Chapitre 37 (1/2)
- N O A H -
L'air quitte mes poumons, ma gorge s'assèche tandis que je cours de plus en plus vite. Voilà une semaine qu'elle est rentrée, une semaine que je l'ai aperçu devant chez elle et que je n'arrive plus à dormir. Je ne sais pas ce que je devrai faire. D'une certaine manière, j'aimerais la confronter, lui demander pourquoi elle m'a abandonné sur ce foutu bateau mais d'un autre côté, elle provoque un tel torrent de colère en moi que j'ai juste envie de ne plus jamais la revoir.
Je passe à coté d'un lac près de chez moi et observe les petites vaguelettes se former à la surface de l'eau. Ça ne fait que me rappeler le bateau sur lequel nous avons passé nos derniers moments. Quand les adultes s'occupaient, c'était juste elle et moi, la mer, le soleil et une tendresse exquise. Tout en serrant le poing, je peux encore imaginer sa paume chaude contre la mienne, le souffle du vent contre ma peau me rappelle ses douces caresses, sa présence me manque autant qu'elle m'horripile. La savoir chez elle a le don de me fouttre les nerfs. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle fait mais dans tous les cas, cela n'a aucun rapport avec moi. Peut-être qu'elle m'a déjà oublié ? J'en sais rien mais de toute manière, elle et moi c'est de l'histoire ancienne.
Une fois ma course terminée, je rentre chez mes grands parents et vais sous la douche. L'eau brulante me fait étrangement frissonner. Toute cette situation me rend fou, je ne sais pas ce que je suis censé faire. Devrai-je écouter ma raison et aller la voir pour exiger des explications ou ne rien faire et laisser au destin le choix de décider pour moi si je devrai encore la voir ou pas ?
En rentrant à l'école le lundi, je l'aperçois tout de suite. Seule au fond de la classe, son regard se perd dans l'observation du ciel. Enfin, bien évidemment, lorsque je pénètre dans la classe, elle se tourne vers moi et nos yeux se croisent, comme si elle avait un sixième sens. Un air peiné vient se peindre sur ses traits mais je me détourne d'elle et m'assoit au premier rang pour mettre le plus de distance entre nous. Si elle croit qu'elle va m'avoir aussi facilement, elle se fourre le doigt dans l'œil. Elle a brisé la confiance que j'avais en elle et je ne suis pas sur de la récupéré un jour.
La journée passe très lentement, les minutes semblent rallonger pour devenir des heures et mon ventre se noue au fil du temps pour ne former à la fin de la journée qu'un sac de nœud amère.
Julien et Syrius nous jettent des regards tout au long de la journée et se décident à venir me parler une fois les cours terminé.
- Tu ne penses pas que vous devriez parler ? me demande Julien, les sourcils froncés, l'air soucieux.
Je hausse les épaules, je n'en sais rien, je n'en ai pas envie. De toute manière qu'est ce qu'elle pourrait bien me raconter ? Qu'elle a suivit sa mère mais que c'était une erreur et qu'elle la regrette ? cela ne changerait rien à ce qui s'est passé. Elle restera pour moi, la fille que j'aimais mais qui a préféré me quitter sans aucune explication. Pourquoi accepterai je de l'écouter maintenant, il est trop tard.
Après les cours, je me rends chez Jozz pour bosser tout en mettant mon casque et je me plonge dans un morceau de rock puissant en espérant penser à autre chose mais c'est peine perdue. La revoir me rappelle douloureusement les moments que nous avons passé ensemble. Je n'arrive pas à m'ôter de l'esprit les fois où elle m'accompagnait et où je jouais des morceaux remplit d'amour pour elle. Les moments où je lui apprenais à jouer à l'ukulélé, nous fou rires quand elle se trompait dans les accords. Les baisers que nous échangions par la suite, à court de souffle et le cœur battant. Ses lèvres chaudes au léger gout de cigarette qui venaient se poser contre ma peau dans une caresse des plus sensuelle. Dire que tout ça s'est fini après notre première nuit d'amour, elle n'aurait pas su choisir de meilleur moment pour me briser le cœur.
