CHAPITRE 11 - Meurtrier
Sache que c'est ta manière de penser qui va définir ta vie : soit tu vas penser positivement et tu amèneras des ondes positives dans ton quotidien, ou bien tu penseras négativement et tu ne pourras que sombrer dans les désillusions. Pour te sentir différemment, tu vas être obligé(e) de bouleverser ton cocon et sortir de ta coquille. Je sais que ce n'est pas facile à faire, mais ce n'est pas impossible non plus. Tu peux y aller en douceur et voir ce que ça donne. Commence par développer les activités qui te plaisent et investie-toi à fond. Cependant, écoute toujours ton instinct et ne fonce pas tête baissée dans un mur. Fais-toi plaisir car nous n'avons qu'une seule vie.
Pour tous ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir vivre certaines expériences, tu dois le faire. Pour eux, mais aussi pour toi, pour ne pas vivre avec ces foutus regrets.
POINT DE VUE DE TAEHYUNG :
Peut-être que je fais une erreur en lui proposant de me suivre. Je ne sais pas pourquoi je m'entête à passer du temps avec lui, c'est comme si c'était nécessaire pour moi d'apprendre à le connaître, de lui laisser une chance. J'ignore si c'est ma solitude qui parle ou bien ma culpabilité face à sa propre solitude. La seule chose dont je suis certain, c'est que c'est rafraîchissant. Il est rafraîchissant. Une forme d'innocence se dégage de lui, en parallèle d'une force assez surprenante. Bien sûr, il est physiquement costaud, mais ce n'est pas de cette force-là dont je parle. Elle vient davantage de son esprit, de sa manière d'appréhender son environnement. Mais cela se confond avec sa façon presque brutale d'interagir et de penser l'humain. Ce contraste m'intrigue, me donne l'envie de le percer à jour.
Nous passons la piscine et la petite cour devant la maison lorsqu'on entend des pneus crisser sur le sol.
Oh non !
Aaron...
— Fais-toi discret, je vais te faire passer pour un dealer. Ne dis rien. Je suis très sérieux, le préviens-je d'un regard qui se veut intransigeant.
Je m'avance délibérément vers la voiture d'Aaron et me positionne devant Jungkook, comme pour le protéger, bien que je sois conscient que je ne couvre même pas la moitié de son corps. Heureusement, pour une fois, il est tout habillé.
Mon petit-ami descend de sa Porsche dernier cri avec désinvolture, un jean noir lui tombant bas sur les hanches, ainsi qu'un polo gris épousant parfaitement ses muscles dessinés. Ses lunettes de soleil sombres, presque opaques, ajoutent de l'effet à son arrivée. En refermant la portière, il passe la main dans ses cheveux, un geste maîtrisé visant à souligner son charme. Du Aaron tout craché ça.
— Chéri, dit-il d'un ton joyeux.
— Aaron !
Il s'avance vers moi et fais mine de ne pas se préoccuper de la présence de Jungkook, souhaitant probablement démontrer qu'il vaut mieux que ça. Sans que je ne m'y attende vraiment, sa bouche fond sur la mienne. Je trébuche de quelques pas en arrière, et heureusement qu'Aaron me tient fermement par les hanches, sinon je serais tombé par terre.
Mais qu'est-ce qui lui prend, bon sang ?
Je le repousse, ayant sérieusement besoin de respirer. Dans tous les sens du terme.
Aaron me quitte alors des yeux pour fixer un point derrière moi. A l'air hautain qu'il affiche, je comprends qu'il cherchait seulement à marquer son territoire. Son comportement me dégoûte, je ne suis pas sa chose. Le problème lorsqu'on donne l'impression d'être innocent, c'est que cela créé un effet de domination que j'exècre. Cette relation descendante est inégalitaire, en plus de me provoquer de l'urticaire.
Je le bouscule plus franchement, lui faisant comprendre mon mécontentement et ses mains quittent enfin mes reins.
Je me retourne à nouveau et remarque que Jungkook fixe lui aussi Aaron avec une intensité étrange. Une conversation silencieuse semble se dérouler entre eux, juste sous mon nez, sans que je puisse en saisir les véritables enjeux. Pourtant, une chose est claire : une tension sourde règne entre eux, une antipathie mutuelle qui ne laisse place à aucun doute. Ce qui m'étonne, c'est qu'ils n'ont même pas échangé un seul mot, et déjà l'atmosphère est lourde, comme si leur animosité était instinctive, ancrée dans quelque chose de plus profond que de simples mots.
Putain, Taehyung, fais quelque chose !
— Aaron, voici Jungkook, mon dealer. Et Jungkook, voici Aaron, mon petit-ami.
