64 - Yelena et Aleksandr
[PDV Aleksandr Shevchenko]
Les paupières closes et les avant-bras derrière mon crâne, je profite de ces quelques minutes de calme et de paix. Ce qui s'apparente plutôt au silence. Enfin, semi-silence, puisque la jeune blonde à ma gauche semble s'amuser devant des vidéos provenant tout droit des réseaux sociaux. Mais ça ne me dérange pas. Au contraire, c'est justement ce côté "vie normale" que je recherche en passant du temps avec Leslie. Elle n'est pas prise de tête, la plupart du temps, a un boulot dans une boîte qui lui plait, elle sort les samedis soirs avec ses collègues, va de temps en temps chez le coiffeur, pleure devant une série dramatique, m'embrouille pour lui avoir fait perdre l'une de ses culottes préférés.
Oui, c'est ça qui me plait chez elle, j'ai l'impression de n'avoir aucun problème avec elle. Comme si je n'appartenais plus à la mafia, le temps de quelques heures. C'est apaisant.
-Merde, j'ai oublié ma pilule hier soir. J'ouvre subitement mes yeux, avant de me redresser pour la détailler.
Elle est sérieuse, et pourtant, pas si inquiète que ça.
-Comme ça, tu l'as oublié ?
-Relax Alek, on se protège de toute façon.
-On est jamais à l'abri d'un débordement.
-C'est bon, soit pas chiant comme ça, il est sept heures du matin.
-Je plaisante pas avec ça, Leslie.
-Je passerais à la pharmacie avant d'aller au boulot pour prendre une pilule du lendemain dans ce cas. Soupire-t-elle en continuant d'observer l'écran de son téléphone.
-Je te déposerais.
-A mon boulot ?
-A la pharmacie. Ma dernière remarque provoque une nouvelle expiration excédée.
-Je vais pas te faire un gamin dans ton dos, ça doit faire quoi ? La quarante neuvième fois que je te le rappelle.
Je lui lance un regard noir qu'elle ne voit pas et fini par me lever pour aller prendre une douche après avoir jeté un coup d'oeil à mon téléphone. Quelques notifications, mais aucune de Wayne, alors rien d'important.
-Fais pas la gueule Alek. Râle la jeune femme alors que je quitte sa chambre pour m'enfermer dans la salle de bain.
Il est vrai que Leslie est la première femme a qui j'ose redonner un semblant de confiance depuis Yelena. J'ai mis du temps à lui en parler, beaucoup de temps, mais c'est surtout que depuis Yelena, je ne couchais qu'avec des prostitués, dont je ne me rappelle ni le nom, ni le physique. Leslie est comme ma prostituée permanente, mais je ne la paie pas, et j'ai une forme de respect pour elle, tout comme elle en a pour moi. Alors évidemment, après des mois à la côtoyer, j'ai fini par répondre à certaines de ses interrogations, notamment celles qui revenaient très souvent, pour ne pas dire tout le temps.
Pourquoi je ne couche qu'avec des prostituées ? Pourquoi je ne veux pas m'attacher ? Pourquoi je ne veux pas retirer le préservatif, malgré nos deux tests tous deux négatifs ? Pourquoi je m'inquiète à chaque fois qu'elle oublie une seule fois sa pilule ? Parce que je ne suis pas si insensible que je peux le laisser paraître, et parce que moi aussi, j'ai des craintes. A commencer par la hantise que l'histoire avec Yelena se répète encore une fois. J'ai mis du temps à en parler avec Leslie, mais comme je l'ai dit, une sorte de confiance s'est instaurée entre nous, une confiance qui s'est créée au fil du temps, à forcer de passer du temps avec l'autre.
Yelena était pour moi comme la Karina d'Igor, la Alexia de Wayne, la Erika de Lincoln, la Diana d'Isaak. J'avais des sentiments à son égard, parce qu'après trois ans à ses côtés, je suppose qu'il était logique que les sentiments s'y mêlent. J'étais tombé sous son charme a l'instant où je l'ai rencontré, en Russie. Mais ce que je ne savais pas, c'est qu'elle était l'incarnation même du serpent, et son venin m'a contaminé. J'étais le seul à voir ses qualités, parce que mes cousins ne voyait en elle qu'une profiteuse.
Mon argent, mon pouvoir, ma famille, voilà ce qui l'intéressait. Cela s'est confirmé le jour où elle est tombée enceinte, j'ai pu voir le vrai visage qu'elle essayait tant bien que mal de cacher. Elle m'imposait de vivre dans le manoir des Vinogradov, je devais céder au moindre de ses caprices, car elle me menaçait. Vous me direz, Aleksandr qui se fait menacer ? Oui, mais ce n'était pas ma vie qu'elle menaçait, c'était celle de mon enfant. Isaak a vu son manège et a proposé de l'enfermer et de l'attacher jusqu'à la fin de sa grossesse. Mais j'étais un homme amoureux qui refusait que l'on fasse du mal à la mère de mon enfant.
