Chapitre 18 - Trahison dans les deux camps
Je ne m'attendais pas à une visite si matinale. Mon père devait sûrement se lever aux aurores. Ou bien ne jamais dormir. Il était à peine sept heures du matin et celui-ci m'avait tiré du lit, deux jours seulement après que j'eus quitté le manoir dans la précipitation. Il avait toujours cet air impeccable et froid. Avait-il toujours été ainsi ? Je fus déconcertée quand il me salua, et qu'aucune émotion ne fus lisible sur son visage :
- Bonjour Émilia, comment te sens-tu ?
Je ne répondis pas immédiatement, cherchant autour de moi qui l'accompagnait. Ayant arrêté de prendre mes pilules, mes sens aiguisés revenaient peu à peu, mais étaient encore trop endormis pour me permettre de sentir quoi que ce soit. Mon père sentit mon trouble et me rassura :
- Jules n'est pas là. Il a quelque chose à traiter avec une sorcière. Il m'a raconté son petit incident, je venais simplement voir comment tu allais.
Étonnée de lire de la chaleur dans sa voix et sur son visage, je restais interdite au lieu de lui proférer un torrent d'insultes acides au sujet de ses mensonges.
- Ça va, je fais au mieux. Euh... d'ailleurs papa...
- Oui ma chérie ?
- Je ne veux plus retourner au manoir. Je ne veux plus le voir.
- Je comprends ma chérie, mais tu t'es engagée à nous rejoindre, t'en rappelles-tu ? Nous ferons attention à ce que tu ne croises pas Jules de nouveau, mais tu sais, lorsque nous attaquerons la meute, il sera avec nous.
- C'est à dire que... je ne suis pas certaine de vouloir me venger, je ne pense pas que ce soit quelqu'un de la meute qui m'ai transformé.
- Ce ne sont que des bêtes sauvages, elles sont dangereuses.
- Visiblement, elles le sont moins que vous. Elles agissent réellement pour protéger les humains, et ne font pas que s'entrainer !
Le visage de mon père pâlit soudain. J'avais entendu la vérité, celle qu'il me cachait par dessous des histoires pour m'effrayer et me tenir près de lui. Perdant son assurance un instant, il demanda vivement :
- Qui t'as dit ça ?
- Quelqu'un qui ne tente pas de me manipuler.
- Tu as revu un de ces métamorphes... C'est bien ce que je pensais. Tu ne peux pas Emilia, tu comprends ? Tu dois rester avec les chasseurs !
- Mais pourq...
- Jules ? me coupa mon père en claquant des doigts. Amène Myriam ici, tu veux ?
Avant que je n'aie le temps de me précipiter à l'intérieur de chez moi pour me protéger, comprenant les véritables intentions de mon père, celui-ci me saisit par le bras, me chuchotant :
- Oh non, toi tu restes là.
Arrivant de la berline de mon père, qu'il avait garée assez loin pour que je ne puisse pas voir l'intérieur, la nouvelle source de mes peurs se dirigea vers nous, traînant avec lui une femme aux cheveux corbeaux, dont le visage fortement maquillé était strié de larmes. Ses joues étaient si creuses et rougies que l'on aurait dit qu'elle pleurait depuis des journées entières. Sa robe émeraude composée de multitudes de couches de soie laissait apparaître sur ces épaules dénudées en cette matinée d'hiver, les marques rougeâtres d'au moins une quinzaine de tatouage récents. Quel genre de personne était assez fou pour se faire tatouer une si grande quantité en une seule fois ? Les dessins qui s'entremêlaient sur sa peau n'avait aucun sens apparent, représentant des formes géométriques aux multiples cercles et symboles d'un alphabet qui m'était inconnu. L'encre qui gravait sa peau était un mélange sombre, ni noir, ni rouge, mais une couleur intermédiaire, semblable à du sang. Cette idée me fit frissonner, et dès que mes yeux se posèrent sur Jules, je me figeais totalement.
La panthère en moi se réveilla doucement, et l'idée de lui faire regretter ces actes de la plus sanglante des manières me traversa l'esprit.
On se calme Emilia, ton père pense que tu prends encore tes cachetons...
- Myriam, tu sais pourquoi tu es là.
- Parce que vous m'avez arraché à mon coven et que vous me prenez pour votre esclave sûrement, répondit la dénommée Myriam, crachant sans vergogne au visage de mon père.
