Chapitre 7
— Nous n'étions pas obligés de nous voir. Tu aurais pu m'appeler.
Installée dans le coin d'un petit restaurant miteux de la ville, j'observais l'homme debout devant moi. Il a tiré une chaise en face de la mienne et s'est assis, ses coudes reposant sur la petite table en forme de cercle qui nous séparait.
— Ce que j'ai à te dire nécessitait qu'on se voit.
— Vraiment ? ai-je dit, sceptique. Je crois plutôt que c'était juste un prétexte pour me voir.
Mon interlocuteur a soupiré d'agacement :
— Tu n'as vraiment pas changé. Tu es toujours aussi imbue de toi-même.
— Avec certaines personnes, oui.
Nous nous sommes dévisagés en silence un moment. Lui, dirigeant son regard vers mon décolleté plongeant ; moi, dévorant ses yeux verts foncés et ses lèvres charnues.
Si je m'écoutais, je lui demanderais de me prendre sur cette table, là, tout de suite, me suis-je dit.
Mais ce n'était pas le moment d'avoir ce genre de pensées.
— Alors ? Qu'avais-tu de si urgent à me dire ?
Il a soupiré de nouveau. Son attention s'est tournée brièvement vers le couple à l'autre bout de la pièce qui se levait pour sortir. Puis, il a rapproché sa tête. J'ai fait de même.
— Je ne suis plus sûr de vouloir le faire, a-t-il déclaré.
— Tu veux bien répéter ? ai-je répondu, surprise.
— Tu m'as bien entendu.
J'ai laissé passer quelques secondes de silence, puis je lui ai rétorqué :
— Tu as promis.
— Je sais bien, a-t-il dit, hésitant. Mais... il y a trop de risques.
Mon regard s'est durci.
Les hommes..., ai-je pensé, tous les mêmes. Ils sont les premiers à se vanter de leurs virilités, exhibant leurs pectoraux et leurs biceps pour nous impressionner, mais dès qu'il s'agit de se mettre vraiment en danger, ils se dégonflent comme des putains de poupées gonflables. En fin de compte, ce sont les femmes qui auraient dû naître avec des couilles.
— C'est pas justement à ça que consiste ton travail ? ai-je dit avec colère. A prendre des risques ?
— Pas de ce genre, a-t-il répondu sur le même ton. Je...
— Tu veux vraiment que je raconte à tout le monde ce que tu m'as fait ?
Il m'a fixée, choqué :
— Tu n'oserais pas...
— Bien sûr que si, ai-je dit avec calme.
Il m'a dévisagée, l'air circonspect, cherchant sûrement à savoir si je bluffais. Ayant réalisé que ce n'était pas le cas, il a ajouté :
— De toute façon, personne ne te croirait.
— On me croira. Parce que je suis une femme. Et de nos jours, une femme qui crie au viol n'a plus besoin de preuves. Sa parole suffit largement. Merci au mouvement #MeToo.
— Salope...
— Mais tu as raison, ai-je continué sans me soucier de son insulte. Peut-être qu'on ne me croira pas. Peut-être que tu continueras à mener ta petite existence misérable. Seulement tu ne peux pas en être sûr à 100%. Tout à l'heure, tu as parlé de risques, n'est-ce pas ? Alors, je te le demande : serais-tu prêt à prendre ce risque ?
J'ai vu la réponse se former sur son visage. Il n'avait pas le choix. J'ai souri :
— C'est bien ce que je pensais.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro