleur orange sanguine, grise et parfois si silencieuse qu'il lui semblait entendre un tic-tac d'horloge, comme un compte à rebours, un sursis. Les échos d'une cloche dans le lointain, quelques éclats, des sons de véhicules perçaient par à-coup le bourdonnement sourd qui pesait, étouffé, irrespirable. Un vent brutal lui jetait à la figure un parfum corrosif de bitume éraflé, d'échappements, au gout d'essence.

Une attente écrasait cet immense échiquier quadrillé de bâtiments, changeant de couleur à la lueur de la lune, plus de cases noires que de cases blanches, elle y voyait là le symbole d'une société pourrie, la lune disparaissant derrière les nuages livrant à jamais le monde à l'hypocrisie et la corruption. Tout finirait par exploser ; il suffirait que quelqu'un allume la mèche.

Ça grouillait, en bas de sa fenêtre. Quelques fourmis restaient qui n'étaient pas encore à la fourmilière, criaillant, cliquetant, courant dans le rues désertes. Les gens grouillaient, de jour encore plus, de nuit encore pires. S'affairant à accomplir leur vie autant qu'ils le pouvaient, s'agitant désespérément dans le bocal de l'existence, sans même comprendre qu'ils étaient enfermés, sans même apercevoir les parois de verre qui les entouraient, qui les restreignaient dans ce petit espace clos où ils se marchaient dessus. Se piétinaient. Se bouffaient. Une société ordonnée, sage, construite, élaborée, soi-disant évoluée. Lola étudiait l'histoire et peinait pourtant à discerner l'évolution dont se targuaient les gens. Non, l'humanité n'avait pas changé, et ne changerait sûrement jamais, à jamais faible et misérable, méchante et inutile.

Personne à part elle ne voyait donc la finalité même d'exister ? Les gens semblaient préférer rester cloîtrés dans leurs illusions, elle l'avait depuis longtemps remarqué. Mais elle le savait, le plus beau mensonge est moins parfait que la vérité qu'ils refusaient de croire. C'est bête. C'est bête. Gâcher une vie à toute vitesse, sans même en comprendre le sens.

Lola méprisait ces insectes qui ne parvenaient pas à s'élever, qui établissaient des règles universelles sans les appliquer à tous le monde, à quoi servaient-elles, ces règles, puisque qu'avec quelques moyens chacun pouvait en imaginer de nouvelles ? A quoi rimait leur morale ? Il n'y avait aucune de leur loi qui valait la peine d'être respectée. C'était ça, la Vérité. c'était ainsi qu'on atteignait le sommet. Certains hommes l'avaient compris, et parmi eux, on avait retenu des noms, des noms qui évoqueraient encore l'admiration ou la terreur dans des siècles, ils avaient inventés l'histoire et l'idéologie, ils avaient, eux, réellement accompli leur vie. Ils avaient régné sur les fourmis, pas comme la reine qui pond chaque jour de nouveaux spécimens, mais comme un enfant-dieu qui joue avec le bocal et regarde les créatures déambuler et paniquer ; de l'intérieur, on ne perçoit pas l'enfant qui s'amuse à agiter les insectes, on ne perçoit qu'un terrifiant tremblement, et parfois, un visage qui se colle au verre et écarquille des yeux immenses et globuleux.

Elle avait vraiment une folle envie d'agiter le bocal.

Elle allait laisser une trace. Son action devait laisser une trace. Si ils pouvaient décider ce qui était bien et ce qui était mal, alors elle pouvait le faire. Elle était de ceux qui méritent leur supériorité, elle était de ces êtres qui inventent les règles, et celles de son jeu étaient particulièrement délicieuses. Cruelle, l'était-elle ? Elle le serait sûrement, aux yeux du monde, si il savait, mais il n'avait pas besoin de savoir, pas besoin de la juger avec des commandements inutiles et une justice partiale et incapable de discerner leurs codes idiots de la vraie Justice, la Sienne, la purification. La purification par le feu. La ville flambait. Sa haine la consumait. Envers ces ridicules et minuscules fourmis qui se démenaient pour supporter leurs petites vies médiocres, envers ces croyances et ces lois hypocrites qui n'étaient là que pour apporter un semblant de morale dans un monde dans lequel elle n'existait pas, n'avait jamais existé, n'existerait jamais, envers tout ce que représentent ces gens engoncés dans un semblant d'existence, qui se complaisent dans un semblant de bonheur.

