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Chapitre 1

La musique enflammait l'air et les néons violets, bleus, oranges qui clignotaient donnaient au groupe de rock sur la petite scène une dimension mystique. La pièce semblait juste assez grande pour accueillir tous les excités qui sautillaient frénétiquement. Lola zigzaguait derrière le bar, servant tour à tour bières et cocktails préparés à la va-vite, elle dansait elle aussi un ballet parmi les autres serveurs qui s'essoufflaient, montaient et descendaient les escaliers à toute vitesse, le visage couvert de sueur. Elle dodelinait parfois la tête au rythme de la musique, ils sont bons, ce soir, pensa-t-elle. La cave où elle se trouvait avait été aménagée au dessous du bar proprement dit afin d'accueillir des groupes de musiques locaux les vendredis et samedis soirs ; ces événements avaient rapidement obtenu un succès conséquent et le bar s'était taillé une réputation en partie grâce à ça. À cette occasion, il accueillait également deux serveurs en plus, afin de répondre à l'explosion de la demande de boissons alcoolisées. Lola avait été embauchée il y trois mois spécialement pour ces soirées.

Au cœur de la nuit la musique explosait désormais comme la lumière et on avait l'impression que la cave brillait tel un petit soleil. Les oreilles vrombissaient d'un mélange de guitares, batterie, chants et hurlements hystériques, discussions criées, qui s'entremêlaient en un étrange langage presque inhumain. Une forte odeur de sueur et d'alcool pénétrait par tous les pores de la peau et tout semblait disparaître dans le vide grisant du plaisir, enchaînement d'éblouissements et d'inspirations saccadées par l'effort.

Tel un satellite reflétant avec éclat la lumière d'un astre, Lola se sentait reine. Grisée par la fête et les vapeurs d'alcool, elle brillait. On l'admirait, elle le sentait, le regard des gens étaient des miroirs qui lui renvoyaient son idéal, rire et discussions, sourires et inconnus, elle tournait et entraînait. Elle voulait qu'on la voie, elle adorait qu'on la regarde. Sous l'effet de la fête et d'un coup d'œil, d'un sourire, elle paraissait magnifique. Il lui suffisait de remettre une mèche derrière son oreille pour que ceux qui la trouvaient juste mignonne la trouve resplendissante. Lunaire, elle flottait dans la fête et il lui semblait qu'elle appartenait totalement à la musique qui lui vrillait délicieusement les oreilles. Elle se laissait emporter, submergée par ses sens aux bord de l'explosion.

Quelques heures plus tard, échevelée et le souffle rauque, mais le cœur gonflé d'euphorie, elle s'effondrait sur une chaise dans une pièce à l'arrière du bar, qui servait de salle de repos aux serveurs et d'entrepôt pour les tables de terrasse pendant l'hiver. Elle possédait une vieille table et quelques chaises, ainsi qu'un fauteuil qui était déjà occupé par Ella, une jolie fille à la peau sombre -chocolat noir, sucre et douce amertume- qui prenait elle aussi une pause méritée. Une lumière vacillante était dispensée par une ampoule surmontée d'un abat-jour jaunâtre, et le lampadaire de la rue dont l'éclairage distant peinait à traverser la vitre salie.

Pitié, Lola, lança Ella, affalée dans son siège de cuir, dis moi que c'est la fin de la soirée.

- Il n'est que trois heures, tu sais. Les gens commencent seulement à partir, répondit la rouquine avec un petit sourire. Moi, j'en ai fini pour cette nuit.

Une légère grimace, tu as de la chance, lassitude et épuisement, Ella ferma les yeux.

- J'aime beaucoup ta robe, fit Lola. Elle te va bien.

Ella portait une robe courte jaune poussin qui faisait ressortir sa peau et ses yeux sombres et convenait à merveille à son caractère d'ordinaire pétillant. Des myriades de perles colorées pendaient à ses cheveux tissés de minuscules tresses. Elle dit, Merci, sans rouvrir les yeux, où sont les autres. ?

