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Chapitre 2

Lola se réveilla une heure plus tard. Les yeux écarquillés dans le noir complet, elle se détacha de Nash doucement, et se leva, frissonnante. Elle s'habilla rapidement, avec l'étrange impression d'avoir dormi si longtemps qu'elle n'en aurai plus jamais besoin. Elle s'éclairait avec le flash de son portable, et, comme une ombre, discrète et silencieuse, recouverte par la nuit, elle retourna dans le costumier.

- Seule, murmura-t-elle.

Les masques-trophées pendaient toujours au même endroit sur le mur mais Lola avait l'impression qu'ils étaient vivants. Elle avait toujours aimé les masques, elle les pratiquait depuis l'enfance, visibles ou invisibles.

Du bout de la rangée, un crâne la regardait, morbide apparition. il lui rappelait la peste noir, cette maladie fait peur rien qu'à son nom, un nom qui pue tellement la mort qu'elle était sûre que les médecins portaient ces masques pour cacher qu'ils n'étaient déjà plus que des spectres. Pourtant le masque de cuir n'était pas noir mais d'un blanc phosphorescent, le blanc d'un cadavre, la pâleur de ceux qui sont partis puis revenus, tu sais, dans les histoires, ils s'en vont, ils reviennent, ils sont autre chose, des fantômes, peut-être.

C'était celui là qu'elle était retournée voir, ce visage qui la contemplait plus qu'elle ne le contemplait, avec tant de force qu'elle pouvait l'entendre parler, et il disait, il disait des choses qu'elle ne pouvait comprendre, en fait il ne parlait pas, c'était comme des paroles mais il n'y avait pas de son, comme de l'écriture mais il n'y avait pas de mots. Le cuir souple sur son visage lui fit comme une seconde peau, chaude et vivante, lorsqu'elle l'enfila.

Perception. Sa perception lui semblait changée. Un regard d'oiseau, le poids d'un bec rigide. Presque elle sentait des ailes lui pousser dans le dos. Poussière et musc. Ce furent ces deux odeurs qui lui remplirent les narines, avec un vague, très vague arôme de thym et de menthe. Elle se tourna vers le miroir et admira plusieurs minutes le monstre qui lui faisait face. Une horrible tête de fantôme aux yeux vides, qui recelait un charme étrange. Lola le trouva beau, elle se trouva belle. Elle enleva le masque, et décida soudain qu'il lui appartenait.

Elle passa rapidement dans le bureau du gardien, avant d'aller réveiller Nash. Sans l'éclairer directement, elle le regarda longuement, et le souvenir de la nuit la fit frissonner tandis que son regard s'attardait sur ses pommettes lisses, traçait le contour de son visage arrondi qui gardait encore quelques traits enfantins malgré ses vingt et trois années, et se perdait dans ses cheveux bruns et perpétuellement ébouriffés, évitant la bouche dont le goût et la douceur étaient toujours si présents sur sa peau et ses lèvres que ses joues pâles rosissaient de plaisir.

- Nash, chuchota-t-elle, étirant la dernière syllabe en un quasi sifflement. Nash, répéta-t-elle plus fort.

Ce dernier tressaillit, ouvrit des yeux endormis, avant de se redresser en sursaut, effaré un instant, suis-je, et où, et quand ? Il se calma peu à peu, laissa échapper un long soupir de soulagement. Ça va ? Lola dit d'un ton neutre.

Oui, souffle épuisé, il s'assit en tailleur, elle tenait une poche en plastique dans ses mains, c'est quoi, ça ?

- Notre petit déjeuner. Très en avance, c'est vrai. J'ai acheté des petites choses au distributeur des coulisses, en passant.

Elle sortit de la poche deux cannettes de boissons gazeuses à la fraise, ainsi que plusieurs barres chocolatées, avant de s'asseoir en face de lui. Ils prirent chacun une cannette et mangèrent et burent en silence, le sucre les écœura plus qu'ils ne l'auraient cru et leur laissa une douce nausée, en marge de leurs sens saturés. Leurs téléphones à leur pieds, flashs allumés, les éclairaient d'une lumière crue et blafarde. Pas besoin de mots, et de toute manière ils étaient trop fatigués pour en prononcer encore ne serait-ce qu'un.

Ils parcoururent en sens inverse le chemin qu'ils avaient fait, pour ramener les draps et les coussins, sortirent du théâtre, ayant soin de refermer à clé l'entré des artistes. Ils marchèrent sans se lâcher ni la main ni un mot, dans la ville déserte dont les rares bruits leur parvenaient sous la forme d'un bourdonnement diffus. Lola tenait toujours sa poche en plastique dans la main, et dans le fond le masque d'oiseau semblait hurler sa douleur de s'éloigner pas à pas. Les lampadaires noyaient tout dans un halo orangé aveuglant, bien que le ciel commençât de s'éclaircir, palissant les étoiles et la lune.