« You see, their morals, their codes... It's a bad joke. »

Elle était l'étincelle qui allait allumer la mèche de cette ville, elle était le l'étincelle du chaos qui purifierait une société fausse se noyant dans une flaque d'essence de mensonge, car ils ne méritaient pas d'exister, incapable qu'ils étaient de se donner un sens. Encore une fois, elle allait mettre le feu à cette ville, oh, lentement, elle savait être patiente, profiter de la vue des flammes dévorantes. Le plaisir de la destruction. Ils paieraient pour l'humanité, pour sa stupidité, eux qui ne savaient même pas reconnaître les élevés, ceux qui étaient au-dessus. Elle regarderait comme autrefois les fourmis s'agiter au fond du pot de confiture où elles étaient installées ; si elle secouait le pot, quelques insectes mourraient, mais les autres, nombreuses, paniqués, couraient et s'agitaient comme des fous et elle riait d'un rire d'enfant qui aime les petites choses qui bougent, ses jouets. Mais au bout d'un moment tout se calmait, elles oubliaient et Lola pouvait alors recommencer encore, et encore, et encore. Et encore.

La rue s'était calmée pendant qu'elle songeait ; il était trop tard, maintenant. Plus que quelques vrombissements de voiture dans l'air qu'elle brassait en balançant ses jambes au dessus du vide, assise sur le rebord d'une fenêtre du cinquième étage, retenue par la barrière de fer prévue à l'origine pour une jardinière, elle commençait à somnoler en regardant les lames de brouillard caresser les toitures de tuiles et de zinc, s'enrouler aux antennes et aux paratonnerres, s'évanouir dans le ciel aux couleurs d'orage, ardoise bien plus que noir, sur lequel perçaient à peine les étoiles et un mince croissant de lune. Que se passerait-il si elle s'endormait ici ? Tomberait-elle ? Elle était un peu curieuse de savoir, peut-être qu'elle essaierait un jour, mais pas cette nuit, cette nuit, elle attendait. Elle posa sa joue sur ses bras et s'affala sur la barrière, papillonna des yeux quelques instants, les voitures se calmaient, et elle aussi, ne luttait plus qu'à peine contre le sommeil.

Quelques minutes passèrent sans qu'elle s'en rende vraiment compte.

Un bruit de pas claqua et explosa la rue déserte, elle sursauta ; un homme avançait avec détachement au milieu de la route ; Lola sourit, puis murmura :

— Il était temps...

*

**

La société des fourmis est bien organisée. Elles ont, comme les humains, des agriculteurs, des soldats, des ouvriers, des chefs. Des prédateurs. La forme de leur corps imite celui de la fourmi, elles ont 8 pattes, dissimulent leur paire en trop en la dressant comme des antennes. Elles restent tapie, inconnue, camouflée, dans la fourmilière, protégée le jour par la société, profitant de la nuit pour dévorer leurs proies en silence dans les galeries. Ces bêtes sont les araignées myrmécomorphes, déguisées en fourmis, elles révèlent dans le silence et le secret du soir leur vraie nature, leur but, manger, et survivre. Elles ont compris qu'au milieu des insectes, l'arachnide, tant qu'il n'est pas découvert, est tout-puissant, libre.