- Comme d'habitude, Émilien doit être avec la gérante, j'ai laissé Éden et Clarisse en bas.

Ella marmonna, je suis inutile, je serait mieux à rester ici pour dormir, et un éclat de rire échappa à Lola, un rire doux, un peu fatigué. Elle signala qu'Ella était de salle aujourd'hui et que c'était moins fatiguant, c'est à dire qu'elle s'occupait de la salle du rez-de chaussée, moins bruyante et moins remplie que la cave. Ce à quoi Ella répondit qu'elle ne supportait pas Émilien.

- Sans blague ! lança Lola, ironique, pensant à toutes les fois où elle avait supporté les plaintes d'Ella envers le petit blond.

Son portable vibra, elle y jeta un rapide coup d'œil, s'exclama :

- Je dois y aller, Nash m'attend dehors. À plus tard !

Elle se dirigea vers la porte, et Ella, enfantine, lui tira la langue tandis qu'elle se retournait pour lui faire un signe de la main. Il semblait parfois que cette fille n'avait jamais grandi, sa manière de serrer les poings de colère, de prendre une moue involontairement boudeuse, inconsciemment, elle ne se rendait pas compte, c'était comme si elle ne savait pas, mais ses yeux ne trompaient pas, et puis, les enfants, ils ont une innocence en eux, une innocence douloureuse qu'Ella n'avait jamais perdue, quelque chose de fort, le genre de chose que tu ne sais que tu avais que lorsqu'elle se brise, c'est évident, en fait, la plupart des choses sont ainsi, mais cette innocence là, on te la raconte si souvent que tu croyais que c'était un conte, puis, tu la perds, et elle était réelle.

En passant par la salle principal, Lola prévint sa patronne, j'y vais, Madame, bonne soirée, sans même s'arrêter. Celle ci lui lança un au revoir sans la regarder, occupée elle aussi à servir les nombreux clients des tables qui restaient malgré l'heure déjà tardive.

Lola déboula dans la rue, fouettée au visage par la fraîcheur de la nuit, et tourna sur elle même pour repérer celui qui l'attendait. Elle se jeta sur Nash pour l'embrasser, impulsivement, ses lèvres étaient froides et elle était brûlante. Celui ci rit et lui rendit son baiser, une main derrière sa nuque. Ils se détachèrent et leurs doigts se trouvèrent, naturellement, comment ça va, il demanda, pas trop fatiguée ? Lola secoua la tête malgré ses yeux qu'elle sentait papillonner ; elle ne voulait pas que la soirée se finisse maintenant. Ils marchèrent de longues minutes dans les rues quasi désertes, ils emplissaient leurs poumons du vent déjà sec, bien que l'automne ne se décidait pas encore à tomber. Lola avait encore les joues rouges de fête et Nash les caressa de sa main comme pour capter leur chaleur. Il sourit tandis que se dessinait devant eux la silhouette massive du théâtre, légèrement biscornue mais ils n'auraient su dire pourquoi, peut être était juste une sensation, de celles qui frappent à la lisière de la conscience. C'était un bâtiment de quelques siècles, en pierres de taille, anguleux et peu décoré, à côté des maisons il paraissait colossal, occuper une place entière dans l'espace quadrillé de la ville. Au milieu de la façade resplendissait une immense enseigne de néons rouges qui clamaient THÉÂTRE en grésillant par à-coup.

- Pourquoi ici ? demanda Lola, surprise.

Nash fouilla dans sa poche, j'ai les clés de l'entrée des artistes, et je me suis arrangé avec le gardien, le bâtiment est à nous pour la soirée.

- Arrangé avec le gardien, hein... sourit Lola.

Air mystérieux, l'excitation monta le temps qu'ils contournent le bâtiment et s'arrêtent face à la porte de derrière. Il déverrouilla la porte et ils pénétrèrent dans le monument désert, puis il referma soigneusement derrière eux.

- Je n'en reviens pas que tu fasses ça, Nash, souffla Lola.

