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Chapitre 4

Le ronronnement doux de la voiture traversa le petit village désert comme emporté par une bourrasque. Le soleil déclinait déjà en ce début de fin d'après-midi, balançant des formes jaunes qui s'orangeaient sur les mur des maisons. Le bruit de ronflement déclina, suivi par celui, sec et sourd, d'une portière qui claque. L'ombre de la vieille église de pierre devenait fantasque et irréelle. Lola la contourna et parcourut le fin chemin de terre qui serpentait autour du bâtiment, entre les suspensions de gouttelettes scintillant dans les ifs.

"If". Ces arbres d'un vert profond, en forme d'amandes, lui avaient toujours plu, de même que le mot "if". If, comme le chuintement d'une flèche, comme le passage d'un lapin dans des fougères, comme le bruit de chute dans l'air de chaque goutte de pluie, ou comme un sifflement qui montait vers le ciel. Il lui semblait normal que ces arbres silencieux et exaltés gardent le vieux cimetière.

De larges pierres, certaines très usées et portant des inscriptions quasi effacées, d'autres brillantes et lisses aux coloris de plastique, gisaient, désordonnées dans les herbes hautes et chargées d'eau. Lola s'arrêta devant une double tombe noire, recouverte de plaques et de fleurs. Puis elle resta debout, comme ça.

Elle n'avait pas prévu de bouquet. Elle avisa une toute petite mare couverte de lentilles d'eau dans un coin du vieux cimetière, et se pencha au-dessus, accroupie. Ses doigts égratignaient la surface, laissant des traînées dans le tapis de minuscules feuilles vert pomme en forme de papillons, elle cueillit une fleur de nénuphar blanche, et la secoua pour l'égoutter, caressa le cœur jaune vif comme un soleil, effleura les rangées de pétale pointues qui en formaient les rayons. Cela conviendrait.

Elle alla la déposer sur la tombe ; c'était la première fois qu'elle venait. Elle n'avait pas pu assister à l'enterrement, étant à l'hôpital à ce moment, pas qu'elle aurait aimé y être, non, ça lui avait évité bien des complications, paraître triste, lâcher quelques larmes, supporter les regards à la fois de pitié et de mépris. Elle n'aurait pas voulu y aller. De toute façon, personne n'aurait obligé une pauvre jeune fille traumatisée par la mort tragique de ses parents, n'est ce pas ?

De mépris, car elle n'était pas aimée, ici. Oh, elle s'en fichait bien. Qu'est ce que ça pouvait faire que ce minuscule village moisi ne l'apprécie pas ? Un village qui possédait à peine une épicerie, une école primaire avec une seule classe et une vieille église de pierre, un village dont, de toute façon, elle n'aimait personne. La tombe à ses pieds était sa seule raison de revenir ici, et elle avait hésité, mais étrangement, lorsqu'elle aperçut, en tournant la tête, quelqu'un debout à quelques mètres derrière elle, elle ne regretta pas d'être venue. Elle lut l'épitaphe, détachant ses mots, d'une voix claire.

— Mélodie Saintange, née Morgant, 1972 - 2016. Alexandre Saintange, 1973 - 2016. Unis dans la vie comme dans la mort, nous vécûmes avec bienveillance.

Elle se retourna vers l'homme qui la regardait, vêtu d'une longue robe noire qui descendait jusqu'à ses chevilles, la soixantaine dépassée, il avait des yeux calmes et un visage paisible, de ceux qui pensent savoir, il se tenait là, et sa simple présence changeait quelque chose dans l'air, sans qu'elle eut pu dire quoi. Lola pencha légèrement sa tête sur le coté, en une mimique digne d'une poupée.

— Qu'en pensez vous, mon père ? De cet épitaphe.

Il répondit qu'on ne juge pas les épitaphes.

— Moi, je l'aurais préférée un peu moins pompeuse. Ce n'est pas parce que mes parents étaient des gens prétentieux dans la vie qu'ils doivent l'être aussi dans la mort, vous voyez. Mais on ne m'a pas demandé mon avis, termina-t-elle en s'appliquant à faire apparaître une pointe de regret dans sa voix.

Son frère non plus n'avait pas aimé, il avait dit ça au moment de, à...

— L'enterrement. Je vois.

Il la dévisageait, cela fait longtemps, Lola, que diriez vous de prendre un thé avec moi ?

