Après le beau temps, la pluie.
Olivia
— Alors, où est-ce qu'on en était, demanda Yoahn d'une voix rauque horriblement sexy.
Il me tenait autour de la taille, il était tout près. Son souffle chaud et brut avait pris mon visage en otage. Ses yeux clairs de séducteur renvoyaient comme des reflets de flammes. Il était devenu un prédateur. J'étais sa proie. Je commençai à avoir peur. Je craignais désormais l'inévitable. Mais mon désir était aussi fort que le sien, et je sentais qu'aucune autre émotion n'allait pouvoir l'atténuer. Même pas cette peur qui se faisait de plus en plus insistante.
On s'est embrassés. Encore, encore et encore. Bon, pas réellement si longtemps car en effet, Yoahn n'a pas vraiment tardé à me soulever par les hanches pour me porter et m'emmener en balade dans sa chambre. Notre étreinte s'y fit de plus en plus vive, ardente, féroce.
— Attends...
Le regard bestial du jeune homme s'ancra dans le mien et celui-ci s'arrêta pour m'écouter.
— Tu pensais vraiment ce que tu as dit tout à l'heure ? Chez Andie.
J'ai baissé les yeux, n'osant pas supporter le poids des siens à l'instant même où j'avais posé la question.
— J'ai du mal à te comprendre.
— tu... Tu as dit qu'on était en couple.
— oui ?
— enfin, tu comprends. Je veux dire... Est-ce que c'est vraiment le cas ? On sort ensemble, maintenant ?
Il laissa passer un court instant avant de formuler:
— Et toi, ça te conviendrait ?
Sa réplique me laissa un peu abasourdie. Clairement, je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus rassurant qu'une autre question. Mais j'ai supposé qu'il devait être aussi perplexe que moi sur le sujet.
— Je... Euh... Oui.
— sûre ?
— ouais.
— t'as donc ta réponse.
Une vague de chaleur m'envahît la poitrine. Je souris. Et on reprit nos galoches. Puis lorsque sa main se faufila sous ma robe, un spasme anima frénétiquement tous mes muscles.
— Attends... fis-je à nouveau en essayant de le repousser d'une main.
— quoi d'autre ?
— je...
— si tu ne veux pas de moi...
— non ! Enfin, si, bien sûr, balbutiai-je timidement. Le problème c'est juste que... Enfin... Comment dire...
Un sourire drôlement tendre fit irruption sur ses lèvres.
— Tu ne l'as jamais fait ?
Je secouai doucement la tête. Il sourît de plus belle, comme si mon aveux me faisait passer pour un toutou inoffensif devant lequel s'enchaînent les « awww ». Ensuite il baisa de façon mielleuse mon front, puis mes lèvres, puis ma joue, et y susurra un « je t'aime ». Je me cambrai aussitôt sous l'effet de cette déclaration qui me traversa comme un électrochoc. J'aurais voulu pouvoir répondre. Lui dire ce que je ressentais moi aussi depuis tout ce temps. Mais aucun son ne parvint à sortir de ma cavité laryngale. J'étais en plein vol dans un autre monde. Totalement sous son emprise. Ses baisers continuèrent leur chemin sur ma mâchoire, dans mon cou et mon épaule avant qu'il ne se redresse pour planter à nouveau ses pupilles dilatées dans les miennes.
— Laisse-moi faire, finît-il par proposer.
Et ce qui devait arriver, arriva...
***
Le lendemain matin, alors que j'avais encore la tête dans les étoiles et les membres dans le lit de mon amant, j'entendis mon téléphone sonner sous les draps. Je brandis aussitôt celui-ci pour répondre à l'appel.
— Allô ?
— oui, bonjour. Vous êtes bien mademoiselle Olivia Gineth ?
— oui. Et vous ?
— je suis Oswald Levet, l'a...
Je manquai d'avoir un court-circuit cérébral.
— Je sais qui vous êtes.
Et comment ! Ce nom est le nom masculin que j'ai le plus écouté autour de moi durant la dernière année que j'ai passée dans ma ville natale.
