Le con de service
Olivia
Il était à peu près minuit lorsque je suis rentrée, et je reçus un coup en pleine poitrine lorsque je vis le gâteau au chocolat en forme de 18 posé sur la table basse du salon.
Rachel avait pensé à moi, comme d'habitude. Et moi, je l'avais délaissée et fait preuve d'un manque d'attention total envers elle. Il fallait que je mette de côté mon orgueil, et que je cesse d'être ingrate après tout ce qu'elle faisait pour moi, même si les rapports étaient tendus entre nous.
— euh Rachel... murmurai-je en me glissant dans sa chambre après avoir toqué trois fois sans réponse de suite.
Elle était couchée, roulée en boule dans sa couverture. Elle dormait probablement. Mais la connaissant, je miserais plus sur comme quoi, elle faisait semblant.
— je... hem... merci. Pour le gâteau. C'est gentil.
Je fis demi tour dans l'objectif de m'éclipser, mais je rebroussai aussitôt chemin pour ajouter :
— Écoute em... Je sais que ces derniers temps c'est assez tendu entre nous, mais je tenais à te remercier, pour ce soir, et pour toutes les autres fois où tu as pris soin de moi alors que je faisais l'idiote. Bonne nuit.
Elle resta immobile, comme si elle s'interdisait formellement de me laisser savoir qu'elle m'avait écoutée.
Bon, ce n'est pas grave. De toutes les façons, j'aurais été trop lâche pour oser le lui dire en face.
***
J'avais pas dormi de la nuit, j'l'ai passée à me retourner et pivoter dans mon lit les yeux ouverts à me demander ce qui avait bien pu se passer pour que Yoahn m'abandonne comme il l'avait fait. Je me posais mille et une questions, je ne comprenais pas. Mais il le fallait bien, il fallait que je sache au moins pourquoi il ne répondait même pas à mes messages. Yoahn me devait des explications, alors sans peser le pour et le contre, je sortis de chez moi en plein six heures dans un seul but: celui d'aller affronter mon voisin.
Pourtant lorsque celui-ci vint m'ouvrir, je réalisai que j'aurais préféré qu'il ne le fasse jamais.
— Liv... s'étonna t'il.
— putain Yoahn, t'es un bel enfoiré, soufflai-je après avoir aperçu Léa guetter en background.
— non, Olivia attends...
Je ne lui laissai pas le temps d'ajouter un mot, lui tournai brusquement le dos et m'apprêtais à engager une course effrénée quand il me saisît le bras et m'empêcha de bouger.
— Il ne s'est rien passé entre nous, se justifia t'il.
— écoute Yoahn, tu fais ce que tu veux avec qui tu veux, ce n'est pas mon affaire. Le problème c'est que hier, t'aurais pu te retenir puisqu'on avait déjà un truc de prévu ensemble. Le pire, c'est que c'était le jour de mon anniversaire, et il a bien failli tourner au fiasco à cause de...
Je ravalai un sanglot.
— je sais... non, enfin, je suis désolé, c'est vrai que j'ai merdé. Mais je t'assure que j'avais une bonne raison.
Je le dévisageai avec dégoût alors que mes lèvres se mirent à trembler.
— C'est ce que je constate, répliquai-je en regardant à l'intérieur pour qu'il comprenne ce que j'étais entrain d'insinuer.
— non, tu ne comprends pas. C'est plus compliqué que ce que tu crois, et je te répète qu'il ne s'est rien passé entre Léa et moi, je te promets.
— ok, Yoahn, tu sais quoi ? Je me fiche complètement que tu te sois tapé cette fille ou pas. Tout ce que j'attendais, c'était un minimum de respect de ta part en honorant ta propre invitation, ou en la déclinant à temps, au moins ça m'aurait évité de passer pour une idiote.
Bien sûr, je mentais. Qu'il m'ait laissé en plan était le cadet de mes soucis, à l'heure où je pensais qu'il avait passé la nuit avec une de ses exs.
J'arrivai à me défaire de sa poigne qui se fît subitement légère, et m'en allai sans un mot ni un regard de plus.
~~
Yoahn
Je la regardai partir sans avoir envie de la rattraper. Je savais qu'elle m'en voulait, qu'elle était déçue et qu'il fallait que je m'y prenne autrement si je voulais arriver à lui reparler un jour.
Je refermai la porte et retournai dans ma chambre en colère.
