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Chapitre 79

Jared

— Les gars... Nath va pas bien du tout.

Céia et Gaspard me regardent d'un air étrange. Ou alors c'est juste moi ; je n'ai jamais su lire dans les regards.

Je me racle la gorge, mal à l'aise. On avait décidé de se rejoindre avant-hier midi pour aller dans un fast food, et il n'est jamais venu. On a d'abord pensé qu'il avait eu un souci ou un contretemps vu que j'avais au moins 5 appels en absence de sa part. Comme il n'a laissé aucun message, je l'ai rappelé. Il n'a jamais répondu. Les deux amoureux avaient un cinéma de prévu pour l'après-midi, alors j'ai été désigné pour aller voir Nath. Et puis, c'est mon meilleur pote, aussi !

Eh bien... je ne m'attendais pas à le trouver en mode zombie, rouler en boule sur le canapé de ses parents, de la morve partout et en train de pleurnicher. Je m'attendais encore moins à ce qu'il tente de me frapper avant de s'effondrer en sanglots. 

Et ce qu'il m'a dit après... j'en ai encore froid dans le dos.

Je me suis senti mal un paquet de fois dans ma vie, surtout parce que j'ai tendance à parler trop, tout le temps et sans réfléchir, mais alors jamais je n'avais eu l'impression de prendre une douche glacée et brûlante à la fois. Jamais je n'avais rendu mes tripes à l'annonce d'une nouvelle. 

Ce n'est pas une expérience agréable. 

On a entendu parler de l'attentat, évidemment, mais à aucun moment Célia, Gaspard ou moi, on a imaginé que Capuche pouvait être dans cet avion.

Capuche était dans un avion qui a explosé de ma faute. Enfin, non, l'avion n'a pas explosé de ma faute, mais Capuche voulait s'enfuir de France à cause de moi. Il est sans doute mort à cause de moi.

Je voulais trouver les mots pour consoler mon pote, mais j'ai juste été capable de le serrer dans mes bras. Il a beaucoup pleuré. Moi aussi. Je suis resté chez lui toute la nuit. Et toute la journée qui a suivi. Et de nouveau la nuit. 

Et plus le temps a passé, plus Nathéo s'est renfermé sur lui-même. Roulé en boule dans un coin qu'il ne quittait que pour aller se soulager. À répéter les mêmes mots d'excuse pour Cléandre, encore et encore. À essayer de lui téléphoner. À le supplier de revenir.

J'ai essayé de le réconforter, de lui rappeler que même s'il était dans ce foutu avion, il y a eu des survivants. Ils l'ont annoncé aux infos. Trois adultes et un enfant y ont réchappé, même si les trois adultes sont en urgence absolus et que personne n'a leur identité. Nathéo est resté étanche à mes mots. Sa mère aussi a essayé de l'aider. Puis son père, mais rien à faire. Même le faire manger, c'est un calvaire ! Je voulais faire venir nos deux amis, mais il a refusé. Il m'a interdit de leur en parler, même si c'était déjà trop tard pour ça. Bien sûr que j'ai tout dit à Gas et Célia. Le soir même, je leur avais dit. 

Et me voilà avec eux. À devoir tout répéter. À reprendre toute la culpabilité de plein fouet. 

Ils m'écoutent sans desserrer les lèvres. La gravité de la situation nous a tous plombé le moral.

— S'il fait partie des victimes, il y aura des obsèques, non ? On devrait trouver des infos là-dessus, s'enquiert Gaspard à mi-voix.

— Euh... je sais pas. J'ai essayé d'appeler Ava, mais comme on s'est pas quitté en super bons termes...

— Je regarde sur le net, renifle Célia en épongeant ses yeux. J'arrive pas à croire que la situation soit réelle... J'ai toujours cru que ce genre de truc arrivait qu'aux autres. Que ça toucherait jamais quelqu'un que je connais... 

— Faut que t'appelles Sarah aussi, lui murmure Gaspard. Elle doit pas être en super forme, elle non plus.

Célia hoche la tête et s'empare de son téléphone. Elle cherche. Cherche. Fronce les sourcils. Se mouche. Cherche encore.

— Je trouve aucun avis de décès à son nom...

— Si la famille dit rien, il y aura rien, soupiré-je. J'suis plus placé pour le savoir, il y avait rien du tout sur Kaname ! 

— Sauf qu'ils en ont publié un pour une Terrasève il y a pas longtemps. Cléandre est cité dans les arrières-petits-enfants. Vu les dates, je dirais que ça a eu lieu pendant que Capuche s'était éloigné de Nath.

Je me gratte le menton. Ça me dit vaguement quelque chose. Oui, je crois que Nathéo m'avait parlé de l'arrière-grand-mère malade.

— Vous croyez que Capuche fait partie des adultes qui ont survécu ?

— J'espère, souffle Gaspard, sombre. J'espère vraiment. Tiens, regarde déjà s'il y a des news sur eux ! En général, les journalistes aiment bien faire des articles là-dessus, ça leur fait des vues.

