Kiny

Aujourd'hui c'est Lundi et pour mon plus grand plaisir, je dois travailler avec mon meilleur ami, notez l'ironie, alias Jules le casse-pied. La dernière fois qu'on s'est parlé remonte au jour où il a dû me ramener à l'orphelinat, parce que je ne parvenais plus à marcher à cause de ma chute. Depuis le week-end je ne cesse de penser à son parfum, l'odeur était vraiment agréable.

Dans exactement trois jours, c'est mon anniversaire. Le plus étonnant c'est que Jules aura ses dix-huit ans à la même date. Ne vous étonnez pas que je le sache, je me souviens de l'avoir entendu parler de ça pendant sa présentation d'il y a quelques semaines.

Ce qui est sur, je n’étais plus autant excité d'approcher à cette date. Mais aujourd'hui c'est différent, je ne veux plus manger du bois, me morfondre ou encore pleurer toutes les larmes de mon corps. C'en est fatiguant ! Cette année, je vais fêter mes seize ans et je compte bien en profiter. En me réveillant ce matin, j'ai retrouvé tous mes sacs au coin de l'armoire, je suis vraiment chanceuse en ce moment car Mirna et sa bande me fichent complètement la paix. On dirait bien qu'elles sont blasées de ne plus voir de réaction de ma part.

Génial !

Samedi, j'ai demandé la permission à sœur Miller pour mon rendez-vous de travail avec Jules. Elle n'a pas hésité à dire oui quand je lui ai signifié que c'est lui qui m'avait ramené la veille. Sa réaction bizarre lorsqu’il est parti ce jour là m'a donné des maux de têtes. Je ne voulais pas y penser mais elle est trop bizarre en ce moment.

J'ai pris ma douche assez tôt par rapport aux jours où je n'ai pas cours. Et bizarrement, je me surprends à chercher une belle tenue pour aller au café. Non pas qu'il m'intéresse mais je préfère toujours faire bonne impression. Je ne veux pas que l'on dise que je m'habille vulgairement ou encore que je ne porte que des chiffons. J'ai subi ce genre de remarque désagréable pendant assez longtemps pour que ça me touche autant.

J'opte pour un pantalon large noir taille haute, un haut blanc en coton que j'enfile, mais toutes mes vestes sont noires. Je choisis donc une liquette en jeans bleue ciel délavée. Des fois, avoir des cheveux longs est une source de dérangement. Je me fais deux nattes que je joins en nœud papillon au dessus de ma tête. J'aime bien cette coiffure, elle me donne des airs de princesse parfois. Je ne me maquille pas d'habitude, ça perd le temps. Un peu de poudre, un peu de gloss, un peu de mascara et je suis prête. Mes bottes aux pieds, je récupère mon sac, mon ordinateur et les recherches que j'ai eu à faire pendant le week-end. Je n'allais tout de même pas me tourner les pouces !

Quand je récupère mon téléphone, je me rends compte que j'ai reçu un message de la part d'Anna il y a une dizaine de minutes. Je l'ouvre et ce que j'y lis m’étonne assez.

Anna- Salut Kiny, désolé de te déranger mais j'ai besoin de ton aide. Je suis au café Tojo et il y a un type qui dit que si tu ne viens pas très rapidement, il s'en prendra à moi.

Anna est pratiquement la seule qui m'ayant consolé à la mort de mes parents, ne s'est pas par la suite éloignée. C'est vrai que j'aime bien rester seule, mais sa compagnie est agréable. Elle respire la joie de vivre et elle s'entend bien avec les autres. Elle est métissée, mais ses racines noires prennent le dessus, ce qui lui donne un teint chocolat très beau à voir, de plus, que les garçons ne restent jamais indifférents à son charme africain. Elle a des cheveux soyeux qu'elle lisse parfois. Sinon la plupart du temps elle laisse ses cheveux bouclés naturellement.

Je sais que je parle tout le temps d’elle, c'est normal puisque je l'aime beaucoup.

Quand elle a compris mon caractère de cochon, elle a pris l’habitude de ne pas trop me brusquer. Finalement, cette situation me plaît bien et des fois on fait des trucs ensemble. Elle m'a même aidé une fois avec Mirna. Celle-ci voulait m'accuser de vol, mais ce jour là Anna était avec moi et on a réussi à faire punir la peste. Et que quelqu'un se serve de notre relation pour m'atteindre c'est vraiment pitoyable.

Inconcevable tu veux dire !

Il est presque dix heures quand j’arrive au café. Je le survole dès l’entrée quand j’aperçois mon amie de dos, ses cheveux frisés ne passent pas inaperçus au milieu d’autant de cheveux rêches. En me rapprochant, je lâche un grognement de colère quand je me rends compte que ce type n'est personne d’autre que Riff.

