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CHAPITRE 9 - Ressentir


Parfois, il suffit de s'arrêter, de fermer les yeux et de ressentir. Il est facile de s'emprisonner dans une bulle et beaucoup plus difficile de se poser pour contempler les émotions qui nous traversent. Pourtant, elles sont si belles : elles représentent la vie.

Sens-toi vivre, ressens-toi vivre. Et apprécie ce privilège.


POINT DE VUE DE TAEHYUNG :


Mes yeux s'ouvrent avec difficulté, chaque mouvement provoquant une douleur sourde dans mon dos et une migraine lancinante dans ma tête. Je n'ai pas passé la meilleure des nuits, loin de là. Ce quotidien est étranger à tout ce que je connais, et je me demande si je serais jamais capable de m'y adapter un jour, tout comme lui semble l'avoir fait. Le contraste entre son monde et le mien est gigantesque, un gouffre nous sépare.

La couverture sent le bois fraîchement coupé et cette odeur, très proche de celle de Jungkook, me tire tout doucement de ma torpeur. Lorsque ma vision s'ajuste à la lumière du jour, je remarque que je suis seul dans la cabane. Même le loup nommé « Ice » n'est plus là. A vrai dire, tant mieux, je crois qu'on ne s'aime pas trop tous les deux. Je ne peux pas dire que je m'entends bien mieux avec son maître non plus.

Je pensais que, à la première heure, Jungkook m'aurait mis dehors, mais non, il m'a laissé dormir dans son refuge et n'a fait aucun bruit en se levant, me laissant me reposer. J'imagine que c'est un grand pas que l'on vient de faire. Ça n'a pas été facile, mais il m'a ouvert la porte de sa maison, alors je me dis que, peut-être, les choses vont s'améliorer à partir de maintenant. Je n'ai pas forcément envie qu'il devienne un ami, mais plutôt une connaissance avec qui le dialogue se fait correctement, sans trop de prises de tête.

Je finis par me lever et m'étire autant que possible, bien que je sache que cela ne soulagera pas mes courbatures. Lorsque je pose un pied dehors, un ciel sans nuage se dresse devant mes yeux. Malgré l'orage d'hier soir, une belle journée s'annonce.

Je resserre mon maigre manteau autour de moi, toujours aussi frigorifié d'avoir dormi avec des vêtements humides. Je regrette de ne pas les avoir enlevés, mais je ne me voyais pas me déshabiller en la présence de Jungkook. D'ailleurs, je le cherche du regard, mais ne le vois pas à proximité. Je marche un peu, sans trop savoir où je vais, et me laisse guider par mes jambes. La forêt me semble bien moins effrayante à cette heure-ci.

Il me faut plusieurs minutes pour le trouver. Il est accroupi au bord d'un ruisseau, torse nu, avec une petite branche à la main. Cette dernière ressemble étrangement à une brosse à dents : l'écorce de l'extrémité a été retirée pour former de légers filaments. Je le vois tremper cet objet dans les cendres qui semblent provenir d'un ancien feu. Il s'applique ensuite à nettoyer ses dents avant de se rincer rapidement la bouche.

En le sachant vivre ici, je n'avais pas immédiatement pensé à cet aspect de sa vie. La solitude, l'alimentation et les conditions dans lesquelles il pouvait dormir étaient les premières choses qui m'avaient frappé. Pourtant, la manière dont il prend soin de lui malgré les circonstances est remarquable. Je n'y avais jamais vraiment réfléchi, car il ne m'a jamais paru sale : ses cheveux ont toujours semblé soyeux malgré la terre, et son odeur évoque simplement la nature, avec un côté boisé plutôt agréable.

Sa peau est étrangement pale pour un homme vivant dans la nature, mais j'imagine que les feuillages y sont pour quelque chose. Ils doivent le protéger des rayons puissants du soleil. Il ne pourrait pas être plus différent de moi qui ait un épiderme plus foncé et un corps bien plus chétif que le sien.

Quelques minutes plus tard, il se munit d'un long bâton aiguisé et, les muscles tendus, il chasse le poisson avec ce dernier. Je ne pense pas qu'il sache que je le fixe, alors j'en profite pour continuer à l'observer. De longues cicatrices parcourent sa peau, telles des marques de guerre, certaines formant des taches rouges où la peau semble avoir été brûlée à vif. Ces traces témoignent d'une souffrance ancienne, comme des souvenirs douloureux incrustés à jamais en lui. Comment a-t-il pu finir comme ça, avec autant de blessures ?