La plus grosse trahison de toute ma vie. C'est ce que j'ai ressenti lors de la naissance de ce bâtard, qui n'était pas le mien. Ses yeux étaient bridés, sa peau était caramel et ses cheveux étaient noirs corbeaux. Tout ce que je ne suis pas. Seuls ses yeux étaient bleus translucides, mais pas comme les miens, plutôt comme ceux de Yelena. Ce jour-là, j'ai cru que j'allais la tuer, pour lui faire payer cette trahison. Elle m'avait trompé, avec un japonais qui plus est, et elle me l'avait caché, en me laissant croire que ce bébé qui grandissait dans son ventre était le mien. Isaak s'en est occupé, les renvoyant tous les deux dans le coin paumé d'où Yelena venait.
Elle a sûrement essayé d'entrer de nouveau en contact avec moi, ou peut-être pas, qui sait ?
-T'as fini ? J'aimerais prendre ma douche aussi. Je déverrouille la porte tout en continuant de me sécher, alors que la blonde entre dans la salle de bain à son tour.
-Eh, Alek. Marmonne-t-elle en passant ses bras sur mes épaules avant de se coller à mon dos humide.
-Tu devrais aller prendre ta douche, tu vas être en retard.
-Aleksandr. Je ne suis pas comme elle, tu le sais. Je veux même pas d'enfant en plus, c'est trop chiant et puis ça coûte beaucoup d'argent.
-Va prendre ta douche Leslie.
-Aigri. Chuchote la jeune femme avant d'humer l'odeur de mon corps propre.
Mes yeux fixent désormais le corps de Leslie, sans vergogne, à travers le miroir. Et elle le sait, car elle en joue. Dos à moi, elle commence par faire glisser les bretelles de sa chemise de nuit le long de ses épaules, puis de ses bras. Son vêtement de nuit quitte l'entièreté de son corps et j'apprécie détailler chaque détail de son dos, alors de la courbe créée par ses omoplates, à la couleur caramel de sa peau ou encore de sa taille plus marquée que le reste de son corps. Leslie n'a pas de grosses formes, mais elle a de belles formes.
Avant elle, je n'avais aucun goût en termes de physique ou de corps. Puis elle est entrée dans ma vie.
-Bon, je vais prendre ma douche dans ce cas. Ses iris noisettes rencontrent les miens à travers mon reflet, avant qu'elle ne disparaisse derrière la vitre floutée.
Dans la vie, je suis quelqu'un qui n'hésite pas longtemps et prend les choix comme ils s'offrent à moi. Hésiter, c'est prendre un risque. Alors je n'attends pas une seconde de plus pour la rejoindre dans cette douche plutôt étroite, laissant derrière moi ma serviette, jonchant le sol.
-J'ai vraiment cru que tu allais encore faire la gueule. Sourit la blonde en sentant mes lèvres contre sa nuque, puis traînant le long de son cou.
J'encercle son corps d'une poigne puissante et agrippe sa gorge de ma main pour coller son dos à mon torse.
-Tu es agaçante. Râlé-je alors ma seconde main cherche sa petite poitrine, je sais qu'elle aime la largeur de mes mains lorsqu'un soupir passe la barrière de ses lèvres, alors que je referme mes doigts contre son sein droit, tout en insistant sur son téton de mon pouce.
-Agaçante.. Mais ça ne t'empêche pas de venir me voir presque tous les soirs maintenant.. Marmonne-t-elle d'un ton presque hautain.
Le pouvoir que l'un a sur l'autre, c'est de cela dont il est question. Nous sommes tous deux persuadés que l'autre est accro. A savoir qui a réellement raison désormais ?
-Si tu ne m'envoyais pas sans cesse des messages en même temps..
-Un reproche ? Carrément. Si tu n'y répondais pas en même temps.. Pour la punir d'être une fois de plus insolente avec moi, je mords son épaule, y laissant une marque.
Ça ne sera pas la première.
-Tu ne penses plus que je risque d'être en retard au boulot ? Mon sang se met à bouillir lorsqu'elle s'amuse à onduler ses hanches contre mon bas-ventre.
-On dirait surtout, que tu as envie, d'arriver en retard.
-Evidemment, ça ne peut jamais être de ta faute. Ricane la jeune femme dans un soupir, alors qu'elle laisse sa tête reposer contre mon épaule.
-Jamais. Confirmé-je en appréciant les contours de sa mâchoire sous mes yeux.
-T'as pas pris de capote ? Marmonne-t-elle les yeux clos.
-Je ne comptais pas te baiser ce matin, Leslie. La blonde se mord la lèvre en sentant ma main glisser le long de son ventre pour aller chercher quelque chose plus bas, quelque chose qui peut lui donner beaucoup de plaisir.