— Tu peux rentrer, maintenant, lançai-je en passant devant Léa.
Celle-ci ignora royalement ma suggestion et continua de feuilleter le magazine qu'elle tenait en mains. Je m'arrêtai net.
— Léa...
— quoi ?
— va t'en.
— ce n'est pas une façon de parler à une demoiselle, ça.
Je fermai les yeux en sentant ma mâchoire se contracter. Il fallait que je maîtrise ma colère.
— Oh, et tu ne m'avais pas dit... cette fille, la pote à Mavis, tu te la tapes ? Enfin, qu'est-ce que je raconte ? Bien sûr que vous couchez ensemble. On ne débarque pas chez un garçon à six heures du mat' et on ne pète pas un câble ansi en y trouvant une autre meuf, s'il ne se passe rien entre nous. Je me trompe ?
Elle ne détachait pas le regard des pages du magazine, et se contentait d'introduire toute son insolence dans le ton qu'elle employait.
— Tu sais... je m'attendais à vraiment mieux de ta part. C'est vrai quoi, regarde la ! Si tu voulais me rendre jalouse, ou même essayer de me remplacer, t'aurais quand même pu faire un effort sur ton choix de fille.
— bon, là, ça suffit. Tu rentres, et je ne veux plus jamais que tu remettes les pieds ici, ordonnai-je en la traînant de force jusqu'à la porte.
— Yoahn, tu me fais mal, couina t'elle. Et puis, je ne vais pas rentrer maintenant, c'est sûr qu'Armand n'est toujours pas là.
— ta gueule, Léa. T'es une grande fille, tu peux rester seule dans une maison.
— et si... et si ces pensées finissent par me hanter à nouveau ? Et si je ressens encore l'envie de me couper les veines ?
— eh bien tu appelleras les urgences, les flics, un psy, je ne sais pas trop moi, mais débrouille toi et fiche moi la paix.
— ce n'est pas ce que tu disais hier nuit, quand tu me prenais dans tes bras.
— ouais, parce que hier nuit j'ai été stupide de croire à ton cinéma.
Elle fronça les sourcils, vexée.
— bon allez, vas-y, conclus-je avant de lui claquer la porte au nez.
J'avais vraiment déconné, Olivia avait raison. Hier c'était son anniversaire et moi je l'ai carrément laissée en plan à cause d'un simple caprice de Léa. Mais quel idiot !
~~
Olivia
J'étais roulée en boule dans mon lit, des gouttes de pluie commençaient à se faire entendre sur le toit, il faisait froid. J'avais froid, tant sur ma peau que dans mon cœur. J'avais tellement mal qu'il ait osé me faire ça. Mais en même temps qu'est-ce que je croyais ? On ne sort même pas ensemble, c'est pathétique.
Il ne m'avait toujours pas envoyé de messages. Quel gros con, quand même, ce gars !
Puis net au moment où deux larmes glissèrent de mes yeux jusqu'à mon oreille gauche, mon portable se mit à vibrer incessamment : un appel de "Y🖤". Ma poitrine se contracta alors sur mon cœur. Mais totalement éprise de lui, malgré ma douleur, je fis glisser la touche verte, mis l'appel sous haut parleur et déposai mon téléphone juste à côté de moi.
— Je n'ai pas envie de te parler, Yoahn.
— tu n'aurais pas décroché si c'était vrai.
Pourtant je ne mentais pas. Je n'en avais pas envie, mais je ne pouvais ne pas prendre cet appel car j'en avais simplement besoin.
— Écoute, Liv... je... il faut qu'on parle.
— je n'ai rien à te dire, et rien non plus à écouter venant de toi.
— arrête ! Viens à la maison je vais tout t'expliquer.
— non.
— très bien, alors c'est moi qui viens.
— c'est pas possible, Rachel est là.
— cette aprèm' elle a cours, je serai là.
— non mais j'hallucine. Et tu me sors ça comme ça quoi... genre tu maitrises son programme de cours, grommelai-je, un peu contrariée à cette idée.
— Liv, tu vas arrêter tes gamineries, oui ?
— t'es vraiment trop con, accepte le.
Con peut-être... mais beau, intelligent, drôle et séduisant, aussi. Alors j'avais beau le repousser en paroles, je n'en fis plus rien lorsqu'il vint toquer à la porte de l'appart' huit heures plus tard.
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