— Nous ne pouvons pas vous laisser parler à votre mari pour l'instant, madame.

La femme qui s'adressait à moi derrière son comptoir, au poste de police dans lequel je me trouvais, semblait sincèrement désolée de ne pas pouvoir accéder à ma requête. Mais je n'en avais cure. En fait, son air navré m'enrageait davantage.

— Comment ça je ne peux pas lui parler ? Mon mari a été injustement arrêté pour un crime qu'il n'a pas commis ! Il est innocent! Vous m'entendez ?

— S'il vous plaît, madame, calmez...

— Ne me demandez pas de me calmer ! Je suis sa femme ! C'est mon droit de le voir !

— Lily ?

Je me suis retournée vivement. La personne qui venait de m'appeler était une de mes plus anciennes connaissances. Pendant un instant j'ai été tellement choquée de la voir que j'en ai oublié la raison de ma présence dans ce commissariat.

— Jared ? ai-je dit. Qu'est ce que tu fais ici ?

Il m'a observé en silence durant quelques secondes, avant de soupirer :

— Je suis l'inspecteur en charge de l'affaire dans laquelle ton mari est impliqué. C'est moi qui ai ordonné son arrestation.

J'en suis restée la bouche ouverte. Puis, plusieurs secondes plus tard, le temps qu'il a fallu à mon cerveau pour assimiler cette information, je me suis précipitée vers lui et j'ai commencé à asséner de coups de poing toutes les parties de son corps que je pouvais atteindre.

— Aïe... Lily, arrête... aïe... Calme-toi !

Il se défendait du mieux qu'il pouvait, mais je n'avais pas l'intention d'arrêter. Car Jared, ou devrais-je dire «l'inspecteur Jared » n'était pas qu'une simple connaissance. Nous sortions ensemble au lycée. Mais j'avais fini par le quitter pour me mettre avec Albert que j'avais ensuite épousé, chose que ce cher Jared n'avait jamais acceptée.

— Lily... je t'en prie... Laisse-moi... t'expliquer !

— Il n'y a rien à expliquer ! ai-je crié en lui donnant un dernier coup sur l'épaule. Je sais que tu es derrière tout ça. Tu n'es qu'un minable !

L'expression de son visage, jusqu'alors neutre voire triste, est soudain devenue sombre et dure. Je pouvais sentir la colère irradier de lui. Tout le monde nous observait.

— Je comprends ta réaction, mais je n'y suis pour rien. Ton cher mari s'est mis dans le pétrin tout seul. Maintenant, si tu veux bien me suivre, je suis prêt à tout t'expliquer. Sinon, tu peux rentrer chez toi.

Sur ce, il m'a tourné le dos et a ouvert une porte qui se trouvait non loin du comptoir. Il l'a tenue ouverte, s'est tourné vers moi, les sourcils levés.

Je n'avais pas le choix.

Verte de rage, je l'ai suivi.