Tout à coup, son regard se porte sur moi. Finalement, il ne semble pas surpris de me voir là, on dirait qu'il sait toujours ce qui se passe autour de lui : on ne peut rien lui cacher. Il détourne ensuite son attention sur le cours d'eau et, attentif et méticuleux, il lève le bras, le bâton en main, puis le plante directement dans un poisson. C'est à se demander s'il a fait ça toute sa vie, pour être aussi précis.

Je me rapproche, les feuilles et les branches mouillées craquant sous mes pas. Bientôt, j'arrive au bord de l'eau et découvre un énorme tronc d'arbre faisant office de pont entre les deux rives. Le courant assez puissant pour le rendre particulièrement glissant. Jungkook a un pied dans le ruisseau et l'autre sur terre, et je me demande s'il se rend compte de la dangerosité de la situation. Ce cours d'eau n'a rien de petit, il ne s'agit pas d'un lac ou d'un petit point d'eau, mais il semble tout de même plutôt profond.

— Tu as conscience de faire quelque chose de dangereux au moins ?

Il dépose le poisson tout juste pêché sur le sol avant de me jeter un coup d'œil. Un petit sourire se dessine sur son visage, un phénomène si rare qu'il me laisse troublé pendant quelques secondes.

— Tu as peur ?

Me provoque-t-il ?

Je choisis de ne pas répondre à sa provocation. Au lieu de cela, je préfère lui montrer que je ne suis pas du genre à reculer devant un défi. Je pose un pied sur le tronc, suivi de l'autre, et me retrouve immédiatement dans une position précaire. Le bois, glissant sous l'humidité, rend mon équilibre instable, et je sais que je pourrais tomber à tout moment.

— Taehyung ! dit-il subitement, mais je l'ignore, bien trop concentré sur mes pieds.

Je fais un pas à la fois, avançant prudemment sur le tronc, mais glisse soudainement. Je me rattrape de justesse, retrouvant un semblant d'équilibre et un sourire de satisfaction me gagne. Je lève les yeux vers Jungkook, cherchant son regard, mais il reste impassible, étant peut-être sceptique quant à ma capacité à y arriver. Je suis déterminé à lui prouver, autant qu'à moi-même, que je ne suis pas la petite chose fragile qu'il imagine.

Je m'encourage mentalement, plus qu'un mètre me sépare de l'autre côté de la rive, alors je prends confiance. Je suis bientôt arrivé lorsque je marche sur la mousse de l'arbre et trébuche. Mon pied dérape et cette fois je ne me rattrape pas. Avant que je ne chute dans l'eau, Jungkook m'attrape les poignets et me tire à lui. Avec force, je m'écrase contre son torse, mais heureusement, il se montre solide et nous ne finissons pas au sol.

— Tu es complètement fou, crache-t-il à quelques centimètres de mon visage.

D'aussi près, l'intense couleur noire de ses pupilles me frappe. Malgré qu'elle soit sombre, elle arrive à briller sous la lumière du jour, comme si des milliers d'étoiles avaient décidé d'éclairer ses iris, lui accordant au moins cela. Une main toujours autour de mon poignet, l'autre nichée au creux de mes reins, il recule plus vite que son ombre quand il se rend compte de notre proximité.

Malgré la courte durée de ce contact, j'ai eu le temps d'apprécier sa chaleur quelques instants. Sa peau était brûlante et son torse ferme.

Je crois que je divague, mais cette fois, ce n'est pas sous l'effet de la drogue, et c'est précisément ce qui me trouble le plus. Je dois probablement être en manque, ce qui explique pourquoi mon cerveau me fait ressentir des choses aussi étranges.

— Il faut que tu arrêtes de vouloir te faire remarquer et d'essayer de faire des choses dont tu n'es pas capable.

Je marque un temps d'arrêt. Je croyais que nous avions évolué, que notre relation allait être plus légère à partir de maintenant. J'en viens à regretter le moment où il ne parlait pratiquement pas et qu'il avait du mal à former des phrases.

— J'en suis capable, me défends-je, les points sur les hanches.

— Mais bien sûr ! dit-il ironiquement.

Pourquoi sommes-nous obligés de nous comporter comme des enfants en la présence de l'autre ?

Il se penche pour ramasser les trois poissons qu'il a péché avant de commencer à s'éloigner.

— Tu n'as qu'à m'apprendre !

Il ne se retourne pas en me répondant, traçant sa route comme il le fait toujours :

— Je croyais que tu en étais capable tout seul.

— Ravale ton sarcasme, sauvage, parce qu'il ne me plaît pas du tout.

Il ne rétorque plus rien, alors je me mets à courir derrière lui, bien décidé à me faire entendre. Je ne sais pas pourquoi j'ai autant ce besoin d'insister, de m'accrocher... A quel point je me sens seul pour traîner avec un homme comme lui ?

Alors qu'il me tourne le dos, je saisis son bras pour le faire pivoter vers moi. Il se retourne partiellement, me fixant du coin de l'œil, un regard perçant qui descend lentement vers ma main, fermement agrippée à son biceps. À mon contact, tout son corps se contracte, comme à chaque fois. Ses muscles se tendent sous mes doigts, et sa mâchoire se crispe légèrement, trahissant une tension qu'il s'efforce de contenir.

Il a horreur qu'on le touche, il me l'a déjà dit et c'est pour cela que je ressers mon emprise sur son bras.

— Pourquoi on ne passerait pas un nouveau deal tous les deux ? Je t'apprends tout ce que tu as besoin de savoir sur le monde civilisé et toi, tu m'apprends à survivre dans la nature.

Il me toise avec colère, comme s'il était prêt, à tout instant, à laisser tomber ses poissons pour m'étrangler de ses mains nues. Pourtant, j'ai appris à ne pas me laisser impressionner par ses menaces, car il aboie plus qu'il ne mord. En parlant de morsure, une question me traverse l'esprit : où peut bien se trouver Ice en ce moment ?

— Tu es un garçon coriace, Taehyung, chuchote-t-il soudainement.

Il a raison. Ceci dit, je préfère dire que je suis une personne déterminée.

— Alors ?

Il se dégage brusquement de mon emprise et s'approche, collant son torse contre le mien. Il penche la tête vers moi, ses yeux fixés sur les miens, dans une tentative évidente de m'intimider. Pour quelqu'un qui prétend détester tout contact physique, il est étonnamment proche de moi en ce moment. Mais s'il pense pouvoir m'effrayer, il se trompe lourdement ; je vais lui montrer de quel bois je me chauffe. Je ne lâcherai pas l'affaire.

Cependant, une question me taraude : est-ce que je fais ça parce que j'ai sincèrement besoin de son aide, parce que je cherche une distraction, ou simplement par pur esprit de contradiction ?

Je réponds à sa provocation en m'avançant encore plus près, jusqu'à ce que nos nez se touchent presque. Il ne recule pas, ses pupilles plantées dans les miennes, un air de défi s'échappe de son regard.

— Pourquoi pas, sauvage ?

Ma respiration s'étale sur sa bouche et son regard s'attarde sur mes lèvres un peu plus longtemps que nécessaire. Le temps semble alors se suspendre, tandis que mon cœur, paradoxalement, se lance dans une course effrénée.

— Parce que je n'apprécie pas ta présence.

La chaleur de son souffle me fait frissonner quand elle m'atteint. Il faut que ça s'arrête. Je ne comprends pas ce qui se passe, je suis perdu.

— Pourquoi es-tu si près de moi alors ?

Ses iris se promènent sur mon visage avec curiosité, comme s'il cherchait à découvrir quelque chose à travers mes traits. C'est seulement la seconde fois que son regard ne contient aucune once de méchanceté en me fixant, la première datant de notre rencontre. Je ressens physiquement son regard qui me scanne, comme s'il me caressait avec ses yeux. Et chacune de ses caresses provoque des petits frissons sur mes bras, là où son attention se fixe, puis elles remontent jusqu'à mon cou, m'indiquant à quel point il aimerait, au moins par curiosité, me toucher. Mais son attitude dégage autre chose, une animosité que je ne comprends pas vraiment.

Alors que je pensais qu'il allait capituler à ma remarque, au contraire, il s'avance encore, me faisant reculer de force. Je ne trébuche pas, mais j'ai failli à cause de cette branche qui est tombée pendant l'orage de la veille. Il lâche les poissons au sol, et son regard se durcit encore, si cela est possible.

— Je te fais peur, flocon ?

Ce surnom me met toujours mal à l'aise, et le fait que son corps soit si proche du mien n'est pas nécessairement rassurant. Cependant, je m'efforce de ne pas laisser transparaître mon malaise, comme à mon habitude.

— Non.

Je ne sais même pas comment je fais pour que ma voix ne tremble pas.

Sa musculature ferait pâlir n'importe qui. Il a été taillé pour la survie, pour résister aux intempéries et aux difficultés de la vie. Et si cela n'est pas évident au premier coup d'œil, il suffit de lire à travers son regard pour comprendre.

Tout à coup, il m'attrape par les hanches et me soulève dans les airs, comme si je ne pesais rien, pour me jeter sur son épaule. Il se met alors à marcher, tout en me portant.

— Jungkook ! Putain, mais lâche-moi !

Si tout à l'heure je faisais le fier, maintenant, j'ai la frousse. Que va-t-il me faire ? Ce n'est pas parce qu'il ne m'a pas tué hier soir qu'il ne va le faire maintenant.

— Ferme-là, m'intime-t-il d'une voix calme et profondément grave.

— Fais-moi descendre, ça ne me fait pas rire, dis-je en continuant de me débattre.

Je me défends en tapant son dos alors que le sang commence à me monter à la tête. Ne m'écoutant pas et ne sentant probablement même pas mes coups, je décide de lui frapper les fesses afin de le pousser à me lâcher.

— Tais-toi, tu vas faire partir le gibier, finit-il par dire.

— Merde, mais lâche-moi, putain ! crié-je en lui assenant une claque sur le postérieur.

— Tu peux continuer tant que tu veux, je ne te lâcherai que lorsque nous serons arrivés, dit-il avant de me donner lui-même une fessée.

Je suis en colère là. De quel droit se permet-il de me toucher à cet endroit ?

Ne fais-tu pas de même ? me crache ma conscience en riant.

Il continue de marcher à une vitesse effrénée, pourtant je ne cesse pas de gesticuler. Le décor autour de nous reste identique, monotone, ce qui rend difficile de déterminer où il m'emmène.

— Jungkook... hésité-je. Tu me fais peur là...

Ça me fait vraiment mal de l'admettre, mais je n'ai pas le choix. Il est tellement imprévisible qu'il me terrifie, cet imbécile.

Il soupire profondément avant de commencer à me caresser la jambe avec son pouce à travers mon jean, dans une tentative de me rassurer. Bien que ce geste puisse sembler banal, je ne peux pas empêcher mon corps de réagir par une respiration plus rapide, trahissant une agitation intérieure que j'essaie de contrôler.

— Si j'avais voulu te faire du mal, je l'aurais fait depuis longtemps. Crois-moi, m'assure-t-il, la voix dure, en totale opposition avec son touché délicat. Maintenant, ne fais plus de bruit, nous allons bientôt arriver.

Je décide de l'écouter et ferme les yeux un instant, me préparant au pire. Je sais qu'il ne me lâchera pas tant qu'on ne sera pas là où il veut aller, alors je me tais.

Quelques minutes plus tard, il s'arrête et me fait descendre doucement, me laissant glisser le long de son corps. Je suis encore en colère, alors je tente de ne pas me concentrer sur le fait que, dans son geste, je sens certaines parties de son anatomie tout contre moi.

Je n'ai pas le temps de crier ma colère qu'il plaque sa main contre ma bouche.

— Chut, chuchote-t-il dans un souffle. Regarde par-là, me lance-t-il à voix basse, tout en me désignant quelque chose derrière moi, un peu plus loin.

Je me retourne et découvre un chevreuil, mais je ne saisis pas ce qu'il cherche à me faire comprendre. Qu'est-ce qu'il veut au juste ?

— Pour survivre dans la nature, il faut savoir chasser. En es-tu capable, Taehyung ?

Son souffle s'abat sur mon oreille et j'ai envie de me décaler pour mettre un peu de distance entre nous.

Comment veut-il que je fasse ça ? En temps normal, je trouve mon dîner déjà tout prêt, dans mon assiette. Et puis, il me faudrait une arme ou bien quelque chose pour attraper l'animal parce que je ne cours pas suffisamment vite.

— Déshabille-toi, dit-il tout à coup et ma tête se tourne vers lui plus vite que je ne l'aurais voulu.

— Quoi ?

Je ne sais même pas pourquoi je l'écoute et que je chuchote.

— La friction entre ton corps et tes vêtements fait un bruit fou, et ça te ralentit. Il faut que tu sois rapide et silencieux, extrêmement silencieux.

Se paie-t-il ma tête ? Je n'arrive pas à le déterminer. Il a l'air tellement convaincu par ses paroles qu'il me met le doute. Cherche-t-il à m'humilier ? Ses propos sont insensés, mais ils me laissent tout de même pensifs. Quand je l'ai rencontré, il ne portait rien et cela semblait convenir à son environnement. Aujourd'hui, je sais qu'il est partiellement habillé seulement pour répondre convenablement à ma gêne.

Veut-il être sur un pied d'égalité ? Je l'ai vu nu alors il attend la même chose de ma part ?

Quel genre de jeu tordu est-ce donc ?

Ou bien me teste-t-il à nouveau ?

Je soupire, je n'ai jamais su résister à la provocation, et ça finira inévitablement par me conduire à ma perte...

Je commence à baisser la fermeture éclair de mon blouson, mais il fronce les sourcils et me fixe d'un regard sévère, me signifiant de faire moins de bruit. Avec précaution, je mets une éternité à enlever mon manteau, le posant enfin sur le sol avant de m'attaquer à mon pull et à mon t-shirt. Le froid vient attaquer ma peau, la titillant de frissons.

Il est hors de question que je retire mon pantalon.

Ses yeux effleurent mon corps, de haut en bas, si rapidement que j'en serais presque vexé. Okay, il est complètement indifférent à ma personne.

— Bien, reprend-il dans un souffle. Maintenant, tes pas doivent être aussi légers qu'une plume. Tellement délicats que la nature elle-même doit penser que tu fais partie du décor.

— Comment ?

— Fais comme si tu avais peur de faire mal au sol en marchant dessus. Il souffre à chacun de tes pas, alors essaie de... flotter sur lui.

— Euh... je ne suis pas sûr de pouvoir faire ça.

Je suis une personne peu discrète, arrivant à signifier ma présence à des kilomètres à la ronde.

Il se gratte la tête, à la recherche de la meilleure solution.

— Ferme les yeux.

— Je ne sais pas marcher avec les yeux fermés, tu le sais au moins ? ris-je, mais je me tais lorsqu'il m'envoie un de ses regards noirs.

— Fais seulement ce que je te dis.

Il continue de chuchoter, mais conserver son calme semble lui coûter.

— Okay, okay, pas besoin d'être aussi autoritaire.

Les paupières abaissées, je le sens se déplacer pour se mettre derrière moi. Ses pas sont tellement légers que, même s'il est proche de moi, je dois tendre l'oreille pour l'entendre.

— Ecoute ta respiration et tente de la calmer davantage, pour qu'elle se fonde avec ton environnement.

J'essaie de faire comme il me dit, mais c'est difficile. J'arrive à réduire le bruit pour faire des alentours un fond sonore, mais pas autant que je le souhaiterais.

Lorsqu'il met sa main sur mon ventre nu, je sursaute.

— Concentre-toi, tu peux faire bien mieux que ça. Prend de longues inspirations, il faut que tu sentes ton corps te lâcher.

Notre proximité ne m'aide pas du tout à calmer ma respiration, surtout que, les yeux fermés, je me sens vulnérable. Je soupire, essayant de faire abstraction de sa présence et de me recentrer sur moi-même. Je tends l'oreille aux murmures de la nature et cherche à harmoniser mon souffle avec celui du vent. C'est comme si mon corps se mettait en veille, qu'il s'apprêtait à s'endormir.

— Voilà, comme ça, flocon.

Ses paroles viennent troubler le rythme régulier des poumons de la nature, alors je m'adapte à ce changement.

— Maintenant que ton corps est plus léger, tes pas vont l'être également. Ne te précipite pas, ne panique pas. Il faut que tes ondes soient positives, ou bien que tu sois suffisamment concentré sur ta tâche pour ne pas effrayer ta proie. Elle doit se sentir en confiance et pas traquée.

Je me contente de hocher la tête, de peur de briser le lien étroit que j'ai tissé avec ce qui m'entoure. Je ne sens même plus son corps près de moi, pourtant je sais que son torse est plaqué contre mon dos et que sa main repose sur mon ventre. C'est comme si j'étais omniprésent.

Je suis là et pas là.

Je ne fais qu'un avec mon environnement, et donc également avec Jungkook. C'est un sentiment tellement fort, tellement puissant que j'en suis quelque peu déstabilisé.

— Tu vas me regarder faire, Taehyung. Puis tu m'aideras à préparer la nourriture.

Sa main me quitte et sa chaleur aussi. Je me sens étrangement vide tout à coup, j'ai l'impression de perdre le fil, de rater quelque chose d'important. J'entends des bruits de fouille avant qu'il ne saisisse mon poignet et ne me dépose un objet dans la paume de ma main. Je grimace à la douleur lorsque le couteau entre en contact avec ma paume meurtrie, mais je reste silencieux, ne montrant aucune faiblesse.

— Tu me fais suffisamment confiance pour me confier une arme, sauvage ? le provoqué-je, un sourire sur le visage.

La stabilité de l'air semble se transformer et je remarque que ce n'est pas le vent, mais l'attitude de Jungkook qui m'a impacté d'une façon remarquable. J'ai ressenti ce changement d'ambiance au plus profond de mon âme. Lui ai-je fais peur ?

— Je peux me défendre, avec ou sans arme, Taehyung, alors ne me défie jamais.

Sa voix n'est pas dure, elle ne me froisse pas. Il n'y a que de la sincérité qui se dégage de ses mots.

Il me fait comprendre qu'il n'hésiterait pas à se servir de ce couteau ou n'importe quoi d'autre s'il venait à se sentir menacé par moi. Le message a été reçu cinq sur cinq.

Un temps infini s'écoule sans qu'il ne se passe rien, sans qu'il ne se dise rien. Je décide alors d'ouvrir les yeux.

Jungkook a disparu.

Il est parti lorsque la brise s'est levée et a été emporté par le vent, dans le calme. Je tourne la tête et tombe sur le chevreuil qu'il m'a montré tout à l'heure. Le couteau toujours en main, je ressers mon emprise sur le manche, sachant ce qu'il attend de moi.

Je suis ses conseils et m'approche doucement de la bête, avec des pas extrêmement légers. Bientôt, j'arrive à la hauteur d'un buisson où je me planque derrière, les yeux verrouillés sur ma proie.

Maintenant que je ne suis qu'à quelques mètres, je doute. Est-ce que je vais supporter un tel spectacle ? Ça ne me ressemble pas.

Je ferme les yeux en me répétant que je peux le faire, pour m'encourager. Mes doigts tremblent autour de mon arme parce que je ne me sens pas capable d'observer Jungkook ôter la vie d'un être vivant, comme ça, aussi simplement. Même si je sais que c'est avant tout une question de chaîne alimentaire, ma conscience me fait défaut.

J'inspire plus profondément et attends qu'il fasse quelque chose, parce que, tout à coup, je me sens tétanisé.

La violence est une défense que je ne comprendrais jamais, même si elle apparaît nécessaire à certains moments. Je suis incapable d'y faire face, elle m'immobilise dans ses filets et ne fait que resserrer son étau. Au-delà de me paralyser, elle court-circuite mes pensées, me laissant là, pantelant, ne sachant plus comment bouger un doigt.

_________

NOTE DE L'AUTEURE :

Ce chapitre est plein de tension, les amis !

Ils se cherchent, on dirait qu'ils ont besoin de se confronter l'un à l'autre, comme si ça leur été vital. Pourquoi ? Qu'en pensez-vous ? 

On vit les montagnes russes avec ces personnages. Il semble y avoir une brèche dans leur dynamique, une confiance très fine, à peine mesurable. Mais c'est fragile, on ne sait pas trop où tout cela va les mener...

Que pensez-vous du comportement ambivalent de Jungkook envers Taehyung ?

Et de Tae avec son insolence et son incapacité à refuser de répondre à tout ce qu'il interprète comme une provocation ?

Derrière leur façade, que se cache-t-il ?

A très vite pour la suite, mes Dumiz !

Era xx

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