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Chapitre 10 - Le repaire des chasseurs

J'avais fini par accepter l'invitation des parents de Jules, quoiqu'un peu inquiète à l'idée de rencontrer de parfaits inconnus, juste pour leur faire plaisir. Toutefois, mon besoin d'intégration au sein de cette famille me permit de me convaincre intérieurement qu'un peu de sociabilisation ne me ferait pas de mal, étant donné que j'avais stoppé toute sortie avec ma mère depuis que le froid et le silence s'était installé entre nous deux.

L'heure du rendez-vous était placée en début d'après-midi, où j'irais rejoindre Jules et sa famille dans la maison d'un de leurs amis qui organisait « une rencontre en bonne et due forme avec l'élue du cœur de Jules ». Pour le moment, je travaillais dans la petite boutique qui avait bien voulue de moi, et ce malgré mon manque flagrant d'expérience. Le patron était un homme sympathique approchant de la retraite et travaillant avec sa fille qui souhaitait ardemment moderniser la boutique de thé en proposant de nouveaux mélanges audacieux. Sous ses conseils, un coin salon avait été créé, permettant aux clients de boire le thé dans un endroit relaxant. C'était de cette partie dont je m'occupais, tenant le comptoir et servant du thé à chaque personne qui venait ici.

Ce jour-ci, alors que l'heure pour moi de débaucher arrivait, l'ambiance très calme du salon de thé vira à l'électrique lorsqu'une tête brune bien connue passa les portes vitrées, dont les pas se dirigeaient vers moi avec une aisance et une détermination sans faille. Sans le vouloir, un grognement sourd et animal sortit de ma gorge, indiquant à l'intrus qu'il n'était pas le bienvenu sur mon territoire. La tension dans la pièce monta d'un cran, faisant baisser les crânes des clients de manière instinctive. Inconsciente de ce que je faisais subir, je ne me rendis pas compte à ce moment-là de ma puissance qui agissait également sur les humains. Sentant l'air malsain de la pièce, et comprenant mon animosité avec notre nouveau visiteur, Jacques, mon employeur, m'ordonna depuis sa caisse :

- Emilia, tu peux sortir, Sarah prendra les rênes du comptoir. Tu as l'air fatiguée.

Obéissant docilement, j'enfilais mon manteau et pris mon sac à main tout en chuchotant un remerciement envers mon patron, tout en fixant dans les yeux l'homme qui avait brisé ma vie. Je ne me soumettrai pas devant ce genre de monstre.

Tom me suivit à l'extérieur et tenta d'attraper mon épaule en disant timidement mon nom. Je me dégageais vivement, laissant exploser toute ma frustration et mon dégoût :

- Comment oses-tu venir ici ? Tu viens rappeler ta petite créature aux pieds de son maître ?

- Emilia, attends...

- Tu viens m'expliquer les raisons qui t'ont poussées à me transformer ?

- Non, mais...

- Alors pars ! Si tu veux quelqu'un sous tes ordres pour assouvir ton autorité, achète un chien !

- Qui t'as dit ça ? C'est le loup n'est-ce pas ?

- Ça ne te regarde pas Tom.

- Il a une mauvaise influence sur toi, il est dangereux.

- Bien sûr, parce qu'un taré qui transforme les gens en métamorphes, c'est pas dangereux peut-être.

Alors que je hurlais, attirant les passants sur ce qu'il se passait, sans penser aux conséquences éventuelles qui découleraient du fait de révéler ma nature aux humains, Tom restait calme, tentant de donner ses arguments sans que je ne lui en donne le temps. Il finit par comprendre que rien ne pourrait me faire changer d'avis, il soupira en me dévisageant d'un air effondré tout en déclarant :

- Il a beaucoup trop d'emprise sur toi. Sois plus forte que lui. Je t'attendrais Emilia.

Ne prenant pas la peine de lui répondre, je rentrais dans mon véhicule, frappant violement sur le tableau de bord, et pleurant de rage. Cet homme était un monstre. Un pervers. J'étais persuadée que ses actes étaient approuvés par le reste de la meute. Tous m'avaient trompé.