- Allons chez moi, Nash, avait tout de même murmuré Lola, et le garçon avait hoché la tête.

Le temps qu'ils marchèrent pour atteindre l'immeuble leur sembla éternité avant qu'ils ne puissent s'écrouler de sommeil côte à côte, leur esprit s'effondrant comme un château dont les cartes étaient des pensées qui s'aplatirent en tas informe, et finirent balayées sur le sol, comme les heures sombres de la nuit.

***

Ethan triturait distraitement ses cheveux tandis qu'il regardait d'un œil absent l'horloge qui lui faisait face, une manie qu'il avait pris à sa sœur, et ils avaient la même façon de tourner et retourner la même mèche entre leurs doigts, et même, des fois, de la mordiller, et ce même air indifférent aussi, par moment. Allongé sur le canapé, il soupira ouvertement pour tenter d'attirer l'attention de Lola. Peine perdue, elle était concentrée sur son téléphone et ne se préoccupait pas de lui.

Il tourna la tête et l'observa quelques secondes avec insistance puis parcourut du regard la pièce qu'il connaissait par cœur. Cet endroit était pour lui comme une deuxième maison et il aurait pu le redessiner de mémoire, il avait observé chaque affiche, tripoté chaque objet, et exploré avec sa lampe le dessous de chaque meuble, comme un aventurier.

Oh, cela ne lui avais pas pris très longtemps. L'appartement était petit, seulement trois pièces, bien qu'assez confortable. Sa sœur y vivait seule, lui venait chaque mercredi après-midi, puisque Maman Joanne et Papa François ne pouvaient pas le garder à cause de leur travail. Il venait toutes les semaines depuis quatre mois et sa sœur le gardait l'après-midi, parfois, ils allaient au parc, ou au centre commercial, ou au magasin de jouet ; d'autres fois, comme aujourd'hui, il jouait aux legos, regardait des dessins animés, après quoi ses parents venaient le chercher.

L'épisode de sa série préférée venait juste de se finir et il avait éteint la télé, lassé par les pubs. Il promenait négligemment son regard autour de lui. L'appartement de sa sœur était rempli de bougies, Ethan ne supportait les bougies, il détestait quand ça brûlait, et elle riait parce qu'il ne voulait pas s'en approcher. Il les évitait soigneusement, ou les soufflait, de loin. Posées sur les meubles, elles veillaient comme des sentinelles.

Il leva le bras, reliant du doigt les petites taches du plafond, un œil fermé de concentration, c'était sa version du jeu des nuages. Il voyait une croix, aujourd'hui. La semaine dernière, c'était un chapeau. Il notait soigneusement dans sa tête toutes ces découvertes, le plafond qui se modifiait tout seul, c'était de la magie, à coup sur. Ethan adorait ça, même qu'avant de s'endormir, il s'imaginait modifier le monde comme il le voulais.

L'enfant se fixa une nouvelle fois sur l'horloge, Lola, Lola ! Il est cinq heures.

- L'heure de goûter, c'est ça ? lança sa sœur en relevant la tête.

Elle lui sourit. Il aimait bien qu'elle lui sourie, alors il sourit en retour, Parce qu'avant l'incendie, elle ne lui souriait jamais, elle passait son temps à l'ignorer, et lui à se demander ce qu'il avait fait, mais il n'avait rien fait, mais c'était qu'un gosse, alors il s'en voulait sans même savoir pourquoi.

- Nutella ou confiture ? demanda-t-elle en se levant de sa chaise pour fouiller les placards de la cuisine.

Ethan se redressa et en profita pour aller jeter un œil au téléphone qui était resté posé sur la table. Il constata, déçu, que l'écran était verrouillé, tu envoyais des messages à qui, à Nash, pourquoi il est pas là, il travaille, alors comment il t'envoie des messages, je suppose qu'il ne travaille pas tant que ça, alors, haussement d'épaules qui fit rire son frère, Nutella ou confiture, les deux.

Elle haussa un sourcil mais ne dit rien. Elle sortit les deux pots du placard avec une tablette de chocolat, y rajoutant deux verres, du jus de pomme et du pain. Ils s'assirent face à face et Ethan tartina avec application la moitié d'une tranche de pain avec du Nutella et l'autre avec de la confiture de cerise, puis mordit en plein milieu de sa tartine, à la frontière entre les deux parties, se collant de la confiture plein les doigts et du Nutella plein la bouche. Elle soupira, puis tenta de manger sa propre tartine de confiture en préservant ses doigts, en vain.