C'était ce genre d'araignées, c'était comme un masque de fourmi plaqué sur le visage de cet homme, un masque qui se fissurait la nuit pour laisser entrevoir le monstre. Un monstre dissimulé derrière une banale entreprise de construction, une quarantaine d'années élégamment habillée, et des cheveux bruns impeccablement lissés vers l'arrière. Il s'était appuyé à un lampadaire, nonchalamment. Ceux-ci flambaient depuis un moment dans l'air déjà glacé de cette soirée d'automne, et détrempaient son costume et sa chemise noire d'une lueur orangée, orangés également étaient les cheveux de la jeune fille qui balayaient ses épaules alors qu'elle s'approchait, les chaussures claquant elles aussi sur le sol humide.

Elle arriva à son niveau et le salua d'un bref signe de tête auquel il répondit. un sourire étira les lèvres de la fille tandis qu'il prenait la parole, ça faisait longtemps, Lola, entendre son prénom prononcé par cette voix de velours profonde, qui insistait sur les L, lui procurait une étrange sensation, un léger frisson, comme si par ce mot il tentait de la posséder.

— C'est vrai.

Elle sortit un paquet de cigarettes et lui en proposa une, qu'il refusa d'un mouvement de tête, même si ses yeux brillèrent un instant d'une lueur envieuse.

— Tu as arrêté ? dit-elle, surprise, en haussant les sourcils. Tu as changé.

Elle aussi avait changé. Lola prit le temps de tirer de sa poche un briquet et de s'allumer une cigarette qu'elle porta à ses lèvres. Ces mots lui firent ressentir une certaine fierté. Elle inspira une bouffée avant de répondre.

— Sûrement.

Elle paraissait plus calme, posée, rien à voir avec l'adolescente rebelle qu'il avait connu près de cinq ans auparavant. L'homme ne quittait pas des yeux le néon rouge qui scintillait au bout de la cigarette. D'un coup de menton, il le désigna, je croyais que tu n'avais plus le droit.

Elle souffla la fumée lentement dans sa direction.

— Je fais ce que je veux. Et toi, qu'est ce que tu veux, alors ?

Il voulait, qu'elle fasse pour lui ce qu'elle faisait de mieux, il voulait qu'elle détruise. Qu'elle continue ce qu'elle avait commencé, qu'elle se remette à son service comme elle l'avait promis il y a des années, mais cette fois, il allait exploiter ses talents, bien mieux qu'avant. Un sourire ironique étira les lèvres de Lola.

— C'est vrai que je suis assez bonne pour ça, détruire. Tu veux que je brûle quoi?

L'homme agita sa main d'un geste dédaigneux, je ne me contenterais pas d'une portion de forêt, d'un ton fielleux, médisant, qui la vexa.

— C'était pourtant joli. Le feu s'est propagé presque jusqu'à la ville, tu as vu ? Je suis sûre que tu es impressionné.

Il prononça, non, en fait, tu n'as pas changée, tu n'es toujours qu'une gamine orgueilleuse, d'une voix veloutée, sûre, détaché, on aurait dit qu'il connaissait la vérité quand il parlait, mais, il ment. Compulsivement, disaient certains, naturellement, pensait Lola.

— Bien sur que non. Je suis bien plus que ça. Je suis celle qui va détruire cette ville, tu vois. Ou la purifier. C'est la même chose.

Elle tapota la cigarette avec son doigt pour faire tomber les cendres, et la porta une fois encore à ses lèvres. Lui haussa les épaules, peu m'importe, à vrai dire, brûle plusieurs bâtiments, ceux que tu veux, sauf, quelques adresses, enfin, tu connais ; tu détruis, je reconstruis, ça devrait bien fonctionner pendant un moment. La mairie ne pourras pas refuser ces travaux à mon entreprise, cette fois. Ce serait bien que tu la brûle aussi, la mairie.

— J'y penserais. Tu sais, je ne me contenterais pas de quelques b...