Il se pencha sur elle pour l'embrasser avant de murmurer dans son oreille, n'était ce pas elle qui lui avait dit qu'elle aimerait visiter le théâtre?

- Je t'aime, annonça Lola en le regardant droit dans les yeux.

Moi aussi, entendit-elle avant qu'il ne l'entraîne en courant à travers un couloir sombre. Son téléphone éclairait les murs d'une lumière froide et crue, révélant si bien chaque détail dans le faisceau qu'ils en devenaient effrayants, fissures sur le mur, papiers sur le sol, donnaient l'impression d'être apparus dans les pièces cette nuit, en même temps qu'eux, pareil, ils étaient des intrus, n'avaient rien à faire là, mais on n'explique pas ça à une peinture écaillée ou un papier de bonbon. Ils traversèrent des enchaînements de loges vides, chacune imprégnée d'une effervescence immobile la nuit, suspendue dans l'air ambiant.

- On est où? demanda Lola, et sa voix se répercuta partout, se perdant dans l'immense salle.

Ils avaient débouchés elle ne savait trop comment sur une forêt de piquets en métal qui s'étendait à l'infini, un sinistre alignement dans lequel ils se promenaient. Le plafond bas du dessous de scène les oppressait et Lola voyait bien Nash devenir mal à l'aise, sans oser le dire. Elle était pourtant fascinée par la symétrie et l'infinité des piliers de métal. Ils s'étiraient dans la pénombre, et leur verticalité lui plaisait. Elle effleurait le métal gelé doucement, produisant un chuintement presque imperceptible qui lui hérissait agréablement les cheveux sur la nuque, provoquant des milliers de petits picotements. Les claquements de leurs chaussures se répercutaient autour d'eux, et l'écho donnait à l'espace une dimension invraisemblable. Une odeur de fer presque sanglante embrumait leur odorat et une sourde angoisse pointait dans le cœur de Nash, il sentait les piliers se rapprocher et Lola devenait, devant lui, un genre de fantôme, qui s'évanouissait.

- Allons dans le costumier, Nash. décida-t-elle. Je veux voir les masques.

Sa voix, claire et mélodieuse dans le silence, le secoua, et il passa devant elle pour lui indiquer le chemin ; Lola ne paraissait, comme à son habitude, même pas effrayée par les ténèbres et les bruits. Une peur étrange s'était enfoncée dans la gorge de Nash, bizarre, qui le mettait mal à l'aise, et il ne parvenait plus à chasser cette idée,

celle qu'elle disparaisse.

Juste qu'elle disparaisse. Comme si elle pouvait, d'un coup, ne plus être là, et c'était terrible, un coup au cœur, rien que de le penser, s'il avait pensé qu'elle pouvait, s'évaporer, juste, s'évaporer, petit à petit, sans vide, sans rien, juste une non-existence progressive, ça aurait été moins dur. Impulsivement, il lui prit la main

La pièce était grande et pourtant remplie d'un fouillis de costumes et autres tissus, chaussures et accessoires. Les couleurs étaient de temps en temps révélées, éclats fugitifs sous l'éblouissement de la lampe, chaque reflet chatoyant semblait porte dérobée ou drapeau de pays lointain sous la faible lumière. Lola avait l'impression d'être une exploratrice dans ce cimetière de vêtements, à ses yeux se dévoilait un monde inconnu, quelque chose qui n'était pas fait pour être vu, ou du moins, pas comme ça, le genre de découverte qu'il vaut mieux cacher, trop mystérieuse, ou pas assez, peut-être trop banale pour que les gens y voient un quelconque intérêt, comme ces objets ignorés pendant des milliers d'années qui deviennent trésors, trésors, trésors, plus flamboyants que des cristaux, plus étincelants que l'or. Ils marchaient tous deux en se tenant la main, Nash jetait de fréquents d'œil au visage animé de Lola, et la voir projetait un sourire sur ses propres traits.

Leurs doigts glissèrent lorsque Lola aperçut les masques, funestes visages aux yeux arrachés pendus au mur tels des trophées. Elle les contempla, effleura le carton, le plastique ou le cuir de leur confection, et Nash, tu n'as pas l'impression qu'ils te suivent des yeux, et elle répondit si, comme des visages.

- Les gens te suivent toujours des yeux a travers leur masque. Ceux la sont figés, ils sont bien plus honnêtes que les gens.

Nash la contempla, pensif. Et Lola reprit :

- Sauf toi, mon amour. Tu ne sais pas porter de masques dans la vraie vie.

Ironique, pour un comédien, n'est ce pas? Sa voix était douce, tranquille. Non, il ne savait pas mentir, transparent comme du cristal, tellement qu'il n'était plus visible que par d'aveuglants éblouissements issus des lumières qui accrochaient ses défauts. Il était né comme ça, fragile et prêt à se briser, changeant,

Absorbée à sa contemplation, elle ne l'écoutait pas. Elle enfila quelques masques, se tournant chaque fois vers Nash, radieuse, mimant l'expression, la posture, la personnalité. Adossé à une étagère, il riait avec elle, discrètement, car il n'osait briser ce moment ou il pouvait la contempler tout son soul. Et entre chaque essayage il la dévorait des yeux, détaillant chaque parcelle de son visage, mémorisant chaque tache de rousseur qui parsemait son nez et le haut de ses joues, la manière dont elle remettait ses cheveux cuivrés derrière son oreille -les mèches scintillantes qui s'échappaient de son chignon coincées entre l'index et le majeur-, sa silhouette mince, l'éclat fugace d'un œil vert souriant.

Il l'aimait. Comme un fou, un imbécile, un dégénéré. À rentrer la nuit illégalement dans le théâtre, il risquait son travail, voire plus; mais elle était heureuse, alors ça valait le coup, pour la voir sourire, pour la regarder, puis plus seulement la regarder. Il eut envie d'elle, il eut envie de la caresser, de la sentir. Il se détacha de l'étagère, éteignit sa lampe, elle le regardait aussi, elle avait enlevé son masque, dans la pénombre, elle attendait. Il caressa sa joue, elle tressaillit, et comme ils en avaient l'habitude, il suivit ses lèvres avec son pouce, et elle chuchota,

- Embrasse-moi.

Il posa ses lèvres sur sa bouche, il la serra contre lui. Longtemps, longtemps, leurs corps bouillonnants s'épousèrent sans bouger, et quand ils se détachèrent, ils lurent chacun dans les yeux enfiévrés de l'autre qu'ils voulaient plus. Nash murmura, Lola, Lola, allons sur la scène. Elle hocha la tête, fébrile. Ils attrapèrent dans les costumes, avant que le désir ne les consume, un vieil édredon, quelques coussins et des couvertures. Courant, riant comme des fous, ils déboulèrent sur la scène et se jetèrent l'un sur l'autre.

Très vite ils se retrouvèrent nus. Leurs doigts se parcoururent une infinité, caressant les formes des corps qu'ils connaissaient par cœur. Une lancinant désir s'éveillait en eux au moindre contact, presque douloureux. De plus en plus empressés, ils roulaient maintenant l'un sur l'autre et s'embrassaient à la folie. Une folie charnelle et sensuelle qui se révélaient à eux dans les ténèbres qui masquaient le visage de l'autre. C'était comme une représentation, une exhibition devant ce public aveugle, devant les centaines de sièges qui leur faisaient face et qu'ils ne pouvaient percevoir dans l'obscurité, mais dont ils sentaient le poids sur eux, ce poids qui les poussait à la limite de la démence. Leur amour résonna comme un chant dans l'immense salle. Enlacés et couverts de sueur, leur peau si sensible qu'ils hurlaient au moindre effleurement, un déluge de plaisir les emplissait.

L'excitation de l'interdit faisait apparaître sur leurs visages un sourire coupable et satisfait. Enfouis de couvertures et collés l'un à l'autre, ils s'endormirent.

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