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi celui là ne me laisse pas en paix. Je me rapproche et là, il relève la tête et il me sourit. Ses fossettes se creusent et ses yeux noisettes scintillent. Dire que j’ai failli me faire violer par un type si beau à l'extérieur mais si laid à l'intérieur.

— Bonjour Kiny, s’écrie t-il en m'apercevant, il ne manquait plus que toi à cette petite réunion. Qu'attends-tu ? Assieds-toi !

Son air suffisant m'exaspère vraiment. Mais pour ne pas me créer des problèmes, j'obtempère. Rien que de voir Anna aussi triste et effrayée, mon cœur se pince. Elle le déteste tellement depuis ce qu’il m'a fait.

— Alors mesdemoiselles, c'est beau de se retrouver à la même table. Vous ne trouvez pas ?

Il est vraiment invivable ce type.

Ah, te revoilà conscience ! Je ne te le fais pas dire.

Personne ne répond, moi je fixe la porte d'entrée pour voir apparaître un certain sauveur. Pendant près de quinze minutes, il ne cesse de monologuer. D'un coup, il parle de son stage en Amérique, d'un coup il parle d'une fille qui l'a quitté parce qu'il ne voulait pas de relation sérieuse. Puis finalement il nous fait comprendre que son retour est dû au fait qu'il veuille se faire pardonner auprès d'Anna et de moi, puisque mon amie est son ex. En plus, c’est elle qui m'a aidé à le coincer le jour du spectacle car elle avait remarqué son comportement suspect.

Ne supportant plus es frivolités, je me lève d’un coup mais il me rattrape et me fait asseoir à côté de lui. Cette fois-ci il a sorti un poignard qu'il colle sur ma côte gauche. Je suis immédiatement prise de panique, la peur m’envahissant tel un tsunami, le comble c'est que les poignets d'Anna son liés dans son dos et que nous sommes trop loin au fond pour que quiconque ne s'aperçoive de quelque chose. Je transpire abondamment sous ma liquette qui chauffe, je n'ai pas eu le temps de la retirer en entrant. Je m’insulte mentalement, n'ayant pas compris à temps la raison pour laquelle mon amie était effrayée.

— Si tu bouges d'un poil, je te jure que je t'enfonce ceci dans tes cotes, tu finiras par terre étalée comme du porc.

L'expression de son visage est passée de je suis désolé à je vais vous tuer. Il ne manquerait plus que de la drogue sur lui pour en faire un Serial Killer.

Ce café est rempli de pingouins ou quoi !

Le peu de monde qu'il y a ici est sûrement aveugle. Mais ils n'y sont pour rien, étant un habitué de ce lieu, Riff sait que l'on ne s’intéresse pas vraiment aux gens qui sont assis au fond, il a vraiment bien calculé son coup. La montre m'indique à peine dix heures et demi, et au fond de moi, je souhaite du plus profond de mon cœur que Mr Arrogant fasse son entrée. Je ne bouge plus et Riff me lâche, sachant très bien que je ne peux plus faire un mouvement brusque.

— Tu as ignoré mes appels, mes messages et tu as même refusé mon pourboire la dernière fois. A présent tu ne peux plus te défiler.

— Et toi ma chère Anna, tu croyais vraiment qu'une fille comme toi peut intéresser les mecs ? Tu es tellement moche et insignifiante que je savais par quel moyen je pouvais t’attirer.

Je savais que ce type était fou et mauvais, mais jamais j’aurai imaginé qu’il soit si mesquin.

— Je n'ai fait que t’utiliser afin de me rapprocher de l’orpheline folle furieuse. Ce spectacle était l’occasion rêvé pour moi de l’avoir mais il a fallu que tu y mettes ton grain de sel.

Il plante ses yeux dans ceux de mon amie avant de revenir vers moi.

— Vous m’avez fait passer des mois entiers en prison et maintenant, je compte bien vous faire payer

Ignorer Riff est la meilleure option que j’ai pour le faire enrager et qu’il puisse attirer l’attention des autres par erreur. Je fixe alors la montre pendant de très longues minutes comme si j'étais transportée dans un autre monde, soudain un bruit sourd me réveille de ma transe. Je regarde autour de moi et je réalise que Riff s'est retrouvé par terre le nez ensanglanté, sans comprendre d’où vient le coup. Je récupère son poignard avant de détacher mon amie. Quand je la libère, je la prend dans les bras et mon haut se retrouve rapidement trompé par mes larmes et celles de mon amie.

Jules

Je me réveille à nouveau trompé de sueur, le cœur battant rapidement. J'en ai marre de toujours me réveiller de cette manière. Cette fois-ci, j'avais l’impression de participer à une course poursuite et je me suis retrouvé encastré dans un mur. Je sais que j’ai un penchant sur l'alcool mais chaque fois que j'en prend, je ne me rappelle presque pas de ce que je fais sauf ce jour là. Je me suis réveillé dans un hôpital, les pieds dans le plâtre à cause de cet accident qui hante à présent mes rêves.