Tout en marchant, je m'observe dans une vitre. J'ai recommencé à manger en faisant tout de même attention mais ma silhouette ne me plait toujours pas. Qu'est-ce que j'aimerai ressembler à Syrius. La discussion que nous avons eu en Ardennes m'a fait du bien, pouvoir décharger ma peine à eu un effet assez libérateur mais cela ne change toujours pas ma piètre opinion de moi-même.
J'entre dans la boutique et soupire en sentant l'air chaud fouetter mon visage tandis que les cordes de la guitare accroché à la porte résonnent.
Malek assis derrière le comptoir relève les yeux vers moi et me sourit.
- Mais qui voilà !
- Un mec épuisé par les cours, je marmonne en déposant mon sac près de lui.
- Et tu verras, ce sera pire à l'unnif.
Je lève les yeux au ciel et appuie mes coudes sur le comptoir.
- Iris est rentrée, je murmure pensivement.
Son regard s'agrandit et il dépose son syllabus qu'il étudiait.
- Je sais Clemence me l'a dit.
Les nouvelles vont vite à ce que je vois, ça ne m'étonne même pas.
- Tu lui as parlé ?
Je secoue la tête et soupire.
- Non et je ne sais pas si je le ferai.
Son regard se porte derrière moi et il grimace.
- Je crois bien que tu n'aies pas le choix.
Je me retourne et me crispe en apercevant mon ex copine franchir la porte du magasin. Elle dénoue l'écharpe autour de son cou, la pose dans son sac puis me regarde, gênée.
- Salut, dit elle la voix nouée.
- Salut, lui dit poliment Malek pendant que je la détaille, le regard mauvais.
- Noah est ce que je pourrai te parler ?
Je grommèle un « ouais », comme l'a dit Malek, je ne pense pas avoir le choix alors je la suis vers l'étage du bas où sont entreposés les baffles et les guitares électriques.
Elle se tourne vers moi, les poings serrés.
- Comment vas-tu ? me demande-t-elle le regard fuyant.
Je passe une main sur mon crane rasé et vois que ça la perturbe. Mon changement a du la surprendre, enfin si ça l'intéresse encore.
- Ça va, je répond sèchement.
Elle hoche la tête et déglutit difficilement.
- Je suis désolé pour ce qui s'est passé.
Je pince les lèvres, c'est tout ?
- Ok.
- Je suis partie sur un coups de tête et je le regrette vraiment.
- Ok.
- Ma mère m'a persuadé que te laisser était ce qu'il y'avait de mieux pour toi mais c'était complètement fou, je n'aurai jamais dû la suivre.
Sans déconner, cette femme est complètement folle, ça m'étonne qu'Iris ait pris autant de temps à s'en rendre compte.
- J'aimerai pouvoir te faire comprendre à quel point je regrette de t'avoir laissé comme ça mais aucune explication ne me semble assez bonne pour ça.
Je hoche la tête.
- C'est tout ? tu as fini ?
Son regard se fait suppliant, elle fait un pas vers moi mais je recule.
- Noah, dis-moi ce que je dois te dire pour que tu me pardonnes. Je suis complètement perdue sans toi, tu me manques tellement.
Ma gorge se serre mais je détourne les yeux.
- J'en sais rien mais personnellement, je n'ai plus aucune envie de te voir.
- Ne dis pas ça, j'ai besoin de toi, murmure-t-elle la voix tremblante.
- Tu as besoin de moi maintenant que tu te rends compte que tu ne peux pas compter sur ta mère ?! Tu ne crois pas que tu aurais dû le réaliser avant de t'enfuir ? On ne peut pas tout avoir dans la vie Iris et là, t'entendre me dire ça ne me conforte que dans une chose c'est que tu es une égoïste et que je moi, je n'ai pas besoin de ça. À la place, de me dire que tu as besoin de moi, tu as pensé à ce que j'ai pu ressentir quand tu es partie ? Le pire c'est que lorsque tu m'as laissé seul, je ne me suis même pas inquiété pour moi mais uniquement pour toi et là, maintenant, tu voudrais encore que je te fasse passer avant tout ?
