Him.

Je laisse mes mains recouvrir ma bouche pour étouffer mes sanglots, que je ne peux retenir. Ce ne sont pas des larmes de tristesse, mais de joie intense, qui arrivent à me faire trembler. Cette sensation, ce bonheur qui s'immerge en moi me réveille instantanément. Je ne saurai vous décrire ce que ça me fait mais je ne veux pas que ça s'arrête.
Il se lève, voyant que je ne peux bouger et il s'approche de moi. Je n'arrive pas à y croire, je reste fixée sur l'idée que je dois rêver, mais sans douleur. Ce n'est seulement après son toucher sur mon bras que je comprend.Il est bel est bien là, devant moi, cet homme qui a bercé mes tous premiers sentiments et qui les a toujours bercés. Cet homme à qui mon cœur appartient. La douce lumière éclaire désormais son doux visage et je peux enfin l'admirer, comme autre fois, comme quand je l'ai rencontré, son visage est si parfait, rien n'a changé, malgré toutes ces années. Aucune cernes n'entoure ses yeux, aucune marque de violence ou de fatigue n'est présente, j'en déduis donc qu'il a peut-être arrêté toutes ces conneries.
Une partie de moi l'espère, la majorité, mais je ne peux empêcher l'autre partie d'espérer que non, serait-ce ce qui lui donnait tant de charme ? Je ne saurai vous répondre, mais je laisse ces questions de côté.

-Annabella ?

Sa voix est identique à la dernière fois que je l'ai entendue. Si rassurante, si paisible et calme. Tout ce que j'aimais chez lui est resté intact. Je n'arrive pas à ouvrir la bouche, tant la curiosité et l'incompréhension sont immenses.
Après quelques secondes, je décide de me reprendre en main et de revenir à la réalité qui est ; le père de mon enfant est là, devant moi, après avoir passé six longues années loin de moi, et de Lily.

-Nate ? Je souffle par peur de dire une bêtise, ou je ne sais quoi d'autre.

Comme si je voulais m'en assurer. Il hoche la tête, un léger sourire aux lèvres, avant de me chuchoter un petit, oui, qui permet de me libérer une fois pour toutes. Je me laisse tomber dans ses bras et je laisse couler les larmes, abondamment sur mon fin visage, caressantes ma peau hâlée, légèrement tachée de rousseurs. Il fait glisser ses fors bras autour de mon corps et il me soulève de sorte à me faire sortir de la pièce où dort paisiblement le fruit de notre amour. Je ne le lâche pas et je laisse ma tête au creux de son cou. Je sens qu'il me dépose sur mon lit et je me détache finalement de lui. La plus forte luminosité me brûle les pupilles, avant de m'y habituer. Il s'assoit à mes côtés et je n'ose pas le regarder, par peur de m'effondrer une nouvelle fois, cet homme me rend folle, et me rend fragile, par je ne sais quel moyen.

-Je pensais te voir accompagné à cette heure-ci... Dit-il simplement, comme si c'était une évidence.

J'arrive enfin à prendre la parole, en regardant droit devant moi :

-Pourquoi ça ?

Tout semble particulier en ce moment même, la couleur des mûrs, la texture du drap recouvrant mon lit, que j'agrippe à forte poignée, les lumières de la ville éclairants ma chambre par la fenêtre légèrement ouverte, ou bien la bouteille de whisky, à moitié pleine, vidée par mes soins au cours de ces derniers jours, tant la douleur morale était forte. J'en avais besoin, mais plus dans l'immédiat. Ces retrouvailles ne sont pas dignes d'un film américain, dans lequel les deux personnages sauteraient de joie, réveilleraient tout le quartier et se ferraient l'amour toute la nuit. Non, nous, au lieu de ça, nous sommes assis sur la bordure du lit, côte à côte, fixant un point imaginaire et ne sachant pas quoi se dire. L'amour remplit ma poitrine, mais je ne sais pas comment l'exprimer.

Merde, l'homme que j'aime est à mes côtés.

Je réalise enfin l'impact de la chose et je tourne la tête dans sa direction pour me laisser attraper par cette vaste chose qu'est l'amour. Ses yeux me dévorent et je m'y perds, dans l'espoir d'y trouver une once de ce drôle de sentiment que j'approuve pour lui.

-Tu m'as tant manqué, Annabella. Chaque jour, je ne pouvais arrêter de penser à toi, dans tous mes combats, tu as été ma lumière. C'est grâce à toi que je suis ici, et cette gamine ? Merde Anna, elle a la douceur de ton visage, mais elle a mon nez et mes lèvres. Elle est le fuit de notre amour, interdit, et tu as cherché à me la cacher ? Pourquoi ça ?

Je ne sais pas quoi lui dire, je formule ma phrase avant de la dire à haute voix ;

-Penses-tu vraiment que j'aurais voulu l'éloigner de toi ? Elle est la seule chose que j'avais pour me rappeler de cet amour inconcevable que je te porte. Elle a été la seule chose que j'ai autant protégé. Je n'ai jamais arrêté de penser à toi, et Lily...

Il me coupe l'air perdu ;

-Lily ? Sa voix se fait douce et curieuse.

