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*Les liens qui ne nous unissent plus*

Grainné ne comptait plus le nombre de victimes qu'elle avait fait : elle tuait tous ceux qui se présentaient à elle. La confusion était totale et plus aucune stratégie ne tenait en place.
Soudain la jeune femme se stoppa, intriguée par un étrange parfum, qui lui semblait familier. Une sorte de malaise s'immisça en elle, et la panique commença à brouiller ses sens : sa respiration devint saccadée, ses mains moites et son champ de vision diminua. Elle se questionna immédiatement sur la raison de son mal-être, et se mit à chercher autour d'elle qui provoquait cette réaction disproportionnelle. C'est alors qu'elle l'aperçu. Au loin elle était parfaitement incapable de distinguer son visage, celui-ci étant de plus caché sous un capuchon. La personne restait immobile, et la fixait calmement. Elle se mit brusquement à courir, mais pas dans sa direction, non, elle se dirigeait vers une toute autre personne : Diarmuid.
L'ennemi filait trop vite, il n'aurait pas le temps de réagir. Grainné s'élança aussi vite que possible et arriva au niveau de son nouvel adversaire qu'elle frappa de plein fouet, le déviant de sa trajectoire initiale. Sa capuche vola, dévoilant son identité à la jeune guerrière.
- Atalante ?!
La grande blonde lui sourit.
- Ça faisait longtemps, Grainné.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?!
- Tu ne devines pas ? Vous avez pourtant réussi à intercepter un de mes espions...
- Fiona avait donc raison... Soupira-t-elle. Vas-t-en, tu n'as rien à faire ici.
- Détrompe-toi ! J'ai une mission de la plus haute importance à mener à bien : te tuer.
Elle sourit.
- Mais rien ne m'empêche de m'amuser un peu avant ça ! J'ai remarqué que tu surveillais beaucoup ce garçon là-bas, c'est ton fiancé ?
- Ça ne te regarde pas, alors dégage ! Je n'ai pas envie de t'affronter !
Atalante grinça des dents.
- Alors ça, c'est vraiment embêtant...
Elle se saisit de deux poignards aux lames parfaitement aiguisées et enduites de poison, et se jeta sauvagement sur Grainné. Celle-ci évita son coup de justesse, et recula de quelques pas.
- Qu'est-ce que tu cherches à faire, Atalante ?!
- Ça c'est certainement pas tes affaires !
Elle était prête à repasser à l'attaque, lorsqu'une gigantesque main lui traversa la poitrine, arrachant l'un de ses poumons.
- Atalante...
- Meurs, Inhumaine.


Perchée au sommet d'un arbre vieux d'une bonne centaine d'années, Médée observait, dans la plus grande discrétion, l'avancement de la bataille opposant les forces Fiannas aux forces Parthéviennes. Rongée par l'inquiétude depuis sa discussion avec Atalante, elle n'avait pu s'empêcher de venir vérifier par elle-même ce qu'avait son amie derrière la tête.
- Où sont-elles ? Je ne les trouve pas...
Elle avait beau chercher, elle ne parvenait pas à retrouver les deux jeunes femmes. Pourtant, elle savait qu'elles étaient là, quelque part.
- Merde !
Elle s'apprêtait à abandonner, quand elle ressenti soudain une aura surpuissante et oppressante, dont la force l'empêchait même de respirer.
- Qu'est-ce que...
Elle se concentra et parvint, l'espace d'un instant, à localiser d'où venait le danger et même à l'identifier.
- Un dieu... et pas n'importe lequel en plus...
Elle se releva, non sans difficulté.
- Je dois m'y rendre... et vite !

- A-Atalante...
La grande blonde était allongée sur l'herbe ensanglantée, et luttait de toutes ses forces pour survivre. Grainné s'agenouilla et la glissa entre ses bras.
- Atalante tiens bon.
- En-enfuie-toi vite... sinon il va te tuer...
Grainné n'arrivait pas à réfléchir correctement, tout s'embrouillait dans sa tête.
- Non, il faut d'abord que je te mette en sécurité !
- Ne dis pas de bêtises...
Elle cracha du sang.
- Tu ne peux plus rien faire pour moi...
- Je comprends pas... tu voulais pourtant me tuer !
- Si je n'avais pas dit ça, tu ne m'aurai jamais attaqué ! Je voulais juste que tu m'exorcise...
- Je vous dérange peut-être ?!
Grainné releva soudain la tête vers l'agresseur de son amie. C'était un homme grand et assez vieux, aux cheveux et à la barbe grisés par l'âge. Grainné essuya d'un revers les larmes qui ruisselaient le long de ses joues, reposa délicatement Atalante et se releva, un air de défi dans le regard.
- Qui êtes-vous ?
- Ne le devines-tu pas, Inhumaine ? Je suis Odin, roi des dieux d'Asgard, et suis venu éliminer les derniers membres de ton espèce.
Elle n'osait plus bouger. Elle ne le pouvait pas. Elle était le dernier rempart entre cette machine à tuer et la pauvre Atalante qui vivait sûrement ses derniers instants.
Tous ses sens étaient en alerte. Autour d'eux, les tueries avaient cessées, laissant place à un mélange de peur et d'appréhension. Diarmuid observait lui aussi la scène, et ne savait pas s'il devait intervenir. Il se tourna alors vers Grainné et compris à son attitude qu'il valait mieux la laisser faire.
- Qu'avez-vous contre nous ? Pourquoi désirez-vous tant nous anéantir ? Questionna Grainné.
- La réponse est pourtant évidente, Inhumaine : vous avez froidement assassiné nombre d'entre nous.
Grainné rit de frustration.
- Vous plaisantez ?! Si Héla n'avait pas brûlé notre village il y a trois ans, rien de tout cela ne serai arrivé ! C'est vous qui avez commencé !
Odin ne répondit pas. Grainné, quant à elle, savait que cette discussion ressemblait davantage à une dispute enfantine qu'à un conflit impliquant les dieux, mais il lui fallait gagner du temps dans l'espoir de trouver une solution pour sauver son amie
- Cela ne sert à rien de discuter, ma décision est prise depuis déjà bien des années. J'anéantirai les Inhumains, et ce pour le bien de mon peuple, les fiers Asgardiens. En tant que roi, je ne peux faillir à mon devoir. Viens Inhumaine, bats-toi et montre moi cette force si particulière qui t'a permis d'ôter la vie aux miens !
Il fit un pas, puis un autre. Grainné tremblait, aussi bien de peur que de rage. Devant elle se trouvait le roi des dieux, son ennemi suprême. Au fond d'elle, elle rêvait de l'affronter, elle voulait le tuer pour mettre fin aux souffrances de ses amies et aux siennes, mais elle savait que le choses étaient bien plus compliquées. Elle se remémora alors des paroles qu'Isil avait un jour prononcé : « les humains ne peuvent se détacher des dieux. Ils ont besoin de croire en eux. Qu'ils soient bons ou mauvais, leur présence est nécessaire. Tu vois Grainné, on croit tous en quelque chose. Ça peut être n'importe quoi. Mais le jour où l'on ne croit plus en rien, alors on cesse tout simplement d'être humain ». Elle le savait parfaitement. Si elles anéantissaient le dieux, alors l'humanité se diviserai davantage, et les guerres reprendraient de plus belle, devenant chaque fois un peu plus violentes et sanglantes. Celle-ci ne serai rien en comparaison. Oui, le chaos régnerait sur la Terre. Pourtant, ce conflit était inévitable. Elle n'avait pas envie de se battre, c'était dans ce but qu'elle avait décidé de couper les ponts avec Médée et Atalante, mais la haine que les deux camps ressentaient l'un pour l'autre était bien trop grande, et elle préférait plonger l'humanité dans le désespoir plutôt que de voir de nouveau des êtres chers lui être arrachés.
Odin se rapprochait dangereusement, et Grainné ne savait pas quoi faire. Elle n'était peut-être déjà pas de taille pour l'affronter, alors protéger Atalante en même temps lui paraissait impossible.
- Grainné, je m'en occupe, concentrez-vous sur lui !
Surprise, la jeune femme se retourna et trouva Diarmuid, agenouillé devant la grande blonde.
- Diarmuid...
- Allez-y !
Elle n'hésita pas davantage et replongea son regard dans celui d'Odin.
- Que les Inhumains se rebellent contre les dieux, je veux bien, mais qu'un humain s'allie à eux... c'est inacceptable !
Sans qu'elle n'ai le temps de l'apercevoir, le dieu lança, avec une puissance titanesque, la hache qu'il tenait entre ses mains en direction de Diarmuid. Grainné la senti frôler sa joue, mais ne pu la saisir.
- Diarmuid !
Soudain une sorte de barrière magique se forma autour du jeune homme et d'Atalante, et la hache se planta dedans.
- Qu'est-ce que... je reconnais cette magie... Souffla Grainné.
Alors sortie de nulle part, Médée s'agenouilla à son tour devant la grande blonde, et commença à la soigner.
- J'ai eu du mal à vous trouver. Heureusement, je suis arrivée à temps.
Elle fixa un instant le roi le roi des dieux, puis détourna son regard vers Grainné.
- Tu ne peux pas le battre.
- Je le sais bien ! S'énerva la grande brune. Mais c'est tout ce que je peux faire pour l'instant !
- Non, tu as tort.
La sorcière se releva, délaissant Atalante.
- Pour ce qui est de sa blessure, je ne peux rien faire de plus. C'est à elle de lutter maintenant.
Elle se dirigea vers Grainné, et la dépassa.
- Mais pour ce qui est de ton cas, je peux te venir en aide.
Elle se positionna devant Odin, qui n'avait pas réagit depuis son arrivée tant elle l'avait abasourdi.
- Je vais le retenir. Pendant ce temps, prépares-toi.
- Me préparer à quoi ?
- A une possession totale.

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