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Chapitre 71

La soirée d'inauguration a attiré une foule de clients ; le bar karaoké est plein à craquer. Hissé sur la pointe des pieds, Jared cherche une table libre des yeux. La seule qu'il trouve ne nous convient pas : elle se trouve juste devant la scène, à seulement deux mètres des micros. 

Tu m'étonnes que personne n'y aille, ils tiennent à leurs tympans !

Eux, sans doute. Jared, lui, ne tient pas aux nôtres et se fraie un chemin à travers les corps moites. 

Génial, nous voilà aux premières loges pour assister à un défilé de non-talent ! Et le moins que l'on puisse dire, c'est que chaque participant surpasse le précédent avec brio... mais dans le mauvais sens. Jamais entendu autant de notes fausses à la suite. Le pire ? Encouragé par l'ambiance, Jared monte aussi sur scène. C'est de loin le plus mauvais d'entre tous : il chante non seulement faux, mais n'est en plus pas fichu de lire les paroles correctement. 

À voir sa mine réjouie quand les gens le huent, je dirais même qu'il fait exprès de massacrer les chansons.

Malgré moi, les coins de mes lèvres remontent. Mon ventre se réchauffe. Mon humeur s'améliore, et je finis par éclater de rire quand, sur le final, Jared se roule par terre en braillant à s'en casser la voix. 

Je profite du fait qu'il enchaîne sur une troisième chanson pour aller au comptoir pour commander deux sodas et une pizza savoyarde. Après une hésitation, j'ajoute des cafés gourmands et des glaces à notre commande. Le barman note le tout, sourire aux lèvres, m'informe que la pizza sera prête d'ici vingt minutes, et sort les deux boissons du frigo. Le temps de payer, et je reviens à notre table où Jared est de retour, essoufflé et assoiffé.

— Wah, Nath, super idée, ça, épouse-moi !

— Et attends, j'ai commandé une Savoyarde en plus !

— Alors, je t'épouse, on divorce et on se marie une deuxième fois, OK ? 

Un nouvel éclat de rire roule sur ma langue. Jared continue ses pitreries jusqu'à me faire y participer. Comme quand nous étions au lycée et que nous avions l'autorisation exceptionnelle de sortir le samedi soir ! Sauf qu'aujourd'hui, mes parents et les siens ne sont pas en train de nous épier de la table voisine ! Aujourd'hui, je peux jurer, rire fort ou même roter sans récolter leurs regards désapprobateurs. Aujourd'hui, Jared peut crier sans que sa mère ne s'agite et lui fasse les gros yeux. Aujourd'hui, je peux commander cinq sodas et les ingurgiter aussi rapidement que possible sans craindre les réprimandes. Aujourd'hui, nous sommes libres, et tant pis pour les autres clients qui nous dévisagent, mécontents. Quelques-uns s'en vont, les autres finissent par nous ignorer en soufflant. 

L'arrivée d'un étrange groupe à la fois lugubre et lumineux modifie l'ambiance une demi-heure plus tard. Jared se fige, la langue sortie pour lécher son magnum. Je suis les nouveaux venus du regard, l'estomac crispé d'une sensation de malaise. Je reconnais certains d'eux, sauf que je n'arrive pas à me souvenir où je les ai déjà vu.

— Wow, la fille-là, elle est aussi gracieuse qu'Ava ! Et celui-là, il dégage la même aura ! C'est chelou !

Oui, voilà. C'est ça. Ces personnes me font penser à la clientèle habituelle du Del'Asève. 

— Tu crois qu'ils sont là parce que leur bar est fermé ? chuchote Jared qui a visiblement fait les mêmes conclusions que moi.

Et je comprends soudain d'où me vient cette désagréable impression : ils connaissent Cléandre. Ces gens connaissent Cléandre. Ces gens côtoient Cléandre les vendredis soirs. Est-ce que ça voudrait dire que...

— Je sais pas et ça me plaît pas, réponds-je à mon meilleur ami. J'ai pas envie de voir débarquer Cléandre, on devrait y aller. 

Jared pousse un juron contrarié : il a mis tellement d'effort à me faire oublier le « Connard », tout ça pour qu'un troupeau d'inconnus me le rejette en pleine figure ! 

Une tension vrille mes épaules et mon ventre alors que je remballe mes affaires. Mon regard ne cesse de revenir vers l'entrée pour surveiller ; il n'apparaît pas. Ni au moment où nous nous levons, ni à celui où nous gagnons la sortie, ni même quand nous nous éloignions. Et une fois encore, j'en suis aussi déçu que soulagé. 

Jared reste bougon. Contrarié. Non, ulcéré. Si ulcéré qu'il en sort son téléphone pour tapoter un message avec virulence.

— Voilà ! J'lui ai dit ma manière de penser à ce connard ! 

— Euh... quoi ?

Yeux écarquillés, je m'arrête pour le dévisager. Ai-je bien entendu ?

— À Capuche, répond-il tranquillement

— Tu as fait quoi ?

Non, vraiment, mon taux de sucre doit me faire halluciner... ou alors celui de Jared lui a fait perdre la raison !

— Je viens de l'insulter par message, tu devrais faire la même, ça fait un bien, t'imagine pas !

— T'as pas fait ça... murmuré-je, désabusé.

— Ah, si si ! Et après, je l'ai bloqué pour pas qu'il réponde ! Ce connard vient de gâcher notre soirée !

— T'abuse ! J'lui en veux, mais pour le coup, il y est pour rien, hein. Il est même pas là ! 

Jared relève le menton pour m'étudier, puis ses lèvres se retroussent en sourire ravi.

— Ha bah si, tiens, regarde, il est là-bas ! Hey, hey, on va le voir ?

Mon estomac se révulse, mais je ne me retourne pas, certain que Jared est en train de me faire une de ses blagues douteuses.

— Franchement, t'es un crétin des fois, lui lancé-je.

— Tu me crois pas ? 

Son sourire devient malveillant et l'instant d'après, Jared hurle dans la rue :

— Hey, Cléandre, oublie pas de lire tes SMS, espèce de bouffon !

Cette fois, j'effectue un demi-tour affolé... et je le vois. À une vingtaine de mètres de là. Devant le Del'Asève. Les yeux braqués sur nous. Mais le pire, ce n'est pas ça : le pire, c'est Servan, collé à lui, les bras enroulés autour de son cou. Qui me regarde droit dans les yeux d'un air narquois avant de chuchoter quelque chose à Cléandre. 

Mon sang ne fait qu'un tour et avant que Jared ne puisse m'en empêcher, je me retrouve à courir vers eux. Servan a le réflexe de se reculer quand j'attrape mon ex par le col.

— Tu te fous de moi ? grincé-je sans qu'il ne se libère ou ne réagisse. 

Celui qui réagit, en revanche, c'est Servan. Il me repousse durement et lève le poing pour me décocher un coup de poing. Je n'ai jamais été doué pour les bagarres. Un piaillement aigu s'échappe de ma gorge tandis que je recule en fermant les yeux dans l'attente d'un impact qui ne vient pas. 

Un bruit étouffé. Une exclamation de Jared. Un gémissement de Cléandre.

Mes paupières battent avec lenteur et je découvre avec stupéfaction que Cléandre a pris le coup à ma place.

Cléandre... a pris le coup à ma place. Pourquoi ?

— Pourquoi tu as voulu le frapper, c'est lui qui mérite des baffes ! couine Jared, à moitié caché derrière moi.

Je n'avais encore jamais vu cet air de merlan frit chez Cléandre. Il est doué, très doué, je pourrais presque me laisse attendrir par son air stupide et croire qu'il est innocent.

— La seule chose que Cléandre mérite, c'est d'avoir un vrai mec à ses côtés, et pas un pleurnicheur qui pense que tout lui est dû dans la seconde. 

— C'est vraiment pas le moment, souffle Cléandre en se massant la joue. Allons-y, Servan...

— Ha oui, Servan, le vrai mec en question ! T'as déjà oublié le Japonais, alors ? Tu changes de mec comme de caleçon ? Ou alors tu te tapes les deux à la fois... peut-être carrément en même temps pour qu'ils tapent bien au fond ? 

Un soubresaut secoue Cléandre. Une étincelle s'allume dans ses yeux. Une étincelle de rage. 

— Tu m'as largué hier, tu fais ce que tu veux, mais perso, il me faut plus de quelques heures pour m'en remettre...

— Comme si ça te faisait quelque chose ! Arrête de vouloir passer pour le gentil ! C'est toi le connard, pas moi ! 

De nouveau, Servan se crispe et lève le bras. Et de nouveau, Cléandre l'arrête... sans prendre de coup cette fois. 

— Cléandre... tu vas le laisser t'insulter combien de temps ?

— J'ai pas l'énergie, Servy... on y va. Clarenz et Ava nous rejoindront chez moi. 

— Ouais, c'est ça, intervient Jared alors que personne ne lui demande rien. Fuis ! c'est pas comme si tu lui avais promis de tout expliquer ! 

Cléandre frémit avant de toiser mon meilleur ami d'un regard glacial qui le fait se recroqueviller derrière moi. 

— Que je sache, Nathéo a juste préféré t'écouter, toi, plutôt que moi. Et je paye déjà assez cher les conséquences de ses choix. Maintenant, si vous voulez bien nous foutre la paix et aller ressasser vos fantasmes ailleurs...

— Donc, même là, tu ne vas pas admettre tes torts ? demandé-je, écœuré.

— Et de quels torts parle-t-on exactement ?

Il ne daigne même plus poser les yeux sur moi.

— Je sais très bien que tu étais sur le point de me larguer pour retourner avec l'autre Jap ! D'ailleurs, tu l'as pas ramené ce soir ? Vu que t'adores sortir avec lui dans les bars ces derniers tems ! 

Je m'attends à ce qu'il rougisse de honte. À ce qu'il affiche une mine contrite. À ce qu'il s'excuse, au moins. Mais non. Il lève les yeux au ciel et fait comme si je ne venais pas de lui révéler que j'étais au courant de tout.

— Alors toute cette merde, c'est juste pour ça ? lâche-t-il. T'as tout flingué juste pour ça ? Je sais pas si je dois être dégoûté d'avoir tout perdu pour une connerie, ou soulagé de pas m'être plus attaché à toi avant de découvrir que t'es qu'un gamin stupide incapable d'évoluer et de faire confiance...

Un rire amer le secoue, qui s'évanouit bien vite. Puis il tourne les talons comme si l'histoire était close. Sauf qu'elle ne l'est pas pour moi. Elle ne l'est plus. Pas comme ça. j'ai besoin qu'il reconnaisse le mal qu'il m'a fait. Qu'il ne se fasse pas passer pour une victime.

JE suis la victime, pas lui !

— Comment ça « juste » ? Tu m'as trompé en plein milieu d'un bar, aux vues et aux sus de tous et en plus avec ton ex !

— Mais tu me soules, à la fin ! Combien de fois je dois te dire que je ne t'ai PAS trompé ? Et qu'est-ce que Sarah vient faire là-dedans ? Je ne l'ai pas vu depuis des semaines !

— Sarah ? Mais t'es con ou quoi, je te parle pas de Sarah, je te parle de Kaname ! Arrête de nier, à la fin ! Je t'ai vu ! Jared t'a vu ! On a des photos ! Et même Akane a confirmé ! Tu ressors avec ton pseudo cadavre, là ! Faut franchement être dérangé pour faire croire que son ex est mort, hein ! 

— Ok, je m'interposerai pas cette fois.

Les mots étrangement neutres de Cléandre me sont à peine parvenus aux oreilles qu'un poing s'enfonce dans mon ventre. Je me plie de douleur, retenu par Jared au moment de m'effondrer au sol. Mes tempes bourdonnent et ma vue se trouble, mais j'entends tout de mêm mon meilleur ami tenter de me défendre. Je le sens sortir son téléphone de sa poche. Je l'imagine chercher quelque chose dessus, et j'ai raison puisqu'il brandit le smartphone devant lui tandis que son autre main me soutient toujours. Il exige des explications, les met au défi de mentir encore. 

Quand la douleur reflue enfin et que je me redresse, Cléandre s'est éloigné de plusieurs pas en compagnie de Servan, sans un mot. Clarenz et Ava sont sortis du Del'Asève et nous font désormais face. 

— Tu es vraiment un abruti, déplore Ava qui a saisi le téléphone. En quoi c'est une preuve d'infidélité, ça ? Cléandre a juste rencontré un de ses potes pour lui rendre quelque chose qui appartenait à sa famille.

— Un de ses potes ? Son ex, oui ! grogné-je.

Clarenz me donne une pichenette sur le front.

— Je suis contrarié par ton comportement, je commençais à te considérer comme un ami, grommelle-t-il de ce ton égal qui le caractérise. Franchement, Nathéo... comment tu as pu te mettre en tête que c'était Kaname ?

Malgré moi, je me tourne vers Jared avant de faire de nouveau face à Clarenz, le menton levé.

— Prouve-moi que j'ai tort. Akane a elle-même dit que Cléandre parlait à son frère.

— Et il ne t'est pas venu à l'idée qu'elle en avait eu deux, des frères ? 

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