Je fais les présentations en pensant apaiser les choses. À ma surprise, le seul à se détendre légèrement est Aaron, dont l'attitude change subtilement dès qu'il apprend que Jungkook est un dealer. En revanche, Jungkook reste impassible, le visage fermé. Ses sourcils froncés et sa mâchoire crispée trahissent une colère qu'il ne cherche pas à dissimuler. L'ambiance demeure électrique, comme si une étincelle suffirait à tout faire exploser.
— Salut, mec ! Tu devrais peut-être desserrer ta mâchoire, je ne voudrais pas que tu te pètes les dents, s'amuse-t-il pour détendre l'atmosphère, mais la désillusion est instantanée.
Jungkook serre les poings, et je ne suis pas le seul à le remarquer. Aaron ricane dans le silence de cet instant suspendu, un son presque provocateur qui résonne encore plus fort dans l'air tendu. Je commence sérieusement à m'interroger sur son problème ; pourquoi ressent-il toujours le besoin de chercher les ennuis de cette manière ? Prend-il plaisir à semer le chaos ?
Voyant la situation dégénérer, je décide d'intervenir avant que les choses n'aillent trop loin. Je prends fermement le bras de mon petit-ami et le tire doucement mais résolument à l'écart, l'entraînant vers la façade de la maison.
— Je peux savoir pourquoi tu te moques de lui ? lancé-je durement.
— Tu veux connaître mon avis ? Il m'a l'air bien coincé pour un dealer ! assène-t-il en me fusillant du regard, son comportement contrastant totalement avec son attitude d'il y a quelques secondes.
— Tu sous-entends quoi au juste là ?
Il lève les mains en l'air, comme pour se dédouaner de ce qu'il s'apprête à dire.
— Je dis juste qu'il ne ressemble pas aux mecs qu'on a l'habitude de fréquenter dans ce milieu.
— Et alors ? Depuis quand ça a de l'importance tant qu'on a notre came ?
Je me renfrogne, sur les nerfs.
— Ça en a lorsque tu couches avec, Taehyung.
Il insiste plus que nécessaire sur mon prénom, mais ce n'est pas ce qui attire le plus mon attention.
Vient-il vraiment de dire ce que j'ai entendu ?
— Tu te fous de ma gueule ? Tu me fais une crise de jalousie là ?
Je fais de grands gestes à mesure que ma voix grimpe.
— Arrête de me mentir, on sait tous les deux que ce n'est pas ton dealer, mais plutôt ton plan cul. Regarde-le, il ressemble à un chien errant. En plus, tu es distant avec moi depuis quelques semaines. Putain, ça fait au moins un mois que tu ne me portes plus attention. C'est à peine si tu es présent quand on baise !
— Et alors, il n'y a que ça qui t'intéresse ?
— Tu sais à quel point c'est important pour moi !
— De toute façon, il n'y a que ça qui compte pour toi. Tu t'en fous de comprendre pourquoi je réagis comme ça. T'es qu'un putain d'égoïste, Aaron.
Sur ces mots, je lui tourne le dos, prêt à partir, considérant la discussion close. Mais il semble qu'Aaron ne partage pas mon avis. Avant que je ne puisse m'éloigner, il m'attrape violemment par le bras, me forçant à me retourner face à lui. Sa poigne est si brutale que je laisse échapper un petit couinement de douleur.
La colère monte en moi, et je m'apprête à lui faire comprendre qu'il est allé trop loin, mais avant même que je puisse réagir, Jungkook intervient, plus rapide que moi.
— Lâche, crache-t-il avec un calme qui me fait trembler.
Il est déjà à mes côtés tandis que ses yeux sont verrouillés sur la zone de contact entre Aaron et moi. Ce dernier finit par me libérer de son emprise pour se placer devant Jungkook, un air de défi plaqué sur le visage.
— Je te préviens, ne me donne plus jamais d'ordre, imbécile.
Ils se jaugent du regard, une animosité crépitant entre eux, comme si un simple mot suffirait à déclencher un affrontement. Jungkook reste impassible, calme et serein, mais son regard est aussi dur que de l'acier. Il ne bronche pas, même lorsqu'Aaron s'approche, réduisant la distance entre eux jusqu'à ce que leurs fronts soient presque en contact.
Mon cœur se serre.
Putain, ça va mal finir.
