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𝐫𝐞𝐭𝐞𝐧𝐮𝐞 {chp34}

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𝐑𝐄𝐓𝐄𝐍𝐔𝐄
où je suis peut-être un idiot mais Eliros ne l'est pas
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LA NUIT MONTAIT DEPUIS UNE heure, nos chevaux allaient au pas depuis six. Eliros devant, suivi de Felipe qui se retournait sans cesse pour vérifier que j'étais toujours là, venaient Lyza et Elea, copines comme cochons, qui se donnaient des tuyaux de tir à l'arc  – de ce que j'ai compris. Il faisait doux et traverser des champs comme des voleurs me mettait du baume au cœur. J'avais l'impression de faire un bond dans le passé, quand nous galopions avec Erwan à en perdre haleine dans les endroits restés sauvages de l'empire, sans souci. Quand tout était encore parfait.

Eliros n'avait rien précisé sur le fait que j'allais partir dans peu de temps. Comme s'il le savait, comme si, depuis qu'il m'avait rencontré, il connaissait déjà mon destin. Tout comme Erwan. Et j'étais persuadé qu'il savait ce qu'était cette autre dimension, où Deas était enfermée, comme Ritori avait su raconté son histoire. Je ne savais rien de lui, d'eux, en somme, mais il était âgé, pour un Voleur. Et c'est lui qui avait redonné un souffle de vie sur la guilde. Alors j'étais certain qu'il connaissait les détails de ma future mort, que je ne pouvais qu'imaginer. Mais je n'avais rien demandé. Ça me convenait, de rester dans le flou.

Je me doutais aussi que Lyza avait dû lui poser une bonne centaine de questions – si ce n'est plus – et n'avait certainement pas eu les réponses qu'elle souhaitait. Connaissant Eliros, il s'était probablement contenté de la regarder, intense, et la brune n'avait rien pu lui tirer, même avec des dons de persuasion hors normes. Eliros savait garder ses informations pour lui-même, comme Erwan.

―  Stop ! Je n'en peux plus, pause, temps mort, repos, manger ! cria Lyza. Et j'ai faim, en plus...

Sa voix ne parvint pas aux oreilles d'Eliros – ou si la phrase est parvenue, il l'a totalement ignorée. Felipe approuva la jeune fille d'un hochement de tête approbateur. Spectateur, je sentis un sourire poindre sur mes lèvres. Eliros les ignorait toujours – alors qu'il les avait forcément entendus. Sans doute ne voulait-il pas s'éterniser dans les champs. Cependant... Lyza avait raison : vivre le ventre vide, c'est pas génial.

Une étincelle de malice se glissa dans mon esprit.

―  Eliros, je m'arrête. Juste cinq minutes, lançai-je, avec un sourire en coin.

Tous firent volte-face, avec un regard tantôt soulagé, tantôt lassé. Je dissimulai mon sourire du mieux que je pouvais – c'est-à-dire, pas grand-chose. Lyza eut un sourire resplendissant et sauta du poney élégamment. Felipe l'imita, sans un bruit. Circonspect, Eliros me regardait.

Sa tête fut de trop. Un sourcil haussé, l'autre désabusé, la bouche tordue dans une grimace incrédule, le nez plissé comme s'il avait senti le derrière d'un cheval... Impossible de brider ma bonne humeur, et je souris franchement, suite à quoi Eliros leva les yeux au ciel. Attentif, Felipe pouffa discrètement. Et j'explosai de rire en mettant pieds à terre.

―  Tu es un idiot, Wendyalen... soupira Eliros, avec un sourire.

Il descendit de sa monture, s'assit dans l'herbe dans un même mouvement coulé et regarda le ciel, pendant que Felipe et moi étions occupés à se remplir le ventre de pommes. Lyza afficha un petit sourire en coin et elle rejoignit Eliros sur la terre.

―  J'aime bien voyager par les champs. C'est plus agréable que les routes pavées.

―  C'est surtout que personne ne risque de nous croiser par ici, répliqua Eliros à la remarque de Lyza.

Je me calmai et m'allongeai, trognon en main, tout aussi serein que les chevaux en train de brouter autour de nous. Felipe m'imita, un sourire aux lèvres.

Avec la lueur vespérale qui nous réchauffait juste assez et la petite brise qui passait, agitant les feuilles des arbres au bord des différents champs, je n'osais pas croire – ni m'avouer – que ce serait sans doute le meilleur souvenir – et le dernier – que j'allais avoir. Je n'osais pas croire ce que j'avais dit, même si ça me semblait plus vrai, maintenant que je n'étais plus seul à supporter ce fardeau. Je ne voulais pas imaginer ce que serait ma vie – et la leur, une fois parti. Et les coups d'œil de Felipe ne me faisaient que le rappeler.

Je savais que je pouvais partir d'un coup, sans même le sentir et me faire entraîner par la tempête qui sommeillait sous mon crâne  – sans même avoir revu ma famille, disparue depuis dix ans. Je balayai mes pensées sombres d'un revers de la main imaginaire et, soudain attentif au moindre détail, observai.