- Je t'ai demandé comment tu vas...
Je lève une main pour la couper.
- Et tu me crois quand je te dis que ça va ? Tu te fous de moi ?! je n'ai jamais été aussi mal et te voir me prends carrément la tête.
- Je suis désolé Noah.
- Tu l'as déjà dit.
Elle baisse les yeux.
- Je crois que pour le moment, le mieux à faire est que l'on ne se parle pas. Je ne suis pas prêt à te pardonner quoi que ce soit alors sort juste de ma vie comme tu l'as déjà fait et ne t'approche plus de moi.
Elle secoue la tête et je la fusille du regard.
- Je ne veux pas.
- Ce n'est pas un choix que je te laisse, je ne veux plus entendre parler de toi.
- Je sais que tu dois m'en vouloir, très fort même mais moi je t'aime.
Je plisse les yeux et croise les bras sur mon torse.
- C'est bien beau de me dire ça mais tu ne me l'as pas toujours prouvé et maintenant, la seule chose que tu m'inspires c'est de la colère.
- Noah, me supplie-t-elle.
- Ça ne changera pas, je ne veux plus te voir.
Une larme coule sur sa joue, elle m'observe en silence quelques secondes puis détourne les yeux et emprunte les escaliers pour remonter. Quelques secondes plus tard, j'entends la porte de la boutique claquer. Il ne m'en faut pas plus, mes lèvres se mettent à trembler et je pose mes mains sur mes yeux pour retenir mes larmes. Je la déteste autant que je l'aime. Elle est si égoïste comme toujours, elle ne pense qu'à elle et ça me tue. C'est bien beau de venir me parler mais d'une certaine façon, je lui en veux tellement que je ne sais même pas ce que j'aurai besoin d'entendre pour lui pardonner. Peut être que j'ai juste besoin de temps. Et de toute façon, même si je lui pardonne un jour, rien ne dit qu'elle ne disparaitra plus, je ne sais pas si j'arriverai à lui refaire confiance.
Le soir, assis dans ma chambre, j'essaie pour la je ne sais quantième fois d'apprendre des accords mais mes doigts sont raides et cela ne donne rien. Je me repasse encore et encore la brève altercation que j'ai eu avec Iris. Au fil du temps, je commence à me demander si j'ai eu raison de réagir de la sorte. Peut-être que j'aurai du lui laisser le temps de s'exprimer sans être aussi méchant. Ça ne me ressemble pas de me comporter comme ça. Et pourtant, j'ai tant de rage envers elle que je ne pense pas que j'aurai réussi à garder mon calme.
Après avoir poussé un long soupir, j'attrape mon portable et appelle Alix, ma confidente de ces derniers jours.
- Salut, c'est Noah, tu te souviens tu m'as parlé d'un endroit où on peut se défouler, tout casser, tu veux pas qu'on y aille ? j'en ai besoin là.
- Oula qu'est ce qui s'est passé, t'as une sale voix.
- Mon ex s'est pointé et ça m'a foutu la haine, je crois que j'ai réagi comme un con, je suis paumé.
- Ok je vois, j'arrive envoie moi ton adresse.
Vingt minutes plus tard, une vielle Ford se gare devant le portail de mes grand parents. Je balance mon sac à dos devant le siège avant et m'installe. Une chanson de The black keys passe sur son auto radio et je me mets automatiquement à secouer la tête.
- Alors raconte, qu'est ce qui s'est passé ?
Depuis que nous sommes rentré d'ardennes, on s'appelle presque tous les jours. Elle me raconte ce que ça lui fait de voir son prof avec qui elle est sortie et moi je lui ai dit qu'iris était rentré. On a aussi parlé de mes parents, de sa situation de musicienne et de nos rêves. Elle aimerait pouvoir faire de la musique de film, ça a de quoi me faire rever aussi. Cette fille ne se prend pas la tête et après des mois chaotiques passé avec iris qui créait toujours des problèmes, ça me fait du bien.
- Elle s'est pointé dans mon magasin de musique aujourd'hui.
- Et elle a dit quoi ?
- Qu'elle s'en veut, qu'elle est désolé et qu'elle a besoin de moi.
Elle fait la moue.
- Elle ne t'a pas convaincu hein ?
Je m'esclaffe amèrement.
- Oh si, elle m'a convaincue que je n'ai plus rien à faire avec elle.
- Tu es sur ?
Je fais la moue et hausse les épaules.
- Tu es encore amoureux d'elle, ça crève les yeux.
- Et qu'est-ce que ça m'apporte ? Elle m'a déjà trahi, elle pourrait s'en aucun souci le refaire, je n'ai plus aucune confiance en elle.
- Ça c'est un autre problème.
- Très lié à mon amour pour elle. La confiance c'est la base d'un couple.
Elle passe la première et démarre.
- Ça je ne te le fait pas dire, soupire-t-elle.
- Le pire c'est qu'encore une fois, elle ne se souciait que d'elle. Je lui manque, elle a besoin de moi, elle m'aime. Mais elle a pas du tout penser à ce que moi je peux ressentir !
- Vous etes jeune, c'est normal que vous soyez très centré sur vous-même.
- Et alors, ça pardonne tout ? je m'énerve.
- Bien sur que non.
Je hoche la tête et calle ma tête contre l'appuie tête.
- Tu sais, vu ce que tu m'as raconté sur elle, je pense qu'iris est une jeune fille perdue qui a besoin d'aide. Votre fuite en france, sa rencontre avec sa mère et la désillusion de voir qu'elle ne retrouverait peut etre pas la maman qu'elle a connue a du faire valser tous ses repères.
- Et je suis censé faire quoi moi ? Tout pardonner ?
- Je n'ai pas dit ça. Elle a dépassé les limites et il est important que tu le lui fasse comprendre. Malgré ça, tes sentiments envers elle crèvent les yeux et je suis persuadé qu'au fond de toi, tu n'as pas réellement envie de la laisser.
Je pince les lèvres, elle n'a pas tord mais tout ça est compliqué.
Je soupire puis me tourne vers elle.
- Bon choix de musique au fait, je murmure pour changer de sujet.
Un petit sourire apparait sur ses lèvres.
- The black keys c'est la base.
Elle tourne son regard vers moi et je ne peux pas m'empêcher de lui retourner son sourire.
Nous arrivons devant un petit entrepôt une grosse demie heure plus tard. Il est déjà dix-neuf heure mais les lumière sont encore allumés.
- Prêt à tout fouttre en l'air ? me demande-t-elle.
- Et comment, j'ai jamais eu autant envie de tout peter.
- C'est partit alors.
Une fois rentré, on nous donne un casque puis on nous conduit dans un petit box où sont disposés de la vaisselle, des meubles, un vieux pc, une batte de base ball et encore bien d'autres choses à déglinguer.
Je me tourne vers alix, elle porte un sweat où on peut voir un doigt d'honneur et me fait un clin d'œil avant de prendre une assiette et de l'envoyer de toutes ses forces sur le mur en face d'elle.
- Ça c'est pour ce connard qui a trompé sa femme avec moi ! s'écrie-t-elle avant de reprendre une assiette et de l'envoyer valser.
Je me saisis alors de la batte de base-ball.
- Envoie moi un verre ! je lui demande.
Elle hoche la tête puis en attrape un et me le lance. Je shoote dedans et il vient s'écraser dans un fracas.
- Ça c'est pour toutes les filles égoïstes !
C'est comme ça que nous passons plus d'un heure à défoncer tous les objets qui nous entourent. On se donne de toutes nos forces pour tout fracasser.
- L'amour ça craint ! s'écrie-t-elle.
- Je n'aimerai plus jamais personne !
On éclate de rire puis on se colle à l'une des parois du box.
- On va former le club des cœur brisé.
- La seule règle sera de s'être fait larguer comme une merde.
Ses cheveux vont dans tous les sens et ses joues sont rose. Elle halète tout en essayant de reprendre son souffle et pendant un instant je m'imagine l'embrasser mais tout de suite après, le souvenir d'iris s'impose à moi et je secoue la tête, quelle idée de merde. La seule que je désire est celle qui m'inspire de la rage.