Voyant la situation s'aggraver, je saisis le bras de mon petit-ami, le tirant en arrière dans une tentative désespérée de les séparer. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu. Aaron me bouscule violemment, m'arrachant à ma prise comme si je n'étais qu'un obstacle mineur. C'est à cet instant précis que je vois un éclair passer dans le regard de Jungkook, une lueur dangereuse que je ne lui connaissais pas. Et c'est aussi à cet instant que je ressens une angoisse glaciale : j'ai l'impression qu'il est perdu, que son calme légendaire se voit remplacé par une colère menaçante.
En une fraction de seconde, le poing de Jungkook atterrit sur le visage d'Aaron et un craquement sombre se fait entendre, signe que le nez de ce dernier vient de céder sous la violence du coup. Ses lunettes de soleil volent dans les airs et viennent s'écraser avec force sur le sol. Jungkook ne s'arrête pas là, il enferme le cou de mon petit-ami dans sa main et le plaque contre le mur de ma maison. Ses doigts se referment et se resserrent sur sa gorge.
Mon cerveau met quelques secondes à comprendre qu'il est en train de l'étrangler. Je me précipite alors sur les deux hommes en hurlant :
— Jungkook, arrête !
Je crie, mais il ne semble pas m'entendre, il a totalement disjoncté. Je tente d'enlever ses mains du cou d'Aaron, dont le visage est en train de prendre une couleur bleutée inquiétante, mais je n'y parviens pas. Il est figé, comme s'il avait complètement bugué. Il ne quitte pas sa proie des yeux, et son regard devient plus sombre que je n'aurais jamais pu l'imaginer. L'enfer sort de ses prunelles et je me rends compte que je ne le connais absolument pas. Je ne sais pas qui est ce Jungkook-là.
— Jungkook, je t'en supplie, arrête ! Regarde-moi !
Les larmes aux yeux, je comprends soudainement qu'il est prêt à le tuer si je ne fais rien pour l'en empêcher ; c'est ce que dégage son aura glaçante. Malgré de nombreux coups de ma part, il ne relâche pas sa prise, ne plie pas, sa détermination est inébranlable, et il semble résolu à l'abattre de sang-froid.
Je ne sais plus quoi faire. Mon dieu...
A cours d'idées, je saisis sa mâchoire et tourne brusquement sa tête vers moi. Il suit alors le chemin d'une larme qui dévale ma joue. C'est la première fois que je pleure devant quelqu'un, la première fois que je pleure vraiment depuis très longtemps. La peur est visible dans ma façon de le regarder, il le perçoit. Ses yeux remontent pour se planter dans mes pupilles, et sa respiration, jusque-là régulée, s'affole soudain, comme s'il découvrait la scène à travers moi.
— Jungkook..., tenté-je dans un soupir.
Ce n'est qu'un chuchotement, un mot à peine murmuré, mais il se décide enfin à m'entendre. Il lâche Aaron, qui s'écroule au sol en toussant bruyamment. Jungkook recule de quelques pas avant de fermer les yeux, souhaitant probablement disparaître.
Mon petit-ami se relève difficilement, la main entourant son nez ensanglanté. Il me lance un regard mauvais, comme si j'étais responsable de la situation.
— Ce type est cinglé, j'espère au moins que tu t'en rends compte.
Sa voix est tranchante, mais une part de moi n'ignore pas son commentaire, il n'a pas totalement tort. Il n'attend pas son reste, récupère ses lunettes brisées et détale plus vite encore qu'il n'est arrivé. Je le regarde partir, restant figé durant de longues minutes, repoussant le moment où je devrai à nouveau affronter cet inconnu.
Lorsque je me retourne, Jungkook a toujours les yeux fermés et murmure des paroles inaudibles. Son torse large et massif, avec une musculature impressionnante, laisse entrevoir, manches remontées, des coupures visibles sur ses bras qui le rendent dangereux, sombre et intimidant. Pourquoi ne l'ai-je jamais vu comme ça ?
Il allait le tuer. Je le sais, je l'ai senti jusque dans mes entrailles.
Il finit par rouvrir les paupières, probablement encouragé par mon regard fixé sur lui. Ses iris percutent les miens et je n'y vois plus que de la douleur. Une douleur si saisissante qu'elle me retourne l'estomac.
Ai-je rêvé la folie que je percevais en lui il y a quelques minutes ?
Ce qu'il lit sur mes traits semble le frapper de plein fouet parce que, en un instant, il se retrouve au sol, complètement replié sur lui-même. Assister à la déchéance d'un homme aussi grand et fort, rétréci comme un enfant, est un spectacle que je n'aurais jamais imaginé, surtout venant de Jungkook.
Ses longs cheveux lui tombent sur le visage lorsqu'il baisse la tête et ses mains encerclent ses genoux tandis qu'il cherche à se faire encore plus petit.
— Jungkook ?