Poisseux lui aussi, son esprit vagabondait, se noyait, pataugeait depuis la soirée au théâtre, sans qu'elle ne laisse paraître les doutes qui l'habitaient. Non, elle n'avait pas de remord. Mais quelque chose la dérangeait, et elle repoussait le moment où elle devrait faire face au problème.

Elle observait Ethan se débattre avec le sopalin. Parfois, quand elle le voyait, elle revivait cette nuit d'il y a cinq ans, délicieuse et terrifiante. La nuit de l'incendie. Cette nuit avait tout changé entre eux : à l'époque, il ne l'intéressait pas, elle n'aimait pas ce frère créé par ses parents, sûrement dans le seul but de ne pas rester sur un échec. Elle ne l'aimait pas, mais sans le détester ; elle avait juste d'autres intérêts.

Maintenant, c'était un peu différent. Quand elle était arrivée en ville il y a quelque mois, Ethan avait insisté auprès de sa famille d'accueil pour venir la voir souvent, alors qu'ils n'avaient pratiquement eu aucun contacts ces dernières années. Elle n'avait pas compris, elle ne comprenait pas, ce qui poussait le petit garçon à s'accrocher à elle de cette manière. Mais finalement, sa compagnie lui était plaisante. Elle l'aimait bien.

Plusieurs tartines, un nettoyage et une demi tablette de chocolat plus tard, Joanne sonnait à la porte, entra, s'assit, une tasse de thé, volontiers, Lola prépara deux tasses. Joanne était une femme un peu forte, très blonde, mais d'après Lola, assez quelconque, elle la trouvait, oui, juste dénuée d'intérêt, mais Ethan l'adorait, elle n'arrivait pas à savoir pourquoi, quelle conversation ennuyeuse à mourir ! Lola souriait, hochait la tête, tandis que l'autre parlait d'études, de politique, de travail, de décoration, d'actualités. Et d'Isis.

Isis était la fille biologique de Joanne et François. Isis détestait Lola. Et Lola regardait toujours Isis avec ce petit sourire prétentieux qu'elle réservait à ceux qui la détestaient. Une étrange gamine, Isis. Une fille qui parlait peu, presque jamais, au grand désespoir de ses parents. Ou plutôt si, elle parlait par les yeux, Isis, elle parlait à travers ses yeux semblables à des trous noirs. Elle était dans les étoiles, sûrement, dans la lune de l'avis général. Lola ne croyait pas qu'Isis soit en train de rêver. Isis voyait les gens. Elle voyait à travers Lola depuis le premier jour. Elle était mieux loin des autres, dans le silence. Et les autres étaient mieux loin d'elle. Souvent, Lola se demandait comme ses parents, si ouverts et si normaux, avaient pu engendrer un tel fantôme, et elle le savait bien, au fond, Isis le savait aussi, sûrement, c'était ses yeux noirs qui racontaient l'histoire, ces yeux qui contrastaient tant avec les yeux clairs de Joanne et François. Oh oui, Isis savait.

Joanne lui proposa de venir dîner à la maison le lendemain, avec Nash. Lola accepta, ils viendraient.

Ethan et Joanne étaient repartis depuis quelques temps déjà lorsque Nash arriva, les cheveux en bataille, comme d'habitude, mais sans son habituel sourire léger.

- Il s'est passé quelque chose ? demanda-t-elle.

Nash s'assit lourdement à coté d'elle et Lola l'entoura de ses bras pendant qu'il racontait, le gardien du théâtre, tu sais, celui qui nous a permit d'entrer l'autre soir, il est dans le coma, on l'a retrouvé ce matin dans son bureau, oui, ce matin, non, il n'était pas là lundi ou mardi, en fait, on pense qu'il a essayé de bricoler avec l'interrupteur, dans son bureau, il y avait une règle en métal et on pense qu'il s'en est servi pour enlever le cache, oui, pourtant la lumière fonctionnait, on ne comprends pas, c'est inexplicable, je l'aimais bien, oui, j'espère aussi qu'il va s'en sortir.

Lola posa sa tête contre son épaule sans rien dire. Lorsqu'elle ferma les yeux, elle revit le masque au bec d'oiseau. Le gardien avait du le voir, lui aussi, le regarder dans les yeux à l'aide d'une lampe torche, comme Lola l'avait fait. Il aurait su, lui, il se serait rappelé à quel moment il était là, et à quel moment il n'y était plus.

Quel dommage qu'il ne puisse plus se rappeler à présent.

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