La rage au ventre, je prenais la route vers le domaine Loisseaux, conduisant comme une folle sans me soucier des répercussions de mes actes dangereux pour le reste des conducteurs. Une fois arrivée devant la grande bâtisse, qui ressemblait de loin à un petit manoir perdu au milieu de la campagne, je me demandais comment avais-je réussi à parvenir jusqu'ici sans causer d'accidents. Jules et ses parents, toujours souriants, m'attendaient sur le pallier de la maison, calmant mon appréhension. Après m'avoir embrassé, Jules me guida à l'intérieur avec la prestance d'un véritable gentleman, me présentant à tous les hôtes. Le salon accueillait une quinzaine de personnes, dont certains sentaient fort le bois de pin, expliqué en partie par leur travail d'ébéniste au sein d'une compagnie montante vendant des jouets en bois. Toutefois, aucun n'était des métamorphes, et je m'inquiétais de faire une gaffe au sein de cette réunion.

Je rencontrais enfin notre hôte. Michaël Loisseaux, le propriétaire du domaine, était un homme effrayant. Un mauvais pressentiment m'envahit lorsque sa main rêche entra en contact avec la mienne, faisant s'alarmer ma partie animale au sein de mon esprit. Un sourire étira ses lèvres fines, comme s'il sentait ma peur, et il annonça :

- Emilia, je suis ravie de te rencontrer. Bienvenue chez moi.

- Enchantée, merci de m'avoir invité.

- C'est tout à fait normal voyons, dit-il en plaçant un bras sur mes épaules tendues, me guidant à travers la pièce, beaucoup de gens voulaient te rencontrer.

- Ah bon, je... je ne savais pas, répondais-je en laçant un regard inquiet en direction de Jules, qui n'eut aucune réaction.

- N'aie pas peur, nous n'allons pas te faire de mal. Nous voulons t'aider.

- Je ne suis pas sûre de comprendre...

- Nous savons qui tu es Emilia, ne cache pas ta nature avec nous. As-tu recroisé l'autre panthère ?

- Comment connaissez-vous Tom ? Que me voulez-vous ?

- Jules nous a prévenu de ton petit accident, nous souhaitons empêcher qu'une telle chose se reproduise. Notre petite organisation, dont tu viens de rencontrer les membres, est chargée d'empêcher les abus venant des créatures surnaturelles vivants parmi les humains. Nous avons récemment constaté que la meute de thérianthropes habitants dans la région a plusieurs fois manqué à ces règles établies. Nous voulons t'entraîner pour que tu puisses accomplir ta vengeance, permets-moi de te montrer.

Sans me laisser le choix, il m'attira dans un escalier menant au sous-sol de la bâtisse. J'étais troublée de cette proposition de vengeance, servie sur un plateau d'argent. Alors que je m'attendais à une cave mal éclairée et sentant l'humidité, ce fut des locaux flambants neufs qui m'accueillaient. Des mannequins d'entrainement, des cibles et un ring côtoyaient une salle de réunion équipée d'un vidéoprojecteur ainsi qu'un grand espace peuplé d'ordinateurs, entourant une grande table où un homme étudiait une carte. Me poussant doucement vers la personne alors que chacun de mes membres étaient tétanisés, Michaël Loisseaux murmura avant de s'éclipser :

- Cette personne en particulier voulait te rencontrer.

L'homme se retourna, laissant découvrir de grands yeux orageux semblables aux miens, dégagés par des cheveux poivre et sels impeccablement coiffés en arrière. Je ne sus expliquer ce que son visage dégageait, ni se que je ressentais vis-à-vis de cet homme dont les traits me rappelaient ceux de mon visage. La tendresse émana alors de son visage de marbre, creusant quelques ridules aux coins de ses yeux, tendit que je me tendais soudainement, comprenant que l'homme qui se trouvait devant moi était mon père.

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NDA !

Bonsoir ! Et voilà un nouveau chapitre de fini, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, j'espère que vous en aurez autant à le lire ! Les prochains chapitres seront intéressants, surtout au niveau des révélations et de l'approche des personnages. J'espère enlever la partie "bateau" des premiers chapitres lors de la réécriture du roman, que je commencerais dès que j'aurais terminé l'épilogue ;)

Qu'en pensez-vous ?
Emilia va-t-elle rejoindre les chasseurs ?
Quels mensonges se cachent derrière toute cette histoire ?

Vous en saurez un peu plus au prochain chapitre, mais cela m'intéresserait de voir vos idées ;)

À bientôt !
Agathe.

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