8 - Ordres
-Je ne vais rien te faire. Répète-t-il après m'avoir longuement observé.
Avec le peu de force qu'il me reste, je viens entourer mon corps de mes bras pour que Aleksandr arrête ça. Son soupir d'agacement ne me fait pas flancher.
-Je peux, le faire.
-Tu as une infection qui te donne de la fièvre. Tu ne peux rien faire.
-Alors.. je ne me lave pas. Ok ? Mon manque de confiance en lui ne semble pas l'atteindre. Heureusement d'ailleurs ! Il aurait été culotté sinon.
-Tu dois prendre cette douche.
-Vous fonctionnez toujours, par ordre ?
-Laisses toi faire. C'est la phrase de trop. Cette phrase que j'ai bien trop entendu lors de mon adolescence. Je m'arme de mes ongles longs pour les enfoncer dans sa peau.
-Ne me touchez pas ! Mon cri résonne dans la pièce et cette fois-ci, le russe se recule enfin.
-Je te propose de l'aide.
-Je n'en veux pas ! Mon soudain revirement de caractère le suprend un court instant.
-Tu ne vas pas réussir seule. Des affirmations. Des ordres. Des affirmations. Des ordres. Bordel ça ne s'arrête jamais ?
-Peu importe.. Aleksandr m'observe un moment avec de se tourner vers le pommeau de douche accroché au mur carrelé.
-Très bien. Laisses moi au moins t'aider à retirer tes vêtements. Tu n'as plus de force.
-Non. Murmure-je en posant mes mains sur ses coudes, geste inutile au vu de sa force.
-Ne sois pas stupide tu n'arriveras jamais.
Je tente de lui prouver le contraire en tirant sur ma manche pour la retirer cependant, il a vu juste. Je n'ai plus aucune force. Et ça me fustre tellement. Leslie 0 - 1 Aleksandr.
-Ok.. Juste mon haut et, mon pantalon alors. Sans attendre une seconde de plus, le russe vient m'aider, silencieusement.
Étonnement, le blond ne s'attarde absolument pas sur mon corps une fois en sous-vêtement. Le bleu dans le brun. Nos regards ne se décroisent pas une seconde. Bien qu'il soit plus grand que moi. Je ne sais pas combien il fait, mais il est très grand. Faisant moi-même déjà un mètre soixante-seize. L'homme de l'est se retourne enfin et pointe plusieurs choses dans la pièce.
-Une serviette est accrochée ici pour toi. Dans cette trousse tu trouveras de quoi te laver le corps et les dents. Si tu as un malaise, ne te laisse pas tomber sans me prévenir. C'est bon pour toi ? Je me contente d'hocher la tête, à croire que c'est une mission pour lui.
-Bien. Je serai derrière la porte. Termine Aleksandr en sortant de la pièce. Me laissant seule avec mes vertiges et mon putain de mal de crâne.
Tout en m'appuyant sur le mur, j'avance jusqu'au pommeau. Une fois chose faite, je peine à retirer mon soutien-gorge mais y parvient finalement. Je garde ma culotte puis enclenche l'interrupteur qui envoit une eau chaude sur mon visage. C'est à la fois douloureux et apaisant. Tous mes muscles se détendent. Je ferme les yeux et apprécient la chaleur de cette eau me brûler la peau. Je fouille ensuite le fameux gel douche dans la trousse et inconsciemment, je sens l'odeur qui s'en dégage. De la noix de coco je crois. Je ne me pose pas plus de question que ça et dépose une grosse noisette du liquide dans ma main avant de laisser tomber la bouteille, ne trouvant pas la force de me baisser encore.
