33 - Sentiments
Kayden n'arrêtait pas d'observer Ziggy, qui semblait fuir son regard. C'était comme ça depuis qu'il s'était réveillé en pleine nuit dans leur chambre d'hôtel, et que le Normal lui avait rapidement murmuré qu'ils devaient y aller au plus vite.
En effet, après le refus net et sans hésitation de Kit, il n'était plus vraiment question de trainer plus que raison dans la petite ville portuaire. Ils avaient rangé le peu d'affaires qu'ils avaient amené avec eux rapidement, et sans qu'il n'ai aucune explication de la part de Ziggy, ils montèrent dans le premier train qui les ramenaient chez eux.
Depuis le début du trajet, Ziggy avait fixé son regard vers la vitre, ignorant toutes les remarques lancées par le Super. Durant la première partie, Kayden s'était simplement vexé et il avait croisé ses bras d'un air boudeur. Mais voyant que Ziggy ne réagissait pas non plus à ça, il avait timidement posé une main sur sa cuisse, la serrant doucement. L'effet fut presque immédiat. Ziggy arrêta de regarder la fenêtre et il jeta un œil à la main de Kayden posée sur lui. Il posa la sienne par dessus, et le Super la retourna pour enlacer ses doigts avec les siens.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il en murmurant.
— Rien.
Kayden se pencha et il posa son menton sur l'épaule de Ziggy, scrutant le moindre détail de son visage. Le Super resserra son emprise autour de ses doigts et fit de petits cercles avec son pouce.
— Ziggy, s'il te plait. Pourquoi tu fais la tête ?
— C'est... C'est pas important.
— Oh. Alors ça ne concerne que les Normaux, j'imagine. Pas de quoi faire la tête comme ça, tu as le meilleur Super à côté de toi. Non, ne fait pas cette tête, je sais que tu viens de penser que c'est de ta faute si les Supers de Pax Omnis ne se joignent pas à nous pour une quelconque raison, mais tant pis pour eux, je serai donc le seul à observer ce magnifique fessier.
Il entendit Ziggy pousser un soupir ennuyé et il sentit son regard appuyé.
— Aaah, enfin tu me regardes. Si on n'était pas dans un train, je ne me serai pas retenu d'embrasser ces lèvres. Mais bon, ça attendra un peu, j'imagine.
— Kayden...
— Je sais, ça te manque aussi. Je peux comprendre, on me reproche beaucoup de choses, mais rarement la qualité de mes baisers.
— Kayden, répéta Ziggy sur un ton un peu plus impatient.
— Oui ?
Ziggy hésita un peu, ouvrant et fermant la bouche à plusieurs reprises.
— Demain après-midi, le Sénateur va parler, murmura Ziggy pour être sûr de n'être entendu que par le Super, encore. Et je ne pense pas qu'il va annoncer de belles choses pour toi et ta communauté. Alors, je veux que tu restes en dehors de ça. D'accord ?
Kayden en répondit rien, mais il enleva son menton confortablement logé sur l'épaule de Ziggy et il lâcha sa main pour croiser de nouveau ses bras contre sa poitrine. Les doigts de Ziggy semblèrent vouloir se resserrer vainement sur le vide.
— Il s'est passé quoi la dernière fois que le Sénateur a parlé, déjà ? demanda le Super.
— Y'a eu une émeute.
— Laisse-moi reformuler ; qu'est-ce qu'il t'est arrivé la dernière fois que le Sénateur a parlé ?
Ziggy pinça ses lèvres.
— Tu t'es retrouvé à l'hôpital, et tout ton côté droit est à présent couvert de cicatrices. T'as aussi perdu beaucoup de sang, et tu as du faire de la rééducation pendant quelques semaines.
— Kayden, c'est mon métier, tenta de se justifier Ziggy.
— Non. Ton métier, c'est de faire respecter la loi et protéger la population. Pas de perdre ton sang pour un connard de Normal anti-Super.
— C'est... Un des risques du métier. »
Les deux hommes se regardèrent avant que le Normal ne baisse les yeux et ne reporte son attention sur le paysage défilant. Ils n'échangèrent pas un mot lorsqu'ils descendirent du train. Ziggy avait renfilé son visage de Normal sérieux et indéchiffrable auquel Kayden était habitué. Le Super insista cependant à ce que Ziggy le raccompagne jusqu'à son appartement. Il faisait à présent nuit, et il savait que le Normal était suffisamment fatigué pour ne pas vouloir rentrer directement chez lui. Ziggy se résigna à suivre Kayden jusqu'à chez lui. Lorsqu'il eut fermé la porte de son appartement, il regarda le Normal d'un air ennuyé.
« Bon, souffla Ziggy, maintenant que je suis sûr que personne de compromettant n'écoute, je pense que je peux t'en dire plus.
Kayden fronça les sourcils, intrigué. Ziggy se laissa tomber sans aucune grâce sur le lit du Super qui émit un léger grincement.
— Je ne veux pas que tu viennes à la conférence de demain. Je veux que tu restes à l'abri chez moi le temps que cette histoire se tasse un peu, et il est hors de question de te voir, ou de même t'apercevoir lorsque le Sénateur parlera. D'accord ?
— Pourquoi ?
— Parce que je ne veux pas que tu te blesses, ou que tu te fasses tuer ! s'énerva Ziggy, c'est si dur que ça à comprendre, que je veuille te garder en vie ?!
Kayden s'approcha doucement de lui, s'agenouilla et le regarda intensément.
— Pourquoi ? finit-il par demander.
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi c'est un Normal qui veut absolument me garder en vie ?
Ziggy ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois.
— Parce que je t'aime, espèce d'abruti ! Et que je ne comprend pas pourquoi ! T'es ultra chiant, t'arrête pas de m'emmerder et tu es tout ce que je ne suis pas ! Je comprend pas pourquoi je suis aussi rassuré, aussi heureux et aussi confiant lorsque tu es à mes côtés, et ça m'énerve de ne pas avoir réalisé ça plus tôt ! Et je ne sais absolument pas comment tu te positionnes par rapport à ça, par rapport à nous, par rapport à moi, mais j'en ai marre d'hésiter et d'être incertain sur une situation qui commence à prendre trop d'ampleur ! Ça ne me ressemble pas, et pour la première fois depuis longtemps je ne sais pas quoi faire !
Le Normal se leva d'un bond, traversa en trois grandes enjambées la distance qui le séparait du lit de Kayden et de la porte d'entrée. Il essaya d'ouvrir cette dernière avant de se rendre compte qu'elle était non seulement fermée, mais qu'également Kayden l'avait rejoint, posant une main sur sa porte, comme s'il avait peur qu'elle ne s'ouvre.
Ziggy, rouge de honte, baissa la tête, sans trop savoir quoi faire. Kayden le força à le regarder. Les joues du Supers étaient un peu rouges, elles aussi.
— Kay...
Le Super l'empêcha de prononcer le moindre mot en posant ses lèvres sur les siennes. Ziggy répondit un peu à son baiser, avant de baisser la tête à nouveau.
— Eh, eh ! Ziggy, regarde-moi !
— Il faut que je rentre, marmonna le Normal.
Kayden attrapa délicatement son visage pour le relever.
— Je serais un abruti seulement si je laisse partir l'unique Normal qui vient de me dire qu'il m'aime.
— Oublie ce que je viens de dire.
Kayden vola un baiser à Ziggy.
— Tu m'aimes ? murmura-t-il à l'officier, un sourire en coin figé sur le visage.
Ziggy posa ses mains par dessus les siennes.
— Qu'est-ce que tu en aurais à faire ? répondit tristement Ziggy.
— Tu veux que je te prouve à quel point je ne m'en fiche pas ?
Le Super attrapa la main du Normal et la plaça sur son torse, là où il pouvait entendre le battement frénétique de son cœur. Kayden se pencha sur son oreille.
— Je t'aime aussi, tu sais ?
Son souffle chatouilla l'oreille de Ziggy et lui déclencha une série de frissons qui descendirent directement dans son entrejambe. Foutu Super.
— Laisse-moi te montrer à quel point je t'aime, murmura-t-il.
— Tu m'aimes aussi ? demanda Ziggy sur le même ton.
— Putain, ouais... Tu me fais battre le cœur, tu me fais bander comme je n'ai jamais été dur, et j'aime te faire durcir, j'aime faire battre ton cœur et te faire rougir, j'aime voir ton visage se tordre de plaisir et j'aime voir ton masque de Normal endurcit se fendre, répondit-il en mordillant le lobe d'oreille de Ziggy. »
Ce dernier laissa échapper un gémissement. Kayden s'attaqua au carré de peau juste derrière l'oreille du Normal. Il savait cet endroit particulièrement sensible et les doigts de Ziggy se crispèrent dans son dos.
Il l'embrassa, encore et encore, jusqu'à ce que Ziggy cède et colle son corps contre le Super. Kayden passa ses bras autour de son corps et lui murmura doucement à quel point il l'aimait lui aussi.