Nous nous penchons chacun sur nos téléphones respectifs dans un silence presque religieux. Beaucoup de ces articles ne sont qu'un résumé dramatique des évènements. Concernant les victimes, nombreux sont ceux qui n'évoquent que celles du hall d'embarquement. Combien de corps retrouvés sous les décombres. Combien de survivants. Un taux bien plus élevé que pour les malheureuses victimes de l'avion, mais un taux effarant quand même.

— Ils ont identifié deux nouveaux corps, récapitule Célia. Plusieurs personnes sont hors de danger... mais ça concerne toujours que ceux qui étaient dans l'aéroport...

— Attendez, FranceNews viens de poster un nouveau truc ! m'écrié-je alors qu'une décharge d'appréhension me broie les intestins. Toutes les victimes ont été retrouvées et identifiées, dix personnes sont encore en urgence absolue, treize en urgence relative, quatre sont décédés durant les dernières heures...

Mon souffle se coupe. Les larmes me piquent les yeux alors que je déchiffre la suite.

— Y a que l'enfant qui a survécu... Tous les autres occupants de l'avion sont morts. Je... je...

je lâche mon téléphone pour courir aux toilettes. Mon estomac entame une douloureuse rébellion qui ne cesse que de longues minutes plus tard. Une main me tend un verre d'eau que j'attrape et vide en quelques secondes. J'en réclame un autre d'une voix faible, le vide aussi vite que le précédent. 

— Il n'y a plus d'espoir, alors ? chuchote Célia en tremblant.

— Je crois que non, mais le plus important... il faut qu'on aille voir Nath. Maintenant. Avant qu'il découvre ça. On doit l'entourer.

Nous hochons la tête. Je m'agrippe à Gaspard d'un côté tandis que Célia se pend de l'autre côté. Il n'est pas celui qui vit le mieux la situation, loin de là, je suis même persuadé qu'il est le plus touché de nous trois : il est juste celui qui parvient le mieux à faire face. Sans doute parce que lui n'est pas accablé par autant de culpabilité que nous. 

Jamais encore nous n'avions parcouru la distance entre chez moi et chez lui aussi rapidement. Nous courrons tous les trois. Moi devant. Gaspard soutenant Célia qui a plus de difficultés que nous derrière. 

J'arrive le premier, hésite entre toquer comme un forcené, entrer sans m'annoncer ou sonner. Au final, je n'ai rien besoin de faire. La mère de Nathéo m'ouvre. Pâle. Les joues creusées. Les joues parcheminées de larmes.

Elle sait. Et si elle sait...

— Je t'attendais, Jared. 

— Nathéo... Cléandre est... est-ce que Nathéo...

— Il a vu. Il a besoin de toi.

Elle s'écarte pour me laisser entrer et pour une fois, ne me houspille pas alors que je cours dans l'escalier.

La bile me remonte une nouvelle fois dans la gorge lorsque je le découvre. Assis au sol au milieu de sa chambre. Apathique. Il ne réagit pas quand je m'approche. Ne réagit pas quand je l'appelle. Il reste assis là, complètement amorphe sans rien dire de plus. Immobile. 

— Il est parti, articule-t-il soudain. Il avait raison quand il a dit que c'était définitivement fini... fini. 

— Nath... je suis là. Cel et Gas aussi, ils arrivent ! On fera tout pour t'aider, tu le sais ? On peut même emménager ici s'il le faut !

— Ha. Je crois que ma mère sera pas d'accord.

Cette voix dénuée de vie me fait frissonner. Je m'agenouille auprès de mon meilleur ami, pose mes mains sur les épaules.

— Alors tu viendras chez moi. 

— Oui... d'accord. Après.

— Après ? Après quoi ?

Son masque d'impassibilité se fendille, sa bouche se tord et ses yeux s'embuent de larmes. 

— L'enterrement. Je dois y aller... Cléandre... il... il avait pas pu pour Kaname. Je dois... Cléandre... je... je comprends maintenant... comment... comment j'ai pu... cette souffrance... seul... il...

Il craque complètement, ses sanglots l'empêchant de continuer. Je lutte pour ne pas le rejoindre dans sa peine et son désespoir. Je ne dois pas pleurer, pas maintenant. Je dois rester fort pour lui, encore un peu. Au moins le temps que nos amis arrivent. 

Je le cueille dans mes bras, le berce doucement. D'autres bras viennent nous soutenir. Chauds. Réconfortants. Aimants.

Nous restons là tous les quatre, à mêler nos larmes et nos peines, à nous murmurer des mots encourageants, jusqu'à ce que la sonnerie de mon téléphone fasse éclater notre bulle protectrice. Nous ne sommes pas prêts à revenir dans le monde réel. Nous n'en avons pas encore. Nous voulons rester encore un peu isolés, tous les quatre. Solidaires. Soudés.

Hélas, mon smartphone en a décidé autrement et de nouveau, la sonnerie nous agresse.

Rageur, je décroche pour répondre avec humeur :

— Ce n'est pas le moment, là, rappelez plus tard ! Bye.

— Jared, ne raccroche pas : c'est important !

La voix s'enroule autour de moi avec douceur. Je recule mon téléphone. Pose les yeux dessus pour regarder sans trop y croire le nom qui s'affiche.

Ava. C'est Ava.









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