Le père Pierre habitait une vieille bâtisse faite des mêmes pierres que l'église et située de l'autre coté de la rue. Recouverte de vigne vierge à l'extérieur, l'intérieur était petit, mais assez confortable, et l'ordre méthodique qui y régnait dénotait un amour du rangement et des petites habitudes. Il y régnait une odeur de thym et de vieille personne, de solitude, lui sembla-t-il aussi. Lola aida le prêtre à préparer deux thés au citron, puis ils s'installèrent à la table en bois ronde de la cuisine. Vous êtes revenue, disait-il, cela fait longtemps, c'est normal, je comprends, ce n'est pas facile.

— Vous ne comprenez pas, mon père.

Non, bien sur, sourire compatissant. Lola n'aimait pas spécialement être prise en pitié, elle l'écouta d'une oreille distraite discourir sur ses parents, et se tut, le regard fixé sur son thé. Charmants, ils venaient à l'église, et je vous rendais même visite, vous vous en souvenez ? Bien sur, avait-elle envie de hurler. Oh, ils pouvaient être durs, je le sais bien,

— C'est de ma faute. Ce qui est arrivé. le coupa Lola en fixant dans les yeux, à l'affût de ses réactions.

Froncement de sourcil, il parût dérangé, personne ne pensait que c'était de sa faute, voyons, qui lui avait mis cette idée en tête ?

— Certains le pensent ici. Je le sais.

Les yeux de Lola étaient brillants, et le prêtre le vit. Les larmes étaient arrivées comme par magie, sur une simple pensée, une exigence.

— Vous savez bien ce que les gens d'ici pensent de moi.

Il réfléchit quelques secondes, agitant de haut en bas sa cuillère dans son thé, reprit la parole, d'une voix douce, posée, choisissant ses mots minutieusement. Après tout, elle savait bien... Qu'elle n'avait pas toujours été facile, n'est ce pas ?

— Je...

Il ne la laissa pas continuer, une seconde, je sais bien... comment certains vous voient, mais... ne les écoutez pas, ils n'ont pas à vous juger responsable, quel que soit votre comportement passé. Ce n'est pas de votre faute si vos parents sont mort.

— Vous en êtes sûr, mon père ?

Elle baissa la tête, et laissa délibérément ses larmes s'écouler, lui-même avait les yeux brillants, elle le devinait, mais pourquoi, elle n'arrivait pas à le comprendre, cette étrange transmission des sentiments, pourquoi s'abaisser à tenter de la comprendre ? C'était si inutile, en fait, la clé de la supériorité était là, n'est ce pas, ne pas subir ça, puisque penser à soi même est plus utile que de penser aux autres.

Il avait raison, elle n'était pas responsable, oh, elle n'avait jamais vraiment pensé ça. Ça aurait été bien idiot, voire prétentieux. Ses parents l'étaient, alors elle leur laissait bien volontiers la faute. Entendre la confirmation de la bouche du père Pierre lui ôtait tout ses doutes, elle n'était coupable de rien.

Lola adorait être admirée, sentir les regards sur elle. Cela lui semblait naturel, après tout. Et ceux qui la détestaient, comme la petite Isis et ce village moisi, ne méritaient pas de poser leur regard sur elle. C'était eux les coupables. Ils ne méritaient pas de vivre.

Pourtant, Lola adorait Isis. Elle était si divertissante.

Elle se remémora les paroles que le prêtre avait dit avant qu'elle parte, les mêmes qu'il avait prononcé il y trois ans : Vivez, Lola.

Elle allait vivre comme jamais elle n'avait vécu. Elle avait senti ses vieilles pulsions revenir, lui rappeler les temps anciens, et elle avait douté, elle avait presque eu peur, mais n'était ce pas plutôt le début d'une nouvelle ère ? Une nouvelle époque plus libre. Et elle pensa, railleuse, que pour une fois elle aurait le plaisir de savoir ses parents la regarder, depuis le ciel où ils étaient supposés être assis sur un nuage.

Elle espérait qu'ils regrettaient.

Quelques minutes plus tard, elle avait fini son thé et sortit de la maison. Elle finit de s'essuyer les yeux, un sourire aux lèvres. Pensive, elle regarda en face d'elle l'église, pierres empilées montant comme une prière vers le ciel, clocher légèrement tordu. Avançant, elle entendit l'orgue et ses notes à la fois métalliques et chantantes qui résonnaient et filtraient à travers la porte, s'enroulant autour des vestiges érodés des statues des saints, pénétrant la chair ainsi que la pierre qui n'avait pas bougé depuis des siècles, immobile par un quelconque miracle d'un Dieu auquel elle ne croyait pas.