— Vraiment ? Pourtant vous venez tout juste de me poser une question qui me laisse penser autrement.
« Oui, peut-être, mais ça c'était avant que tu ne prononces ton foutu nom de gosse de riches hollandais. »
— Vous êtes l'avocat de mon père, non ?
— c'est exact. Étonnant que vous vous en souveniez.
— qu'est-ce que vous voulez ?
— je vous contacte de la part de votre père.
Je déglutis bruyamment. Yoahn se tortilla. Je songeai à baisser d'un ton.
— Comment avez-vous eu mon numéro ?
— voyons Olivia, c'est vraiment tout ce que vous avez à me demander ? Après plus de deux ans sans nouvelles de votre père ?
— je ne vois pas en quoi ça vous concerne.
— je suis d'accord avec vous. Cela ne me concerne absolument pas, mais je vais quand même vous passer le message de mon client.
Ma température chuta drastiquement. Qu'allait-il m'annoncer au sujet de mon père ? La date du procès ? Une maladie ? Une nouvelle plus réjouissante comme... Une libération, peut-être ? Au moins il ne s'agissait certainement pas d'un décès. Enfin, je l'espérais grandement.
— Monsieur Gineth espérait beaucoup que vous viendriez le voir durant cette période de l'année. Depuis qu'il a appris votre départ, il ne cesse de parler de vous. Il a insisté pour que je vous dise qu'il priait pour que vous ne l'abandonniez pas, mais c'est ce qui est entrain d'arriver. Il craignait que votre tante n'essaye de le sortir de vos têtes. Mais puisque votre anniversaire est passé il y a quelques jours et que vous êtes devenue majeure, il pensait que vous chercheriez à renouer le contact.
— je ne comprends pas pourquoi vous me dites tout ça. Est-ce que c'est ça votre travail ?
— je ne suis pas là entrain de travailler, mademoiselle, j'aide tout simplement un client dont la tristesse m'a obligé à surpasser les barrières professionnelles et à enfreindre quelques règles. Croyez moi Olivia, je suis moi-même père de trois filles, et sachez que je n'exagère pas si je vous dis qu'il n'y a rien de pire au monde pour un parent, que de sentir qu'il perd ses enfants. Même la prison à côté, c'est des vacances de luxe. Alors si je peux vous donner un conseil...
— non, merci. Gardez vos conseils pour vous et ne rappelez plus jamais ce numéro.
Je coupai l'appel, subitement en colère.
— Hey, qu'est-ce qu'il y a ?, murmura Yoahn que j'ai finalement réveillé. Ça va ?
— oui. Ne t'inquiète pas, c'est rien.
— c'était qui au téléphone ?
— p-personne.
Il me dévisagea, incrédule. Je voulus résister, le persuader – et moi-même au passage –, que tout allait bien, que tout ça était derrière moi. Mais cet appel fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, et je craquai. Ça faisait trop de pression pour moi comme ça. Je ne pouvais plus refouler toute cette tristesse intérieure. Mon passé est peut-être passé, mais ça ne change pas le fait qu'il fasse définitivement partie de moi. Où que j'aille, quoi que je fasse, il est là, avec moi, il me suit. C'est mon histoire, et elle ne changera jamais même si je pense pouvoir trouver un moyen d'y échapper.
— Hey, chut chut chut chut... C'est bon... Là...
Yoahn m'enveloppa dans ses bras, essaya de me consoler avec ses doux murmures. Sa présence était si agréable ! Sa peau tiède au petit matin eut pour mérite de me faire abandonner mon flot de larmes après seulement quelques secondes. Je me mis à renifler comme une chochotte.
— Dis-moi tout, bébé.
« Dîtes moi pas qu' c'est pas vrai ! Il a dit quoi ?! B... Bébé !!?! »
Je le fixai, agréablement surprise, puis je me perdis à admirer les rayons de soleil passant à travers les volets de la fenêtre sur son torse nu. C'était incroyable. Cette scène définissait à merveille ce que Yoahn représentait en ce moment même dans ma vie: un brin de lumière dans un environnement presque trop sombre et lugubre.
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