———————
Le Normal s'éveilla lentement dans les bras de Kayden. Ce dernier dormait encore, le visage à moitié enfoncé dans son oreiller. Ziggy s'étira douloureusement, pour constater qu'une bonne partie de son corps était couvert de morsures encore un peu rouges, certaines à des endroits plus inappropriés que d'autres.
Ziggy maudit silencieusement Kayden sans réellement lui en vouloir. Après tout, c'était ce qu'ils voulait, et ils l'avaient eut. Et puis, sans soulever le drap qui le recouvrait, Ziggy discernait quelques traces de leur nuit imprimées sur le corps du Super.
Lentement, le Normal sortit du lit, récupéra ses vêtements qui trainaient au sol, éparpillés et mélangés avec ceux de Kayden, et il se rhabilla lentement.
« T'as la tête de quelqu'un qui vient de tirer un bon coup, marmonna la voix encore endormie de Kayden.
Avec un petit sourire, Ziggy se tourna vers lui et regarda ses cheveux bouclés emmêlés.
— Toi aussi, répondit-il en les caressant doucement.
Kayden sourit de plus belle avant de se décider à s'assoir.
— Tu pars ? demanda-t-il en le regardant mettre ses chaussures.
— Oui. S'il te plait Kayden, fait comme les Supers de ton bâtiments, suit la prise de parole devant ta télé. Ne viens pas sur place.
— Ouais, ouais.
— On se retrouve chez moi après ? proposa-t-il.
— Seulement si j'ai la force de bouger. On dirait pas, mais t'es sacrément endurant.
Ziggy se pencha sur lui en souriant pour l'embrasser sans rien dire. Kayden répondit mollement à son baiser.
— À tout à l'heure alors. »
Le Normal sortit de l'appartement et ferma la porte derrière lui, laissant Kayden seul. Heureusement, il ne s'était pas réveillé trop tard de sa courte nuit avec le Super, ce qui lui permit de faire un détour par son appartement pour s'y doucher, et se préparer pour ce que le Sénateur avait prévu de faire. Au milieu de l'après-midi, il reçu un message de Daria lui indiquant le lieu. Il fut soulagé de savoir que ça ne serait pas devant son commissariat, comme la première fois, mais devant un nouveau bâtiment fraichement construit.
Le cœur de Ziggy s'allégea un peu. Après tout, c'était peut-être une simple inauguration, mais dans ce cas-là, il ne comprenait pas vraiment la nécessité que la police soit là. Le Normal sortit de ses pensées et il se contenta de sortir de son appartement et de se rendre au lieu indiqué dans le message de Daria.
Une fois qu'il arriva sur place, il se contenta de rapidement repérer ses collègues et d'ignorer les journalistes avides de réponses.
« Ah, Ziggy, super, il ne manquait plus que toi. Ça va ? fit la voix de Daria.
— Oui, désolé, je ne pensais pas que c'était aussi loin, je suis venu à pied de chez moi.
Daria se contenta d'hocher la tête. Elle expliqua à son unité que le Sénateur était déjà l'intérieur du bâtiment et ils la suivirent tous. Ils montèrent tout en haut et lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin, ils se retrouvèrent face à une foule de journalistes qui les inondaient de photos. Daria fraya un chemin à son unité jusqu'à une petite estrade mise en place pour les besoins du discours, serra rapidement la main du Sénateur et invita d'un geste de la tête à son unité de se mettre en place.
Ziggy attendit que ses collègues se mettent place et en profita pour regarder l'endroit où ils se trouvaient. C'était une grande pièce aménagée, entourée de grande vitre où l'on pouvait avoir une vision quasi complète de la ville. Lorsqu'il reporta son attention sur le Sénateur, il aperçu sa secrétaire, discrète comme l'ombre. Elle était penchée à son oreille pour lui chuchoter quelque chose, avant de baisser sa tête et de reporter son attention à sa tablette pour y écrire quelque chose. Ziggy fronça ses sourcils et une ampoule s'alluma soudainement dans son esprit.
Il attrapa son téléphone et chercha frénétiquement une photo des dossiers des Supers de Pax Omnis, avant de trouver celle qui l'intéressait le plus ; celle de Kit.
— Ziggy, ton téléphone ! chuchota agressivement la voix de Daria à côté de lui.
— Pardon, murmura-t-il avant de prestement le ranger. »
Mais il avait vu ce qu'il voulait voir. La secrétaire du Sénateur était le portrait craché de Kit Woodward. C'était Kat.
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