Lola ne pouvait reconnaître que quelque chose la manipule. Cette idée la dégoûtait. Et ce Dieu que lui vendait cette église, le père Pierre et ses parents lui paraissait bien manipulateur, punissant les « mauvais » et récompensant les « bons ». Quelle idiotie ! Ni le bien ni le mal n'étaient réel. Dans le monde il n'y avait que du hasard, tout n'était qu'une affaire de chiffres, de probabilités. Et les plus forts étaient ceux qui avaient compris ça et qui trichaient, mettaient de coté la morale et l'éthique commune, pour créer de nouvelles règles et fausser les probabilités. Lola l'avait compris depuis longtemps, pour avancer, tu ne peux pas te permettre d'avoir des considérations pour les autres.

Elle détestait les religions, leurs stupides messages d'amour et de paix n'avaient jamais réussi à changer le monde, et hypocritement, elles étaient des tricheuses, après tout, pour du pouvoir ou de l'argent, elles avaient propagées la haine et la guerre. Par dessus tout, elle détestait ces matinées à l'église, à chanter ou réciter des poèmes sans queue ni tête, se prenant par sa mère une tape derrière la tête dés qu'elle faisait mine de s'endormir ou de partir, l'orgue résonnant dans son crâne à en crier.

Elle poussa la porte d'un coup sec et celle ci grinça, un son aigu qui résonna et lui transperça les tympans, la faisant grimacer. La musique s'arrêta. C'était la fin du morceau, et puis ses pas claquaient si forts sur les pavés que le musicien avait l'impression que les dalles explosaient sur son passage. Il tut sa musique pour elle, artiste anonyme et solitaire presque conscient de l'âme torturée qui profanait le lieu sacré.

Lola aurait reconnu cet endroit les yeux fermés, cette odeur de cire chaude, qu'elle adorait, et de poussière de pierre, le frissonnement d'un courant d'air glacial, le silence résonnant à l'infini. Elle pouvait sans mal visualiser le moindre détail des fresques du plafond, un motif de ciel étoilé détaillé si souvent pendant l'ennui, le drap blanc de l'autel, les chapelles, les niches, les statues, les dorures devenues terreuses recouvrant le cadre d'un tableau sans valeur.

Dans un coin, une petite étagère de métal accueillait les petites bougies et cierges. Fais un vœu, Lola, entendait-elle ses parents lui sourire, quand elle n'avait encore que 5 ou 6 ans. Ils prenaient un des cierges qui brûlaient et allumaient la mèche d'une bougie colorée, et petite Lola était déjà fascinée par les mouvements délicats et irréguliers de la petite flamme. Même plus tard, elle demandait toujours une bougie. Elle mettait l'argent que ses parents lui donnaient dans le tronc et le joli bruit des piécettes qui s'entrechoquaient au fond de la boite la ravissait puis, comme une grande, même si ses parents la surveillait, elle allumait la bougie et souriait.

Elle plaça une pièce dans le trou de la boite de métal, prit délicatement une bougie dans sa main et l'alluma. Un peu de cire blanche dans un pot de plastique violet, bien peu de chose pour un souhait, lui semblait-il, mais au fond, peu importait, puisqu'ils ne se réalisaient jamais. Malgré tout, elle aimait les bougies, elle aimait leur odeur suave et discrète, les couleurs qu'elle projetaient, le feu qu'elles allumaient en elle.

Une certitude l'envahit peu à peu alors que la chaleur faisait fondre le dessus de la cire, qui devenait liquide et brûlante ; cette bougie qui embrasait son corps et brûlait ses veines n'était pas la seule chose qui méritait d'être brûlée. Petite Lola hurlait dans l'église déserte, traînée par le bras par sa mère, elle se débattait, tendait le bras vers les bougies. Elles s'éteignaient peu à peu, ces petites flammes éphémères, alors que le soleil les éclipsait et que petite Lola passait l'immense porte en bois, ses cris raisonnant et ébranlant encore la vieille église. Pourquoi ne voulaient-ils plus? Pourquoi ne pouvait-elle plus allumer les bougies ?

Lola sentait comme autrefois la rage monter en elle. Cette église méritait bien plus de feu que ces quelques minuscules bougies. Ce village minable méritait d'être réduit en cendres. Elle allait tout brûler, tout brûler, tout brûler, cette idée l'obsédait à présent, tournait dans sa tête, elle avait envie de la crier tandis qu'elle reprenait le volant de sa voiture pour zigzaguer à toute vitesse sur les routes de campagne cahoteuses. La forêt s'étendait à sa gauche en une longue bande sombre. Brûler.

Tout. Devait. Brûler.

Son passé était en ruine, mais ces ruines subsistaient toujours, continuaient de la hanter. Elle devait les brûler.

Elle s'arrêta au bord de la route, sur la bande de terre qui servait de parking. Elle allait les brûler.

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