Indiquant à Jules de me retenir, mon père, qui ne pût contrôler sa rage, me lâcha une fois maintenue par l'homme-loup et frappa alors la sorcière au visage, qui encaissa le coup sans un bruit, se contentant de tenir sa joue. Mais que lui avaient-ils fait avant pour qu'elle ne réponde rien ? Il essuya distraitement la salive sur sa veste avec un mouchoir en papier tandis que je tremblais comme une feuille, maintenue fermement. Il lui répondit :
- Ma fille ne doit pas nous trahir. J'en perdrais ma réputation. Assure-toi pour qu'elle reste de notre côté jusqu'à l'extermination de la meute de cette ville, qui ne sera que la première victoire d'une longue lignée à venir. Ta magie doit savoir faire ça sorcière ? Ou peut-être dois-je te motiver un peu ?
Les grands yeux verts de la magicienne s'écarquillèrent, laissant voir toute la terreur qui émanait de son être. Elle avait déjà eu affaire à cette « motivation ». Son corps entier était secoué de toute part, et sentait la peur à plein nez, tellement que même mon odorat parvenait à le saisir. Elle bafouilla :
- Un sort sur le long terme me tuerait. Je peux vous proposer de l'enchanter lorsque vous aurez besoin d'elle. Elle deviendra alors votre pantin, quelques heures par jour, et quand l'enchantement prendra fin, elle ne se souviendra de rien. Cela vous va ?
- C'est parfait. Ce n'est pas ce que j'attendais, mais bon, vous restez quand même un peu limitées, vous les sorcières.
Myriam encaissa l'insulte sans rien répondre d'autre qu'un regard noir, accentué par le bleu qui se formait déjà autour de sa paupière. Elle répondit simplement :
- Je demande en échange une chambre, pour me reposer, et de la nourriture convenable. Je reste humaine, je ne tiendrais pas longtemps vivante sous votre traitement de bâtard.
- Tu n'es pas en mesure de négocier, sorcière.
- Bien sur que je le suis, vous ne pouvez pas me tuer, car vous avez besoin de moi. Je ne peux pas vous tuer, car vous m'avez mis sous l'emprise d'un sort qui m'en empêche. Mais elle, rien ne m'empêche de la tuer, elle n'a pas lié son sang au mien que je sache.
- Tues-là et je te bute, c'est compris ? rétorqua mon père, dégainant sous mes yeux un pistolet, sorti de son manteau. Quel genre de timbré se balade avec une arme pareille en France ?
- Stanislas, soyez raisonnable. Je ne demande pas grand-chose. Puis, vous avez besoin de moi, non ? Alors ranger votre joujou, et acceptez.
En un clin d'œil, l'arme fut éjectée de la poigne de mon père pour s'envoler tout droit vers le gazon. Soupirant d'agacement, il marmonna :
- C'est bon Myriam, fait ce que tu as à faire. Et vite, ma fille doit s'entraîner.
Alors que mon cerveau ne semblait ne plus répondre tout au long de la conversation, une sueur froide prit place dans mon dos. Alors c'est comme ça que j'allais finir ? Comme un robot, ensorcelé par une traîtresse ? Voyant que je me débattais, mon père m'attrapa par la nuque et chuchota à mon oreille tandis que Myriam, toujours maintenue par Jules, marmonnait son sort dans une langue étrange :
- Je ne voulais pas en arriver à cette extrémité Emilia, mais tu ne m'as pas laissé le choix. Finalement, c'est peut-être une bonne chose que tu ais revu les autres métamorphes. Moins ils se douteront de ce que tu es réellement, plus la surprise de notre attaque sera totale. Ce n'était pas mon plan de départ, mais finalement, tu t'avères être stratège ma fille, sans le vouloir.
Une énergie prit alors possession de mon corps, comme un flash lumineux dans mes yeux, et je m'effondrais alors, voyant le visage désolé de Myriam qui m'observait.
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Bonsoir !
Que pensez-vous de ce chapitre ? Comment imaginez-vous les chapitres suivants ? Dites-moi tout,, je veux savoir !
J'ai l'impression de ne jamais avoir été aussi productive, et je dois avouer que ça fait du bien franchement. La joie d'avoir un peu de temps libre, au lieu de tout le temps travailler, travailler, travailler. Pour une fois, dès que j'ai une idée en tête, je sais que j'aurais forcement le temps dans la journée pour l'exprimer, et j'avoue que j'avance bien plus vite sur Indomptable que ce que je pensais imaginer.
A ce rythme, l'histoire sera bientôt finie...
Mais ne vous inquiétez pas, il reste encore quelques chapitres avant le dénouement de toute cette histoire !
A bientôt !
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