II
(N.A: Après réflexion je pense que les chapitres de Inferno666 ne sont pas si volumineux que ça. J'ai donc décidé de les publier d'un seul bloc, et non pas fragmenté comme précédemment. Si vous préfériez la version en plusieurs partie, merci de me le faire savoir au besoin. Bonne lecture!)
Sans montre ni horloge, Agathe ignora combien de temps elle était restée là, seule, à tourner en rond dans ce bureau si grand et si vide à l'exception du bureau de pierre et des deux sièges. Elle ignorait si c'était dut à la métamorphose de son métabolisme, ou au stress grandissant, mais elle dut se défaire de son blouson, de son tee-shirt, et elle déchira son jean pour en faire un short. Son maquillage avait coulé et lui faisait des yeux cernés de noir. En débardeur blanc léger, sort en jean, et muni aux pieds d'une simple paire de tennis, Agathe avait l'impression d'avoir retrouvé son look de lycéenne.
Ayant pas mal de temps à tuer, et jugeant que vu le lieu et le moment,elle avait déjà dut être assez vilaine pour finir en Enfer, Agathe décida de fouiller un peu le bureau du Diable. Le dessus de la table était très dégagé, et ne comportait que les feux follets, le rouleau de parchemin sur lequel Belzébuth avait écrit à son arrivée au Purgatoire, la plume en os et son encrier. Elle ne trouva qu'un seul tiroir sur la droite du bureau, qui était fermé à clef. La serrure, en forme d'œil Illuminati, avait une fente de forme incurvée. Agathe se demanda quel type de clef pouvait avoir cette forme. Ne trouvant rien qui puisse ressembler de prêt ou de loin à une clef, elle entreprit de forcer la serrure à l'aide de la plume en os.
- Pas touche ! s'écriât le Diable en claquant sa main à plat au-dessus du tiroir.
Agathe sursauta, se redressa brusquement et en lâcha la plume qui resta bloquée dans la serrure.
- Je ne peux pas te laisser vingt-quatre heures toute seule ! pesta-t-il en arrachant la plume de la serrure. Tu mériterais que je te griffe toute la longueur du dos avec cette putain de plume enfoncé jusqu'à l'os.
- Je suis sûre que ça fait bien plus que vingt-quatre heures, protesta Agathe en voulant changer de sujet loin de cette punition qui lui donnait des frissons. J'ai l'impression que ça fait une éternité que vous m'avez laissée seule ici.
- A croire que je t'ai manqué, répondit-il avait un grand sourire.Bon, au sujet de cette punition...
Agathe ne voulut pas en entendre plus et s'enfuit du bureau avant que le Diable ne l'attrape.
- On va tourner en rond dans cette pièce avec ce petit jeu. Il est temps que tu comprennes en face de qui tu te trouves. Plus vite tu te rendras, plus vite la punition sera passée, expliqua-t-il en la suivant en marchand. Alleeeez ! Je ne ferais pas durer, promis ! continua-t-il commençant à être agacer, la plume à la main.
Agathe préféra rester le plus loin de lui. Ils avaient déjà fait un tour de la pièce, quand elle se rendit compte, revenu du côté du bureau, que le Diable avec oublier de faire quelque chose. Elle attrapa l'encrier qu'elle lança au loin. Il alla éclater contre le mur de granite, ratant largement le Diable qui se retourna pourvoir l'encre salir son mur.
- Saloperie ! Ça t'amuse de tout dégueulasser ici ? Hé !Reviens ici !
Profitant d'un moment d'inattention, Agathe avait monté l'escalier quatre à quatre, le Diable ayant oublié de fermer l'ouverture menant au bassin de Djinn. Il eut beau claquer des doigts, le mur ne se dressa qu'après le passage d'Agathe.
Lors de son précédent passage, Agathe avait remarqué un petit renfoncement dans le couloir menant au bassin, qui était ornée d'une statue. A l'embranchement, elle prit à gauche et se glissa le plus vite possible derrière la statue. A peine eu-t-elle le temps de s'accroupir derrière le socle, que le Diable, qui la talonnait de près, passa au pas de course, semblant fulminer, et Agathe reconnue cette aura rouge de colère qui cette fois-ci lui prenait tout le dos, la tête et les bras. Lorsqu'il arriva au bassin, Agathe, sur la pointe des pieds, alla rejoindre l'embranchement. Elle savait qu'il y avait un "ascenseur" ou du moins un moyen de remonter à la surface. Il était inutile qu'elle revienne dans le bureau, elle y serait de nouveau bloquée, et il n'y avait rien pour ce cacher. Malgré les menaces du Diable, Agathe décida de remonter par l'escalier de droite, estimant que le Diable ne pouvait pas lui en vouloir d'avantage.
Les éclairages se faisaient rares, et le couloir était si large qu'elle entendait par échos les bruits du Diables qui détruisait poteries et pilier rocheux pour la retrouver. Elle pressa le pas en faisant le moins de bruit possible. Alors qu'elle pensait que cette montée n'avait pas de fin, elle entrevit une pâle lumière, comme un doux rayon de soleil d'hiver.
Alors qu'elle pensait être revenue sur Terre, elle vit que cette lumière crépusculaire venait en réalité d'une immense paire d'aile d'un blanc lumineux qui lévitait au-dessus d'un socle d'ivoire blanc immaculé, trônant en plein milieu d'une pièce ovale. Le toit était une voûte en croisés d'ogives. Le tout, taillé dans la pierre noir, était éclairé de lumière rougeâtre passant à travers de longs vitraux multicolores, et une ouverture passant sous un arc gothique semblait donner sur un petit balcon, à l'opposé de l'entrée. Alors qu'elle s'approchait doucement des ailes, elle sursauta en entendant un bruit provenant du dessus de la porte qu'elle venait de passer. Dans une petite niche taillée dans la roche, elle vit s'éveillé un oiseau au plumage d'un rouge noble et incendiaire. Ses yeux d'or scrutaient Agathe qui n'osa d'abord pas bouger devant cette magnifique apparition. Elle ne voyait pas comment un aussi bel oiseau, à l'air si doux et sage avait pu finir dans les Enfers. Agathe leva doucement la main vers l'oiseau...
L'oiseau se redressa soudain et, les ailes grandement déployées, se mit à crier. Agathe ne compris pas tout de suite que cet horrible bruit ressemblant à un grincement métallique venait de cet oiseau qu'elle avait reconnu comme étant un phœnix. Pourtant, le fait été là : l'oiseau servait à alarmer le Diable qui, quelques mètres plus bas, réagit immédiatement.
- NAN ! REVIENS ICI !
Il était hors de question qu'Agathe l'attende sagement, d'autant plus que le Diable, fou de rage, dégageait d'imposantes flammes qui annonçaient son arrivée. Lorsque les premières flammes embrasèrent l'encadrement de la porte, Agathe put voir les yeux du Diable, plein de rage, devenues entièrement blanc, et ça peau si pâle avait pris une teinte cuivrée, comme du cuir tanné et roussi par la chaleur. Consciente qu'elle allait avoir droit à bien plus qu'une simple plume en os entre les omoplates, Agathe se précipita sur le balcon, seule issue qui lui restait.
- Mais arrête de bouger, salope ! grogna-t-il en se calmant, persuadé que cette traque prenait enfin fin. Ça t'amuse d'aggraver ton cas ?
Mais sa fuite sur le balcon ne l'avança que de quelques mètres tout au plus, et elle se retrouva de nouveau bloqué contre la rambarde en pierre. Un instant, elle fut prise de vertige. Sous le balcon se dessinait, à plusieurs centaines de mètres, un paysage de désolation aux roches arides. La balcon sortait tout droit d'une immense falaise au pied de laquelle sortait un torrent de lave qui sinuait juste sous le balcon ou se trouvait Agathe. Cette vue ne la rassurait pas, mais elle s'inquiétait tout de même d'avantage d'avoir le Diable dans le dos, qui faisait sauté la plume dans sa main. Elle fit donc volte face, les mains agrippant la rambarde, et espérant un miracle de toute son âme afin de se sortir de là.
- Tu te rappel de ce que je t'avais promis si tu rentrais ici ? Et bien je crois que c'était un peu trop gentil...
Il jeta la plume au sol qui se brisa. Le Diable s'avança à grand pas vers Agathe qui n'osait plus bouger. Quand il fut quasiment collé à elle, il la saisit brutalement par les cheveux puis la souleva doucement avec cette prise. Agathe eut l'impression que la peau se décollait de l'os de son crâne. Ne s'arrêtant pas là, le Diable la fit passer par-dessus la barrière de roche, laissant ainsi Agathe le corps dans le vide, retenu par les cheveux.
- Tu voulais jouer les filles de l'air ? Parfait, je vais t'aider à t'éclater un peu, mais au sens propre. Encore je suis trop bon, je vise juste à côté du fleuve de lave, tu ne t'enfonceras pas dans le magma après ta chute. N'ai pas peur de mourir, tu sais très bien que tu n'auras pas cette chance. Par contre attention à l'atterrissage. Tous tes os se briseront, mais ne t'en fait pas, ils se ressouderont tous comme avant, mais ça prendra quelques heures, dans une sensation de brûlure intense. Je viendrais moi-même surveiller ton bon rétablissement, mais je ne suis pas sûr que cela te rassure réellement, n'est-ce pas ?
Au fur et à mesure qu'il parlait, sa voix devenait un chuchotement suave et sadique aux oreilles d'Agathe, trop pétrifié pour bouger ou même imploré le pardon du Diable. Elle se contentait de fixer le vide sous ses yeux et ne sentait que la douleur de son crâne et de grosses larmes chaudes couler le long de ses joues.
- Maintenant que je t'ai expliqué la notice, il est temps de passer à la pratique.
- Non... finit par lâcher timidement Agathe en se mettant à trembler de tout son corps.
- Tu as peur que je te manque pendant ta chute de plusieurs minutes où tu angoisseras à mort sur le moment de l'impact. Ne t'en fais pas, on se retrouve en bas. A tout de suite...
Agathe n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'elle sentit le Diable lâcher son emprise sur ses cheveux et son corps plongea dans le vide.
Durant les premières secondes de sa chute, Agathe vit le Diable tourner les talons avec un grand sourire. Agathe préféra fermer les yeux et pria de tout ce qui restait de son cœur pour que tout cela ne soit qu'un horrible cauchemar.
Quand elle pensa que sa collision avec sol allait être imminente, Agathe ne se sentit plus tomber. Sa chute ralentit doucement, puis elle se senti légère, comme porté par un souffle chaud venant du sol.
- Tu es décidément pleine de surprise...
Étonnée d'entendre la voix du Diable, elle ouvrir de nouveau les yeux. Il se tenait toujours sur le balcon, dans l'encadrement de la porte, les mains dans les poches. Il semblait s'être calmé, mais ce qui étonna Agathe fut surtout de voir le Diable légèrement en contrebas. Quand elle eut enfin pris connaissance de tout ce qui l'entourait et qu'il ne s'agissait pas d'une illusion, elle commença à chercher la raison de sa lévitation.
- Des ailes ! s'exclama le Diable à la fois amusé et agacé. Tu m'en as caché des choses ma belle. Tu as d'autre petit secret comme ça ?
Effectivement, dans le dos d'Agathe battait deux ailes de cuir couleur rubis grâce auxquelles elle volait au-dessus du balcon.
- Finalement tu ne me feras peut être pas perdre mon temps, continua le Diable en s'approchant de la rambarde. C'est un premier pas vers la raison qui fait que tu intéresses les deux autres guignols. Allez maintenant descend, je sens que je vais avoir pas mal d'expérience à faire. Apparemment il faut te mettre en condition extrême pour que tu me révèle ce charmant potentiel...
- Hors de question !
Agathe n'avait pas l'intention de se laisser disséquer ou découper par le Diable en personne, et profita de ses nouvelles capacités pour prendre le large. Après une accélération hasardeuse, elle comprit enfin comment se contrôlaient ses ailes et put s'enfuir. Mais le Diable ne comptait pas en rester là.
Alors qu'Agathe essayait de se cacher parmi les nuages de soufre qui occupaient le ciel des enfers, elle entendit de grand bruissement d'ailes. Cherchant ce qui pouvait faire autant de bruit, elle releva la tête pour apercevoir une ombre immense dans les nuages. En un battement d'aile, le Diable balaya les nuages et mis Agathe à découvert. Cette dernière eut l'impression d'être un moineau survolé par un vautour. Les ailes du Diables étaient beaucoup plus large que celles d'Agathe. Et il maîtrisait beaucoup mieux cet attribut. Avant de partir, il avait eu le temps de se munir d'un fouet long et fin qui, enroulé, pendait à sa ceinture. Malgré cela, et le fait qu'Agathe pensait avoir pris une avance confortable, il l'avait retrouvé en un rien de temps.
D'un coup de fouet précis le Diable attrapa la cheville d'Agathe qui ne pouvait plus avancer, puis il tira d'un grand coup sec pour l'attirer à lui. Il s'arrêta, la bloqua dos à lui, et pausa sa main sous les épaules d'Agathe, où les ailes prenaient naissances.
- Je me demande si tu es régie par mes volontés, comme tout ce qui existe ici.
En appuyant à peine sa main, il fit disparaître les ailes d'Agathe dans une petite explosion.
- Retour au cercueil, tu crois vraiment que j'ai que ça à foutre de te courir après ?
Puis il vint lui susurrer à l'oreille...
- Quoi que tu face, où que tu aille, ici, tu es dans mon univers. Je te retrouverais, toujours, qu'importe ce que tu trouveras comme cachette. Te voilà prévenu...
Il se rapprocha du sol et survola un terrain accidenté couvert de tas de roche. Soudain, Agathe sentit quelque chose lui frôler le visage.Et le Diable hurla. Une flèche venant de l'un des tas de pierre venait de transpercer l'œil du Diable qui hurlait de douleur, tous crocs dehors, et entièrement enveloppé de son aura de colère. Quand il tira sur la flèche pour la retirer, une petite étincelle jaillit et la flèche prit feu, enflammant l'œil et toute la partie droite de son visage, bien que quelques flammes passèrent l'arête du nez pour s'en prendre à l'œil gauche. Aveuglé, il se plaqua les deux mains sur les yeux, lâchant sa précieuse captive qui fut rattrapée par un humain qui, une fois Agathe sur son épaule, s'enfuit à toute jambe.
- Rentres ! Vite !
L'inconnu poussa Agathe dans un tunnel entre deux rochers. La cavité descendait toujours plus bas dans le sol. Arrivés sous terre, l'humain prit une cordelette rattaché à un petit caillou. Il tira un grand coup ce qui causa un éboulement, rebouchant le tunnel.
- Avances, ne t'en fait pas, encouragea-t-il en l'invitant à le rejoindre un peu plus loin tandis qu'Agathe détachait le fouet toujours accroché à sa jambe.
Au détour d'une galerie, elle ressortit dans un autre tas de rocher. L'inconnu passa le premier.
- Personne, conclut-il. Vient, il faut rejoindre l'autre tas en face.
Ils attendirent d'être couverts du ciel par un épais nuage de soufre et coururent jusqu'au tas suivant, où ils s'engouffrèrent dans une autre faille. Après encore quelques minutes de marche dans des galeries souterraines, ils arrivèrent dans une grande salle creusée sous la terre, et Agathe vit, à sa grande surprise, plusieurs autres humains, qui se cachaient ici des lois des Enfers.
- Mais vous êtes qui ? s'étonna Agathe.
- Des fugitifs, expliqua l'homme qui était venu à sa rescousse. Comme toi apparemment.
- Qu'est-ce que tu ramènes encore ? pesta une voix féminine un peu plus loin dans la grotte.
Sortant d'un hamac qui semblait fait de peau cousu, une jeune asiatique vint à la rencontre d'Agathe. Elle la scruta sous plusieurs angles. En voyant une petite cicatrice sur l'épaule d'Agathe, elle eut un moment de recule.
- Quoi ? demanda Agathe. C'est rien. C'est juste une cicatrice que je me suis faite...
- A la piscine, compléta son interlocutrice. Au collège, en classe de 4e.
Agathe se mit à scruter à son tour la jeune asiatique.
- Justine ?
- Ouiiiii ! répondit cette dernière d'une voix aiguë et excitée. J'y crois pas ! Mais qu'est-ce que tu as fait de mal pour finir en Enfer ?
- Et toi ?
- J'ai mal tourné après le lycée... éluda Justine.
- Ta copine a dut faire un truc grave Justine, expliqua l'homme qui avait secouru Agathe. Je l'ai trouvé dans le Tartare. Et elle fuyait le grand cornu.
- Le Diable ?
- Lui-même, confirma Agathe.
Ces retrouvailles donnèrent un peu de chaleur au cœur d'Agathe qui, pendant un instant, ne se sentit plus seule dans cet ignoble cauchemar.
Pendant ce temps, dans les appartements du Diable, ce dernier scrutait le Tartare en attendant que son visage finisse de se reconstruire. Il avait retrouvé l'usage de ses yeux, mais la peau de son arcade jusqu'à son oreille était encore de couleur cendre et fumait légèrement.
- Que fait-on grand Lucifer ? demanda Belzébuth qui se tenait dans l'encadrement des escaliers.
- Envoi les gargouilles en reconnaissance. Mais qu'elles ne fassent rien. Je jure de faire trembler le Tartare si nécessaire pour résoudre ça. Ça en devient personnelle...
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