- Ça te dit d'aller manger quelque chose ? me propose-t-elle.
J'hoche la tête puis on sort du box où il ne reste plus grand-chose d'entier et après avoir payé, on retourne dans la voiture. Comme quoi, c'est encore possible de passer des bons moments.
Les semaines passent et comme je l'ai demandé à iris, elle ne me parle pas. Elle se contente de venir en cours et de rester dans son coin. Parfois julien va lui parler, il lui arrive alors de tourner furtivement son regard vers moi mais je fais toujours comme si je ne voyais rien.
Je n'ai aucune idée de la façon dont je devrais me comporter avec elle. Le soir quand je suis seul dans ma chambre ou quand je joue à la guitare, je me dis que je devrai faire un pas vers elle. Essayer de calmer ma fureur et l'écouter sans m'énerver mais ces réflexions sont de courte durée. IL me suffit de la voir pour que toute ma colère ressorte de manière exponentielle et que je serre les poings en essayant de penser à autre chose.
Aujourd'hui en rentrant en classe, mon regard est tout de suite attiré par sa silhouette. Elle a coupé ses cheveux, ça me surprend. Ils s'arrêtent légèrement au-dessus de ses épaules dans un carré qui met son visage en valeur. Pendant un instant je me demande quel effet ça doit faire d'y passer la main mais je serre rapidement les dents et me détourne d'elle avant qu'elle ne s'aperçoive de mon observation.
Assis au fond de la classe, je la vois de loin occupé à envoyer des messages et je ne sais m'empêcher de me demander à qui elle peut bien causer.
Un coups de coude me fait détourner le regard d'elle.
- Arrête de la mater ou alors va lui parler.
Je me tourne vers julien qui s'est assis à coté de moi car Syrius est partit se faire enlever son plâtre à l'hôpital.
- Je la mate pas.
- C'est ça ouais, me prend pas pour un con.
Je hausse les épaules et dirige mon regard vers la prof qui nous parle de la renaissance.
- Allez Syrius pendant combien de temps tu vas encore la nier comme ça ?
Je ne répons pas car je n'en ai aucune idée. Toute ma vie, quelques années, quelques mois ? j'en sais foutrement rien. Je ne sais pas ce que je dois faire, les choses n'ont pas changé depuis son retour.
- Maël m'a dit que toute cette situation la rend vraiment très triste et qu'elle s'en veut énormément.
Je tourne un regard étonné vers mon ami.
- Comment il sait ça lui ?
- Ils se voient beaucoup en ce moment. Ils sont devenu amis au club d'art de mael et depuis ils passent plein de temps ensemble, surtout que le mec de Mael est partit donc il se retrouve assez seul lui aussi.
Un fort sentiment de jalousie me prend le ventre. Je n'ai pas envie de lui parler mais d'un autre coté, savoir qu'elle passe beaucoup de temps avec un autre ne me plait pas.
- Avoue qu'elle te manque.
Je ne prends même pas la peine de lui réponde. Si il savait à quel point elle me hante, ça l'affligerait. Je ne passe pas une nuit sans rêver d'elle. Sans penser à ce qu'aurai été ma vie si nous n'étions pas partit en France, si elle ne m'avait pas abandonné sur ce foutu bateau.
Son rire me manque, les fossettes sur ses joues lorsqu'elle sourit. Ses cheveux qu'elle attachait lorsqu'elle faisait ses magnifiques dessins. L'odeur de sa peau délicatement parfumée. La façon qu'elle avait de me serrer contre elle comme si elle ne me lâcherait plus jamais.
Le truc c'est qu'elle a fini par le faire. Elle a fait son choix et le regrette tandis que moi je suis incapable de décider quoi que ce soit à son sujet.