-Oui Lily, car elle est la plus belle chose au monde, et je trouve que ce prénom la qualifie bien.

-Parle-moi d'elle, s'il te plaît. Il attrape mes mains et il me tire vers lui pour que je sois un peu plus proche.

-Elle est splendide et merveilleuse. Elle émerveille mes journées depuis six ans maintenant, je ne vois pas les jours passer et j'ai peur de ne pas assez profiter d'elle. Elle rayonne de bonheur et elle m'aide à me sentir bien, si j'ai tenu tout ce temps, c'est bien grâce à elle. Elle est synonyme de toi Nate. Elle est mon pilier désormais et je ne peux pas m'imaginer sans elle.

Il hoche la tête avant de baisser les yeux, comme s'il regrettait. Je ne peux m'empêcher de lui attraper le visage entre mes frêles mains et de le lui remonter.
-Qu'y a-t-il ? je souffle par peur qu'il reparte, ou peut-être par peur d'à nouveau souffrir, loin de lui.

Il met du temps avant de simplement reprendre ses distances, comme au début de tout, et d'essayer de me rassurer avec un rien.
Je me laisse emporter par la déception, qu'il y ai à nouveau cette barrière entre nous, comme si j'étais encore cette fille qu'il venait d'enlever. J'ai peur de l'être à tout jamais dans son cœur et qu'il ne pense pas à autre chose...

Je me rassois correctement en laissant mes jambes pendre au-dessus du sol, et je ne dis plus rien. Il est toujours cet homme plein de mystères que j'ai connu, au tout début de cette histoire, et je me demande, encore à l'heure d'aujourd'hui si je pourrai un jour le comprendre, et casser ses énormes et infranchissables limites posées entre nous. Cette relation, n'est pas comme les autres, je suis folle de lui, mais il ne dévoile rien.
Ses yeux se perdent dans l'horizon et il fronce les sourcils quand il voit la bouteille d'alcool posée sur mon buffet.

Tu n'as pas de comptes à lui rendre.

-Pourquoi ? Dit-il en se levant pour aller l'effleurer du bout des doigts, je ne savais pas que tu étais alcoolique.. Une once d'humour est présente dans sa voix et je ne peux retenir le petit sourire qui s'installe sur mes lèvres.

-Je ne me sentais pas bien.

-Je sais. Il se tourne vers moi et il pose ses mains autour de mes hanches.

C'est à mon tour de froncer les sourcils, je ne comprends pas. Il me surveillait ?
Il secoue la tête et cette phrase, que je connais bien venant de lui sort de sa bouche, une énième fois ;
-Ne te pose pas de questions, s'il te plaît Annabella.

-Bien sûr ! Je laisse la colère retenue depuis cette brutale séparation, sortir. J'extériorise tout, j'en ai besoin. Il fallait que je m'y attende ! Pourquoi devrais-je tout ignorer de toi alors que tu sais tout de moi ? Pourquoi devrais-je te laisser commander ma vie ? Comment m'as-tu retrouvé ? Et puis merde Nate, tu as disparu, comme ça du jour au lendemain sans me laisser la chance d'être heureuse, avec toi. Tu m'as tout pris et tu m'as laissé sans rien, sans défense contre ce monde qui est devenu si cruel après toi, j'ai perdu mon meilleur ami, qui est toujours coincé dans un putain de coma et je ne sais pas si je pourrai un jour lui présenter ma fille ! Les larmes ruissellent sur mon visage à nouveau, mais je ne me laisse pas déstabiliser par ces dernières, ni pas le regard profond que me lance Nate. J'ai tout perdue. Et aujourd'hui te re voilà, me demandant de ne pas poser de question, ni à toi, ni à moi. Comment suis-je censée le prendre ? Devrais-je tout oublier et repartir sur de bonnes bases pour vivre une grande et belle histoire d'amour, en famille, ou bien devrais-je me préoccuper du fait que tu reviennes, comme ça, tant d'années après, comme si de rien n'était, en me demandant pourquoi je t'ai caché notre fille, alors que tu n'es jamais revenue ? Je t'aime Nate, mais j'ai besoin que tu me dises, j'ai besoin que tu me racontes, j'ai besoin que tu te livres à moi et que tu me fasses confiance, comme je te fais confiance.

Ses yeux sont impassibles et sans que j'ai le temps de réagir, il attaque mes lèvres en me retenant contre lui si fortement que je comprend, que je comprend que je suis sienne et que même si je voudrais partir, je ne pourrai pas. Je suis à tout jamais reliée à lui, et je ne pourrais plus continuer ma vie sans lui. Sans me parler, par ce simple baisé, il me répond. Tout ça viendra un jour ou l'autre, il a besoin de moi comme j'ai besoin de lui. Je ne le laisserai pas tomber.

Il est moi et je suis-lui.

****

Voilà ce premier chapitre du tome II! J'espère qu'il vous aura plus! J'ai essayer de tout bien détailler et c'est donc un chapitre, règlements de compte, on va dire ^^

J'essaie de vous faire ressentir du mieux que je peux les émotions des personnages et j'espère que c'est réussis...

En tout cas, je vous retrouve bientôt pour un nouveau chapitre, en attendant je vous embrasse foooort.

Alexia xx