Les lumières rouge-orangées du soir paraient la chevelure d'Eliros d'un blond cendré de douces flammes et son regard, habituellement clair, semblait plus sombre. Paradoxalement plus chaleureux. Il devait s'être taillé la barbe pour qu'elle soit si droite et souligne la forme de son visage, comme pour rehausser ses épaules carrées et sa stature fière. Eliros surprit mon regard et m'adressa un sourire, qui illumina son visage. Je lui répondis timidement. Felipe fronça les sourcils devant mon sourire et se passa la main dans ses cheveux fous, avant de se piquer le doigt avec le poignard avec lequel il jouait. Je me pinçai les lèvres, retins un rire moqueur. Ce gamin me ressemblait tellement, par sa curiosité inassouvie et par son besoin d'être toujours en mouvement. Alors me moquer de lui, ce serait se moquer de moi, et oh, j'ai ma fierté.

Lyza attrapa la pomme que lui lançait Elea et croqua dedans avec un bruit de satisfaction. Elle avait posé son arc et son carquois à ses pieds et avait engagé une joute verbale avec la blonde, enfin satisfaite d'avoir quelqu'un à sa hauteur. Un sourire étira mes lèvres, heureux de ce simple bonheur.

Les piaillements des oiseaux nous berçaient tous de la même façon, parce que nous étions semblables, même en étant si différents. Nous aimions la vie ; en apprécions sa finesse et le risque de la perdre à tout instant. Toujours aussi optimiste, toi !

Je poussai un soupir radieux.

Shan.

J'avais donné ce mot à Lyza et à Liam ; surtout quand il s'était drapé d'une réalité soudain tangible en découvrant qu'il se révélait être mon prénom, mon véritable, même si pour rien au monde je n'aurais échangé Wendyalen. Mais Shan représentait à la fois qui j'étais et ce que j'aurais pu être, si Nathanaël ne s'était pas mêlé de cette histoire. Mais j'avais offert ma confiance (ce que représenterait toujours ce mot) à Liam et Lyza, quand j'étais le plus perdu. Et ça me rendait heureux, de leur avoir donné ce que j'étais au plus profond de moi. Même si je n'avais pas encore mesuré combien ma vie allait être courte, tout ça, et bien... j'avais pu le leur offrir. Et surtout, j'étais sûr de ne rien regretter avec eux. On réalise toujours le prix de quelque chose quand on la perd. Et c'est terriblement bête.

―  Wendyalen ! me secoua Eliros.

Il me prit par les épaules et me mit sur pieds, les yeux ouverts d'inquiétude. Les cheveux en pétard, alors qu'ils étaient soigneusement attachés en arrière au moment de sa descente élégante de monture.

―  Pars pas maintenant, OK ? m'ordonna-t-il, plantant ses prunelles dans les miennes.

―  Ouais... ouais, ce serait une idée. Merci, balbutiai-je, la tête dans le cirage.

Elea fronça les sourcils, la main dans les cheveux pour les démêler, et émit un bruit de réprobation, alors que Lyza et Felipe s'étaient figés net. La robe de la brune s'était relevée, comme suite à un coup de vent.

―  Qu'est-ce qu'il y a ? leur demandai-je, mal à l'aise, bien qu'on devinait parfaitement le « encore » dans ma question.

J'avais les sourcils froncés, Lyza était surprise. C'était la fin du monde !

―  Non, rien, mais genre tu... t'avais pas conscience de ce que tu faisais, hein ? Non, parce que, tu parlais de tempête mais je pensais que c'était juste une image. Pas la réalité !

―  Je euh... quoi ?

Felipe hocha la tête, l'air de dire « ouais man tu as levé une tempête, regarde comment on est à cause de toi ! »

―  Oui. Et t'as pas intérêt à recommencer, espèce d'idiot ! me gronda Eliros par derrière mon épaule.

Je sursautai à sa voix moralisatrice et lui répondit avec un sourire crispé.

―  Je... je sais pas ce qu'il s'est passé.

―  Tu partais ?! s'écria Lyza, enfin remise de son saisissement.

―  Ouais, j'imagine... fis-je en levant les bras, dépassé. J'ai laissé mes émotions me submerger, c'est ça ?

Eliros hocha la tête d'un rapide coup et renifla, les dents serrées.

―  Je t'en prie, Wendyalen, tais-toi, ou tu vas partir pour de bon.

―  Ah bah nickel ! soupirai-je. Et...

―  Et si on te laisse sans surveillance, tu vas y retourner, t'as vu juste un aperçu de cet autre monde, ça va pas te suffire (Je haussai les sourcils : il en savait donc bien plus que nous.), on le sait tous les deux. Et c'est malheureusement hors de question que tu partes maintenant, me coupa Eliros, un sourire las en coin.

Je relâchai mes épaules, dérouté. Elea leva les yeux au ciel et entreprit de se refaire une coiffure digne de ce nom. Lyza détourna le regard tandis que Felipe s'éloignait. Merci du soutien, les gars !

―  Tu as failli mourir, Wendyalen. Sans même le savoir. Et comme je sais que tu ne le contrôles pas, sache que je suis désolé de faire ça, mais c'est la seule façon de t'empêcher de partir, lâcha Eliros, épaules détendues.

Et malgré ses cheveux en pétard, jamais il ne m'avait semblé plus serein : son regard se posait avec une harmonie que j'étais loin de ressentir.

Il avança sa main et me saisit vivement au cou. Pas eu le temps de faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Les derniers mots que j'entendis avant de tomber, inconscient, dans les bras d'Eliros furent : « Tu vas pouvoir partir, Wendyalen, mais pas maintenant. Pas alors que l'on a encore besoin de toi. »

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