Je file me doucher pour me remettre les esprits en place avant de flemmarder encore un peu sur mon portable. Les quelques potes que j'ai a Dearmstrong ne cessent pas de m’envoyer des vidéos. Ils ne sortent plus autant qu'avant et ils ont aussi repris leur année scolaire comme moi. Ce que je regrette le plus, c'est le fait de les avoir entraîné dans ma chute. Les moins conciliants m'ont tourné le dos, il ne me reste à peine que Tristan et Clément.

Ici, j'ai pu me lier d’amitié avec Ken Scott, l'un de mes collègues de classe. Il est plutôt sympa et il aime faire la fête. Ce jour où on a croisé la blonde étalée par terre devant le Tojo, on se rendait chez l'un de ses potes qui donnait une petite partie chez lui. Les filles d'ici sont parfois trop collantes ou encore trop violentes comme la petite Kiny.

Ce qui m’étonne le plus, c’est de la voir essayer de montrer une image fausse d’elle à la plupart des élèves de l’école. C’est vrai qu'avec tout ce que j'ai entendu sur elle, l’histoire de ces parents et tout le reste, elle a le droit de se défendre. Mais j'ai remarqué qu'elle ne fait que jouer un rôle qui ne lui convient.

Bref, mes parents vont se rendre au bureau dans peu de temps et je veux profiter d'eux un moment. Ils ont beaucoup souffert de mon comportement de ces dernières années et je compte bien me rattraper. En plus, on doit terminer la discussion qu’on  débuté hier pendant le dîner.

Discussion qui ne m'emballe pas du tout. Pourquoi les parents ne tiennent pas compte de la vie privée de leurs enfants ?

— Alors Jules, finalement tu nous réponds quand ? Me demande mon père au moment où je prend place à table.

— Mais voyons Christian, notre fils a bien droit à son intimité, juge ma mère en lui donnant une tape sur la tête.

Bon, au moins ma mère sait s'abstenir. Elle fait toujours ça quand mon père déborde dans ses interrogations. Je l'aime beaucoup.

— Je veux savoir si mon fils n'est pas un homosexuel. Il ne ramène pas de fille à la maison. Il n'y a que Ken qui vient. Tu sais Émilie, c'est vraiment nécessaire.

Mon père ne cessera jamais de m'étonner. Sous prétexte que je n'emmène pas de fille à la maison, il pense que je suis homo. C’est vraiment du grand n’importe quoi !

— Je connais mon fils, et je peux t’assurer qu’il n'est pas homosexuel, énonce t-elle en me souriant d'un air gêné.

Je partage sa gêne car un jour, elle m’a trouvé dans ma chambre devant une revue de femmes en soutien gorge. Elle a fait un mois sans remettre pied dans ma chambre.

Après le petit déjeuner, maman me fait un bisou sur le front, je n'aime pas vraiment ce genre d’affection surtout en public. Papa me donne une tape sur l'épaule, là au moins c'est viril. Ils se sont fait mutés ici pour me donner l’occasion de faire les bons choix. Ils ne m'ont jamais abandonné et je leur serai éternellement reconnaissant.

Le temps se rafraîchit de plus en plus, je met un jeans et par dessus mon t-shirt  Adidas, je mets un blouson. C'est sûr que Miss rebelle est déjà au café. Je récupère mon sac, et mon casque avant d'enfourcher ma moto.

Je sais que je suis en retard, et je cherche la tête blonde de mon binôme quand je la vois tout au fond, le regard vide d’expression, fixant la montre comme si elle attendait quelque chose. A côté d’elle, son amie Anna ainsi qu’un type qui ne m'est pas inconnu. Quand je me rapproche légèrement, je réalisé que je l’ai déjà vu au marché de Noël, discutant avec Kiny. Il paraissait déjà assez louche, présentant les signes d’un drogué et là j'ai l'impression qu'il ne discute pas amicalement avec elle.

Voir Anna essayer de se débattre, les mains liés dans le dos, confirme mes soupçons sur ce type. Je déteste voir les femmes en position de faiblesse face à des gens comme lui. Il n'a même pas peur de se faire attraper avec tous ces gens présents. Je me dirige vers leur table et il essaye de donner le change en souriant aux filles. Dommage pour lui, je ne suis pas dupe pour le laisser me berner.

Je lui donne un coup de point assez violent sur la tranche et il s’étale par terre comme un chien. Et là, j’aperçois la blonde récupérer un poignard pour libérer son amie. Si la première fois je n'ai pas pu défendre les proches, aujourd’hui au moins j'ai  sauvé ces deux filles.

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C'est ce que j'appelle un retournement de situation !

Alors, vous allez bien par ici ?☺☺

J'ai apporté un très gros changement à ce chapitre, j'espère qu'il est beaucoup plus claire.😌😌😌

J'espère aussi que ce chapitre vous plaira autant qu'avant.

Bonne lecture.

Stéphanie ❤