-Merde Alek.. Un léger sourire me prend lorsque je la vois dans tous ses états.
[PDV Leslie Stan]
-Tu fais quoi là ? J'hausse un sourcil alors qu'Alek ferme son véhicule à clé pour me suivre jusqu'à mon lieu de travail, la Seth Company.
-Je dois voir quelqu'un.
-Tu dois voir quelqu'un ? A mon boulot ? Tu te fous pas un peu de ma gueule là par hasard ? Il me lance un regard noir mais ne réplique rien, je décide alors de renchérir, lassée.
-Ok, je vais la prendre devant toi. Soufflé-je en ouvrant mon sac pour prendre la pilule du lendemain que j'ai achetée quelques minutes plus tôt.
Je la sors, la pose sur sa langue, avale, puis tire de nouveau la langue.
-Voilà, monsieur Shevchenko est-il satisfait ?!
-Je savais que tu allais la prendre. Je dois réellement discuter avec quelqu'un, alors maintenant tu as fini ton cirque ? Grogne-t-il avant de me devancer pour entrer dans l'immeuble où je travaille.
-Non mais tu déconnes là ? Déjà que tu passes tes journées à me suivre et à m'espionner, maintenant tu viens carrément ici ? C'est hors de question.
-Si je te surveilles c'est pour ta sécurité. Maintenant tu me lâches parce que je ne suis pas ici pour toi, mais pour Wayne. Il s'éloigne définitivement de moi pour s'approcher de la réception.
-Le culot du mec.. Je rage dans ma barbe avant de me diriger une nouvelle fois vers lui, le pas déterminé.
-..reau de monsieur Kimura.
-V-vous avez rendez-vous ? Bégaye Sam', la réceptionniste, le regard figé sur l'homme de l'est.
Son physique et ses traits sévères ont le même effet sur tout le monde on dirait.
-Parce qu'en plus c'est pour voir mon responsable ?!
-Oh, Less', tu connais ce monsieur ?
-Evidemment que je le connais ! Un peu trop même. Craché-je tout en continuant de fixer Aleksandr, alors que ce dernier ne m'accorde même pas un regard.
-J'ai rendez-vous, huit heures. Au nom de Moran. Samantha, la bouche entrouverte, passe du russe à moi à plusieurs reprises, afin de se ressaisir et de taper je ne sais quoi sur son ordinateur.
-Tu lui veux quoi à mon responsable ?
-Rien qui te concerne.
-Appelle moi conne, ça ira plus vite.
-Hm, oui, il y a bien ce rendez-vous.. Vingt-deuxième étage monsieur Moran.. C'est le bureau au bout du couloir.
Je m'apprête à le suivre mais Sam' me retient par le bras après s'être levée.
-C'est qui celui-là ?!
-C'est compliqué.
-C'est ton copain ? Il est.. spécial.
-Ca pour l'être, il l'est.
-Ton copain ?!
-Non ! Spécial. C'est compliqué je t'ai dis.
-On dirait un personnage d'une série policière. Et il ne jouerait clairement pas le gentil. Elle lâche enfin mon bras et j'ai un faible sourire.
-Je crois que tu as cerné qui il était alors. Bonne journée Sam'. Je me dirige à mon tour vers l'ascenseur que j'appelle en cliquant à plusieurs reprises sur le bouton, pressée.
Lorsque j'arrive enfin au bon étage, je m'empresse d'aller jusqu'au bureau de Kaïto, évitant habilement certains de mes collègues trop bavards. Je sais qu'Aleksandr ne veut pas que je me mêle de ses affaires. Mais ça, c'était avant que Lexy ne se rapproche autant de Wayne, c'était avec qu'un psychopathe - littéralement - ne veuille tuer ma meilleure amie, c'était avant tout ce bordel qu'ils ont mis dans nos vies. C'était aussi avant, avant que je ne sois si proche d'Alek.
-Entrez ? Je pousse la porte et mes pupilles se dilatent lorsque je vois qu'en effet, ils sont tous les deux là en train de discuter.
Les deux hommes tournent leurs têtes dans ma direction, l'un surpris, l'autre plutôt contrarié.
-Leslie ? Bonjour, tout va bien ? Me demande d'emblée monsieur Kimura.
-Dis-moi juste que ça n'a aucun rapport avec Lexy. Marmonné-je presque en panique, alors que le russe se lève pour me repousser.
-On discutera de tout ça plus tard, ne nous dérange plus.
Je suis mise à la porte, alors que ce dernier claque subitement sous mon nez.
Je n'aime pas ça, mais alors, pas du tout.
❝ ❞
Je m'excuse une nouvelle fois pour cette semaine de retars, et je remercie tous ceux qui m'ont envoyé des messages de soutien et de courage <33
Sinon j'avais prévenu que ça allait être un Leslie / Alek pour ce chapitre, j'espère vous avez aimé !
On s'approche doucement de la fin :')
À dans deux semaines :))
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