Une violente quinte de toux la secoua soudainement, l'obligeant à plaquer sa main devant sa bouche. Le mégot de cigarette tomba sur le sol où il finit de se consumer. Sa respiration embarrassée de fumée était devenue laborieuse, difficile, penchée en avant, elle tentait de reprendre son souffle, comme à chaque fois, une sourde angoisse lui étreignait le cœur. Elle inspira autant qu'elle put de son inhalateur, ravalant sa honte et sa rage de s'effondrer devant lui, qui la méprisait, ne la considérait que comme une fourmi de plus, manipulable à souhait. L'homme fit un pas vers elle, mais la regarda sans intervenir ; quand ses yeux larmoyants croisèrent les siens, il eut un sourire vainqueur, ça t'apprendras, à faire la maline avec tes clopes.

— Ta gueule, articula Lola, la voix sifflante. Ses poumons et sa gorge la brûlait. Elle tenta d'inspirer profondément, crachant encore quelques toussotements. Lui faisait mine de regarder autour de lui d'un air ennuyé.

— J'ai quoi, en échange ? parvint-elle finalement à prononcer, contrôlant sa colère du mieux qu'elle pouvait.

Matériel. Essence -elle aimait ça, il le savait-, du bois, explosifs si il parvenait à s'en procurer, tout ce qu'elle voulait. Il l'aiderait comme il le pouvais, mais, évidemment, on ne devait pas pouvoir le relier à elle si elle était capturée par la police.

— Des armes ?

Pas d'armes. Mais une part de ses bénéfices, bien sur.

Elle hocha la tête, assez satisfaite, elle le connaissait, il savait être généreux. Elle reprit :

— Je ne me contenterais pas de quelques bâtiments que tu m'indiquera. Cette fois, je vais brûler toute forme de pouvoir ici et je ne laisserais derrière moi que des cendres. Qu'est ce que tu en penses, Aranéa ?

Le ton ironique de Lola lui fit serrer les dents, la provocation, à peine voilée, fit se durcir son regard. Prononcer son nom avait semblé rendre la menace plus tangible alors que la voix maintenant dure et polaire de l'homme semblait surgir de partout autour d'elle, ce n'est pas toi qui décide, tu feras ce que je te dirais de faire, Lola Saintange.

— Je m'en fiche complètement, de ce que tu me dis de faire, lâcha-t-elle, indifférente.

Il passa son bras dans son dos et sortit tranquillement le pistolet qui était coincé dans son pantalon, le fit tourner lentement entre ses mains et le sourire de Lola se transforma en rictus. Il passa son doigt sur le canon, faisant le tour du gouffre béant dont elle ne pouvait détacher les yeux, puis le pointa droit sur sa poitrine et prononça d'une voix morte, glaçante,

— Alors, je te tuerais.

Lola avait à peine sursauté, mais son sourire avait disparu. Très calme en apparence, elle hurlait et bouillonnait de l'intérieur. Il n'allait pas la tuer, elle le savait bien, du moins, pas tout de suite, mais se sentir ainsi menacée la mettait dans une colère noire, noire, c'était ça qui la tuait, oh, ça la tuait, ne me provoque pas, Lola, ne me provoque pas, ne me provoque pas, elle le tuerait, mais, il n'allait pas la tuer, n'est ce pas ?

Baissant son arme, il tourna les talons, partit sans se retourner. Elle regardait droit devant, figée, les bruit de pas de l'homme résonnant dans son crâne comme une lancinante mélodie, elle attendit quelques instants qu'il ait disparu à l'angle d'une rue et se prit la tête entre les mains.

— Putain, putain, putaiiiiiin!

Son hurlement retentit dans la rue déserte, elle ressentait une profonde envie de lui faire du mal, pliée en deux par la colère, ce fut seulement la douleur qui lui accablait la poitrine qui l'empêcha de lui courir après, de courir et elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait, mais elle le haïssait. Fichue cigarette. Et ses parents. Toute cette douleur. C'était leur faute.

Tout était leur faute.

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