Prêt d'une semaine que je ne me suis pas lavée. Ma sueur me collait à la peau. Mon maquillage qui n'avait pas pu être retiré s'était carrément imprégné de la peau de mon visage. C'était atroce. Quant à ma chevelure blonde, elle ne devait pas ressembler à grand chose. La première chose que je fais, c'est fractionner mes mains entre elles pour créer de la mousse et me l'appliquer sans plus tarder sur le visage. Bordel, je m'attendais depuis trop longtemps. Au diable mon démaquillant spéciale peau mixte, mon tonique protecteur et ma crème hydratante. Ce gel douche à la noix de coco est la plus grande des bénédictions à l'heure actuelle pour mon visage.
Lorsque je coupe l'eau, j'attrape directement la serviette pour recouvrir maladroitement mon corps humide et à l'instant d'après, le russe est de retour. Une main encore sur la poignée de porte, le regard rivé dans le mien.
-Tu as fini maintenant ? Ce n'était pas une question, plutôt une constation. C'est dingue comme j'ai l'impression qu'il me donne des ordres à chaque syllabes prononcées.
-Oui. Prononce-je en serrant un peu plus mes bras contre moi, augmentant ainsi la pression de la serviette sur mon corps endoloris.
-Je dois désinfecter ta plaie. Aleksandr se met à marcher dans ma direction.
-Je peux, me r'habiller avant ? Hésite-je presque en le voyant si sûr de lui.
Mon état maladif me fait perdre toute assurance et toute confiance en moi. Attendez non, c'est lui qui provoque ça chez moi en réalité.
-Ces vêtement sont sales. Je vais t'en donner d'autre suis moi. Je hausse un de mes sourcils.
-Comme ça ?
-Il n'y a personne d'autre que nous ici. Tu ne risques pas de te faire surprendre en serviette. Le slave se contente de récupérer mes chaussures avant de m'indiquer de le suivre.
Ce que je fais. Il vérifie par dessus son épaule si je ne suis pas sur le point de faire un malaise. Au final, on arrive dans une autre pièce. Encore. Je vais visiter l'endroit entier d'ici la fin du moins à ce rythme. La fin du mois.. j'espère que je serais libérée d'ici là. La pièce est une, blanchisserie ? Je crois bien. Le blond pioche dans un bac avant de se retourner vers moi. Il me montre un simple tee-shirt blanc relativement large ainsi qu'un jogging gris, tous deux propres. Ensuite, Aleksandr les dépose sur une table à repasser.
-Enfiles ça. Je m'avance vers cette table tandis que lui s'apprête à quitter la pièce.
-Bordel.. Maugre-je en me rattrapant de justesse à la table qui vacille mais forte heureusement, ne s'écroule pas.
Mes vertiges sont de plus en plus insoutenables. Tout comme la douleur d'ailleurs. Leslie ressaisis toi ! Ce n'est pas le moment de faire un malaise alors que tu es en petite culotte et en présence d'un viking !
-Tu as besoin d'aide. Remarque-t-il sans pour autant bouger de sa position, c'est-à-dire en plein milieu de la pièce.
-Non.. Je reste un moment accrochée à cette table, étant donné qu'à chaque fois que je me redresse, ma vision tangue comme si j'étais en mer.
-Laisses moi t'aider. Il a pris le ton qui signifie "c'est un ordre alors ne réplique pas".
Et pour cette fois, je crois que je vais le laisser m'aider parce que sinon, demain matin je suis encore allongée sur cette table à repasser. D'un seul bras, Aleksandr me soulève. Mon poids plume doit beaucoup aider. Et surtout le fait que ses bras font trois fois les miens aussi. Alors que j'étais concentrée sur la serviette à tenir sur ma poitrine, le russe passe assez rapidement le tee-shirt par dessus par tête, me décoiffant. Je laisse ma serviette tomber lorsque je suis couverte du haut ainsi que de ma culotte humide mais peu importe. Après avoir enfilé le jogging, il m'aide à me chausser.
-Allons-y.
-Où ça ?
-Te désinfecter. Me rappelle l'homme de l'est en m'aidant également à marcher.
[...]