Il sursaute lorsque je l'appelle puis se met à trembler.
Merde, mais qu'est-ce qui lui prend ?
— Jungkook, le rappelai-je, plus doucement.
Il relève alors légèrement le menton pour me faire face. Un ange ou deux passent, et le silence s'éternise toujours un peu plus.
— Ne me regarde plus jamais comme ça, finit-il par dire, d'une voix hésitante. S'il te plaît.
— Comment ? dis-je, fronçant les sourcils.
— Comme... comme un... comme un meurtrier.
Je soupire en l'entendant prononcer ce mot qui m'angoisse. Le temps file, me laissant reprendre mes esprits, pourtant j'ai toujours la respiration lourde.
— C'est ce que j'ai vu dans tes yeux, Jungkook. Tu allais le tuer, là, sous mes yeux, réponds-je avec peine, montrant du doigt l'endroit où s'est produit la scène. Tu l'aurais fait si je ne t'avais pas arrêté, pas vrai ?
Un muscle tressaute dans sa mâchoire et ses yeux me fuient. Coinçant sa lèvre inférieure entre ses dents, il cherche attentivement ses mots, puis finit par se rabattre sur le plus simple :
— Oui.
Je commence à manquer d'air ; ça fait trop longtemps que je retiens mon souffle et que mon cœur bat la chamade. Mais qui est-il ?
— Oui, Taehyung, insiste-t-il. C'est ce que tu voulais entendre ?
Il n'y a plus de « flocon », il n'y a plus que cet étranger au regard menaçant et à la carrure d'un soldat, d'un meurtrier.
— Je t'ai demandé de ne plus me regarder comme ça.
Le ton de sa voix est cinglant, mais son corps se remet à trembler, trahissant la dureté de ses paroles.
— Mais qui es-tu, Jungkook ?
Il soupire et se relève, des spasmes saisissant toujours ses membres. Il tente de se rapprocher de moi, mais je recule. Il se stoppe un instant avant de soupirer à nouveau, puis décide de braver l'interdit et de s'avancer encore. Je me retrouve coincé contre ce même mur et je mentirais si je disais que je n'ai pas peur.
Va-t-il essayer de m'étrangler aussi parce que j'ai fait tomber son masque ?
La chaleur de son corps entre en contact avec le mien, envahissant chaque fibre de mon être. Sa main se lève, et, par réflexe, mes paupières se ferment. Comme la première fois, la toute première fois. Il respire fort, comme s'il était agacé par ma réaction, mais il ne s'arrête pas pour autant. Lorsque ses doigts effleurent mes cheveux, un frisson m'envahit. Je ne peux déterminer s'il est dû à la peur, à l'adrénaline ou à une émotion plus complexe. Pourquoi le danger m'attirerait-il ?
Sa main passe à ma joue, qu'il caresse aussi légèrement qu'une plume alors qu'il balaie les larmes qui ont séché sur ma peau. Ses doigts parcourent ma mâchoire, puis descendent le long de mon cou qu'il vient saisir fermement.
Je prends une grande inspiration, m'attendant à ce qu'il me violente, mais rien ne se passe. Il cajole la peau sensible de ma gorge avec douceur, comme s'il cherchait à se faire pardonner ses actions passées.
Mes paupières s'ouvrent et je découvre Jungkook absorbé par ses gestes. Lorsqu'il remarque que je l'observe, il relève les pupilles vers les miennes. Une profonde tristesse semble à nouveau l'envahir, et je comprends que c'est cette mélancolie qui guide son comportement actuel. Je sais que c'est sa manière à lui de s'excuser et de me prouver qu'il peut faire autrement, mais je... je ne peux pas oublier comme ça.
— Est-ce que je te fais peur ?
Sa main est toujours enveloppée autour de mon cou, et je n'ose pas répondre à sa question. Prenant une profonde inspiration pour rassembler mon courage, je hoche lentement la tête.
Alors, ce qui se passe est tout le contraire de ce que j'avais imaginé. Il me lâche brusquement la gorge et s'éloigne, sans même jeter un regard en arrière. Ses yeux sont baissés, marqués par la déception, avant qu'il ne fasse demi-tour et s'éloigne.
Le voir partir ainsi éveille quelque chose en moi. Je prends conscience qu'en dépit de tout, je veux en savoir plus sur lui.
Foutue curiosité.
Mais ce n'est pas tout, je sais qu'il n'y a pas que ça. Si je ne fais rien, je risque de ne jamais le revoir. Et étrangement, cette pensée m'effraie bien plus que tout le reste.
— Jungkook !