Le concours de radio pirate arrive à grand pas, Malek, clémence et moi répétons presque tous les jours après les cours. On bosse comme des dingues. On s'est tous dit qu'on donnerait tout ce qu'on a comme ça, peu importe ce que l'avenir nous réserve, nous ne pourrons pas dire qu'on ne s'est pas donné à fond. Alix vient souvent au répètes, parfois pour nous détendre, elle nous accompagne avec sa basse et joue comme d'habitude chaque chanson à la perfection. C'est une virtuose et sa musique ne cesse de m'impressionner.
Une fois la répète terminée, on laisse le couple ensemble et on rentre dans sa voiture.
- Alors t'es pas trop stressé vu que le concours approche ?
Je secoue la tête tout en mettant ma ceinture.
- Pas du tout, il n'y a rien de mieux qu'être sur scène. C'est ce que je préfère, pouvoir sentir l'Energie des gens qui nous accompagne, ça c'est ma came.
Elle plisse les yeux en souriant.
- Toi tu es fait pour faire de la scène, tu parles déjà comme une vraie star.
Je lève les yeux au ciel et rigole.
- Exagère pas hein.
- Pas du tout, quand tu joues et chante, tu émanes un truc incroyable.
Je lui souris timidement.
- c'est gentil.
- Surtout sincère.
Elle démarre en direction de l'autoroute tandis que je branche mon portable à son autoradio pour mettre de la musique. Sans le faire exprès, je tombe sur «Don't Worry Be Happy » de Bobby McFerrin et tous mes poils se hérissent avant que je ne grogne. C'est la première chanson que j'ai apprise à jouer à Iris. Tout de suite, un flash de souvenirs, d'elle et moi dans ma chambre occupé à rire me revient. Elle était si douce avec l'ukulélé, comme si elle avait peur de le casser. Ses mains tremblaient légèrement et ses sourcils se fronçait tandis qu'elle se concentraient sur chaque accord et le rythme.
Je change rapidement de chanson mais il est trop tard, mon vif changement d'humeur n'est pas passé inaperçu de mon amie.
Elle me lance un regard soucieux.
- Chanson trop remplie de souvenirs ?
Ma gorge se noue et je hoche la tête.
- Tu ne lui a toujours pas reparlé ?
- Non.
- Et tu attends quoi pour le faire ?
C'est une discussion qui revient souvent entre nous. Si au début, elle me soutenait dans le fait que j'avais le droit d'être en colère, elle s'est au fur et à mesure adoucie sur la situation et ça m'énerve un peu.
- J'en sais rien, je vois pas pourquoi je lui causerai.
Elle lève les yeux au ciel.
- Peut etre car tu l'aimes encore et que tu ne pourras pas la detester pour le restant de ta vie. D'ailleurs je suis persuadé que tu ne la hais pas tellement.
Je soupire, elle a vite réussi à me cerner.
- Je ne sais même pas si je la deteste mais je n'arrive pas à gérer ma colère quand je la vois. Elle déborde et me ronge.
- Et tu as peur.
Je me tais. Elle a raison, je suis terrifié à l'idée de lui pardonner et que tout le bordel recommence. Qu'elle me brise à nouveau le cœur et que cette fois-ci, je ne m'en remette pas.
- Qu'est ce que je dois faire, je souffle en passant une main dans mes cheveux qui ont légèrement poussé.
- Peut etre que tu devrais juste t'approcher d'elle et la laisser te parler. Ecouter calmement les choses qu'elle a à te dire.
- Et après ?
- Peut etre que petit à petit vous pourrez redevenir ami, ou pas mais tu ne le sauras jamais si tu n'essayes pas.
- Mais etre son ami c'est juste une connerie, elle blesse tout le monde.
- Écoute ce qu'elle a fait est impardonnable mais vu ce que tu m'as raconté d'elle, je ne pense pas qu'elle ait mauvais fond. À mon avis, je pense que c'est une fille fragile qui a seulement besoin d'être entouré des bonnes personnes. Des personnes comme toi qui l'emmène sur le droit chemin.
Elle sort de l'autoroute et emprunte une petite route au milieu des champs.
- Et si elle me brise à nouveau le cœur ?
- C'est un risque à prendre Noah mais que serait la vie si nous écoutions toujours notre raison.
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