-Est-ce que je vais mourir ? Allongée sur ce même matelas à même le sol dans ma cellule, je l'observe me faire un pansement.
-Non. Ta blessure est bénigne.
-Non je, ne parlais pas de ça. Votre chef, il va me tuer ? Sa bouche se referme et il ne répond pas, n'arrangeant pas les choses.
-Il va me faire du mal ? Il en a fait à Lexy c'est ça ? Où est-elle ?!
-Ne bouges pas. M'ordonne Aleksandr en posant soudainement sa main pour me forcer à rester allonger.
-Est-ce qu'elle est en vie..?
-Oui. Termine-t-il par m'avouer assez sèchement tout en se redressant.
-Merci. Murmure-je en l'observant partir. Me laissant seule encore une fois. Ma fièvre et moi.
Retenons le positif : je suis propre.
[PDV Alexia Peterson]
-Qu'est-ce que je devrais faire, hein Jacky ? Tout en me servant mon omelette avec ma salade, je parle à mon poisson rouge.
-Appeler la police me paraît être aussi une bonne solution mais.. Leslie est encore là-bas. Soupire-je en piquant ma salade pour la fourrer dans ma bouche.
Jacky s'arrête un instant face à moi dans son bocal avant de recommencer ses tours. Je l'ai gagné le mois dernier à un festival à Los Angeles. J'étais plutôt contente je dois l'avouer. En l'emportant avec moi, j'ai espéré pouvoir remplacer la présence de ma chienne, Geïsha. Elle est restée chez mes parents. Ça fait bien trop longtemps qu'elle me manque. Alors j'avais besoin d'une présence en plus avec moi dans ma maison. Je me suis en quelque sorte, attachée à ce poisson. Je le trouve drôle. Et devoir le nourir, changer l'eau de son bocal, mettre des nouvelles décorations.. ça me fait plaisir. Ça m'occupe pendant mes heures perdues.
Je termine mon repas avant de débarasser rapidement. Je vais profiter de ma journée de libre pour avancer sur mon projet d'écriture. Après avoir fait des études littéraires, j'ai toujours espéré devenir une grande écrivaine. Le voilà mon projet. Exactement comme l'est ma mère en réalité. Je m'installe sur mon bureau face à mon ordinateur puis allume une bougie pour tenter de me détendre. Si je suis tracassée, je n'arriverai à rien cette après-midi. J'ouvre la page pour poursuivre ce que j'ai déjà commencé. Espérons que je parviennes au moins à finir ce chapitre d'ici l'heure prochaine.
[...]
-Bonjour, je peux vous aider ?
Je n'ai pas réussi à écrire plus de trois mots en l'espace de deux heures. Rien n'est venu. Rien du tout. Je pensais trop à Leslie. Est-ce qu'ils lui font du mal ? Ça m'angoisse. Si bien, qu'au bout d'un certain temps, j'ai finalement décidé de me rendre au poste de police, la peur au ventre. J'observe la jeune policière qui vient de me parler, un trousseau de clé dans la main et un café dans l'autre. Je me redresse puis hoche la tête. Je remarque alors que mes lèvres tremblent toutes seules. Je suis terrorisée à l'idée que Wayne Moran apprennes ce que je fais. Mais c'est le seul moyen que j'ai pour protéger Leslie et la retrouver.
-J'aimerai.. déposer plainte. Annonce-je en serrant mon téléphone dans ma main.
-Oui, suivez-moi. Entrez ici, mon collègue va s'occuper de vous. Paul, c'est pour une plainte. J'entre donc dans ce bureau relativement grand puis m'installe face à Paul, qui tape je ne sais quoi sur son clavier.
-Pour quels motifs souhaitez-vous déposer plainte mademoiselle ?
-Pour, agression physique et morale, menace, enlèvement et.. séquestration. Le policier tourne soudainement la tête vers moi, la bouche entre-ouverte.