Je décolle du mur plus vite que mon cerveau ne l'assimile et, en un éclair, je me retrouve à nouveau face à lui.
Il ne me regarde toujours pas et la honte est lisible sur son visage, mais j'insiste.
— Jungkook.
— Non, dit-il brusquement. Je...
Il recule pour mettre de la distance entre nous. On dirait qu'il est à nouveau effrayé par l'idée de me toucher, mais cette fois pour une raison différente. Craint-il la possibilité de me faire du mal ?
— Tu ne me fais pas peur, lancé-je de but en blanc.
— Ne me mens pas. Je n'aime pas les mensonges.
— Ce n'est pas un mensonge, je sais que tu as voulu me défendre. Tu ne m'aurais jamais fait de mal.
Mes mots sont en total contradiction avec ce que ma tête me dit. Ma raison me pousse à le fuir, mais une autre partie de moi veut qu'il reste, comme si elle savait que sa colère et sa violence ne me seront jamais destinées.
— Tu ne sais pas de quoi je suis capable, Taehyung, crache-t-il, les dents serrées.
— Alors dis-moi, Jungkook. Raconte-moi ce dont tu es capable !
Il ricane, se moquant ouvertement de moi.
— Tu ne veux pas entendre ça, crois-moi.
Il tente de me contourner, mais je lui barre encore la route. Je sais qu'il ne veut plus me toucher, alors il n'arrivera pas à m'éviter.
— Bien sûr que si, je ne suis pas un enfant !
— Tu te crois plus fort que tout le monde, pas vrai ?
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai jamais dit ça.
— Tu as toujours cet air supérieur, comme si tu savais tout sur tout, mais tu ne sais rien, Taehyung. Vraiment rien !
Il ne crie pas, il reste fidèle à lui-même, mais ses mots ont tout autant d'impact que s'il les avait hurlés.
— Eh bien dis-moi alors, puisque tu as l'air de me connaître mieux que moi-même !
Il s'approche, les poings tellement serrés que je crains qu'il ne se brise les os. Puis, il se retourne brusquement, passant ses mains dans ses cheveux dans un geste de frustration. Tout à coup, il me fait de nouveau face avec le regard le plus dur qu'il ne m'ait jamais adressé.
— Tu veux savoir qui je suis ?
Soudain, il enlève sa chemise et son torse parsemé de blessures me percute les pupilles.
— Regarde-moi bien, Taehyung. N'en perd surtout pas une miette. Régale-toi, même !
Il tourne sur lui-même, me permettant d'examiner son corps couvert de cicatrices et de marques aussi inquiétantes qu'énigmatiques. Chaque trace semble raconter une histoire de douleur et de souffrance. Son torse est visiblement abîmé, et pas seulement légèrement ; il est difficile de ne pas se demander s'il a été victime d'un accident majeur. Est-ce que cela a pu entraîner une amnésie, expliquant ainsi sa vie reclus dans la forêt ?
Son visage est à nouveau sous mes yeux lorsqu'il lance sa bombe :
— Je suis un homme qui a été battu, torturé, brûlé et dépecé. Un homme qui a vécu enfermé toute sa vie, avec pour seule compagnie des livres et un chien. Je suis moi, un rien du tout, laissé à l'abandon quand on en a eu trop marre de lui. Je suis sauvage, comme tu le dis souvent. Taehyung, j'ai tué. Des dizaines de fois, et je recommencerai peut-être.
Je ne réalise que je me suis remis à pleurer que lorsqu'une larme tombe sur ma main. Le poids du monde semble s'effondrer sur moi et, à ce moment, je me sens pire qu'un rien du tout.
________
NOTE DE L'AUTEURE :
Je peux dire que c'est à partir de ce chapitre que nous entrons dans la partie que je préfère de cette histoire, même si c'est celle qui fait le plus mal.
On découvre ici une autre facette de Jungkook, bien plus sombre. C'est cette facette qui est sous-jacente depuis le début, qui laisse entrevoir le passé qui le pourchasse.
Que pensez-vous du comportement de Jungkook ?
Et la réaction de Taehyung ?
Mais aussi le comportement d'Aaron vis-à-vis de Tae ?
Et quelles sont vos théories en ce qui concerne le passé de JK ? Qu'imaginez-vous ?
Jeudi, vous aurez droit à deux chapitres ! Notamment parce que le prochain segment sera un flash-back et qu'il sera assez court, c'est pour ça. Cette partie sera très importante, elle vous permettra de comprendre le parcours de Jungkook et les émotions qui l'ont traversé. J'ai hâte d'avoir vos retours, vraiment !
Des bisous, mes Dumizzzzz !
Era xx
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro