Chapitre 24 (1/2)
Cela fait presque deux semaines que Théo et mois allons conduire tous les matins avant qu'il ne parte travailler. Pas la meilleure idée si vous voulez mon avis car je tombe toujours en pleine heure de pointe. Mais étant donné que c'est le seul moment où mon beau-frère a du temps et la gentillesse de m'apprendre à conduire, ça me convient très bien.
En plus, j'ai déjà pu tester ma jauge de stress et me construire certains réflexes importants. Si j'arrive à rester calme et à ne pas faire d'accident malgré tous les excités qui roulent comme des déterrés pour arriver à l'heure au travail, je me dis que ça peut encore aller, je ne suis pas un trop mauvais conducteur.
Aujourd'hui, comme tous les samedis, il était en congé et je n'ai donc pas du me lever à une heure impossible. J'ai même eu le loisir de me réveiller en même temps que Syrius. Enfin, c'est plutôt lui qui m'a réveillé, mais émerger du sommeil dans les bras de mon copain en vaut largement le coup.
Tandis que j'enclenche le frein à main devant la maison, je soupire.
- C'est très bien ! S'exclame Théo en enlevant sa ceinture.
-J'ai cru qu'on allait se faire encastrer par ce foutu camion sur l'autoroute. Tu as vu comment il a freiné comme un con ?Et pourtant je gardais mes distances, je grogne.
- Ouais, je ne sais pas ce qu'il foutait celui-là, mais tu as vu que tout c'est bien passé. Tu as gardé ton calme et eu le bon réflexe.
J'acquiesce et il attrape le paquet qu'on est passé chercher à la boulangerie pour le petit déjeuner avant de sortir de l'habitacle.
Au salon, on trouve Claire qui lit un bouquin et Syrius avec son pc sur les genoux assis sur le fauteuil. Ma sœur nous observe tendue. Malgré qu'elle tente de le cacher, j'aperçois comme à chaque fois l'anxiété que lui cause mes cours de conduite. Nous voir arriver tous les deux en un seul morceau détends on visage et elle ne peut s'empêcher de soupirer en se levant.
-Tout s'est bien passé ?
Théo hoche la tête.
- Très bien ! Il se débrouille de mieux en mieux.
Il agite le sac de la boulangerie.
- On a même été chercher le petit déj ! Dit-il content.
Claire sourit et suit son homme à la cuisine. Je les observe quitter la pièce puis tourne enfin mon regard vers Syrius. Il a déposé son ordi au sol et m'observe, un petit sourire aux lèvres tandis que je viens m'asseoir en tailleur à coté de lui.
- Pas trop stressé ?
Je hausse les épaules.
Il sait très bien que la voiture et moi, ce n'est pas une histoire d'amour depuis l'accident. Mais étant donné que ma sœur va bientôt arriver au terme de sa grossesse, on s'est tous dit que cela serait bien que j'ai mon autonomie.
Je glisse un regard à son pc toujours allumé. Il est occupé à travailler la photo d'une fille que je ne connais pas sur Lightroom. Il a organisé pas moins de trois séances photos cette semaine. Il ne voulait pas lâcher son appareil, mitraillant tout sujet sur son passage, allant de moi jusqu'à Noah qui a bien failli cacher son appareil pour avoir la paix. Bien qu'il en devienne presque agaçant, je peux le comprendre. Il a envoyé son Book aux assistants de Léa Masset lundi et il n'a encore obtenu aucune réponse, résultat, il va vérifier sa boite mail toutes les deux heures. Même la nuit. J'ai eu beau lui dire qu'ils n'enverraient certainement pas les réponses la nuit et que de toute manière, il faudrait sûrement plus d'une semaine avant d'avoir une quelconque nouvelle de leur part, il n'a rien voulu entendre.
En observant la photo de la jolie brune qu'il a pris hier pendant que je voyais Maël, je ne peux pas croire un instant qu'il ne soit pas accepté.
Le cliché est intense. Tandis qu'elle regarde l'objectif, l'inconnue transmet par son regard une énergie brute contrastée avec son visage poupin à peine maquillé. La photo pourtant prise sur un simple fond blanc est empreint d'une subtile sophistication grâce au mouvement de cheveux retombant autour du cou gracile de la fille. La sensualité qui se dégage de l'image provoque en moi un pincement de jalousie. Il arriverait presque à me donner envie de cette fille dont je ne connais pas le nom et avec qui il a passé tout l'après-midi hier. Son talent m'époustoufle.
Ses mains se posent sur mon visage et il le tourne vers le sien, m'obligeant à le regarder.
- Tu penses à quoi ?
Je lui souris.
- Tu as vraiment un talent incroyable pour la photo.
Il s'écarte, les joues rouges et se passe la main dans les cheveux, gêné.
- C'est gentil.
- Ce n'est pas gentil, c'est vrai.
Il attrape ma main et croise ses doigts avec les miens.
- Tu seras bientôt un conducteur émérite à ce qu'en dis Théo.
Je lève les yeux au ciel, amusé par se manière peu subtile de changer de sujet.
- Ne t'enjailles pas trop vite poto.
Il hausse un sourcil.
- Poto ? C'est comme ça que tu m'appelles maintenant ? Rit-il tandis que son sourire se fait plus taquin.
- C'est grave ?
Il essaie de prendre une moue sérieuse en hochant la tête.
- Très !
Son « masque sérieux » se fendille tandis que ses lèvres tremblent et qu'il explose de rire.
Il passe ses bras sur mes épaules et approche ses lèvres de mon oreille.
- Moi je t'aurai plutôt appelé « mon copain », « mon amoureux » , et pourquoi pas « mon homme » tant qu'on y est ? Chuchote-t-il son souffle me chatouillant la nuque.
Les poils sur mes bras se hérissent tandis que mon ventre se tord. Ça me fait toujours quelque chose de l'entendre clairement nous clarifier d'amoureux. J'en ai rêvé tellement longtemps qu'il m'arrive encore de me réveiller le matin et d'avoir l'impression d'halluciner en le trouvant contre moi.
Il souffle me ramenant à ses lèvres dangereusement proches de la peau sensible de mon cou.
- Et il faut que je te le dise, l'idée que tu conduises, je trouve ça carrément sexy.
Je m'écarte un peu pour l'observer et hausse un sourcil.
- Ah bon ?
Il acquiesce.
- Imagine ce qu'on pourrait faire dans ta voiture, chuchote-t-il le regard brillant.
Ma gorge se noue et je souris.
- On pourrait faire quoi ? Je demande, la nervosité faisant trembler ma voix.
Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres avant qu'il n'amène mon visage contre le sien et m'embrasse avec une douceur et une sensualité qui réveille tous mes instincts les plus primaires. Je m'accroche à son t-shirt et pendant un instant, je souhaite l'emmener directement dans ma chambre.
Il parait s'en rendre compte car il se détache de moi, ne cachant pas sa jubilation.
- Si on se dépêche, j'aurai peut-être le temps de te montrer ce à quoi je pense avant qu'on ne parte, susurre-t-il avant de se lever et de me laisser seul dans le salon, mon corps dans un état de surchauffe extrême. Je soupire et passe les mains dans mes cheveux. On se calme Julien. Reste zen.
Il revient, une mine victorieuse se peignant sur ses trais fins.
- Alors tu viens poto ? Rigole-t-il.
Je lève les yeux sur lui et son petit air jubilatoire et saisis la main qu'il me tend pour me lever. Mais je ne le laisse pas s'en aller, j'attrape son t-shirt avec force et le plaque contre moi.
- Tu verras, bientôt c'est moi qui vais te montrer ce que j'ai en tête, je souffle avant de m'en aller vers la cuisine avec un grand sourire. Il veut s'amuser comme ça ? Moi aussi je sais jouer.
Je rejoins les autres qui se sont déjà attablé. Syrius s'assied à coté de moi en me jetant un regard ahuri. Satisfait du petit effet que mes paroles ont produites sur lui, je n'oublie cependant pas ce qu'il m'a promis avant de partir.
Aujourd'hui, il a été réquisitionner pour aider à la réalisation du clip du groupe de Noah.
Cette semaine, nous avons assisté à une répète et Syrius à enregistrer les paroles. Puis mercredi, Malek nous a conduit dans l'entrepôt où il veut que le clip soit tourné et ils ont pris près d'une heure à repérer l'endroit parfait pendant que Iris et moi les suivions tranquillement.
Je suis vraiment curieux de voir comment cela va se passer, bien que j'aie surtout hâte de voir Syrius à l'œuvre. Il a un réel don pour sublimer les gens avec son appareil. Je suis certain qu'il sera parfait pour diriger celui qui va filmer. Il s'est amusé à dessiner une bonne vingtaine de plans différents dans un carnet et de ce que j'ai vu ils ont tous une composition des plus intéressantes.
Il tourne le regard vers l'horloge fixé au mur et j'en fais de même remarquant qu'il est neuf heure et demie. Il reste moins d'une heure avant qu'Iris viennent nous chercher.
Je me lève d'un coup et fais sursauter ma sœur.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Demande-t-elle surprise.
- Je vais vite me doucher, je m'exclame en déposant mes affaires sur le comptoir avant de quitter la pièce sans un regard pour Syrius.
Je monte les marches quatre à quatre et manque de me casser la figure sur la dernière. Trop d'empressement mon grand, calme ta joie !
Dans la salle de bain, je jette littéralement mes habits au sol et entre dans la douche. J'allume l'eau et grogne en faisant un bon de coté, elle n'a pas encore eu le temps de se réchauffer. Trop pressé, je finis tout de même par me mettre sous le jet glacial et me savonne rapidement en grelottant. De toute manière, Syrius me réchauffera par après, j'en suis sur.
Un fois propre et essuyé, bien que littéralement réfrigéré, je passe la tête dans le couloir, histoire de ne pas me faire surprendre avec la simple serviette tenant à moitié sur ma taille.
Je me dépêche d'entrer dans ma chambre et au moment où j'avance vers mon lit et laisse tomber mes vêtements, la porte se ferme. Je me retourne alors que Syrius ferme le verrou en m'observant lentement, un sourire aux lèvres.
Mon corps est parcouru d'un frisson tandis qu'ils'approche doucement, son regard maintenant ancré dans le mien.
Il pose ses mains, pour une fois chaude, dans mon dos et m'amène contre lui. Il dépose un baiser dans mon cou tandis que je passe une main sous son pull, retrouvant la peau brûlante de son ventre musclé. Tandis que sa langue frôle mon cou tremblant, il dénoue la serviette autour de ma taille.
Je remonte son pull et le passe au-dessus de sa tête, ne supportant pas qu'un vêtement sépare nos corps. Lorsque son torse nu se colle au mien je souris.
- Tu étais pressé, chuchote-t-il au creux de mon cou, la voix rauque.
Il me fait reculer et coucher sur mon lit, se mettant au-dessus de moi. Tandis qu'il m'amène toujours davantage à lui, je passe une main sur les muscles de son bras contracter à fond tant il me serre fort.
Sa bouche rejoint la mienne et j'enfonce mes doigts dans son dos brûlant tandis que son baiser passionné et remplit d'adresse gonfle mon cœur des sentiments toujours plus fort à son égard.
- T'as pas idée, je soupire quand il me laisse un bref instant pour reprendre mon souffle en retournant embrassé mon cou.
Je le sens sourire contre ma peu avant qu'il ne dépose des baisers sur mon torse, me nouant le ventre plus qu'il ne l'est déjà.
Tandis qu'il descend toujours plus bas, je passe mes mains dans ses cheveux et ne peux me retenir de soupirer :
- Syrius...
Iris se gare devant chez moi vers dix heure.
Noah ne l'accompagne pas, il est déjà à l'endroit du tournage avec Malek et Clem. Ils ont commencé à préparer le matériel et leurs instruments.
On s'assied tous les deux sur la banquette arrière et Syrius prend ma main dans la sienne le plus naturellement du monde. Ses joues sont roses et ses cheveux encore un peu débraillés à cause du moment charnel que nous venons de passer. Qu'est-ce que je l'aime.
- Salut ! Prêt à passer une journée de folie ? S'exclame Iris excitée derrière son volant.
- Carrément ! répond Syrius avec entrain.
Je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant si sérieux, il le remarque et hausse un sourcil.
- Quoi ?
Je secoue la tête alors il dépose un rapide baiser sur mes lèvres.
On arrive dans le hangar une vingtaine de minutes après. Nous sommes obligés d'emprunter un long escalier qui nous fait monter sur plus de trois étages avant d'arriver au sommet de l'entrepôt. Tandis que nous entrons dans la salle gigantesque bordée de fenêtres, je suis encore une fois frappé par la luminosité du lieu. C'est sublime.
L'activité dans la salle me sort de ma rêverie. Je n'en reviens pas mais autour du groupe, plus de six personnes s'activent déjà. Ils ont installé la batterie et les guitares reposent dans leurs housses posées à cotes des baffles. Autour sont disposés des panneaux blancs.
J'aperçois Noah assis sur le rebord d'une fenêtre qui discute avec une fille aux cheveux rasés de coté que je ne connais pas. Quand Iris le rejoint, mon ami parait totalement perdre intérêt pour sa discussion, il dit encore quelques mots à la fille puis se relève et comble les derniers mètres qui les distances.
Il parait nerveux tandis qu'elle pose une main sur son épaule et dépose un rapide baiser sur sa joue. Je me demande vraiment quand ils vont passer aux choses sérieuses ce deux-là. Parfois je me demande si on ne devrait pas les enfermer quelque part, histoire que les choses se fassent. Parce qu'à ce rythme-là, ils sont partis pour s'avouer leurs sentiments à la fin de leur vie, et ça ce serait un vrai gâchis.
Un violent coup tombe dans mes cotes me pliant en deux. Je lance un regard noir à mon copain.
- T'es fou ou quoi ? Je grogne.
Il ne me jette pas un regard, complètement fasciné par quelque chose que je n'ai pas encore vu.
- Putain t'as vu la caméra qu'ils ont ? Murmure-t-il halluciné.
Je me relève, non sans un soupire douloureux.
- Ouais c'est une caméra quoi.
Il secoue la tête.
- T'es fou ou quoi ! Ça c'est du vrai matos de pro Julien ! T'as vu un peu la taille du boîtier ou quoi ?
Il tourne les yeux vers moi et grimace en se rendant compte du coup qu'il m'a donné.
- Oh merde...je suis désolé....
Il s'approche de moi et pose une main sur mon ventre, ce qui me fait rougir.
- Je n'ai pas mesuré ma force, la caméra m'a appelé tu vois ? Essaie-t-il de rire mais je suis trop étonné par sa main sur mon ventre pour rire avec lui.
- Ça j'avais compris, je souffle.
Son visage s'adoucit tandis que Noah se pose à coté de nous.
- On va avoir besoin de ton savoir-faire Syrius !
Mon copain acquiesce.
- Bien, je suis là dans une minute, je te rejoins.
Noah s'en va et nous restons à deux, frôlé par des gens qui courent un peu partout autour de nous.
- Qu'est-ce que tu attends ? Vas-y, ils t'attendent. La caméra t'appelle Poto.
Il se mord la lèvre, amusé par mon allusion.
- Tu n'as pas mal ?
Je rigole.
- Mais non idiot, t'inquiète pas pour ça, je suis résistant.
Il hoche la tête.
-Tu me pardonnes ?
- Bien sur, allez vas-y.
Il sourit puis prend mon visage à deux mains et m'embrasse. Devant tout le monde. Mon cœur rate un battement tandis que pendant une fraction de seconde sa langue frôle la mienne.
Il finit par me lâcher et me fait un clin d'œil avant de me laisser, complètement abasourdis au milieu du hangar. Je jette des petits coups d'œil aux alentours et suis rassuré que personne ne me dévisage.
Il m'étonne vraiment, je n'aurai jamais cru que le garçon qui m'a foutu un poing car j'osais dire que j'aime les mecs laisserait place à celui qui ose m'embrasser en public. Comme quoi, tout est en continuel changement.
Je soupire de satisfaction et pose mon regard sur Iris, adossé au mur qui observe tranquillement ce qui se passe dans la salle. Je la rejoins et me pose à ses cotés.
- Tout va bien ?
Elle tourne son visage vers moi et hoche la tête.
- Très bien et toi ? Pas trop mal avec le coup que t'as foutu Syrius.
Je rigole et touche machinalement mon ventre encore légèrement endolori.
- Celui-là je te jure, quelle brute, je m'esclaffe,.
Elle hausse un sourcil et un petit sourire en coin se dessine sur ses lèvres.
- Il ne ressemble pas tellement à une brute quand il t'embrasse.
Je me passe la main dans les cheveux, gêné et elle rigole avant de me donner une légère tape dans le dos.
- Vous êtes trop mignon ensemble, conclue-t-elle en dirigeant son regard vers le groupe.
Tout le monde s'active. Syrius parle à deux mecs en pointant du doigt ce qu'il a dessiné dans son carnet puis l'espace où les instruments sont posés. Son air sérieux, presque professionnel me plaît. Je sais bien que ceux à qui il parle sont des amis de Malek et donc plus âgées mais il se fond parfaitement parmi eux. Sa grande taille et son air concentré lui donnent facilement quelques années de plus.
Le mec avec une barbe monstrueuse et un style de bobo hipster prend la caméra qui doit peser un bon poids et la pose sur son épaule. L'autre gars, plus petit que Syrius, donne le retour caméra à mon copain et s'avance pour déplacer un panneau blanc. Clem termine de maquiller patiemment un Noah dont la posture ne cache rien de sa nervosité avant de s'éloigner et de lever les bras en l'air dans un signe de victoire.
- J'y suis arrivé ! S'écrie-t-elle heureuse comme si elle avait accompli une prouesse.
Noah secoue la tête et lève les yeux au ciel.
- Bah attend, t'arrêtais pas de gigoter ! Rit-elle en mimant un petit coup de pied en direction de notre ami qui l'évite en s'encourant comme un gosse, le sourire aux lèvres. Malek rejoint Clem et dépose un rapide baiser sur ses lèvres avant de s'écrier :
- Allez les gars on y va !
Ils s'installent tous avec leurs instruments. Malek s'assied et chope ses baguettes tandis que Clem et Noah saisissent guitare et basse et se placent à l'endroit défini. Le mec à la caméra se pose devant le groupe et celui au panneau reste en retrait, son aide n'étant apparemment pas encore nécessaire.
- S'est parti ! Crie Malek avant de taper quelques coups avec ses baguettes puis de commencer à jouer.
Pendant le morceau, le cameraman tourne autour d'eux et j'observe Syrius juger le tout dans son retour d'un œil critique.
Quand Noah se met à chanter, j'arrête d'observer mon amoureux pour poser mon regard sur son jumeau. J'ai la chair de poule. Il transcende tout. Les yeux fermés, ses doigts se baladent avec une agilité à peine croyable sur sa basse. On dirait qu'il est dans un autre monde et il nous transporte avec lui. Les jumeaux Forestier ont chacun un véritable don.
Mes lèvres sont scellées, il m'hypnotise.
Ce n'est que lorsqu'ils s'arrêtent de jouer que je reprends mon souffle, le cœur battant à tout rompre.
- Waouh.
- Tu l'as dit, murmure Iris à mes cotés.
Je croise les bras, troublé par leur performance.
- Ils ne prennent pas le son ici ? Je demande, surpris à mon amie.
Elle secoue la tête tout en continuant de regarder Noah.
- Non, pour le son, ils ont loué un studio d'enregistrement.
Je hausse un sourcil.
- Ça se loue ça ?
Elle sourit.
- Ouais mais ça coûte un plomb, ils ont tous contribué mais je crois que Noah a douillé, rigole-t-elle.
Je pose un regard impressionné sur le jumeau de mon Syrius.
- Avec le talent et les efforts qu'ils font, ils ne peuvent qu'être pris, je murmure.
- Ce sont les meilleurs, souffle-t-elle en les observant fière.
Syrius donne des indications au mec à la caméra qui l'écoute, attentif. Il fait tellement professionnel, c'est troublant.
Pendant un instant, j'ai envie d'être à la place de ce gars, pour avoir le regard de mon copain concentré sur moi. Comme quand il me photographie. Normalement, je n'aime pas trop être pris en photo mais pour lui, je joue le modèle sans hésiter. J'aime ces moments où il n'y a plus que nous deux et son appareil. C'est comme si le monde disparaissait autour de nous et que je me retrouvais seul, sous son regard électrisant. À ces instants-là, je n'ai aucun doute sur le fait qu'il ne pense qu'à moi. Je suis là pour lui tandis qu'il met son talent en œuvre pour moi.
Vers quatorze heure, Malek et Clem partent chercher des pizzas avec quelques personnes pour les troupes affamées. Noah et le petit mec que l'on surnomme Lucky car selon les dire, il a toujours de la chance, nous rejoignent Iris et moi et se mettent à nos coté.
- Bordel , je suis mort, baille Noah.
- C'est normal, vous travaillez comme des forcenés ! Dit notre amie.
Il penche la tête.
- Ouais et on a pas encore fini.
Iris ouvre son sac à dos et en sort un coca.
- Tiens, ça va te donner un peu d'énergie.
Il hausse un sourcil mais l'accepte en souriant.
- Tu penses à tout dis donc.
Elle fait la moue.
- Pour une fois ! Rigole-t-elle.
Il secoue la tête et lève les yeux au ciel, avant de boire une gorgée à la canette. Elle en tend aussi une à Lucky qui se jette dessus comme sur le St-Graal.
- Ouah, si j'avais su que t'avais aussi soif je t'en aurai filé une d'abord ! Rigole-t-elle.
Il boit quelques gorgées puis écarte la canette en s'essuyant les lèvres.
- T'inquiète, c'est juste moi qui suis complètement dépendant de cette merde.
Elle hoche la tête amusée.
- J'espère que Malek n'aura pas oublié la pizza Margherita pour moi. Il n'arrive pas à capter que je suis végé celui-là, marmonne Noah.
- Tu crois que ça existe des pizzas au tofu ? Demande Iris.
Il fronce le nez mais hoche la tête.
- On fait de tout au tofu maintenant, mais tu ne me verras pas en manger, dit-il en mimant un air écœuré.
- Quoi tu aimes pas ça ?
Il tire la tronche comme un enfant.
- Je trouve ça dégueulasse.
- Je croyais que tous les végétariens aimaient le tofu.
Il secoue la tête.
- Foutu cliché !
Iris rigole tandis que j'observe la salle déserte. Où est passé Syrius ?
- Il est où Syrius ? Je demande.
- Il doit être parti avec Greg. Il avait méchamment envie de se frotter au beau photographe si vous voyez ce que je veux dire, rigole-t-il d'une voix grasse tandis que Noah boit la tasse avec son coca.
Qu'est ce que ça veut dire encore cette merde ?!
Iris, jette regard noir en direction de Lucky et tape dans le dos de notre ami.
- Tu parles bien de son copain là ? Dit-elle me pointant du doigt.
Lucky se crispe en me regardant tandis qu'elle poursuit.
- Syrius, mon ami et le jumeau de celui pour qui tu tournes un foutu clip ? Dit-elle énervée.
Il affiche une mine désolée.
-Sorry les gars, je savais pas, ils sont en bas, je crois qu'ils fument un clope.
Je me lève dans un bon et dévale les escaliers, le souffle court.
Je sors du bâtiment et suis heureux de retrouver l'air frais, ils ont beau avoir ouvert quelques fenêtres en haut, ça commence à sentir la bête.
J'aperçois Syrius qui fume avec monsieur Greg, le cameraman Bobo hipster à deux balles, non loin de là. Ils rigolent et tandis que mon copain aspire une bouffée de sa clope, l'autre pose une main sur son épaule en lui découchant un regard lourd de sens. Mon crétin de copain ne semble pas s'en rendre compte et continue à fumer comme si de rien n'était.
Éloignes-toi Syrius, fait juste un petit pas en arrière.
Il rit toujours, l'air complètement insouciant alors je prends mon courage à deux mains et vais les rejoindre.
- Hey les gars, je dis en me mettant en face d'eux et en fusillant le barbu du regard. Pas touche stupide bobo. Il fronce les sourcils tandis que Syrius me fait un grand sourire. Abruti.
- Tout va bien ? Me demande-t-il en me tendant sa clope que j'attrape, la main légèrement tremblante.
J'inspire une longue bouffée de cette merde, histoire de choper un max de nicotine pour me détendre face à la tronche innocente de mon copain qui fait monter ma tension en flèche.
- Greg à un ami qui a déjà eu une formation avec Léa Masset , tu imagines ?!
Je serre mon poing libre dans ma poche. Tout le monde connaît cette maudite photographe sauf moi ou quoi ?! Bordel !
- Ah bon, je marmonne essayant de dissimuler mon exaspération.
Il acquiesce ne se rendant compte de rien, chose inhabituelle.
- Je l'ai rassuré. Les réponses tombent presque à chaque fois après le nouvel an, dit Greg.
Syrius tape dans ses mains, heureux, puis me reprend la clope, l'air de rien. Le regard du barbu n'a rien d'innocent en observant mon copain et j'ai envie de lui dire d'aller se promener pour nous laisser tranquille mais j'essaie de rester calme.
Ils continuent de faire causette comme si je n'étais pas là et le sourire de l'autre clochard fait naître en moi une agressivité que je ressens pourtant rarement.
- Bon, je rentre, il fait froid, je marmonne avant de perdre le contrôle et je me retourne rapidement.
S'il veut taper discute avec ce mec qui a clairement d'autre intentions, qu'il le fasse. Je vais pas faire le surveillant non plus, et vu le poing qu'il m'a foutu à l'entraînement, je n'ai aucun doute sur le fait qu'il sait se défendre.
Je rentre dans le bâtiment et arrivé au premier étage, je colle mon front au béton glacial, histoire de me clamer.
Idiot, crétin, abrutit. Il m'énerve.
Je soupire et essaye de détendre mes épaules douloureuses sous la tension qui les anime. Il ne peut tout de même pas être aveugle à ce point ? Ce mec aurait pu l'embrasser qu'il se serait encore demandé quoi.
Deux mains se posent sur mes épaules me faisant sursauter et un souffle chaud caresse ma nuque.
- Qu'est-ce que tu as ? Murmure-t-il tandis que je fais un pas de coté pour me dégager de son emprise. Je m'éloigne du mur et marche un peu plus loin dans la salle qui est moins vitrée que celle du troisième étage. Les bras de Syrius passent en dessous des miens et il entoure ma taille en posant son visage près de mon cou.
- Je n'aime pas quand tu râles, chuchote-t-il.
- Je râle pas, je marmonne.
- Ouais c'est ça. Ne dis pas de bêtise Julien.
Je me retourne, me retrouvant collé contre son torse. Je passe une main dans ses cheveux tout doux et le regarde sévèrement.
- Je ne te partage pas.
Il fronce les sourcils, ne comprenant pas.
- J'aime pas voir des mecs te tourner autour.
Il parait surpris.
- Ok alors là, tu m'as perdu. De quoi tu parles ?
Je me cognerai bien la tête contre le mur.
- Tu n'as pas vu comment t'observait Greg ?
Il fronce les sourcils.
- Greg le cameraman ? Dit-il en prononçant chaque syllabe avec de gros yeux.
- Qui d'autre ?
- Waouh, je n'avais rien remarqué.
- Sans blague, je souffle exaspéré avant de me détacher de lui.
Je fais quelques pas mais il pose fermement sa main sur mon épaule, m'arrêtant dans ma lancée.
- Arrête de râler ! S'exclame-t-il.
- Je ne râle pas, je retourne auprès des autres !
- Putain, t'es chiant ! S'énerve-t-il avant d'attraper mon bras et de me ramener contre lui.
Je lui jette un regard noir.
-Julien, s'il te plaît, tu peux réfléchir un instant ? Dit-il plus doucement.
Je hausse les épaules alors il saisit mon visage entre ses mains.
- J'assume qui je suis pour toi, tu le comprends ça ?
Ma gorge se noue.
- C'est toi qui m'intéresses, les autres je m'en contre fou ! Alors arrête de te faire des films d'accord ?
Je hoche la tête et lui souris ce qui semble le détendre.
- J'aime ton sourire, souffle-t-il en déposant un doux baiser sur mes lèvres.
Il recule, s'asseyant sur le rebord de la fenêtre. Entre ses jambes, je passe mes bras autour de ses épaules pour l'amener davantage à moi.
- Moi non plus je te partage pas Julien. C'est juste toi et moi.
Je souris contre ses lèvres puis pose ma tête contre la peau chaude de son cou tandis qu'il m'étreint toujours plus fort.
Je reste ainsi un moment, profitant de la plénitude que je ressens dans ses bras. Si seulement ça pouvait toujours être comme ça.
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