-Je vois. Contre qui la plainte est déposée ? Il écrit de nouvelles choses sur son ordinateur et mon téléphone vibre alors dans ma main. Une fois. Deux fois. Puis une troisième fois.
Par curiosité, j'ouvre le message. Puis je me fige. Tout mon corps se paralyse. Mon coeur pulse trop fortement contre ma poitrine. "Alexia.. Alexia.. Alexia.. tu n'es tout de même pas sérieuse ? La police.. je t'avais pourtant prévenu ma belle". "Message vidéo". Le pouce tremblant, j'ouvre la vidéo qui ne comporte pas de son. Juste l'image. L'image qui me fait remonter mon repas du midi. Une personne est chez moi et filme ce qu'il est en train de faire. Sa main gantée attrape alors la seule forme de vie qui se trouve dans la cuisine, c'est à dire Jacky mon poisson rouge, qui se débat, avant de le jeter violemment dans une casserole d'eau bouillante. Je me mords vivement la langue lorsque la vidéo se coupe. "La prochaine à frire, c'est Leslie ma belle".
-Mademoiselle ?
-S'cusée moi. Je me lève précipitamment la main sur la bouche pour courir jusqu'au toilette que j'avais repérée à mon entrée ici.
À peine entrée dedans, que je vomis tout ce qu'il se trouvait dans mon estomac. Ma gorge est douloureuse et le liquide me brûle l'œsophage. Je laisse mon téléphone glisser contre le sol avant de m'écrouler contre le mur, à côté du toilette. J'explose. Mes larmes me brouillent la vue et je ne peux rien faire pour me calmer. C'est un malade. Il me localise, il m'écoute, il me surveille. Je me sens tellement épiée que ça me rend folle, je ne parviens pas à calmer ma crise de panique. Une main sur le coeur, j'attrape mon téléphone qui s'est mis à vibré. Numéro inconnu. C'est lui. Je n'ai même pas besoin de me poser la question. Qui d'autre que lui pour m'appeler dans un moment pareille ?
-Ne lui faites pas de mal.. Pleure-je en collant mon téléphone à mon oreille.
-Alexia ma belle, je peux savoir ce que tu fais là ? Je sanglotte davantage, ne parvenant pas à aligner deux mots tant j'angoisse.
-Tu sais que je n'aime pas me répéter.
-J'vous en prie.. Elle est tout pour moi ne faites pas ça.. Ma poitrine se serre si fort que s'en est douloureux. Rien qu'à l'idée de la perdre, je.. non.
-Je t'avais prévenu pourtant. Pas de flics. Tu n'avais qu'une seule chose à faire Alexia : fermer ta grande bouche.
-Je n'ai rien dis ! Je, rien ! Je vous le jure..
-Tu dirais n'importe quoi pour sauver la misérable vie de ton amie. Je claque mon crâne contre le mur et me mort la lèvre.
-Je n'ai rien dis. Répète-je faiblement, ne sachant quoi faire.
Un léger blanc s'installe et je remarque que mes muscles sont crispés au point de m'en donner presque des crampes. Est-ce qu'il a tué Leslie ? Je me mords la lèvre à sang et ferme vivement les yeux.
-Je sais que tu n'as rien dis ma belle, détends-toi. Mais la prochaine fois que tu approches de près ou de loin un commissariat, je mettrais mes menaces à exécution. C'est bon pour toi ? J'hoche la tête comme si il pouvait me voir.
Est-ce que je suis sur écoute ? Il sait que je n'ai rien dis alors..
-Oui, d'accord..
-Bien. Sois sage en attendant notre prochaine rencontre Alexia. Wayne raccroche avant moi et un nouveau torrent de pleure m'assaille. Je suis, soulagée.
Reste à sortir d'ici sans me faire stopper par un policier maintenant.. je crois que je vais rester encore ici quelques minutes.
❝ ❞
La tension augmente chez les filles 😬
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